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Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (2/7)

Deuxième épisode : Mary

Big Thief TINALS 2019
Big Thief au TINALS 2019 / Photo : Clément Chevrier
(Lire l’épisode précédent ici)

Un festival est une cérémonie, car il est une occasion du sacré.

C’est très important. Pas : très sérieux. Non, très important.

Depuis les Rock au Max clermontois du siècle dernier, depuis l’an 2000 et un premier Benicàssim, chaque année sans festival constitue une année moindre, parce que la vie change alors mieux qu’ailleurs.

En tant que récent Nîmois, Tinals représente un rêve réalisé, celui de dormir dans son lit après les effusions de la meilleure programmation indie de la saison, entre confidences et têtes d’affiche. Et on retrouve des trognes de nos petites internationales du goût, on en rencontre d’autres, on sourit et on danse beaucoup, on dodeline ou on crispe la mâchoire autour d’une cigarette en traversant les plus brutaux des émois, c’est selon et à la discrétion de chacun. Continuer la lecture de « Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (2/7) »

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Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (1/7)

Premier épisode : Contact

Photo : Clément Chevrier

Printemps 2019. Depuis quelques semaines, les trajets entre Arles et Nîmes ont définitivement remplacé ceux entre Arles et Marseille. La vie est dans la même gare, mais sur un autre quai, pour une autre direction. Et je me revois, sur ce quai, lire après une journée de travail un message de Zach : “Le nouveau Big Thief est une merveille, il me fait penser à Berlin [de Lou Reed]”, ou “En parlant de Berlin, il faut écouter le nouveau Big Thief”, je ne sais plus, ça devait être mieux tourné que ça, il tourne mieux ses phrases. Je sais cependant, je me souviens qu’il m’a d’abord vendu l’affaire, en filou, en passant par un de mes talons d’Achille, Berlin, un du genre copie cassette essorée dans les bus du collège puis du lycée. C’était il y a plus de vingt ans, et c’était à ce point. Les écoutes obsessionnelles, favorisées par l’adolescence et par ses trajets faiblement sociaux selon l’individu, son adaptation, sa chance. Et connaissant Zach, et sachant comme il me connaît, je comprends que ce disque de Big Thief est à considérer attentivement. C’est ce qui est dit dans sa phrase.

Je lui fais confiance. Continuer la lecture de « Big Thief, ou comment rencontrer son groupe préféré à 38 ans (1/7) »

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Jeffrey Lewis & The Voltage, Bad Wiring (Don Giovanni Records / Moshi Moshi Records)

Jeffrey Lewis & the VoltageAprès bientôt 20 ans passés à écrire des chansons, à bourlinguer à travers le monde dans une sorte de « neverending tour », mais aussi à réaliser incessamment dessins et B.D., Jeffrey Lewis aurait pu se lasser, s’émousser ou tout simplement se ranger des voitures. Pourtant, à l’écoute de son nouvel album, on constate que l’éternel adolescent new-yorkais déborde toujours autant d’inspiration et de créativité. Depuis ses débuts avec The Bundles en 2001 – groupe dont faisait partie la légendaire Kimya Dawson des Moldy Peaches – jamais Jeffrey ne paraît avoir baissé le niveau d’exigence de ses textes et de sa musique, ni renoncé à son éthique anti-folk faite d’absence de compromis, de complète sincérité et de coolitude. Continuer la lecture de « Jeffrey Lewis & The Voltage, Bad Wiring (Don Giovanni Records / Moshi Moshi Records) »

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3776, 歳時記 [Saijiki] (Natural Make)

Pochette de Saijiki de 3776En japonais, le terme 歳時記 [Saijiki, littéralement chronique d’une année] désigne une liste réunissant un ensemble de kigo, des mots ou phrases associées aux saisons et utilisés dans les haïkus. À chaque période et mois de l’année est associé un corpus de termes correspondants, systématiquement inclus pour préciser la temporalité du poème. Fin avril, on évoquera ainsi les fleurs de cerisiers (sakura), comme dans ce haïku de Bashō datant du 17e siècle :

tant et tant de choses  /  samazama no

me reviennent à l’esprit  /  koto omoidasu

fleurs de cerisiers  /  sakura kana

Les cigales occupent le mois de juillet tandis que les grenouilles sont l’apanage de février et mars. La lune symbolise elle l’automne tout entier. Le saijiki forme ainsi une sorte de dictionnaire du temps qui passe et de ce cycle en perpétuel mouvement. Un calendrier d’idées. Le fourmillement de la nature en quelques lieux communs. Continuer la lecture de « 3776, 歳時記 [Saijiki] (Natural Make) »

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Foliage, Take (Z Tapes)

FoliageAprès trois albums, une poignée de singles et de EPs (dont un split avec Andrew Younker), Foliage publie en cette fin septembre son dernier ouvrage, Take. Formé dans la banlieue de San Bernadino, à 100 km à l’Est de Los Angeles, il s’agit avant tout du projet solo de sa tête pensante, Manuel Joseph Walker. Ce teenager fanatique de Johnny Marr et du rap US nous partage depuis 2015, avec l’aide d’une guitare et d’un ordinateur, sa vision de l’indie pop lo-fi. Continuer la lecture de « Foliage, Take (Z Tapes) »

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Glass Beach, The First Glass Beach Record (autoproduit)

Pochette de The First Glass Beach AlbumFace à la virtuosité d’artistes en plein étalage de leurs facultés, deux réactions peuvent sauter à la gorge : une viscérale crispation, trouvant son origine dans une sorte de mépris vaguement jaloux face à tant d’esbroufe mains-dans-les-poches, ou une bien plus sereine envie d’ouvrir grand les tympans pour ne rien louper de ce perpétuel bouquet final. La frontière est mince entre l’une et l’autre, tenant bien souvent à des pas-grand-chose, des attitudes imperceptibles, des jugements sans doute superficiels. Et c’est ainsi qu’à l’opposé d’autres projets pompiers et agaçants avec lesquels ils partagent pourtant la passion des grandes fresques indie-rock épiques et doucement indulgentes (Car Seat Headrest, entre autres), les américains de Glass Beach restent profondément attachants malgré leur tendance maladive à vouloir être trente groupes à la fois. Continuer la lecture de « Glass Beach, The First Glass Beach Record (autoproduit) »

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Studio Electrophonique, Buxton Palace Hotel (Violette Records)

Studio ElectrophoniqueC’est très précisément au moment où l’on se dit qu’on ne nous y reprendra plus que ça nous tombe sur le coin de la gueule. C’est très précisément au moment où l’on se dit : « ouf, finies les histoires improbables qui foutent la vie sens dessus dessous » qu’en commence une nouvelle – dont bien sûr, on ne connait pas la fin. C’est très précisément au moment où l’on sait que, de toute façon, on a déjà tout vu, tout entendu, que se pointe un jeune type à la gueule d’ange, la mèche négligée et le look impeccable (comprendre un peu sixties) qui en dit long sur les ambitions. Même pas trente ans au compteur et pourtant. Et pourtant, ce garçon écrit des chansons qui bouleversent les habitudes. Des chansons dont on tombe amoureux en un claquement de doigt – parce qu’on est d’accord, hein, c’est bien de cela qu’il s’agit quand on écoute un disque ? – à cause d’un changement d’accord, d’une note d’orgue haïku qui se pointe au détour d’un refrain, d’un mot comme murmuré du bout des lèvres. Continuer la lecture de « Studio Electrophonique, Buxton Palace Hotel (Violette Records) »

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Jenny Hval, The Practice of Love (Sacred Bones)

Jenny HvalJ’avais laissé Jenny Hval, écrivaine et compositrice norvégienne de 39 ans, dans un rêve. C’était lors de son EP tout en digressions et reflets The Long Sleep. Projet tout à fait conscientisé de s’adresser au corps de son auditeur, Hval y théorisait un flux de sensations et de mots pour détruire les codes du capitalisme numérique – son sujet était alors de déjouer les cadres du streaming. Revenue de cette expérience à même le rêve, la Norvégienne propose cette fois-ci un album qui n’a rien de digressif. The Long Sleep était un objet accueillant et relativement simple d’accès considérant le reste de la discographie de la compositrice, The Practice of Love sorti chez Sacred Bones, confirme et accentue cette orientation. Continuer la lecture de « Jenny Hval, The Practice of Love (Sacred Bones) »