C’était en février 2013, dans un appartement parisien. Dès que la soirée de poche avec Low avait été annoncée, j’avais fait des pieds et des mains pour y assister. Le soir même, j’avais acheté un bouquet de fleurs pour remercier Dali, qui m’avait confirmé quelques jours plus tôt que je pourrais y assister. C’était un double évènement : Low en appartement, et Low en duo. Juste Alan Sparhawk et Mimi Parker. Low est un des groupes que j’ai le plus vus en concert, mais je n’avais jamais eu l’occasion de les entendre dans cette configuration.
Aujourd’hui 28 septembre, c’est l’anniversaire de Trish Keenan, à qui, comme chaque année depuis sa disparition en 2011, son compagnon James Cargill rend hommage en publiant des démos inédites au charme terriblement émouvant. Ominous Cloud est une chanson issue de l’album de Broadcast, Haha Sound, paru en 2003. Un album somptueux, angélique et hivernal, enregistré dans une église abandonnée dans laquelle le groupe avait installé ses quartiers, ramenant batterie, claviers analogiques, samplers, guitares, cithares… Continuer la lecture de « In Memoriam, Trish Keenan : « Ominous Cloud » (Demo, 2003) »
Mort, inéluctable sort. Celle des artistes que l’on chérit, avec la perpétuelle envie de crier sur tous les toits et à qui veut bien l’entendre : ÉCOUTEZ-LES, ces artistes. Ne faites pas qu’en parler ou déposer une gerbe numérique de fleurs fanées car ce ne sont que des mots. Et ici l’on sait, d’ailleurs, que tous les mots disent la même chose. Continuer la lecture de « Pharoah Sanders, élévation »
Lamont Dozier, génie de la soul, s’est éteint hier.
Lamont Dozier
Le décès de Lamont Dozier ne fera peut-être pas les gros titres, pourtant sa contribution à la musique pop telle que nous l’aimons est monumentale. Auteur (seul ou à plusieurs) de quatorze numéro uns aux États-Unis et quatre au Royaume-Uni, il appartient à notre mémoire collective. Tout le monde a certainement déjà fredonné ou dansé sur une chanson qui porte sa signature. Continuer la lecture de « Black Bach, clap de fin. »
Dernier volet de notre journée hommage au chanteur et guitariste de Swell.
Swell avec David Freel (à gauche)
David Freel est mort et je peux faire un truc.
C’est ce que j’ai écrit dans le fil de messagerie de la rédaction de Section26 en lisant l’évocation par Lelo Jimmy Batista qui m’a appris la nouvelle.
Commencer par : comme tous les disques qui changent la vie, Too Many Days Without Thinking, bénéficiant d’une exposition excentrique arrivant jusqu’aux oreilles des adolescent·es de recoins type Auvergne, de plis type banlieue pavillonnaire française, ce disque donc change la vie, profondément, de toustes les adolescent·es – et moins adolescent·es – qui l’écoutent, après un autre disque et avant un autre disque, selon ce mode : une musique folkish, psyché – San Francisco –, contemporaine, non clinquante. C’était ça qui nous plaisait tant et d’abord et ensuite, quand Beck était malin, Pavement frimeur et que le Royaume-Uni roulait de grosses mécaniques joyeuses mais souvent épuisantes – Swell ne brillait pas. Poudre aux yeux : néant. Continuer la lecture de « David Freel, ombre et clair obscur »
Retour sur l’album « …Well? » de Swell avec une interview de David Freel en 1992.
Extrait de l’article paru dans Magic Mushroom n°4 / Été 1992
Je ne me souviens plus exactement comment le deuxième album de Swell – dont nous pensions tous que c’était le premier – est arrivé jusqu’à nous. Mais je me souviens que c’était une époque où l’on aimait les disques en noir et blanc – ce n’était pas forcément une nouveauté d’ailleurs, car il me semble que nous étions pas mal de l’équipe hétéroclite du fanzine magic mushroom à nous retrouver autour de Faith… Ainsi, au tout début des années 1990, nous avions fait duSpiderland de Slint et du Frigid Stars de Codeine deux de nos albums de chevet – la lenteur comme exutoire, le silence comme revendication, la mélancolie comme art de vivre. … Well de Swell tombait plutôt bien pour compléter la trilogie imaginaire – nous étions une génération qui aimait bien les trilogies. Continuer la lecture de « Citizen… well ? »
David Freel vient de quitter ce monde qui l’angoissait tant. Cette angoisse, il la soignait dans ses compositions. C’est au début des années 1990 que l’homme arrête sa carrière professionnelle et commence ce pourquoi il est fait : écrire des chansons. Loin des élucubrations soniques de Seattle, il rencontre le batteur Sean Kirkpatrick et fait de la Californie, avec ses disques, une terre grise. Dès le début de Get High, premier morceau de Swell (Psycho-Specific Records, 1990), on ressent et comprend surtout que la personne qui a écrit ce titre-là sait écrire et a un don pour tisser des ambiances ni ensoleillées ni pluvieuses… Mais maussades – ce que confirmera le splendide … Well (1991). Continuer la lecture de « Get High »