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Sparklehorse, Bird Machine (Anti-)

SparklehorseLa première fois, tout était pourtant si simple. Une évidence comme il s’en présentait rarement, même dans une vie d’engouements musicaux naïvement passionnés et sans doute moins imprégnés de ce recul réflexif qui progresse inéluctablement avec l’âge. C’était un mercredi matin, dans les rayons de la FNAC Montparnasse, pendant les grèves de fin d’année de 1995. Il avait donc fallu arpenter quelques kilomètres frisquets depuis Montrouge pour répondre aux exigences du devoir estudiantin – un séminaire maintenu du côté du boulevard Raspail, en dépit du contexte social – tout autant qu’à l’attrait des nouveautés discographiques. J’ai tout oublié de celles que j’étais venu acquérir ce jour-là, si ce n’est qu’elles étaient certainement prescrites – par LE magazine récemment passé au format hebdomadaire ou par LE programme radiophonique fédérateur des enthousiasmes indie. Continuer la lecture de « Sparklehorse, Bird Machine (Anti-) »

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The Coral, Sea Of Mirrors (Modern Sky UK / Run On Records)

Qu’il est loin le temps où les Coral sortaient un disque tous les ans et s’amusaient à écrire des chansons que Noel Gallagher aurait aimé enregistrer.
De 2002 à 2007, ce groupe originaire de Hoylake, une petite station balnéaire située à quelques kilomètres de Liverpool, a tenté l’impossible : sortir comme les Pale Fountains ou Oasis, un chef-d’œuvre. Ils s’en sont approchés (Roots & Echoes, 2007) et ont réussi l’impossible en se faisant voler leur public par les Arctic Monkeys. Pour ne rien arranger, Bill Ryder-Jones, l’un de leurs guitaristes, a claqué la porte au début des années 2010. L’affaire était donc réglée… On s’attendait à ne plus entendre parler de ce groupe qui avait réussi l’impossible en mariant les refrains des Gorky’s Zygotic Mynci aux couplets des Beatles. Continuer la lecture de « The Coral, Sea Of Mirrors (Modern Sky UK / Run On Records) »

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Joni Île, Sémaphore (Bruit Blanc)

« Est-ce que tu crois que c’est moi qui délire ? »

L’été 2022, Joni Île jouait dans une grande salle, près de la maison. Elle avait décroché la première partie de Courtney Barnett, une de ses chanteuses préférées, je crois. Devant un parterre nombreux de fans de la rockeuse australienne, impatients, Marion a arrêté un peu le temps, et en 2/2 avec sa guitare, sa voix et pas grand chose d’autre, elle a captivé le public avec ses miniatures exécutées avec retenue, toujours, et avec cette décontraction à la fois timide et assurée qui fascine. Continuer la lecture de « Joni Île, Sémaphore (Bruit Blanc) »

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Faucheuse, démo (Oscuridad En Mi Vida)

« Et la nuit tombe, sans un bruit »

L’autre jour, je feuilletais un bouquin imprimé dans les années 1970 et je scotchais sur de très belles photos noir et blanc de jeunes gens de ces années-là, un peu des images d’illustration, je ne sais pas comment on appelle ça, mais avec une belle âme. On y voit des ados, les cheveux mi longs, Clarks aux pieds, avec des treillis mal foutus et des jeans à peu près pattes d’eph. Ils sont assis sur des mobylettes et se marrent. Ça m’a vachement touché,  pas de façon nostalgique, parce que je ne suis pas de cette génération, mais il y avait une sorte d’immédiateté, disons pour aller vite que je n’ai pas l’impression qu’ils avaient conscience d’être photographiés, il n’y avait pas de poses. Ils étaient juste là. En ajoutant un petit poignet à clous à l’affaire, c’est ce truc très électrique et direct que j’ai entendu dans la cassette de Faucheuse, un groupe bordelais qui envoie et qui concasse le punk, le métal et des trucs extrêmes dont je ne connais pas le nom, avec cette meuf (une certaine E.B.) qui chante à fond les ballons. Continuer la lecture de « Faucheuse, démo (Oscuridad En Mi Vida) »

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Sonic Youth, Live in Brooklyn, NY, 2011 (Silver Current Records)

Si les fans de Sonic Youth devront encore patienter jusqu’en octobre pour pouvoir se ruer sur Sonic Life – l’autobiographie de Thurston Moore dont on imagine qu’elle recèlera des trésors de propos érudits sur la musique -, ceux-ci peuvent depuis quelques jours se délecter du premier album live officiel de leurs idoles. Depuis la fin du mythique groupe de noise-rock new-yorkais en 2011 – consécutive à l’inimaginable séparation du couple Thurston Moore / Kim Gordon -, on aurait pu penser que la messe était définitivement dite pour cette formation légendaire née en 1981. Alors qu’aujourd’hui Kim Gordon s’épanouit dans son projet Body/Head, que Lee Ranaldo et Thurston Moore naviguent en solo, que Steve Shelley a rejoint les Bush Tetras et que Mark Ibold s’éclate à nouveau avec Pavement, nous avions fait notre deuil du groupe. Il nous restait quand même la bagatelle de 16 albums studio – sans compter la pléthore de EP et de singles – pour nous consoler. Nous n’avions néanmoins pas pas boudé notre plaisir lors de la sortie du EP In/Out/In, publié discrètement en 2022, disque qui contient de sidérants morceaux de bravoure expérimentaux comme Social Static et des riffs au sonorités extra-terrestres comme l’étonnante Machine. Mais personne ne s’attendait à ce qu’un album live entier émerge du néant. Et il s’agit vraiment d’une très bonne surprise, à double titre. Continuer la lecture de « Sonic Youth, Live in Brooklyn, NY, 2011 (Silver Current Records) »

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Guy Cabay, Cabaycédaire (Tricatel)

On connaît les capacités impressionnantes du monde de la musique à recycler : d’un pensionnaire discret plutôt habitué au bac à soldes dans son pays, la Belgique (dixit des habitants tout à fait renseignés), le label Tricatel, terrassé par un coup de foudre, a mis tout son pouvoir pour donner une nouvelle vie à des chansons enregistrées dans les années 70 par Guy Cabay. Et on peut les remercier parce qu’on a le même coup de foudre. Continuer la lecture de « Guy Cabay, Cabaycédaire (Tricatel) »

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The Ballet, Daddy Issues (Fika Recordings / Tenure Tracks)

Gay Nerd Band, tel est l’étendard sous lequel The Ballet défend sa jangly synth pop depuis 2005. Après Mattachine!, leur premier album autoproduit en 2006, puis Bear Life, paru en 2009 chez Tenure Tracks, suivi de I Blame Society, publié en en 2013 par Fortuna Pop!, et de Matchy Matchy, sorti via Fika Recordings / Tenure Tracks en 2019, les New-Yorkais Greg Goldberg et Craig Willse viennent de sortir leur cinquième album au printemps dernier, grâce à une nouvelle coproduction sur le même duo de labels. Et disons-le d’emblée : il s’agit sûrement d’un des meilleurs LP de 2023. Continuer la lecture de « The Ballet, Daddy Issues (Fika Recordings / Tenure Tracks) »

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The Lilac Time, Dance Till All The Stars Come Down (Poetica)

Note de la rédaction : Nos chroniqueurs ont oublié de se coordonner pendant leur sieste du 15 août, nous avons donc aujourd’hui deux avis sur le même disque.

Dans une sorte de pèlerinage distant, on est retourné cet été au Rough Trade East, un peu méfiant. Dans ce magasin très grand qu’on avait connu (en fait non, on allait toujours à celui de Portobello) un peu plus sauvage, les bacs étaient emplis de vinyles. Sur le mur du Staff Pick, on repérait la pochette intemporelle de Dance Till All The Stars Come Down, mi-surpris, mi-interrogateur. Un nouveau Lilac Time, chouette, mais oui. En 2023. Des nouvelles de Stephen Duffy, on ne dit jamais non. On ne dit jamais non à nos héros de nos jeunes années créationnistes, le label pas la religion : c’est comme ça, ils sont en nous pour toujours, Peter Astor, Lawrence Hayward, Nick Currie… qui continuent de défier le temps. Continuer la lecture de « The Lilac Time, Dance Till All The Stars Come Down (Poetica) »