La carrière d’Eddy Mitchell a connu des hauts et des bas ; elle force cependant le respect de par sa longévité. Pionnier du rock français avec Les Chaussettes Noires aux cotés de groupes et artistes twist comme les Chats Sauvages, les Pingouins, Danyel Gérard ou Johnny Hallyday, Claude Moine a traversé les époques avec grâce, même si le succès commercial ne fut pas toujours de la partie. Au niveau des ventes, il connaît en effet un passage à vide à la fin des sixties et au début de la décennie suivante. Fidèle à une certaine idée de la musique, surtout américaine et roots, Eddy Mitchell ne prend pas de virage hippy opportuniste, contrairement à d’autres collègues (coucou Jean-Phi’). Continuer la lecture de « Eddy Mitchell, Sept Colts Pour Schmoll (1968, Barclay) »
J’ai toujours les miquettes* quand la musique que j’ai toujours aimée et défendue se voit à nouveau magnifiée au détour d’un album qui aurait pu échapper à ma vigilance. Au début du siècle, Fred Paquet m’avait convoqué d’autorité pour une écoute (fatale) du premier album de The Tyde, grâce lui en soit rendue. Il m’a été moins dictatorial pour ce disque mais assez incitant, j’ai laissé couler un moment, j’ai été un peu retors, c’était le début de l’hiver ça n’est jamais bien agréable, eh bien je n’aurais pas du. Un seul morceau, le premier In My Hermit’s Hours, devrait mettre tout le monde d’accord. Ça peut vous foutre un tournis fatal, ce genre d’introduction. Croiser les frères Godfrey (soit Epic Soundtracks ET Nikki Sudden prix de maigres mais golden trophy du songwriting) ET The Chills (pour résumer en un groupe une idée des antipodes – mais les amateurs des Go-Betweens et autres Apartments vont prendre cher pareil) ET The Tyde (donc Felt) ET PUIS QUOI ENCORE ? ! Continuer la lecture de « David Christian & The Pinecone Orchestra, For Those We Met On The Way (Tapete) »
Le destin connaît parfois de mystérieux détours. Celui de Karen Dalton n’en aura certainement pas manqué et c’est sans doute pour cette raison que la chanteuse se retrouve aujourd’hui avec davantage d’œuvres produites sur sa vie (deux films, bientôt un troisième, et déjà plusieurs livres, dont une bande dessinée) que d’albums(deux) réellement sortis de son vivant. Ici, le mystère tient autant à la façon dont la chanteuse aura choisi de mener sa vie et sa carrière qu’à celle dont son œuvre aura très lentement cheminé vers la postérité. Continuer la lecture de « FAME 2022 : « In My Own Time : Karen Dalton » de Richard Peete et Robert Yapkowitz »
Après quelques secondes de soleil aux carreaux des fenêtres et de plans sur ce qui se passe paisiblement au pied des tours de la grande ville, c’est la puissante vibration au son sans pareil de la vieille à roue — mêlée à une voix de cristal haut perchée — qui nous accueille dans le documentaire de Marie-Élise Beyne consacré à Emmanuelle Parrenin, paladine mystique du temple néo-folk français, connue par certains pour être l’auteure de l’album culte Maison rosesorti en 1977. Par certains, ou plutôt, entre autres choses : les plans de coupe sur les quelques souvenirs photographiques dispersés autour d’objets de l’intime qui suivent esquissant l’idée d’un destin musical en cours plus vaste encore, et qui nous reste à découvrir au-delà du culte.
Il y a la mère – Poly Styrene – et puis la fille – Celeste Bell. Il y a surtout ce qui s’est passé entre les deux et c’est sans aucun doute le plus bouleversant de tout ce que peut évoquer ce documentaire musical qui raconte aussi la manière dont la co-réalisatrice en est venu à accepter – un peu dans les années qui ont précédé sa disparition en 2011, beaucoup après – tout ce qu’avait été celle dont elle a fait le sujet de son œuvre : une artiste à l’influence fulgurante, une icône punk et féministe, une femme durablement esquintée par la maladie mentale et aussi une mère suffisamment maltraitante pour que la garde de sa fille soit précocement confiée au services sociaux puis à sa grand-mère. Continuer la lecture de « FAME 2022 : « Poly Styrene – I Am A Cliché » de Celeste Bell et Paul Sng »
Dans le cas Dinosaur Jr, il y a ce que l’on sait, ce que l’on a entendu mais qu’il ne faudrait pas répéter (des choses qu’il vaut mieux conserver dans la sphère privée et merci bien), quelques légendes urbaines* qui n’entacheront jamais au grand jamais notre amour absolu pour l’un des groupes américain parmi les plus importants (voire nécessaires) de ces quarante dernières années. Ce documentaire assez complet n’aborde néanmoins qu’en filigrane les sujets qui fâchent et tant mieux. La stature des trois compères y trouve enfin sa juste mesure, celle d’un groupe à la croisée des chemins. Car tout commence par la rencontre, au début des 80s de trois très jeunes nerds au front (souvent bas) du hardcore. Continuer la lecture de « FAME 2022 : « Freak Scene, the story of Dinosaur Jr. » de Philipp Reichenheim »