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Minna Miteru, A Compilation Of Japanese Indie Music (Morr Music)

Minna Miteru

À intervalles réguliers, le Japon nous envoie de ses nouvelles via de fidèles messagers écossais, australiens ou européens. Des labels, missionnaires, fureteurs de première, se posent en archivistes d’une histoire musicale en marche, en traducteurs d’un monde dont les tenants et les aboutissants semblent nous échapper à chaque fois qu’on pense pouvoir le cristalliser. Parmi ces documentalistes, on remarquait évidemment le label de Stephen Pastel et Katrina Mitchell, Geographic, qui devint par la force des choses une sorte de refuge pour une famille d’excentriques nippons comme Maher Shalal Hash Baz, Nagisa Ni Te, Kama Aina, ou les Tenniscoats. Les labels australiens Chapter Music et Someone Good en leur temps compilaient pour notre plus grand bonheur une première vague de groupes : la compilation Songs For Nao (2004), fondateur, et pour la génération Myspace de ces outsiders, l’excellent Add To Friends (2007), on en oublie sans doute et des meilleurs.  Continuer la lecture de « Minna Miteru, A Compilation Of Japanese Indie Music (Morr Music) »

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Roméo Poirier, Hotel Nota (Sferic)

On s’était perdus de vue après son départ de Strasbourg vers Bruxelles, au début des années 10, et c’est un plaisir de retrouver Roméo Poirier, sur disque pour commencer. Le jeune trentenaire alsacien avait pris le large après avoir fait un tour musical, local et remarqué, notamment sous l’oriflamme Herzfeld  : élégant derrière les fûts de sa batterie pour Original Folks, perspicace dans l’accompagnement (guitares, claviers…) et les arrangements pour Thomas Joseph ou le Herzfeld Orchestra, il avait mené sa barque avec son amie de lycée, Sarah Dinkel, dans Roméo & Sarah pour un premier (et dernier) album CD, Vecteurs et forces, une des plus originales sorties du label strasbourgeois. Le duo malaxait alors avec délicatesse une variété anglophile, étirant un post post-rock (ou une pop spatiale) sur des durées qui permettaient à de minuscules événements (quelques mots anglais, de jolies mélodies et un jeu de guitare subtile) de se produire, en n’abandonnant jamais tout à fait l’aspect mélodique et immédiat. Continuer la lecture de « Roméo Poirier, Hotel Nota (Sferic) »

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Jim O’Rourke, Shutting Down Here (Portraits GRM/Mego)

Depuis le début des années 1990 avec Brise-Glace et Gastr Del Sol, formations estampillées « post-rock », jusqu’à ses monumentales Steamroom (49 volumes à ce jour), sans oublier bien évidemment ses disques sur Drag City, son label historique, ou encore ses multiples collaborations avec la crème de la scène expérimentale, Jim O’Rourke est sans aucun doute l’un des musiciens les plus précieux de ces dernières décennies. Passeur indispensable auprès du public pop de toute un pan de la création musicale actuelle (drone, minimalisme, musique répétitive, etc. ), songwriter génial et producteur de tout premier ordre, son importance est assimilable à celle d’un Eno, par exemple. Continuer la lecture de « Jim O’Rourke, Shutting Down Here (Portraits GRM/Mego) »

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Katie Dey, mydata (Run For Cover)

La discographie de Katie Dey est une lente révélation. Progressivement, dans l’écoulement de quatre albums parus depuis 2015, les épaisses couches érigées en forteresse autour de sa musique se détachent peu à peu, se creusent, deviennent perméables à notre regard. Placées à la suite, les pochettes elles même semblent raconter l’histoire de cette dissipation continue. La silhouette est devenue regard, puis visage. La cacophonie sursaturée et intérieure de asdfasdf s’est vidée de ses parasites pour ressembler à la texture chaude et sereine d’un ciel aux couleurs irréelles. Continuer la lecture de « Katie Dey, mydata (Run For Cover) »

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The Explorers Club, The Explorers Club/To Sing And Be Born Again (Goldstar Recordings)

The Explorers : To Sing And Be Born Again / The Explorers Club

Que reste-t-il à explorer quand tout est déjà découvert ou presque, qu’il faut, d’une manière ou d’une autre, renoncer au frisson de l’inconnu ? Depuis douze ans déjà, Jason Brewer – seul membre permanent de ce Club fondé par ses propres soins – n’a eu de cesse de défricher pied à pied les recoins les plus inaccessibles d’un territoire musical pourtant archi-fréquenté, consacrant comme bon nombre de ses confrères son attention passionnée au patrimoine rebattu de la pop de la deuxième partie des années 1960 en général et des Beach Boys en particulier. Ces quatrième et cinquième albums publiés simultanément présentent sans doute la version la plus accomplie de son obsession jusqu’au-boutiste pour une qualité esthétique d’un autre âge, de cette fascination communicative pour les mélodies radieuses et les arrangements ultra-solaires. Continuer la lecture de « The Explorers Club, The Explorers Club/To Sing And Be Born Again (Goldstar Recordings) »

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Peel Dream Magazine, Agitprop Alterna (Slumberland / Tough Love)

C’est en 2018 que le new-yorkais Joe Stevens, alias Peel Dream Magazine, délivre son premier album. Modern Meta Physic est alors présenté comme un hommage à la dream pop de la fin des années 1990 mais malgré son charme, le disque ne parvient pas à franchir le seuil de la scène brooklynoise et reste un secret bien gardé. Un an plus tard, le musicien fait son retour avec Up and Up, un EP de cinq titres mené par un single éponyme. I feel like I’m flying / This must be what dying / In part has been based on : cette fois-ci accompagné d’une voix féminine (celle de son amie de longue date, Jo-Anne Hyun), Stevens, dans cette envolée onirique, démontre la nouvelle richesse de ses compositions.

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Les Marquises, La Battue (Les Disques Normal)

Il est temps de dire adieu aux tristesses juvéniles *

Jean-Sébastien Nouveau et Martin Duru, amis et complices depuis les années de lycée, forment le binôme du groupe lyonnais Les Marquises. Leur quatrième album, La Battue, est sorti au début du mois de juin. Toujours aussi beau et aventureux, sauvage et étonnamment mélodieux, pop et expérimental. Singulier en un mot. Tentative de décryptage. Continuer la lecture de « Les Marquises, La Battue (Les Disques Normal) »

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Biga*Ranx, Sunset Cassette (Brigante)

Le reggae, au sens large, est une musique historiquement liée à un mouvement messianique et c’est peu dire que ce genre musical d’origine jamaïcaine aime les prophètes, les miracles, les révélations. A ma microscopique échelle, je n’en avais pas connues de réelles vis-à-vis de ce genre musical, si ce n’est une inclinaison pour les esthétiques floues et protéiformes du dub, ou les sonorités actuelles fat qui infusent les genres croisés au hip hop britannique (du grime à la drill) et qui en descendent lointainement… En gros, sorti des encyclopédies Blood & Fire et des épais dictionnaires Soul Jazz, bien pratiques, je n’y connais pas grand chose, et j’ai manqué, sans doute, de bien épiques épisodes.

Et voilà que descend, du ciel nuageux de Tours, l’archange Gabriel (Gabriel > Gabi > Biga) qui vient me glisser à l’oreille son interprétation toute personnelle des sons jamaïcains. Continuer la lecture de « Biga*Ranx, Sunset Cassette (Brigante) »