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Selectorama : Roméo Poirier

Romeo Poirier / Photo : Anna De Smet
Romeo Poirier / Photo : Anna De Smet

Rentrer dans le Living Room de Roméo Poirier qui sort là son troisième LP (après Hotel Nota, chroniqué ici), c’est se poser dans un monde imaginaire où l’on croit entendre des oiseaux exotiques, des craquements d’arbres, une jungle équatoriale recréée de façon électronique.  Allongé au bord de cette rivière de sons, on retrouve le goût d’écouter, de tendre l’oreille au moindre détail savamment mis en scène par le musicien. A la métaphore guerrière qui voudrait qu’on suive un compagnon coûte que coûte, on préfèrera celle de la métaphore du voyage : on aura toujours envie d’être dans les pas de Roméo Poirier, partout où il va, depuis qu’on le connaît, dans toutes les contrées qu’il explore, de l’avant-pop de Roméo & Sarah à son travail solo dont les géographies électroniques s’étendent sans se presser, sans trop se dévoiler non plus. La preuve dans un Selectorama où chaque mot semble soupesé, non sans humour d’ailleurs. Continuer la lecture de « Selectorama : Roméo Poirier »

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La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est de Guillaume Marietta et Nicolas Drolc (Les Films Furax)

GTAIE / Photo : Guillaume Marietta
GTAIE / Photo : Guillaume Marietta

J’ai longtemps hésité cinq minutes avant de me décider à écrire sur le sujet qui nous rassemble, chères lectrices et chers lecteurs.

Longtemps, parce qu’on ne va pas faire semblant, je suis passé complètement à côté d’un phénomène qui pourtant se déroulait – en partie – dans les rues en bas de chez moi, à Strasbourg. Mais, j’avais une excuse, le nez dans le guidon, en ces belles années là, j’étais occupé par le label Herzfeld, plus formel, ouvertement pop, et assez éloigné dans l’esprit, du bouillon de culture de la Triple Alliance. Continuer la lecture de « La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est de Guillaume Marietta et Nicolas Drolc (Les Films Furax) »

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« Je suis à découvert », extrait du nouvel album de Primevère, en duo avec Françoiz Breut

La dernière fois qu’on a croisé Françoiz Breut sur scène, c’était au printemps à Colmar et à Metz pour Aucunes funérailles à l’horizon, soirées consacrées au label Lithium. Elle s’était illustrée en croisant le fer avec Calvin Keller, du groupe Sinaïve, pour un duo de toute beauté plein de symboles : reprenant à deux voix et guitare électrique L’écho de Dominique A, Françoiz avait porté très haut l’émotion du public présent. C’est à nouveau en très bonne compagnie qu’on la retrouve cet automne, avec un autre garçon talentueux, Romain, qui sous le nom de Primevère s’avance avec un bel album à venir, illuminé par des chansons hypnotiques, obsédantes, qui tournoient ou par des ballades toutes en douceur. En exclusivité, le duo Primevère / Françoiz Breut donc, chanson squelettique dans le cadre duquel excelle cette dernière, agile comme une gazelle sur des terres arides. Continuer la lecture de « « Je suis à découvert », extrait du nouvel album de Primevère, en duo avec Françoiz Breut »

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Charlotte Gainsbourg, Charlotte For Ever (Philips)

 

Colette, ma mère, ses parents, mes grands parents, étaient instituteurs. Elle est devenue institutrice, plus parce qu’elle nageait, depuis toute petite, dans ce bain socio-culturel que par véritable vocation. Elle ne détestait pas son métier, loin de là, mais ça n’était pas une folle passion. On n’en a pas fait un plat. Charlotte Gainsbourg est devenue chanteuse, on a l’impression, un peu comme ça. Héritant de la voix fluette et aux limites de la justesse de sa mère et de l’instinct redoutable de son père quand il s’agissait d’aborder l’art mineur de la chanson, elle est entrée sans forcer dans le métier d’abord par cette chanson scandaleuse mais sans doute incomprise (à l’époque, maintenant tout semble plus clair) Lemon Incest, en duo avec Serge sur son album Love On The Beat (1984). Deux ans plus tard, elle revenait avec ce disque Charlotte For Ever (1986), écrit et composé par son père en même temps que ce dernier l’immortalisait sur pellicule dans un film du même nom. Continuer la lecture de « Charlotte Gainsbourg, Charlotte For Ever (Philips) »

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Churros Bâtiment, Tendre macaque (autoproduction)

« J’écrirai un livre sur
les vacances de mon enfance,
un chef-d’oeuvre de la littérature,
il y aura 100 000 pages vides »

Après un très bon essai avec Poupard, duo domestique avec son amie Poupard (justement) il y a quelques mois, David Litavicki a rejoint son ami Gheno (peu importe le prénom, il change tout le temps) pour remettre Churros Bâtiment sur le métier. De Grenoble, le duo diffuse ce rock un peu sale, un peu grunge, remis vaguement au goût du jour : des boîtes à rythmes pour bébé, de l’autotune achetée sur le dark web… C’est sauvage, c’est libre, ça gueule (Esclave, hypnotique métal hurlant), ça rigole jaune (Médicaments), ça chante quand ça veut parfois. Le monstre à deux têtes de la capitale du suicide (je ne sais plus qui m’a raconté ça un jour, à cause des montagnes qui enserrent la ville, je ne sais pas si c’est vrai, à vérifier dans Wikipedia) nous envoie dix cartes postales dans la figure, sans adresse et sans timbre, directement dans l’œil. Il n’est donc pas question ici de s’enticher de styles ou d’écoles esthétiques, le groupe enregistre ce qui lui passe par une tête pas très bien faite. Continuer la lecture de « Churros Bâtiment, Tendre macaque (autoproduction) »

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Baron Fantôme, La nuit fantastique (Throatruiner)

« Je veux être l’ennemi du soleil »

Le punk aux accents new wave semble retrouver une certaine vigueur en ce moment dans les diagonales du vide : avec Hinin ou les Oi Boys en figures de proue, les salles peuvent enfin re-pogoter en Slang tout en hurlant des refrains dynamiques ou la basse se fait porteuse comme jamais. Avec Baron Fantôme, on franchit encore une marche, tout droit vers le caveau. Les guitares se font stridentes, pilotées par des basses lourdes et menaçantes et une rythmique bien gardée. Et surtout, il y a cette voix, bien en avant, à la limite entre incarnation et emphase qui joue dans la reverb. Elle est là, sans fausse pudeur, ni second degré et nous entraîne jusqu’au bout de la nuit. Continuer la lecture de « Baron Fantôme, La nuit fantastique (Throatruiner) »

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Emilie Vabre, Conneries (Le Pli)

« Je vous prie de bien vouloir excuser
mon retard… mental »

Phare flamboyant du petit monde que je me suis recréé autour de la chanson d’ici, Francisco Lopez a entrepris il y a quelques mois une nouvelle mission, Le Pli, du nom de son studio-maison. Le Pli, c’est un réseau qu’il alimente – plutôt par l’ancestrale mais toujours efficace newsletter – en enregistrements, albums, 4-titres, démos, de lui bien sûr, mais aussi de collaborations. Il s’essaie ainsi à un nouveau mode de diffusion, adapté à sa créativité débordante. Pour ceux qui le connaissaient d’avant Le Pli, rien de nouveau sous le soleil tant Flop a construit son œuvre de façon régulière en faisant feu de tout bois, construisant un style à nul autre pareil tout en y insufflant une énergie à chaque fois renouvelée. Il en avait parlé si bien dans le n°3 de Groupie, passant en revue un choix subjectif (le mien) de ses chansons. Continuer la lecture de « Emilie Vabre, Conneries (Le Pli) »

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Stranger Teens #11 : « Au pays de Candy » & « Candy s’endort » par Dominique Poulain & Watanabe Takeo

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Oublie tous tes petits chagrins,
ils reviendront dès demain.

Il y a parfois de longs moments de solitude musicale dans une vie. Plus grand chose à écouter, plus trop d’envie aussi. Il y a bien ces disques qu’on a portés aux nues à divers moments de notre vie (Sittin’ Pretty des Pastels ou Mon cerveau dans ma bouche de Programme). On en a écrit à leur sujet : des textes et des textes. On en a épuisé des dictionnaires de synonymes, on a même écrit des livres pour en parler, enfin un. Et ils restent des puits sans fonds pour lesquels, si on en avait le courage et l’abnégation, on commencerait la rédaction d’une encyclopédie. Mais parfois, ils ne suffisent pas, parce que la vie, ce n’est pas simple comme une playlist, la vie c’est des enfants qui grandissent trop vite, des parents qui vieillissent et disparaissent, un travail, des trucs à payer. Continuer la lecture de « Stranger Teens #11 : « Au pays de Candy » & « Candy s’endort » par Dominique Poulain & Watanabe Takeo »