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Selectorama : Lael Neale

Lael Neale
Lael Neale

Avec Acquainted With Night, son deuxième album récemment sorti chez Sub Pop, Lael Neale excelle dans l’art d’aller à l’essentiel. Évoluant principalement autour d’un Omnichord, aucun son, aucune parole ne paraît superflu. A tel point que l’on a l’impression d’entendre un album de chansons jouées dans l’instant, une collection de démos enregistrées dans une chambre. De façon contradictoire, les titres d’Acquainted With Night sont taillés pour les grands espaces, les roads trips où la musique qui ne fait plus qu’une avec cette immensité. Si la magie opère quasi immédiatement, c’est en grande partie grâce à la voix et aux textes poétiques de Lael. Une intemporalité s’en dégage. A l’image des dix titres choisis par Lael pour ce Selectorama où l’on ne retrouve que des vieux titres toujours pertinents et percutants aujourd’hui.  Continuer la lecture de « Selectorama : Lael Neale »

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Jane Weaver : « J’ai rendu hommage à la pop de mon adolescence. »

Jane Weaver
Jane Weaver / Photo : Rebecca Lupton

Avec Flock, son album le plus pop à ce jour, Jane Weaver va certainement conquérir un nouveau public. On parle même d’un classement dans le top 10 en Angleterre au moment où cette interview est retranscrite. Ce qui ne signifie pas qu’elle en a fini avec les expérimentations. Comme pour beaucoup avant elle, essayer de trouver un format pop sans renier pour autant son ADN n’a pas été des plus simples à réaliser. On imagine aisément à quel point le doute et les incertitudes ont été présents pendant les trois années qu’il lui a fallu pour réaliser ce projet. On ne la remerciera jamais suffisamment d’avoir persévéré car Flock est un grand disque de pop expérimentale. Comparer Flock avec ses œuvres passées serait une erreur. Si Jane Weaver ne s’éloigne pas radicalement de sa zone de confort avec ses synthés analogues, un zeste de free jazz ou de krautrock, l’ensemble s’ouvre au glam, à la dance dans un format catchy qui peut surprendre. Pourtant nous avons l’impression de rester en territoire connu, avec des chansons intelligentes, réfléchies, mais dans un format plus court. Que les plus sceptiques se rassurent, l’indie police ne sonnera pas à votre porte si vous posez l’album sur votre platine. L’entretien que Jane Weaver a accordé à Section26 est à l’image de la diversité de Flock, elle y évoque des sujets aussi variés que son envie de s’éloigner du space rock, qu’un séjour glauque à Carnac pour écrire ses paroles ou encore son amour pour l’album Reign In Blood de Slayer. Continuer la lecture de « Jane Weaver : « J’ai rendu hommage à la pop de mon adolescence. » »

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Selectorama : Arab Strap

Arab Strap
Arab Strap

Fidèles à ce que l’on attendait d’eux, Arab Strap a effectué un retour remarquable avec le single The Turning Of Her Bones. Le morceau évoque le comeback du groupe avec l’humour qui leur est propre, sous l’angle de la résurrection et du sexe. A l’écoute de ce titre introductif, on s’est mis à rêver d’un nouvel album aventureux, ne reprenant pas les choses là où le groupe les avait laissées en 2005 avec The Last Romance. Sans tout révolutionner, As Days Get Dark passe le cap du changement haut la main. D’une dominante générale plutôt sombre, l’album sait rester aventureux sans désorienter, même lorsqu’un solo de saxo surgit de nulle part. La présence de Paul Savage, producteur historique du groupe et de certains de leurs projets solo, n’y est sans doute pas pour rien. Si Aidan Moffat et Malcom Middleton arrivent à nous mettre à genoux tant ils content le désespoir avec beauté, leurs choix respectifs pour ce Selectorama nous prouvent qu’ils ne passent pas leur temps à pleurer leur désespoir dans leurs pintes de Lager. Ils sont aussi capables de danser sur du Cerrone ou de s’émerveiller devant un solo de guitare d’Alice In ChainsContinuer la lecture de « Selectorama : Arab Strap »

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Sleaford Mods : « J’ai remis en question mes principes et mes croyances »

Les Lads de Nottingham de retour avec un nouvel album excellent, « Spare Ribs » (Rough Trade).

Sleaford Mods
Sleaford Mods / Photo : Alasdair McLellan

Qui aurait parié en écoutant Austerity Dogs en 2013, que huit ans plus tard Sleaford Mods se placerait numéro 4 des ventes d’albums au Royaume-Uni ? Jason Williamson et Andrew Fearne auraient été les premiers à croire à une blague idiote. C’est pourtant sans compromis et avec une légère évolution d’album en album que le groupe s’est imposé comme l’un des plus essentiels et importants de ces dernières années. Voir sur scène un lad taillé comme un coton-tige ingurgitant des litres de bières derrière son laptop pendant qu’un ex-punk hurle dans un micro comme si sa vie en dépendait a certainement permis au groupe de se démarquer et de faire parler de lui, mais ce sont surtout la qualité des textes de Jason et l’inventivité des boucles d’Andrew qui justifient cette moisson de lauriers mérités. Depuis Eton Alive, leur précédent album, on devinait l’envie de s’orienter vers un format plus traditionnel. Si Spare Ribs emprunte cette nouvelle piste, notamment grâce aux deux singles pop Nudge It et Mork n’ Mindy, l’album n’en reste pas moins profondément marqué par l’identité du groupe. Au cours de cette interview, Jason Williamson revient sur le travail acharné qui a permis la lente ascension de Sleaford Mods, mais également sur ses remises en question et le succès totalement assumé qu’il rencontre depuis quelques temps. Avec Spare Ribs le groupe a certainement trouvé son Key Market. Vous pouvez compter sur eux pour ne pas s’y attarder trop longtemps. Continuer la lecture de « Sleaford Mods : « J’ai remis en question mes principes et mes croyances » »

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Selectorama : Black Country, New Road

Black Country, New Road
Black Country, New Road / Photo : Matilda Hill Jenkins

Au début des années 90, il aurait été impensable d’imaginer qu’un groupe comme Black Country, New Road soit signé chez Ninja Tune. La musique du septuor londonien (et non originaire des Midlands comme son nom pourrait le suggérer) est on ne peut plus éloignée des beats et des breaks hip hop qui caractérisaient le label à l’époque. On retrouve par contre dans leur premier album, For The First Time, un goût prononcé pour l’expérimentation et l’envie de s’abolir de toute frontière. Considéré jusqu’à aujourd’hui comme un excellent groupe de scène (les quelques chanceux présents au Yoyo à Paris en mars 2020 confirmeront quasi unanimement) le groupe a réussi à capturer sur disque ce sentiment de liberté, de cohésion mais aussi de cassure brutale vers l’inattendu. Vous l’aurez aisément compris, six titres de For The First Time ne dévoilent pas toute leur richesse à la première écoute. Ces longues pistes accompagnées de violon et de saxophone laissent la musique prendre le dessus sur les paroles, à l’image des dix titres sélectionnés par Lewis Evans, membre fondateur et saxophoniste du groupe, dont la culture musicale semble déjà bien affirmée malgré son jeune âge. Continuer la lecture de « Selectorama : Black Country, New Road »

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Selectorama : Jack Name

Jack Name
Jack Name / Photo : Logan White

Sorti en fin d’année dernière, Magic Touch, le troisième album de Jack Name a surpris par sa simplicité et sa beauté. En produisant jusqu’alors des œuvres plus denses et complexes, Jack Name laissait moins transparaître sa personnalité. Avec cet album intimiste enregistré dans son appartement, il laisse entrer un peu de lumière, notamment grâce à un jeu de guitare plus subtil. Si Jack Name flirte parfois avec un rock plus classique, certaines influences se démarquent particulièrement. Celle de Serge Gainsbourg est sans doute la plus évidente, jusque dans son titre, sur I Came To Tell You (In Plain English) That I’m Leaving You. Composé sur plusieurs années, on jurerait pourtant que Magic Touch a été composé pendant le confinement tant l’album semble imprégné de solitude. La solitude ne rimant pas systématiquement avec la déprime, Magic Touch est à l’image de ce Selectorama, il alterne l’ombre et la lumière avec une classe incroyable. Continuer la lecture de « Selectorama : Jack Name »

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Nicolas Sauvage : « Damon Albarn a posé les fondations de la britpop »

Week-end consacré à Damon Albarn, avec un décryptage de son parcours par l’auteur d’une biographie sur l’anglais.

Damon Albarn
Damon Albarn / Photo : Linda Brownlee

Après un premier ouvrage sur Paul Weller, Nicolas Sauvage publie Damon Albarn : L’échappée Belle aux éditions du Camion Blanc. Contrairement à ce que clame haut et fort Peter Hook, il n’a pas été le seul à avoir marqué au fer rouge l’histoire de la musique avec deux groupes différents. C’est ce que nous raconte avec passion et érudition Nicolas Sauvage en retraçant le parcours atypique d’Albarn. Peu ont réussi au long de leur carrière à se frotter à des styles aussi différents que le baggy, la pop, la musique africaine ou le hip hop sans se ridiculiser. En plaçant systématiquement l’œuvre d’Albarn dans le contexte de l’époque, Nicolas Sauvage réussit la prouesse d’accrocher le lecteur comme dans un roman. À aucun moment, il n’impose sa connaissance pourtant encyclopédique du sujet. Il préfère aller à l’essentiel, suggérer, partager modestement. Les fans hardcore y apprendront quelques informations et les néophytes rentreront aisément dans l’univers d’Albarn. Au-delà de la référence à la carrière du musicien, titrer son livre L’Echappée Belle est également un excellent résumé du plaisir que l’on prend à le lire.


A écouter ce soir sur section26 : Le Club du Samedi Soir #26 consacré à Damon Albarn.
Bonus à la fin de l’article : quelques bonnes feuilles de l’ouvrage de Nicolas Sauvage.
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Strawberry Seas : « On essaye juste d’écrire des bons titres pop »

Rencontre avec une des révélations pop française de 2020.

Strawberry Seas
Strawberry Seas

Personne ne l’a vu venir, mais le premier album des Strawberry Seas est une des bonnes surprises pop de l’année. Enregistré rapidement et en live pour capturer la fraîcheur et l’énergie des concerts, les treize titres de l’album sont autant de singles potentiels. Si l’inspiration vient clairement de la scène indé des nineties, à aucun moment leur musique ne frôle le pastiche ou le plagiat. C’est en partie dû à la volonté de Carine et Raphaël, les deux compositeurs de groupe, de créer des pop songs qu’ils auraient envie d’entendre, mais aussi à une production chaleureuse et intemporelle. Depuis l’enregistrement de ce disque, les Strawbery Seas sont passés d’un quatuor à un quintette avec l’arrivée d’un guitariste additionnel. C’est au grand complet et confiné que le groupe nous a accordé une interview. Ils évoquent la rapidité avec laquelle tout s’est enchaîné de la création du groupe jusqu’à leur signature sur le label December Square, mais aussi leur frustration de ne pas pouvoir rencontrer leurs fans, et aussi les influences les plus étranges qu’on leur prête à tort. Continuer la lecture de « Strawberry Seas : « On essaye juste d’écrire des bons titres pop » »