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Blur, The Ballad Of Darren (Parlophone)

On pourrait récrire l’histoire. Fanfaronner. Dire qu’on l’avait prévu depuis les tout débuts. Qu’il y aurait eux et les autres, ces autres toujours derrière, à la traine, ou disparus en moins de temps qu’il ne faudrait pour siffloter l’un de ces refrains qui ne tiendrait pas plus d’une saison. Certains le feront avec un panache certain. Pour ma part, j’avais déjà vendu la mèche dans la préface que m’avait demandé Nicolas Sauvage pour son passionnant ouvrage dédié au parcours rocambolesque de Damon Albarn, chanteur niais à coupe au bol rédhibitoire – circa l’insupportable There’s No Other Way – devenu playboy britpop sous de vrais airs de Jacques Dutronc juvénile, inventeur de la britpop malgré lui (l’album génial et les photos de presse au diapason de Modern Life Is Rubbish, disque ex-aequo avec Different Class de Pulp pour revivre ces années-là) avant de se métamorphoser en parangon ultracréatif, jonglant avec les projets les plus divers (pas besoin à ce moment de l’histoire d’en redresser la liste je crois) sans presque jamais décevoir (oui, c’est vrai, il y en aura toujours pour trouver un maillon un peu plus faible) et forcément doué du don d’ubiquité. Continuer la lecture de « Blur, The Ballad Of Darren (Parlophone) »

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Les Lullies, Mauvaise Foi (Slovenly)

En octobre dernier sortait la compilation Nuits Blanches chez les activistes marseillais de Lollipop records (Sunsick, This Is Pop). Initiée par Thibault Sonet (T.Boy), bassiste des Lullies, l’album offre le panorama d’une certaine scène rock underground française. Les Lullies ont ainsi réuni autour d’eux des groupes tels que Pogy et les Kéfars, Asphalt, The Suttles, Alvilda ou encore Food FightNuits Blanche dialogue, à distance, avec Snapshot(s) (1983). Au-delà de constituer deux instantanés du rock français qui ne passent pas à la télé, les deux compilations se partagent entre groupes francophones et anglophones et naviguent dans des esthétiques proches, entre garage, punk et powerpop. Continuer la lecture de « Les Lullies, Mauvaise Foi (Slovenly) »

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Sensibles, une histoire du R&B français, de Rhoda Tchokokam (Audimat)

C’est peu à peu que se construit un corpus autour de l’histoire des musiques francophones. Nation de critiques plus ou moins prestigieuses, les communautés journalistiques  se sont souvent concentrées à passer aux cribles les musiques du monde, et plus particulièrement anglo-saxonnes. On pourrait dire que s’est amorcé un petit retour de manivelle vers les histoires intérieures – même si on verra qu’elles réinterrogent constamment quelque part les notions de frontières, et on en est pour le moins heureux, il n’est pas question ici de cocoricoter, que ce soit dit une bonne fois pour toutes – qui racontent notre quotidien musical, notre environnement sonore – depuis disons les années 60 et l’avènement du rock’n’roll. Continuer la lecture de « Sensibles, une histoire du R&B français, de Rhoda Tchokokam (Audimat) »

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Pearl & The Oysters, Coast 2 Coast (Stones Throw Records)

Quatrième album de Pearl & The Oysters depuis leur essai inaugural en 2017 : le duo franco-américain a parcouru un sacré chemin en six ans. Démarrée à Gainesville en Floride, l’aventure s’écrit désormais à Los Angeles. Cette nouvelle vie s’accompagne aussi d’un nouveau label. Juliette Pearl Davis et Joachim Polack rejoignent ainsi Stones Throw. La structure, après avoir été un pilier du rap indépendant, s’aventure désormais régulièrement dans les terres pop. Les voisins de Pearl & The Oysters se nomment en effet Mid High Club, Benny Sings, Jerry Paper ou Stimulator Jones. Dès la couverture, signée par l’illustrateur indonésien Ardhira PutraCoast 2 Coast nous embarque dans un voyage nostalgique et rétro-futuriste, quelque part entre un vinyle de yacht-rock et une cartouche de Mega Drive. Continuer la lecture de « Pearl & The Oysters, Coast 2 Coast (Stones Throw Records) »

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Triptides, Starlight (Curation Records)

Triptides est désormais un vieil ami de Section26. Starlight est en effet le quatrième album du groupe que nous évoquons ici. Après Visitors (2018), Alter Echoes (2021) et So Many Days (2022), la formation américaine revient sur la platine pour notre plus grand plaisir. Il n’y a, en effet, jamais de mauvaises surprises avec Triptides : c’est toujours (très) bien. Au bout d’une dizaine d’albums, l’inspiration pourrait se tarir. Il n’en est rien, Triptides garde sa verve intacte. Comme d’autres groupes avant eux (Teenage Fanclub), les Californiens sont des marathoniens. Au sprint, ils préfèrent la douceur de la régularité. Leur exquise discographie se découvre ainsi au fil de l’eau à travers des publications, presque annuelles, depuis 2010. Continuer la lecture de « Triptides, Starlight (Curation Records) »

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Don Idiot, Cent Détours (autoproduit)

Après Dream Loser (2017) et Don Idiot (2019) – albums remarquables que nous avions évoqués à l’occasion du Selectorama réalisé par Pierre Donadio -, le punk romantique normand exilé à Paris revient avec le superbe Cent Détours. Enregistré à l’automne 2020 au Studio Capitola par le précieux Nicolas Brusq – qui avait déjà fait des merveilles sur l’album précédent – s’impose à son tour comme un petit bijou, dont on ne cesse de découvrir les détails à chaque nouvelle écoute. On entre dans ce disque comme dans une maison un peu bordélique, où les cendriers de la veille n’ont pas été vidés et où les cadavres de bouteilles sont encore posés ici et là, mais dans laquelle on se plaît à passer de pièce en pièce, irrésistiblement charmés par la beauté du lieu et la personnalité de celui qui l’occupe. Continuer la lecture de « Don Idiot, Cent Détours (autoproduit) »

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The Lemon Twigs, Everything Harmony (Captured Tracks)

Quand Mike Sniper a monté Captured tracks, il a vendu une partie de sa collection de disques rares de powerpop. Aujourd’hui, le label new-yorkais publie l’un des meilleurs disques dans le genre de ces dix dernières années. Après trois albums chez 4AD, les Lemon Twigs rejoignent le label nord-américain et publient Everything Harmony. Depuis leurs explosions médiatiques en 2016, nous savions les frères Brian et Michael D’Addario particulièrement doués. Pourtant, il leur manquait parfois un soupçon de simplicité, ou simplement de savoir un peu mieux gérer leur énergie. Ces certitudes volent désormais en éclat. Continuer la lecture de « The Lemon Twigs, Everything Harmony (Captured Tracks) »

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The Kingfishers, Reflections In A Silver Sound (Last Night From Glasgow/Creeping Bent Records)

Reflections In A Silver Sound the kingfishersToutes les chansons que l’on écoute transportent depuis longtemps une lourde part d’histoire et il s’agit de continuer à les apprécier avec elle. Ou malgré elle, c’est selon et ce n’est pas vraiment le débat du jour. Parmi toutes les manières de s’engouffrer dans les interstices qui fissurent les couloirs du temps musical pour y dénicher un plaisir joyeusement émancipé des fantasmes de la modernité innovante, celle-ci est sans doute l’une des plus originale et des plus appréciable. Et qui consiste à semer la rétromanie et la culpabilité qui lui colle trop souvent aux basques en louvoyant quelque part entre les rayons des rééditions – les albums de 1983 dont on fête légitimement le quarantième anniversaire – et ceux des disques de jeunes qui plaisent aux vieux – les albums de 2023 qui auraient pu être enregistrés quarante ans plus tôt. Reflections In A Silver Sound se faufile entre ces catégories familières et c’est loin d’être son seul mérite. Sans doute le seul grand album de 1983 entièrement enregistré en 2023. Continuer la lecture de « The Kingfishers, Reflections In A Silver Sound (Last Night From Glasgow/Creeping Bent Records) »