Après avoir fait le récent éloge du dernier single des Sharp Pins dans une borne d’écoute Section 26 pas plus tard que la semaine dernière, on tire à nouveau notre chapeau à Calvin Johnson, grand gourou de K Records, pour avoir eu le flair d’héberger le groupe Now sur son label-caverne d’Ali-Baba. En l’attente de l’album Now Does the Trip à venir en mai prochain, nous pouvons nous délecter à l’avance du premier single In Pathécolor, à travers lequel le trio semble avoir conjugué la joyeuse naïveté des premiers Pastels avec l’esprit du psychédélisme des rives de la baie de San Francisco qui les a vu naître. Continuer la lecture de « Ici et maintenant »
On avait rencontré la musique de Pierre Gisèle il y a 3 ans, au détour d’un petit EP bricolé dans le bouillon de culture bordelais aux alentours de Th da Freak – Opinion – Teeth et du label Flippin’ Freaks. Pierre Gisèle, groupe et pseudo à la fois, derrière lesquels Ornella, jeune musicienne, se démenait pour faire connaître sa folk lo-fi habitée par les mots d’ici, super bien envoyés avec des propos tenant à la fois d’un romantisme adolescent et d’une conscience politique intimement chevillée au corps. Elle nous avait fait penser à l’école K Records des années 1990 par cette débrouillardise qui te fait t’approprier plein de styles sans te démonter ou à l’école néo folk (allez, « anti ») du NYC des années 2000, par cette façon nonchalante de chanter tous les sujets de la vie (et même le foot). Continuer la lecture de « Pierre Gisèle va t’aider à t’en sortir »
La flamme de la pop ne s’éteindra donc jamais ? Le nouveau single de Sharp Pins vient le confirmer. En 2023, avec Turtle Rock, Kai Slater – gamin de Chicago d’à peine 20 ans et par ailleurs membre de Lifeguard -, avait délivré un premier album protéiforme, étonnant, et un peu foutraque, se plaisant aussi bien à marcher sur les plates-bandes de White Fence que de Sebadoh et Boyracer, avec une couleur vocale qui n’était pas sans rappeler parfois Marc Bolan, tout cela dans une atmosphère résolument lo-fi. Au menu, des tubes comme Bye Bye Basil ou I’m Breaking Down qui avaient laissé espérer un avenir prometteur. Radio DDR, l’album suivant, n’a non seulement pas déçu, mais étonné encore plus, par son ambition et son éclat. On avait compris que nous avions affaire à un surdoué au talent hors-norme. Continuer la lecture de « Kai Slater (Sharp Pins) ne peut plus s’arrêter »
Nés sur les cendres de feu Women, Viet Cong renommés Preoccupations sont devenus au fil des ans les fers de lance d’une scène Canadienne à l’assaut de l’Europe. Trois excellents albums entre 2015 et 2018 encensés par la presse spécialisée et applaudis aux quatre coins du monde. De manière plus confidentielle mais attendue, ils reviennent avec Focus, seul morceau en écoute de leur prochain album III at Ease à paraître le 9 mai prochain chez l’américain Born Losers Records. Un clip original ou se compilent des images d’archives de groupes new age, sectes et courants illuminés qui collent parfaitement à ce morceau entêtant. Basse prononcée, guitares en retrait, explorations synthétiques sensuelles et chœurs enivrants par la présence de Marlaena Moore. Une chanson qui laisse présager un retour en grâce, qui ravira les fans du groupe et donnera envie aux néophytes de plonger dans la riche discographie du quatuor. Continuer la lecture de « Focus sur Preoccupations »
Il y a quelque chose de très fraternel dans les petits groupes qui émaillent la scène indie francilienne. Beaucoup de projets en commun, de transferts de musiciens d’un groupe à l’autre, de soirées passées à voir les uns ou les autres sur scène, avec dans le public, souvent un certain nombre de membres desdites formations venus encourager les amis. Betty en est un excellent exemple : l’idée est partie d’un travail en solo de Rémi Studer, qui a composé des morceaux pendant plusieurs années de son côté, en mode bedroom pop. Le dénominateur en commun entre lui et cette scène fut Jérôme Ganivet de Belmont Witch, qui l’a aidé à concrétiser ses rêves, il y a une dizaine d’années déjà. Tous les deux ont enregistré des démos, avec Sparklehorse, Sebadoh ou Pinback dans le rétroviseur. La vie n’a pas été clémente, et Jérôme s’en est allé. Grâce à Michele (toujours Belmont Witch), Rémi a intégré Eggs et de fil en aiguille, Manolo Freitas (Hobby et Eggs aussi) et Isabella Green Catani (Dog Park) ont rejoint Betty. Après un EP l’an dernier, le trio sort son premier album masterisé par Côme Ranjard, Reminder, comme un rappel du chemin parcouru. Continuer la lecture de « Des étoiles dans les yeux de Betty »
Echappé une fois encore de Corridor, le quatuor montréalais auteur d’albums inspirés entre poésie psyché et post punk – en français dans le texte – dont on s’est entichés jusqu’au dernier, Mimi, sorti l’an dernier chez Sub Pop, Jonathan Personne poursuit sa route en solitaire tranquillement. Après Nuage Noir et Nouveau Monde, deux très beaux titres qu’il avait offerts à son public fin 2024, en voici deux autres : Zoé sur la montagne et Deuxième vie. La première trouve ses racines dans un air chanté à sa fille, et déroule sa mélodie folk apaisée avec une forme de naïveté confondante. Deuxième vie, évoque ces rencontres qui peuvent être un tournant dans l’existence, parfois entre deux êtres dont la proximité s’accentue soudain. Une ballade où sa voix douce se confronte à l’électricité des guitares. Des chansons perçues comme une catharsis introspective en réaction à la vie mouvementée d’un groupe, un cocon moelleux où Jonathan Personne se libère de la pression des tournées avec un minimum de tensions autour de lui. Nouveau Monde, son quatrième album, est la somme de ces moments d’entre-deux, avec plusieurs titres composés au fil du temps. Des instants en solitaire qu’on aime retrouver à chaque fois, tout autant que celles collectives de sa famille canadienne de Corridor. Continuer la lecture de « Le dad folk de Jonathan Personne »
Entre une future tournée européenne de Ride et une hypothétique tournée mondiale d’Oasis, Andy Bell (oui, on vous l’a déjà faite, mais non, pas son homonyme chez Erasure) surprend son monde et annonce un nouvel album. Quand il ne bricole pas avec Glok, Andy Bell enregistre des disques psychédéliques avec un certain talent. The View from Halfway Down, publié en 2020 chez Sonic Cathedral, rappelait aux plus étourdis d’entre nous que Bell en a toujours sous le pied. La bonne nouvelle avec ce nouveau disque, c’est le premier extrait chanté par Dot Allison. On n’avait plus entendu l’Écossaise depuis quelques mois. Ou quelques années. Écouter I’m in love… est un merveilleux prétexte pour se replonger dans les disques solo d’Allison et surtout ses piges pour Death in Vegas ou le trop méconnu et oublié album de One Dove. Notons aussi la participation de l’allemand Michael Rother (Neu!). Surtout, I’m in love… nous replonge dans l’œuvre des Passions. I’m in love… étant plus qu’un simple clin d’œil au hit du groupe post punk anglais fondé par Barbara Gogan et Claire Bidwell. Continuer la lecture de « Plus Bell la vie »