Et voilà que Radio Hito nous revient avec Voce Lillà, un nouvel EP à sortir sur le label belge KRAAK ce 27 novembre 2021 et avec le clip vidéo de la piste 7 intitulée La Notte, animée et mise en image par l’artiste et graphiste Morgat Bry offert ici en avant-première à vos yeux et à vos oreilles que nous espérons charmés et émus.
Au début, elles étaient trois. Trois lycéennes de Cambridge toutes pressées de s’insinuer dans les interstices musicaux entrouverts par le séisme du Punk. Sous le nom de Dolly Mixture, Debsey Wikes (basse), Rachel Love (guitare) et Hester Smith (batterie) ont hissé à des hauteurs durablement appréciables l’étendard d’un amateurisme adolescent et éclairé, laissant derrière elles un héritage dont la maigreur quantitative – une poignée de singles et une double compilation de démos publiée à titre posthume – n’a cessé de contraster, plus intensément encore au fil des décennies, avec l’importance esthétique. C’est, en effet, dans cette fusion originale entre la féminité flamboyante et assumée des Shangri-La’s et l’énergie mélodique rafraichissante des Buzzcocks ou des Undertones qu’une bonne partie des disciples autoproclamés de ce trio éphémère ont commencé à puiser, quelques années plus tard, une bonne partie de leur inspiration. Continuer la lecture de « Rachel Love (Dolly Mixture) – Amour éternel »
“Ainsi, l’apparition de Shannon Lay apparut”, aurait-on pu transcrire, un peu pataud.
Une silhouette bleue arc-boutée, recroquevillée sur un bitume en bordure de grève, des mèches rousses dissimulant les traits d’un visage enfoui, l’océan ne faisant qu’un avec le ciel grisâtre. C’était l’image de Living Water, il y a presque cinq ans, déjà. On y entendait un oranger, une lune lésée, un soleil précieux. Et puis ce Recording 15 comme extrait de la mémoire d’une boîte vocale, une confession qu’elle n’avait pas pris le temps de titrer tant il y avait urgence à chanter ce qu’elle préférait ne pas ressentir. Sa voix désarmait à ne pas vouloir trop en faire non plus, elle visait toujours juste dans le désir et la mélancolie. Comme d’autres avant elle, elle semblait situer la bonne distance entre l’intime et le mystère, la candeur et la noirceur. Continuer la lecture de « Shannon Lay : « J’assume mon super pouvoir : tenir une salle rien qu’avec ma guitare et ma voix. » »
Le duo suédois pop psyché Astral Brain donne des couleurs à la grisaille de l’automne.
Dans nos temps post-traumatiques, Astral Brain, groupe Suédois originaire de Stockholm, diffuse un air de fraicheur et d’innocence retrouvée qui n’est pas sans nous rappeler l’âge d’or de nos soirées pop endiablées à danser au son de Stereolab ou autres compilations du DJ anglais Gilles Peterson. Somme de la production musicale d’Einar Ekström et du travail vocal de Siri af Burén, Astral Brain vient de sortir The Bewildered Mind, un premier album aux couleurs pop-psychédéliques, sur le label américain indépendant Shelflife Records. Let’s dream ! Continuer la lecture de « Homebrew »
A ce jour, mon meilleur concert reste celui de Shame, le 23 avril 2018, à la Maroquinerie. L’énergie de Charlie Steen et de ses quatre compères londoniens, transmise à un public en furie, s’était chez moi muée en un sentiment de puissance jusqu’alors inconnu, qui avait persisté pendant des heures : sur le chemin pas toujours rassurant du retour, je chantais les airs de Songs of Praise, prête à en découdre avec quiconque oserait m’importuner. Lorsque j’ai eu l’opportunité de les rencontrer le 25 septembre dernier, avant leur passage au Levitation France d’Angers, il m’a semblé évident d’axer notre discussion sur le live. Je me demandais : comment un tel groupe de scène, en pleine explosion, a-t-il survécu aux confinements et aux restrictions de ces mois passés ? Tout d’abord, en publiant en janvier un second album, Drunk Tank Pink, encore plus enragé que le premier, puis en trompant cette faim de spectacle, la leur comme la nôtre, avec Live in the Flesh, un docu-concert filmé au Electric Brixton de Londres en octobre 2020, présentant enfin les versions en sueur de sept de ces nouveaux morceaux.
« A la ligne » de Joseph Ponthus par Michel Cloup, Julien Rufié et Pascal Bouaziz en tournée
Lors de cet entretien croisé entre Michel Cloup et Pascal Bouaziz datant de l’hiver 2016, et resté inédit à ce jour, eux ne savent pas encore qu’ils seront sur la scène de Petit Bain ce soir, pour faire vivre les textes de Joseph Ponthus malgré la disparition de leur auteur. Et que deux jours après ce concert (ce Vendredi 15) sortira précisément Le Dernier Album de Mendelson. Sur lequel nous reviendrons, mais peut-être pas aussi vite, parce qu’il faut se laisser le temps de le digérer. Le temps de se préparer pour un (dernier ?) concert de Mendelson, groupe inoui et nécéssaire, toujours à Petit Bain le 11 Novembre prochain. Pour ma part, je ne sais pas encore que c’est la dernière interview que je ferais en tant que pigiste pour une revue qui va cesser de paraître. Sans l’excellent Renaud Sachet et son excavation salutaire en vue d’un ouvrage très bien troussé et archi documenté à paraitre incessamment (Les Années Lithium, éditions Langue Pendue), ce grand moment de fraternité serait peut-être resté dans des archives informatiques en bien piètre état. On y croise Vincent Chauvier, Townes Van Zandt et Guesch Patti. C’est déjà pas mal. Extraits. Et à ce soir. Continuer la lecture de « …à la ligne. »
En juillet dernier, Annika Henderson faisait son retour avec un second album, Change, onze ans après celui qui avait fait connaître son nom en 2010, Anika. Alors journaliste politique entre Londres et Berlin, où elle vit désormais, l’Anglaise de Surrey avait répondu à l’appel de Geoff Barrow, membre fondateur de Portishead, à la recherche d’une chanteuse pour un projet encore jeune à l’époque, BEAK>. Neuf titres, dont sept reprises, de Bob Dylan, Ray Davies ou Yoko Ono, étaient nés de cette rencontre. La voix grave et sépulcrale d’Anika, souvent comparée à celle de Nico, assortie d’arrangements entre post-punk et dub, avait soufflé un vent froid mémorable sur ces grands classiques des années 1960. C’est sans surprise qu’on la retrouvait, en 2016, signée sur le plus sombre des labels indés, Sacred Bones, en meneuse du groupe Exploded View. Aujourd’hui, ce sont ces deux maisons, Sacred Bones et Invada, le label de Barrow, que la chanteuse a choisies pour publier son dernier album, son plus personnel et intime. Elle nous parle de son processus de création et de sa manière de le diriger, sans compromis, dans un entretien accordé fin septembre à Angers, quelques heures avant sa performance au Levitation France.
Un jeudi après-midi de septembre, en fin d’après-midi, Pierre René-Worms semble parfaitement détendu, quelques heures avant le vernissage de son exposition Patrouille de Nuit au Confort Moderne, concentré idéal de ce que l’on peut espérer de la vivacité d’un centre culturel dédié à la musique, logé dans une ville de la taille de Poitiers. Assis dans le jardin en compagnie d’un Perrier, il confie revenir d’un shooting en Afrique qui s’est terminé tard le matin, très tard. Le décalage entre une vie peuplée d’images africaines et son existence passée à côtoyer des légendes du rock en devenir est au coeur de cette riche exposition, menée par le vibrant directeur des lieux Yann Chevalier et conçue en collaboration étroite avec l’œil bienveillant de sa commissaire associée, Georgia René-Worms. De panneaux géants de planches contact où la flamboyance d’une période révolue (fêtes au Palace, défilés extravagants) avoisine l’absurdité des rencontres de cette période (Amanda Lear et Georges Brassens ou Dalida et Village People sur une même pellicule) en tirages photographiques rassemblant principalement la première période de son travail jusqu’à 1987, Pierre René-Worms retrace humblement l’histoire du rock du milieu des années 70 à la fin des années 80. Du festival punk de Mont-de-Marsan en 77 à Joy Division quartier des Halles à Paris et la scène rennaise, si tant de groupes devenus légendaires sont passés derrière son objectif, offrant des images persistantes, vibrantes d’une émotion sans pareil, c’est certainement pour sa formidable propension à se fondre dans l’existence modeste de ces groupes encore presque inconnus et totalement accessibles. Décadrer la photo de presse, sortir de son carcan, et emmener son sujet ailleurs, tout en révélant l’arrière plan fascinant de leur univers. De lieux insolites en situations étonnantes, ces groupes en devenir deviennent amis, parfois photographiés à côté d’anonymes, devenant eux-mêmes témoins d’une époque en pleine explosion créative. Pour Pierre René-Worms, désormais revenu à ses premières amours, la photo en lien avec l’Afrique, tout est une affaire de liberté et de fidélité, qui transparaît tout le long de cette heure d’entretien qu’il nous a accordé. Continuer la lecture de « Pierre René-Worms : « J’ai été là au bon moment » »