« Choses, choses, choses, qui en disent long quand elles disent autre chose. » Cette citation d’Henri Michaux résume avec poésie Good Pop, Bad Pop, le très joli livre de Jarvis Cocker, récit autobiographique qui s’appuie sur les objets conservés depuis l’enfance, d’un vieux paquet de chewing-gum à sa lettre d’acceptation à la Saint Martin’s School of Design lorsqu’il a 25 ans, bien avant le succès. Jarvis trie ses « cochoncetés » en compagnie du lecteur, à qui il s’adresse pour savoir s’il doit jeter ou garder ce vieil emballage de savon Imperial Leather ou une réplique en carton du sac à main de Margaret Thatcher, acheté dans un HMV en 1979.Les « petits riens », comme un patch du Casino de Wigan,
servent donc à raconter l’Angleterre des années 70, celle d’un garçon maigrichon de Sheffield élevé avec amour et humour par sa mère, ses grands-parents et ses tantes après le départ du père, celle des pulls en synthétique, du Marmite, du football et de Top of the Pops. Continuer la lecture de « « Good Pop, Bad Pop » de Jarvis Cocker (Penguin Books) »
Catégorie : livres
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Morrissey, l’insoumis
Quelques notes sur le dernier ouvrage de Nicolas Sauvage consacré au dandy controversé.

Il est adulé ou méprisé, incompris ou vénéré depuis les Smiths, en Grande-Bretagne, en France ou ailleurs dans le monde. Et ça s’est complexifié dans sa carrière en solitaire – une longue, dense et tortueuse carrière. On l’a qualifié de bien des choses, ce Morrissey, entre sa grande gueule de poète rageur acclamé, embrassé, embrasé – qui chante la colère comme la poésie : « Keats and Yeats are on your side, while Wilde is on mine » –, ce végétaliste intransigeant, cet extraverti secret, cet outsider devenu icône rock britannique, sensible et irrévérencieux, contrasté et fulgurant, passionnant et déconcertant. Continuer la lecture de « Morrissey, l’insoumis »
Catégories livres, selectorama
Selectorama Livres : JB Hanak

Il fut un temps où Jean-Baptiste Hanak n’avait pas franchement volé son surnom de mec le plus drôle d’internet. Autant d’inconscience affirmée (et c’est parfois encore le cas, son compte twitter est particulièrement finaud) et de réactivité sur des sujets proactifs dont même lui se fout éperdument ne peuvent faire obstacle au fait que la vie est passée par là et que, mine de rien, diverses saloperies dont une belle, la perte de son grand frère Fred Hanak, avec qui il menait une guerre souterraine sous le nom de dDamage, lui ont sûrement imposé, sinon, une sagesse, parfois une pudeur et l’envie de retracer leurs aventures hautement improbables. Pratiquant l’animal depuis plusieurs décennies, je peux dire que cet humain (après tout) est à la fois autant hypersensible qu’épuisant. Mais une vraie considération nous préoccupant au-delà d’une haute fanitude pour le groupe grunge originel Mudhoney (dont il a finalement réalisé une pochette, eh ouais, la classe, un peu) et après plusieurs rendez-vous avortés (à propos de son disque avec Pierre Richard, de sa BO pour l’ultime prestation de Brigitte Lahaie, et surtout pour cette pizza que tu m’as promise à la suite d’un pari perdu d’avance, et que tu me dois toujours, salopard de merde) j’ai décidé de prendre le trublion par les sentiments en changeant drastiquement de sujet. Ça tombait bien puisqu’il (en plus de tout le reste) vient de publier un livre intitulé Sales chiens chez Léo Scheer. Et ce livre, aussi court, nocif et nonobstant exaltant qu’une pointe de mauvais speed polonais au petit matin, se lit comme un témoignage effarant de quelques aventures vécues en tournée. C’est rapide, perturbant, épuisant et c’est un lien qu’il tisse avec celui qui est parti, c’est une scansion qui ne demande qu’à perdurer et dont on espère (lire) la suite. Sans jamais compter sur aucune forme de relâchement. Donc on sort des dix morceaux du Selectorama, et on passe aux dix livres qui font ce qu’il est. Et franchement, ça n’était pas le pire galop d’essai pour cette nouvelle rubrique. Prenez-en de la pointe de couteau au petit matin. Sous vos applaudissements. Et je rajoute que si vous n’avez jamais lu Donald Goines, je vous plains et je vous envie à la fois. Continuer la lecture de « Selectorama Livres : JB Hanak »
Catégories livres
Musiques : Traverses et Horizons, Philippe Robert (Le Mot et le Reste)
Au commencement était le son, ceux qui ne l’ont pas encore compris pourront toujours se pencher sur ce florilège de disques essentiels qui a le mérite de ne pas ressasser le top 100 habituel mais de nous faire cheminer dans des paysages d’air, de vibrations et d’intonations puissantes et décalées.
Traverses et horizons est un recueil d’archives qui compile l’évolution musicale du siècle dernier, une anthologie totale de 400 albums pour 100 ans de musique. S’écartant de tous les classement habituels, Philippe Robert œuvre en musicologue pointilleux qui aurait pour panneaux directionnels le folk, le jazz, le blues, le rock et les musiques expérimentales. Continuer la lecture de « Musiques : Traverses et Horizons, Philippe Robert (Le Mot et le Reste) »
Catégories billet d’humeur, livres
IndieSide, l’élégance vraie

Si beaucoup d’entre nous sont devenus avec le temps familiers de la Movida, peu savent qu’au début et au mitan des années 1990 la scène indépendante espagnole a connu une effervescence assez folle, où le bruit, les mélodies, les structures indie, la techno intelligente et la mélancolie fricotaient avec candeur et insouciance… Un joli projet de livre de photos a pour ambition de rappeler tout cela. Continuer la lecture de « IndieSide, l’élégance vraie »
Catégories livres
Bonnes feuilles : Rosario Ligammari, “Buongiorno Pop” (Le Mot Et Le Reste)

Pas la peine de tourner autour du pot, je ne connais pas grand-chose à la pop italienne. Un single par ci, un album par-là, Litfiba grâce aux années new-wave (et tenez, penser à réécouter Istanbul ce matin même), Lucio Battisti grâce à Fabio Viscogliosi, les tubes des années adolescentes (Sarà Perché Ti Amo, Ma Quale Idea), les abonnés aux succès (Umberto Tozzi, Eros Ramazzotti, Zucchero), les quelques mots de Lio dans Week-End À Rome, Battiato grâce à Phœnix et puis le tour n’est pas loin d’être joué – en trichant, j’ajouterais bien Paninaro des Pet Shop Boys. Continuer la lecture de « Bonnes feuilles : Rosario Ligammari, “Buongiorno Pop” (Le Mot Et Le Reste) »
Catégories livres
Cat Power et les rats de Chinatown
Les bonnes feuilles du nouveau livre d’Adrien Durand, « Je suis un Loser, Baby » (LeGospel).

Avec Je n’aime que la musique triste, Adrien Durand avait commencé, en parallèle à son excellent fanzine Le Gospel, ce qui a bien l’air de devenir une petite collection de livres. Le Gospel de poche (perfection de ce petit logo) propose ainsi sa deuxième publication, Je suis un Loser, Baby. Dix-sept textes courts, écrits récemment, qui conjuguent mémoire collective et expérience intime sur la musique. Humble et honnête, avec ce qu’il faut d’humour désabusé, il fait un petit tour du propriétaire de son panthéon personnel, de Cat Power et Fugazi, Kurt Cobain et Bret Easton Ellis, Paul Schrader et Evan Dando, Dinosaur Jr. ou encore les Swans, Vincent Gallo et Courtney Love, du jazz éthiopien et les poubelles du Chelsea Hotel. En avant pour le premier chapitre de ce livre qu’il vous offre à lire ce week-end. Continuer la lecture de « Cat Power et les rats de Chinatown »
Catégories livres
« Oasis ou la Revanche des ploucs » de Benjamin Durand & Nico Prat (Editions Playlist Society)
Y a-t-il encore quelque chose à écrire sur Oasis ? Tout et n’importe quoi a déjà été raconté à leur sujet. Surtout n’importe quoi d’ailleurs. Premier manager, premier batteur, grand frère, amis plus ou moins proches, beaucoup ont déjà tenté de raconter l’histoire des Gallagher dans les livres sentant souvent l’opportunisme. Souvent remplis d’anecdotes et de fables en tout genre sur les frasques et disputes de ces deux fils d’immigrés Irlandais, presque aucun ouvrage ne réussit à cerner avec intelligence le phénomène mondial qu’a été Oasis et l’importance du contexte politique, social et culturel sur son ascension météorique. Continuer la lecture de « « Oasis ou la Revanche des ploucs » de Benjamin Durand & Nico Prat (Editions Playlist Society) »