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2020, les choix de la rédaction.

Pauline Nuñez
Illustration : Pauline Nuñez

Mon Top 6 des bonnes raisons de s’intéresser cette année aux palmarès de Section26 : 1/ Parce que le contexte. Un choix évident, inutile de broder davantage. Même si, à titre très personnel, je reste une peu surpris que ce que j’ai toujours considéré comme mon style de vie habituel, d’autres appellent ça un confinement… Passons. La musique demeure plus que jamais une valeur refuge et il en est beaucoup question ici. 2/ Parce que c’est déjà la troisième fois, la troisième année et que, franchement, aucun d’entre nous n’aurait jamais misé sur une régularité aussi durable. 3/ Parce qu’on peut y retrouver à la fois le résultat du consensus collectif ET les orientations très singulières de chacun. Et que c’est donc un résumé pas si mauvais de ce que nous essayons de présenter tout le reste de l’année. 4/ Parce que, pour ce qui est justement des tocades individuelles, souvent les plus passionnantes, beaucoup des œuvres citées me laissent d’un froid quasi-polaire – c’est comme ça pour tout le monde, non ? – alors que je me souviens très précisément du plaisir éprouvé à la première lecture des comptes rendus enthousiastes rédigés par mes camarades. Et je crois que c’est bon signe. 5/ Parce qu’il y a des anciens et des nouveaux – bienvenus, toujours. 6/ Parce que, contrairement à ce que déplorent parfois les esprits chagrins – «Et la musique, c’est pas un concours ! » ; « Et puis les albums qui sortent le 23 décembre, vous en faites quoi alors ? », et autres jérémiades inégalement pertinentes – ces listes n’ont aucune vocation à refléter une quelconque vérité objective et définitive. Et que le plaisir de les faire et de les défaire est, à chaque fois, étalé dans l’inachevé : excitation de l’incomplétude, saveur du regret instantané, inévitable. Le meilleur album est toujours celui qu’on oublie ou celui qui s’impose au dernier moment. Tout le reste est secondaire.

Matthieu Grunfeld

CLASSEMENT COLLECTIF

1. The Apartments, In And Out Of Light (Talitres)
2. Fontaines D.C.A Hero’s Death (Partisan Records)
3. Andrea Laszlo De Simone, Immensità (Ekleroshock / Hamburger Records)
4. King Krule, Man Alive ! (Matador/True Panther/XL)
5. Cindy, Free Advice (Paisley Shirt)

6. Cabane, Grande Est La Maison (Cabane Records)
7. Lesneu, Bonheur ou Tristesse (Music From The Masses)
8. The Strokes, The New Abnormal (RCA Sony)
9. Thousand, Au Paradis (Talitres)
10. The Red, Pinks and Purples, You Might Be Happy Someday (Tough Love Records)
11. The Proper Ornaments, Mission Bells (Tapete)
12. Bob Dylan, Rough And Rowdy Ways (Columbia Records)
13. Cindy Lee, What’s Tonight To Eternity (W.25th)
14. Sonic Boom, All Things Being Equal (Carpark Records)
15. Tapeworms, Funtastic (Cranes Records / Howlin’ Banana)
NDLR : Tous les albums sont écoutables en cliquant sur leur titre.

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L’indispendable – Nanni Moretti, Pool Holograph, Laurent Mauvignier

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Nanni Moretti
Nanni Moretti

« Tout homme qui se considère comme indispensable est un salaud. » Belle journée d’automne, Claude de Givray pense à cette citation de Sartre pour dire adieu à son cher ami, François Truffaut. Il ne prononcera pas cette phrase lors de son oraison funèbre. Cette vérité éclatante étant trop dure à dire lors de cette cérémonie feutrée de murmures, de regards bouffés de larmes, Givray la gardera pour lui. Je n’ai jamais pu comprendre ces personnes qui, dans une relation amicale, amoureuse ou encore sur leur lieu de travail se pensent indispensables. Vanité sèche, sans imagination. Hier matin, je beurrais mes tartines avec mon fils en écoutant I’m Your Man de Leonard Cohen. Cette musique de dandysme et de bricole, ajoutée à ma maladresse à beurrer les tartines ont fini par créer une certaine observation de mon fils à mon égard. Je me suis mis à penser sérieusement – en ces temps de cloisonnements merdiques – à lui rendre le goût de la vie indispensable. Continuer la lecture de « L’indispendable – Nanni Moretti, Pool Holograph, Laurent Mauvignier »

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SECTION26 NEWS#11 : 11.2020

Vous connaissez la chanson : tous les derniers dimanches du mois, nos rédacteurs mettent en commun leurs coups de cœur respectifs parmi les nouveautés. La playlist, ou plutôt le patchwork qui en découle, est plus ou moins harmonieux selon les cas, mais a le mérite de refléter ce que nous avons véritablement écouté et aimé au cours des dernières semaines. Cette fois-ci, force est de constater que les femmes manquent à l’appel (et la présence de La Femme dans le cru de novembre ne saurait compenser ce regret). Un manque de parité qui reflète malheureusement sans doute l’état des scènes musicales que nous aimons défendre dans ces pages. Écoutons donc avec attention Katy J Pearson, Laetitia Shériff, Vanille ou Ana Roxanne en attendant la playlist de décembre qui, nous l’espérons, sera plus féminine. (Coralie Gardet)

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : Les playlists sur Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des 38 titres de cette sélection.

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Le club du samedi soir #25 : Right on tracks — une rêverie ferroviaire

Arrivée du train en gare de La Ciotat, Les frères Lumière.
Arrivée du train en gare de La Ciotat, Les frères Lumière.

Alors que les affres du doute flottaient encore il y a quelques semaines — pour les quelques centralistes urbanisés dont je suis —, maintenant nous le savons : nous reprendrons le train pour le solstice d’hiver, nous en aller revenir dans nos proches régions passer quelques jours avec ceux qui nous sont chers. Prendre le train, cette singulière invention de l’ère industrielle, c’est par le corps tout entier emprunter tout un cheminement historique et poétique, se laisser cahoter en rythme les yeux pris dans le défilement infini du paysage et partager collectivement ce moment de transport fait de destinées individuelles. Passer les gares qui ne servent plus et s’arrêter dans celles qui subsistent encore, se remémorer à chaque étape tous les trajets arpentés dans sa vie.


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SECTION26 NEWS#10 : 10.2020

SECTION26 NEWS 10.20

Il semblerait que la rentrée musicale ait eu un mois de retard, cette année. Pour preuve, une roborative livraison mensuelle de nouveautés, avec près de 40 titres qui se sont glissés dans la playlist du mois d’octobre. Et pourtant, nous avons fait l’impasse sur quelques évidences, du joli album de reprises de Yo La Tengo au dernier Kevin Morby. Autant de nouveautés qui nous ont accompagnés ce mois-ci et qui, si elles vous ont échappées, trouveront peut-être aussi leur place chez vous. Pour que cet automne enfermé soit plus doux… (Coralie Gardet)
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify.
NDLR : Les playlists sur Spotify et Deezer ne comportent pas l’intégralité des 38 titres de cette sélection.

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Tabula Rasa – Cynthia Fleury, Christophe Granger et Neil Young

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Neil Young
Neil Young

Il m’aura fallu faucher les blés
Apprendre à manier la fourche
Pour retrouver le vrai
Faire table rase du passé…
Alain Bashung

Un sentiment étrange nous vient parfois. On peut ainsi avoir adoré un disque, l’écouter plus qu’il ne le faut – épuiser ses amis à force de références incessantes à son propos – et puis, plus rien. Le vide. J’ai, pour ma part, ce sentiment avec un disque, OK Computer de Radiohead. C’est un album qui m’a accompagné durant des années mais que je n’écoute plus aujourd’hui… J’irai plus loin : cette musique, je crois, je ne l’écouterai plus. Le sentiment esthétique est proche souvent, sans que l’on s’en rende véritablement compte, du sentiment amoureux. Il s’éteint parfois brutalement. Continuer la lecture de « Tabula Rasa – Cynthia Fleury, Christophe Granger et Neil Young »

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Sentiment océanique – Nelly Pons, Paul Watson, Orchid Mantis

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Echo & The Bunnymen Ocean Rain
Ocean Rain

Pour Emma.

La lettre que l’on n’attendait plus, le message sorti de l’oubli – la bouteille à la mer. Il y a quelques jours, je relisais ce témoignage bouleversant, Lettres à sa fille de Calamity Jane. Vie d’aventures où cette cavalière, cette « reine des plaines », écrivit entre quelques affrontements avec la justice, vingt-cinq lettres à sa fille. Une descendance qu’elle confia, très tôt, à un couple : Jim et Helen O’Neil. Janey, l’abandonnée, ignora tout de sa mère jusqu’à ses trente-ans. Calamity précise d’emblée : « Il est possible que mes lettres ne te parviennent jamais. » Continuer la lecture de « Sentiment océanique – Nelly Pons, Paul Watson, Orchid Mantis »

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Traiter du désespoir – Roberto Bolaño, The Flaming Lips et François Truffaut

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Fanny Ardant
Fanny Ardant chez François Truffaut

On peut pendant, longtemps, mal recevoir et mal traduire une livre, un film ou un disque. Un malentendu, comme l’on dit souvent. Notre époque n’en manque pas. C’était l’une des obsessions de Roberto Bolaño, régler son compte à toutes formes de langage « mauvais », ce langage articulé pour désinformer, pour créer le vide. L’auteur de 2666 s’est souvent amusé à reproduire une scène littéraire – celle que l’on peut discerner à chaque automne, ici, en France avec toujours les mêmes noms et visages – en y montrant toute la vanité de ces éternels ambitieux du moindre prix. Continuer la lecture de « Traiter du désespoir – Roberto Bolaño, The Flaming Lips et François Truffaut »