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David Christian & The Pinecone Orchestra, For Those We Met On The Way (Tapete)

J’ai toujours les miquettes* quand la musique que j’ai toujours aimée et défendue se voit à nouveau magnifiée au détour d’un album qui aurait pu échapper à ma vigilance. Au début du siècle, Fred Paquet m’avait convoqué d’autorité pour une écoute (fatale) du premier album de The Tyde, grâce lui en soit rendue. Il m’a été moins dictatorial pour ce disque mais assez incitant, j’ai laissé couler un moment, j’ai été un peu retors, c’était le début de l’hiver ça n’est jamais bien agréable, eh bien je n’aurais pas du.
Un seul morceau, le premier In My Hermit’s Hours, devrait mettre tout le monde d’accord. Ça peut vous foutre un tournis fatal, ce genre d’introduction. Croiser les frères Godfrey (soit Epic Soundtracks ET Nikki Sudden prix de maigres mais golden trophy du songwriting) ET The Chills (pour résumer en un groupe une idée des antipodes – mais les amateurs des Go-Betweens et autres Apartments vont prendre cher pareil) ET The Tyde (donc Felt) ET PUIS QUOI ENCORE ? ! Continuer la lecture de « David Christian & The Pinecone Orchestra, For Those We Met On The Way (Tapete) »

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FAME 2022 : « Emmanuelle Parrenin : d’une maison l’autre » de Marie-Élise Beyne

Emmanuelle Parrenin
Emmanuelle Parrenin / Photo : Frédéric D. Oberland

Après quelques secondes de soleil aux carreaux des fenêtres et de plans sur ce qui se passe paisiblement au pied des tours de la grande ville, c’est la puissante vibration au son sans pareil de la vieille à roue — mêlée à une voix de cristal haut perchée — qui nous accueille dans le documentaire de Marie-Élise Beyne consacré à Emmanuelle Parrenin, paladine mystique du temple néo-folk français, connue par certains pour être l’auteure de l’album culte Maison rose sorti en 1977. Par certains, ou plutôt, entre autres choses : les plans de coupe sur les quelques souvenirs photographiques dispersés autour d’objets de l’intime qui suivent esquissant l’idée d’un destin musical en cours plus vaste encore, et qui nous reste à découvrir au-delà du culte.

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Big Thief, Dragon New Warm Mountain I Believe in You (4AD)

Big Thief, Dragon New Warm Mountain I Believe in You (4AD)C’est une question d’envie d’abord. Comme l’a rappelé récemment Christophe dans ces pages, un disque ne se rencontre que sur cette base. On dira envie, on pourra aussi bien dire disponibilité, circonstances. Et un disque se rencontre, donc disque, donc entier. Certains envisagent encore la rencontre selon cet angle, qui n’équivaut pas au support physique à l’impérissabilité aussi illusoire que celle des octets ou des cellules qui nous constituent, aussi illusoire que celle de nos mémoires et de nos traces – non – les ensembles provisoires d’émotions et de notions qui nous forment sont bien contents parfois de simplement – pour un moment – fréquenter un ensemble de chansons – un disque.

Ça forme et ça déforme – tout d’un geste.

C’est le principe. Continuer la lecture de « Big Thief, Dragon New Warm Mountain I Believe in You (4AD) »

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The Jazz Butcher, The Highest In The Land (Tapete)

The Jazz ButcherTout pourrait envahir l’écoute, la réduire à ce seul contexte qu’il n’est – évidemment – pas possible d’ignorer. Pat Fish est décédé au mois d’octobre et, pourtant, rien ne s’entend ici comme un achèvement. Tout semble rester en suspens dans ces ultimes échos posthumes de ce qu’il n’a jamais été vraiment été possible de considérer comme une carrière au sens commercial et stratégique du terme. The Highest In The Land est simplement un très bon album de plus, pas si différent de bon nombre de ceux qu’on a aimés souvent – ou parfois négligés – tout au long de ces quatre décennies d’activités musicales irrégulières : presque un album par an pendant les deux premières et puis un seul ensuite au siècle nouveau. On guette en vain les signes avant-coureur d’un essoufflement fatal mais les bilans testamentaires et les leçons de vie pontifiantes n’ont jamais été le genre de cette excellente maison. Continuer la lecture de « The Jazz Butcher, The Highest In The Land (Tapete) »

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Marie Delta, Route de nuit (autoproduit via La Souterraine)

« J’aimerais faire l’amour
dans un appartement vide »

Si je devais créer un sous-ensemble récent des musiques pop synthétiques et hantées, j’y rassemblerais quelques beaux disques parus ces mois-ci : celui d’À trois sur la plage par exemple, ou celui de Rémi Parson. J’y ajouterais ce disque de Marie Delta qui vient de sortir en vinyle après avoir été mis sous les projecteurs par les agents secrets de la Souterraine en avril de l’année dernière. Ils ont tous en commun une simplicité apparente, un flou qui dissimule de fortes personnalités et des paroles qui ne respirent pas forcément la joie de vivre. Une sorte de nouvelle petite vague froide qui se serait débarrassée de ses oripeaux et surtout de ses figures folkloriques encombrantes. Continuer la lecture de « Marie Delta, Route de nuit (autoproduit via La Souterraine) »

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Myriam Gendron, Ma Délire, Songs of love, lost and found (Les albums Claus)

C’est pas commun, enfin, c’est pas tous les jours qu’un tel disque arrive et vous ensorcèle et vous console immédiatement. Le nom de la canadienne Myriam Gendron circulait sous le manteau depuis quelques temps déjà, et le fond de l’air n’étant pas franchement tropical, il a suffit d’une écoute. Puis d’une dizaine d’autres pour découvrir cet album qu’on emportera, si tout va bien, jusqu’à la tombe.

Déjà Myriam Gendron dit LE folk et pas la folk, c’est dire si d’emblée elle en fait et se démarque à un niveau extraterrestre des geignards convenus, des bigots maniérés qui nous navrent en usurpant le genre depuis trop longtemps. Elle a l’immense pudeur de ne pas faire de falbalas avec sa voix et les guitares sont solennelles, c’est reposant autant que magnifique. Il n’y a pas une note, jouée ou chantée, fausse, fardée, excessive ou surjouée dans ce disque, il remplit tout un monde dont la définition ferme, three chords and the truth, (trois accords et la vérité) tient lieu de manifeste tacite à toutes nos musiques chéries, de la country au punk rock, du folk au hardcore, du blues rural à l’acid house. Continuer la lecture de « Myriam Gendron, Ma Délire, Songs of love, lost and found (Les albums Claus) »

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Lonny, Ex-Voto (Horizon)

Lonny, Ex-VotoDès le premier coup d’œil, sans même en avoir écouté la moindre note, il y a des disques dont on devine qu’ils ne vont pas nous décevoir. Dont on devine qu’on va en tomber amoureux. Des disques où il n’y aura pas de chansons qui mentent, de chansons qui prennent la fuite sans crier gare, de chansons qui s’étirent pour mieux cacher le vide.

Au départ, il y a donc une pochette. Une peinture, un portrait façon plan américain – découvert un matin de peu de lumière au détour d’un post par le graphiste responsable de ce petit miracle. Un portrait qui est celui d’une jeune femme, dont le regard grisé et la bouche légèrement entrouverte laissent entendre qu’elle est perdue dans ses pensées – et pas forcément roses, les pensées. Au départ, il y a aussi un titre. Ex-Voto, un joli mot parce qu’après tout, au-delà de sa consonance religieuse, il symbolise l’espoir – l’espoir que certains vœux, parait-il, finissent par s’accomplir. Ce sont ces signes-là qui font qu’on se dit que “ce disque-là, il est pour moi”. Continuer la lecture de « Lonny, Ex-Voto (Horizon) »

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Jokari, Main gauche (Pop Supérette, Another Record, Cheptel)

Un dimanche grisâtre en ce début d’année ne promettait rien d’autre que de voir Jokari en concert, quelque part dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg. Sous la pluie, à vélo, j’essayais de me rejouer les mélodies préférées de l’album CD que je venais de recevoir en provenance de Toulouse, c’est drôle, parce que j’étais persuadé d’avoir commandé une cassette. J’avais pu écouter la musique de Marion Josserand il y a pas mal de temps, sur les conseils d’une amie en commun : Julie, aka Lispector pour laquelle Marion avait joué dans son groupe d’accompagnement sur la tournée Small Town Graffiti. Et c’est vrai que sa musique de chambre (comprendre : peu de moyens, fragilité de la voix, mélodies entêtantes et paroles toutes personnelles de journal intime) m’avait de suite touché. Continuer la lecture de « Jokari, Main gauche (Pop Supérette, Another Record, Cheptel) »