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Adrianne Lenker, Songs / Instrumentals (4AD)

I cover you with questions
Cover you with explanations

On va faire en sorte de ne pas.
On va faire en sorte de décrire sans couvrir.
Adrianne Lenker – incontournable depuis le coup double commis avec Big Thief, deux albums infinis publiés en six petits mois du monde d’avant –, dans la parenthèse imposée à ce qui semblait devenir un Never Ending Tour, a enregistré un double album solo qui semble devoir être son Blood on the Tracks.
Semble-t-il.
On n’est pas bien sûr mais la référence, si elle biaise, n’écrase même pas car c’est là.
C’est ça.
C’est un album dont la toute première écoute est l’occasion du surgissement entre deux portes, entre deux autres chansons, de Zombie Girl, qu’on va tenter avec toute la conscience de notre présente mission de ne pas jouer en boucle durant une petite semaine – vous, vous pouvez, vous êtes libre de, et de ne pas en rester là.

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Sinaïve, Dasein EP (Buddy records) / Reprise Party (Langue Pendue)

Dasein Sinaïve

Il y a bien longtemps, dans une très petite galaxie fort lointaine, nous nous battions, parfois à mains nues mais surtout verbalement, au sujet de l’usage de la langue française dans un contexte noisy pop. Nous hantions, faute de collectif, nos propres chapelles et le résultat fut que finalement, ce fut hors du bruit que les choses se sont jouées.

Trente ans plus tard, je me permets de reformuler un potentat.

Vous n’aviez jamais rêvé d’un groupe qui cristalliserait tous vos rêves d’adolescent mais en mieux, de voir la charge de l’intelligence défoncer, la serpe à la main, tous vos misérables renoncements ?

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The Reds, Pinks & Purples, You Might Be Happy Someday (Tough Love)

Hier soir, j’ai décidé que You Might Be Happy Someday était le plus beau disque de l’année. Il fallait bien que quelqu’un la prenne, cette décision. Je n’ai pas eu à me forcer et je ne vois pas comment je pourrais me dédire au cours des trois prochains mois. Avec toute l’objectivité de jugement que me laissent ces huit chansons, une fois le cœur transpercé en plein dans le mille, il ne peut pas en être autrement, car ce disque est une merveilleuse évidence. Du « sur-mesure », pour ceux qui aiment Sarah Records. Continuer la lecture de « The Reds, Pinks & Purples, You Might Be Happy Someday (Tough Love) »

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Odessey & Oracle, Crocorama (Another Record)

Odessey & Oracle « Prise au piège
D’un manège
La tête enveloppée de papier chiffonné  / Les nouvelles
Bien trop cruelles
Vitrifiant les cœurs d’impuissants spectateurs  / Des sourires ébréchés qu’on ne peut plus consoler / Mais ressaisis-toi ! Faut pas pleurer comme ça »

Après avoir vu, il y a quelques mois, un concert ébouriffant des Lemon Twigs à la Laiterie à Strasbourg, j’étais resté sur le flanc. Pour tout vous dire, je ne suis pas spécialement intéressé par la virtuosité, la maîtrise instrumentale étant très éloignée de mes préoccupations. Je peux même vous dire, et ça n’est sans doute pas une surprise si vous me lisez plus ou moins régulièrement ici, que je suis souvent plus attiré vers l’inverse, ce qui « sonne plus humain » (comme on dit en studio quand on n’a pas envie de refaire une énième prise imparfaite), quelque chose qui se met en place, qui coince, qui couine, qui peine et qui galère. Continuer la lecture de « Odessey & Oracle, Crocorama (Another Record) »

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Young Gun Silver Fox, Canyons (Légère Recordings)

Young Gun Silver Fox

Sorti en mars dernier, en plein confinement, Canyons, troisième album de Young Gun Silver Fox, a la lourde tâche de succéder au superbe AM Waves. Le duo ne change ici guère la formule éprouvée sur les précédents albums : une plongée dans les contrées ensoleillées du Yacht Rock seventies. Canyons n’apparaît pourtant pas comme une redite. Un peu moins immédiat que son prédécesseur, l’album se laisse approcher délicatement. L’attente est récompensée, Canyons est un plaisir pour les sens et l’âme. Continuer la lecture de « Young Gun Silver Fox, Canyons (Légère Recordings) »

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Sahara, Triptyque I – It’s Only Talk (Pazapas / Le Gospel)

De niveau trilingue, cette nouvelle entité, Sahara, est aussi à bloc en musicologie :  elle propose deux pistes longues, une en français (Gris climatique), l’autre en franco-allemand (Europa), et une reprise de King Crimson (Elephant Talk), fermez le ban. A travers Sahara, duo garçon/fille de Bordeaux entouré de musiciens, il est étonnant de constater à nouveau comment les collectifs de musiciens ont évolué en France : du quatuor basique (chant, guitare, basse, batterie), le temps est au collectif informel qui émarge dans tous les styles, on peut penser à La Femme, Aquaserge ou à Catastrophe, où l’on sent que le projet, le nom, est plus important que ses membres, que ces ensembles sont plus que l’addition de leurs membres. Continuer la lecture de « Sahara, Triptyque I – It’s Only Talk (Pazapas / Le Gospel) »

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Shinichi Atobe, Yes (DDS)

La biographie de Shinichi Atobe est pour le moins parcellaire. Pendant de nombreuses années, le nom du japonais ne résonnait aux oreilles des connaisseurs que pour un mythique maxi d’ambient crépusculaire, Ship-Scope, sorti en 2001 sur le label Chain Reaction de Moritz von Oswald et Mark Ernestus. Trop peu pour laisser une trace indélébile, certains en étaient même venus à suspecter un avatar d’un des artistes phares du label allemand (René Löwe) mais c’était sans compter sur la force des réseaux sociaux et autres sites participatifs qui allaient, le temps passant, faire de ce maxi un trésor caché. Continuer la lecture de « Shinichi Atobe, Yes (DDS) »

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Juniper, Juniper (Fabcom ! Records)

juniperD’abord, il y a Juniper Shelley. Au premier plan. Elle est âgée d’une quinzaine d’années à peine.  » Elle chante depuis aussi longtemps qu’elle – ou que quelqu’un d’autre – s’en souvienne «  lit-on dans une biographie forcément brève. Cela laisse déjà entendre que sa précocité a eu des témoins et qu’ils ont été attentifs : c’est très important. Mais on y reviendra. Juniper a publié il y a quelques mois un premier album, celui d’une jeune fille de quinze ans, bien élevée, mais pas trop. Elle y interprète –et y compose même quelques fois –  des chansons à la fois de son âge et d’un autre, plus ancien : des fragments d’adolescence poisseux comme du bubblegum, des chroniques méditatives sur les garçons, la vie de collège et la musique, où la candeur des sentiments, exprimés avec une sincérité qui ne se targue jamais d’être pure, n’exclut pas des traits de génie d’une implacable lucidité – Kids On My Corner, portrait drôle, à la fois impitoyable et attendrissant, des groupes qui trainent dans les garages des environs. Continuer la lecture de « Juniper, Juniper (Fabcom ! Records) »