En voilà un qui a pointé le bout de son nez à la dérobée : on cuisinait, ce qui occupe la plupart du temps, et un algorithme d’après-disque a glissé la chanson Working, et malgré un timbre de voix, un calme, une atmosphère, un composé de discrétion, on s’est regardé frappé d’évidence, on a lancé la première plage d’un disque – écouté deux fois à sa sortie d’une oreille très certainement très distraite –, on a plongé sans délai, et depuis Naima Bock et son premier album Giant Palm enchantent le début d’année.
Et le meilleur : ce disque aurait trente ou quarante ans au lieu d’un, on le trouverait aussi formidable. Continuer la lecture de « Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop) »
Dans une dimension parallèle où la pureté esthétique règnerait sans partage,
Tomber en émoi pour un disque n’arrive pas souvent. Passer son temps à écouter la multitude de parutions, trouver que dans cette multitude, nombreuses sont les productions agréables. Apprécier une première écoute, la réécouter parfois avec beaucoup de plaisir, voire de l’émotion, souvent fugaces. Mais tomber amoureux d’un disque, c’est rare. Ça vous prend par surprise, vous êtes presque méfiant de ce disque beaucoup trop joli pour être authentique. Très vite, vous ne pouvez plus passer une journée sans écouter ce disque au moins trois fois par jour. Si vous n’avez pas le temps alors survient le manque et vous pensez à lui inlassablement. Vous voudriez qu’il soit toujours à vos côtés. Même lorsque vous l’écoutez, vous êtes déjà en train de projeter la fin et le manque surgit alors qu’il est encore là. L’instant présent n’existe plus ?
Depuis 2016, 
En 2018, l’anglais
A chantar m’er de so qu’eu no volria
Comment apprécier avec l’illusion de posséder une ouïe toute neuve une musique qui transporte –intentionnellement ou pas, ce n’est pas vraiment le problème – plusieurs décennies de références ? Un premier album d’indie-rock enregistré en anglais par un groupe français : il y avait tout à craindre des obstacles pour qui ne bénéficie plus depuis bien trop longtemps des privilèges de la virginité musicale. Les associations charriées par la mémoire surgissent en premier : on n’y peut rien. Autant les laisser affluer avant d’apprécier ce qui leur survit. L’homonymie d’abord :