Comme toujours, dans ces cas-là, on commence par parler d’albums solo. « C’est pas faux », comme dirait l’autre, histoire de laisser entendre que l’on a, justement, rien compris d’essentiel. Plus que jamais, l’expression apparaît comme une commodité de langage qui ne restitue rien d’exact, ni de vraiment fidèle au contenu des deux œuvres ou à l’intention manifeste qui les anime. Deux membres émérites de The Coral ont, certes, publié coup sur coup deux albums estivaux signés de leurs noms propres. Pourtant, à les écouter, il semble difficile d’y entendre les velléités de ruptures et d’émancipation communément associées à ces prises d’autonomie discographique. Continuer la lecture de « Ian Skelly, Drifter’s Skyline (Silver Songs) / Paul Molloy, The Fifth Dandelion (Spring Healed) »
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The Apartments, In And Out The Light (Talitres)
Comment parler de ce disque sans parler de soi ? Car ce qui fascine, c’est ce qu’il provoque – va provoquer – sur chacun de ses auditeurs : ce sentiment d’avoir, dès les premières notes, l’âme ouverte en deux. Tout ce que l’on vous racontera sur ce disque, tout ce que vous lirez, ne sera qu’une suite d’expériences personnelles racontées avec plus ou moins de pudeur. Des mots aux mélodies, des instruments aux voix – car il y a la voix de Peter Milton Walsh et celle de Natacha Penot, ici voix-fantôme – , tout ici sert le sujet du disque : l’amour perdu, celui qui, cousu dans les entrailles, dicte votre vie.
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Jerry Paper, Abracadabra (Stones Throw Records)
L’été fut l’occasion de rattraper un peu notre retard sur l’année écoulée en matière de nouveautés. Sorti mi-mai, quelques jours après la fin du confinement, Abracadabra de Jerry Paper n’avait pas eu l’honneur d’une chronique ici contrairement à Like a Baby, son prédécesseur, sorti fin 2018. Enfin physiquement récupéré et posé sur la platine, Abracadabra est aussi séduisant que le précédent si ce n’est plus. Certes Jerry Paper reste fidèle à son esthétique et continue d’œuvrer dans la même direction mais le résultat est toujours aussi charmant, espiègle et élégant. Continuer la lecture de « Jerry Paper, Abracadabra (Stones Throw Records) »
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Alex Izenberg, Caravan Château (Domino)
Le californien Alex Izenberg a tout de l’élève trop doué et fantasque qui sait qu’il n’a pas besoin d’en faire trop. Son premier album Harlequin, paru en 2016, en a sûrement perdu plus d’un alors que celui-ci célébrait une belle folie dandyesque masquée par un certain je-m’en-foutisme. Il faut reconnaître au garçon, par ailleurs diagnostiqué schizophrène, le don de frustrer son auditoire et maquiller sous des faux airs de démos à peine abouties des compositions pop baroques et psychédéliques pourtant au final vraiment exquises. Quelque chose comme les ambitions démesurées d’un jeune Van Dyke Parks enregistrées sur un 4-pistes de seconde main et accompagnées par la fanfare de la MJC du coin. Continuer la lecture de « Alex Izenberg, Caravan Château (Domino) »
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Naked Roommate – Do The Duvet (Upset! The Rhythm)
« Je suis le bébé. » C’est l’affirmation répétée tout au long du premier album des Californiens de Naked Roommate. Hommage au nain du roi Stanislas, à l’Epépé de Ferenc Karinthy, simple babille… ou revendication d’une innocence et d’un amour du jeu qui renvoie à toute une tradition de la pop et du post punk ? On ne saurait dire. De mémoire, on n’a jamais vu de bébé avec une si solide éducation, maîtrisant autant son propos et jouant avec tant de charme de sa candeur et de son espièglerie. Continuer la lecture de « Naked Roommate – Do The Duvet (Upset! The Rhythm) »
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Crack Cloud, Pain Olympics (Meat Machine)
La compilation d’EP et les concerts de Crack Cloud furent une claque en 2018. L’annonce d’un premier album accompagné des clips d’Ouster Stew et Tunnel Vision ne fit qu’amplifier notre impatience. Les deux chansons convoquaient le souvenir encore vif d’un post-punk sachant s’affranchir de ses références sans se trahir. Quand Pain Olympics est arrivé chez un de nos disquaires parisiens préférés, nous nous sommes pas posés la question, d’autant plus que les chroniques affleurantes ici et là étaient fort élogieuses… Sans être une catastrophe, nous nous devons de dégonfler un peu la hype sur un disque bancal, emphatique et dépassé par sa propre ambition. Continuer la lecture de « Crack Cloud, Pain Olympics (Meat Machine) »
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Rose City Band, Summerlong (Thrill Jockey)
Un aveu s’impose d’emblée : à tort, sans doute, on n’avait jamais fait grand cas des déclinaisons multiples de l’œuvre musicale de Ripley Johnson avant qu’il en inaugure l’an dernier cette version un peu décalée et nettement épurée. Un premier album autoproduit, confidentiellement diffusé à compte d’auteur en mai 2019 puis réédité aux premiers mois de l’année du Pangolin par Thrill Jockey – Rose City Band (2019) – puis, dans la foulée, ce Summerlong estival et discret qui confirme et prolonge une première impression saisissante : loin des stridences néo-psychédéliques de Wooden Shijps et de la pop synthétique de Moon Duo, c’est dans cette configuration pastorale et presque nonchalante que Johnson parvient à se rapprocher de l’essentiel. Continuer la lecture de « Rose City Band, Summerlong (Thrill Jockey) »
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Jessy Lanza, All The Time (Hyperdub)
Dans l’écurie Hyperdub (Burial, Darkstar…), Jessy Lanza occupe une place assez singulière. Si ses albums respectent dans leur ensemble la doxa dubstep inhérente au fameux label anglais, la canadienne y insuffle une attitude pop voire R&B rendant le genre d’autant plus accessible et attractif. Initialement prévu pour ce début d’année, la crise sanitaire aura retardé comme de nombreux autres la sortie de ce troisième long format et complètement chamboulé le programme promotionnel associé. Continuer la lecture de « Jessy Lanza, All The Time (Hyperdub) »