Il n’y a pas si longtemps, j’ai réalisé avec tristesse et désespoir que je ne verrai plus jamais Sonic Youth sur scène. Cette pensée ne m’était jamais apparue aussi claire qu’avant ce jour fatidique ; était-elle due à mon âge avançant au même rythme que les regrets et les souvenirs ? Aux embellies printanières aux airs plus nostalgiques que jamais ? Ou à l’extrême acuité de conscience qui arrive avec les jours en ligne de mire diminuants ? Quoiqu’il en fût, il fallait se résoudre à ne plus jamais retrouver une telle intensité émotionnelle et énergétique, à ne plus jamais atteindre un tel climax d’évènement sonore. Puis, un matin, le son de Sinaïve est arrivé dans mes tympans usés et mon cœur de fan s’est mis à battre avec un retour de flamme inespéré. Continuer la lecture de « Sinaïve, Répétition (Antimatière) »
Étiquette : Lieu : Strasbourg mon amour
Catégories avant-première
Sinaïve jette en pâture un single étourdissant
Depuis Strasbourg où la scène souterraine connaît un renouveau enthousiasmant, le quatuor (re)passé trio devient, force aux changements de line-up ou pas, de plus en plus percutant et centré sur l’essentiel. Ce n’est pas notre cher collaborateur Renaud Sachet (Groupie / Langue Pendue) qui nous dira le contraire, lui qui vient de réactiver son label Antimatière pour sortir ce nouvel EP de Sinaïve, groupe dont il nous avait judicieusement soufflé le mot dès le début de leur aventure discographique, vers 2019. Ici, un disque dont nous vous reparlerons bientôt, introduit par ce premier extrait La Citadelle / Bis Repetita, un single étourdissant entre fin de règne sixties et hypno(i)se dérivant dans une outro aux confins du doom. Cloitrés dans le studio de Sainte-Marie-aux-Mines chez Rodolphe Burger le temps d’une résidence, ils ont produit dans l’urgence et la tension émotionnelle un 6 titres sombre, brutal et minimal, à l’os. Comme ces silhouettes longilignes brûlées par la lumière crue de la caméra 16 mm de Fred Poulet. Continuer la lecture de « Sinaïve jette en pâture un single étourdissant »
Catégories première nécessité
Clique & Collecte chez Locked Grooves à Strasbourg
Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.
L’histoire débute il y a cinq ans. David, Phil du défunt Mudd Club et Quentin (Winston Smith) font un choix qui sauve l’honneur de la ville au rayon des disquaires indépendants : créer à nouveau un lieu où l’on puisse découvrir des nouveautés en vinyle. Il fallait alors admettre qu’à part une seule autre option réservée à l’occasion, les disquaires avaient tous finalement mis la clé sous la porte. Situés à l’époque rue de la Division-Leclerc, l’échoppe propose une sélection assez orientée sur la musique de club, avant tout parce qu’ils sont tous les trois DJ’s. De disco à house et techno, avec des écarts funk et post punk, les maxis s’échangent parmi une clientèle ouverte sur la région Grand Est et le Bade-Wurtemberg frontalier. Aujourd’hui, resitué à côté de la Place des Halles, David est seul à bord, car le disquaire de niche, même dans une ville à priori européenne, ne nourrit pas trois estomacs. Les choix du patron évoluent aussi, et s’élargissent à la wave, l’indus, avec une ouverture sur les classiques 70s, le hip hop, le dub et l’afrobeat, que ce soit de l’occasion ou des beaux repressages. Quelques envies pointent aussi d’élargir vers la musique expérimentale, contemporaine et baroque. David espère aussi monter Locked Grooves, le label, avec très probablement un EP de Wilt, projet basé entre Strasbourg et Besançon, histoire de mettre en perspective la production locale. En attendant, des jours plus fastes, s’il reste un disquaire, c’est celui-là, et il faut aller le soutenir.
Locked Grooves, 10 Place des Halles à Strasbourg. Joignable en clicque et collecte sur leur page facebook, leur site , ou par téléphone au 06 62 81 71 76.
Tous les articles de la série Première Nécessité (un disquaire par jour) sont visibles ici.
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Catégories billet d’humeur
La Bonne Vitesse
À propos du coffret Deluxe de « Power, Corruption & Lies » de New Order (Part 2)
Il en faut peu parfois, pour se rappeler à de souvenirs presque honteux ou juste un peu farfelus.
C’était il a quelques semaines, dans cette période un peu « confuse » où nous pouvions encore prendre l’apéritif en terrasse, une activité que j’ai beaucoup pratiquée mais dont la régularité est désormais assez aléatoire. De temps à autre, je me laisse aller et la plupart du temps je vais à Le Rochelle*, y papoter de la joie du néant avec ma camarade Maud T. tout en sirotant les pulpades légères que concocte avec soin, l’excellent Stéphane Bodin**. Qui n’est pas le dernier des fans obsessionnels de New Order, il va sans dire. Il a même fait leur première partie à l’Olympia, c’est dire. Il m’arrive d’ailleurs d’y revenir prendre un ou deux digestifs afin de ne converser qu’exclusivement sur ce sujet. Continuer la lecture de « La Bonne Vitesse »
Catégories mixtape
Le club du samedi soir #21 invite le journal Groupie
Un mix de Groupie comme un jeu à point géant, où se bâtit cette bande-son saisonnière en excavant des disques durs des trucs téléchargés ici et là, hier (Super Timor, 2 Cheval) et aujourd’hui (Imre Kiss, Coy, Roméo Poirier, Harmonious Thelonious, Vague Imaginaires et dYmanche). Des pistes pour demain même (LL, Sinaïve), jamais entendues. Une ambiance lourde et brumeuse, entre la chaleur d’un été indien et les flottements de nuits hivernales désertées, dans lesquelles des silhouettes filiformes semblent s’effacer, comme dans la photo désagrégée de Mathieu Wernert. Une sorte d’attente en caisson d’isolation sensorielle, avec un orage violent, quelques voix perdues ou découpées en morceaux, des envies de bouger, frustrées et empêchées. Notre vie.
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Catégories chronique nouveauté
Sinaïve, Dasein EP (Buddy records) / Reprise Party (Langue Pendue)
Il y a bien longtemps, dans une très petite galaxie fort lointaine, nous nous battions, parfois à mains nues mais surtout verbalement, au sujet de l’usage de la langue française dans un contexte noisy pop. Nous hantions, faute de collectif, nos propres chapelles et le résultat fut que finalement, ce fut hors du bruit que les choses se sont jouées.
Trente ans plus tard, je me permets de reformuler un potentat.
Vous n’aviez jamais rêvé d’un groupe qui cristalliserait tous vos rêves d’adolescent mais en mieux, de voir la charge de l’intelligence défoncer, la serpe à la main, tous vos misérables renoncements ?
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