Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , ,

Jellyfish, Bellybutton & Spilt Milk, (1990 & 1993, Charisma)

C’est la question que l’on redoute par-dessus tout et qui finit tôt ou tard par resurgir. Souvent en plein dîner de famille, parfois dès les premières minutes d’une nouvelle rencontre. Qu’il s’agisse de justifier l’irrationalité inflationniste d’une collection envahissante de quelques milliers de disques ou d’expliquer au profane le contenu exact de ce mystérieux webzine auquel on consacre du temps depuis un bon moment. Immanquablement, elle sera posée avec la naïveté déroutante et involontairement cruelle du Petit Prince face à l’aviateur : “Mais enfin, c’est quoi le genre de musique que tu écoutes ? ” Depuis quelques années, plutôt que de creuser davantage le fossé qui nous sépare de l’interlocuteur curieux en tentant d’échafauder une définition complexe ou en exhibant une liste de noms et de références trop rarement partagées, et qui finissent par éteindre les dernières lueurs de compréhension dans son regard, on préfère opter pour une pédagogie par l’exemple. Et ce sont presque toujours ces deux albums que l’on commence par ressortir. Continuer la lecture de « Jellyfish, Bellybutton & Spilt Milk, (1990 & 1993, Charisma) »

Catégories sous surveillanceÉtiquettes , ,

Sous Surveillance : Snooper

Spooner
Spooner, dont les photos non pixellisées sont introuvables.

Qui ?

Blair Trammel : chant
Connor Cummins : guitare, basse, batterie, boîte à rythmes

Où ?

Nashville, Tennessee, USA. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Snooper »

Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , , , , , , , ,

Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981)

Leon WareLe coup de foudre artistique entre Leon Ware et Marcos Valle est peut-être une des rencontres musicales les plus méconnues de la musique populaire moderne. À la toute fin des seventies, le duo écrit ensemble une quinzaine de chansons. Celles-ci sont enregistrées (pour certaines) sur les albums respectifs des deux musiciens de l’époque, plus particulièrement sur Rockin’ You Eternally et Vontade de Rever Vocêtous les deux publiés en 1981. Les deux disques suivants, Leon Ware (1982) et Marcos Valle (1983), accueillent également plusieurs compositions réalisées à quatre mains. Rien ne prédestinait ces deux là à collaborer. Leon Ware, afro-américain, né à Détroit en 1940, démarre sa carrière de compositeur à la Motown en 1967 écrivant pour les Isley Brothers, Jackson Five ou Martha and the Vandellas. Dans les années soixante-dix, il devient un producteur et arrangeur demandé. Continuer la lecture de « Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , ,

Sufjan Stevens & Angelo de Augustine, A Beginner’s Mind (Asthmatic Kitty)

« I have a memory of a time and place where history resigned »

Débutant par une plage d’ouverture ample, nette et instantanément chaleureuse, A Beginner’s Mind, disque de retour au folk de Sufjan Stevens et Angelo de Augustine, annonce son programme sans détours. D’une part, la voix agile et souple d’Angelo de Augustine et d’autre part, le timbre fragile de Sufjan Stevens, enfin à nu après tant de dissimulations, réunis là pour conduire à deux des mélodies charpentées, immédiates, et aussi familières à l’oreille que du bois craquant dans la cheminée. Continuer la lecture de « Sufjan Stevens & Angelo de Augustine, A Beginner’s Mind (Asthmatic Kitty) »

Catégories borne d'écouteÉtiquettes , ,

Smirk éléctrise L.A. avec leur nouvel EP

Smirk
Smirk

Fondé à Los Angeles autour de Nic Vicario des regrettés Autistic Youth ainsi que de Public Eye et Crisis Man, Smirk nous envoie dans les cordes après un premier long format rassemblant deux cassettes éditées aux quatre coins du monde par des labels comme Twintoe Records à Berlin, Drunken Sailor pour l’Europe et Feel It pour les États-Unis. Paru en début de semaine dernière chez l’excellent Total Punk Records, cet EP présente sept morceaux tout neufs, aux guitares saillantes et rythmiquement très efficaces, un combo basse/ batterie groovy et une voix qui enveloppe le tout d’une couche d’anxiété. Amateurs.trices des Spits et autres Minneapolis Uranium Club, cet EP agité est fait pour vous.

Catégories sunday archiveÉtiquettes , , , ,

Hüsker Dü, Savage Young Dü (Numero Group / Differ-Ant)

Ce fut d’abord une simple annonce de type strictement commerciale il y a quelques saisons, pour un site proposant à nouveau des t shirts officiels, des badges et des planches de skate, pas grand chose en fait mais l’espoir d’une reformation inespérée pointait alors et agita pendant une semaine ou deux le landerneau. On connaissait désormais tout des circonstances (suicide du manager, inévitables problèmes de substances) du sabotage d’un des groupe les plus influent de tous les temps, on savait aussi l’impossibilité chronique des trois anciens compères à se mettre d’accord depuis sur quoi que ce soit. Il aura donc fallu toute la passion, la prévenance, la diplomatie et la pugnacité des gens de chez Numero Group, pour parvenir enfin à réaliser après plus d’une décennie de recherches et de tractations parfois houleuses, cette anthologie des premiers enregistrements de la formation de St Paul, ville natale de F. Scott Fitzgerald, capitale de l’état située à l’Est de Minneapolis, Minnesota et dont les contemporains furent à l’échelle locale furent The Replacements et Prince, excusez du peu. Soit la réédition de Metal Circus (1983), Land Speed Record (1982) et Everything Falls Apart (1983) et des deux singles attenants Statues (1980), In A Free Land (1982). Soit quatre LP ou trois CD sous la forme d’un coffret comprenant pas moins de soixante neuf morceaux dont quarante sept jamais publiés à ce jour. Sans toutefois savoir si ce traitement d’archives d’un luxe certain concerne également et légalement la suite de la discographie, encore plus passionnante d’Hüsker Dü parue à l’époque sur le label SST. (update septembre 2021, pas de news) Continuer la lecture de « Hüsker Dü, Savage Young Dü (Numero Group / Differ-Ant) »

Catégories interviewÉtiquettes , , , ,

Gary Canino / Dark Tea : « La plupart des groupes ne réfléchissent pas assez à ce qu’ils font »

Gary Canino / Dark Tea
Gary Canino / Dark Tea

Les deux albums de Dark Tea – sobrement intitulés Dark Tea et publiés en 2019 puis en 2021 – font partie de ceux que l’on a découvert au fil des hasards et des clics intempestifs, comme on croise une silhouette inconnue mais curieusement familière. Une première impression de fraternité musicale qui s’est peu à peu confirmée au fils des écoutes – nombreuses, de plus en plus. Seul maître à bord, mais toujours bien accompagné – une bonne vingtaine de musiciens a participé à l’élaboration du second album – Gary Canino offre en partage ses pop songs toujours richement référencées, souvent un peu bancales et qui semblent investir de leur charme poisseux une sorte d’entre-deux musical aux multiples dimensions : un pied dans le classicisme passé, l’autre dans la modernité bricolée mais aussi à la recherche d’un équilibre transatlantique entre les continents où s’entremêlent racines américaines et britanniques. On en savait trop peu sur ce jeune auteur érudit – journaliste musical à ses heures pas si perdues – mais sincère, qui semble vaciller gracieusement à côté de ses chansons. D’où ces quelques questions auxquelles il a eu l’amabilité de bien vouloir répondre. Continuer la lecture de « Gary Canino / Dark Tea : « La plupart des groupes ne réfléchissent pas assez à ce qu’ils font » »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Low, HEY WHAT (Sub Pop)

Dans mon quartier, enfin là où j’habite parfois, il y a une femme qui crie souvent, presque tous les soirs entre 21 heures et 23 heures, elle fait son apparition. On ne sait jamais si elle engueule quelqu’un en particulier ou l’humanité toute entière. Personne ne s’occupe d’elle, personne ne la rassure, personne, pas même la personne à qui elle semble s’adresser, personne ne fait plus attention à elle. Elle fait désormais partie du décor. Un décor permanent d’indifférence. Les raisons existent. On n’a pas à suppléer à la psychiatrie. On ne peut plus rien faire pour elle. Pis, on en a de moins en moins l’idée, ni le désir. En plus, les deux tiers de ce qu’elle émet est un sabir inintelligible que la colère n’arrange en rien. Continuer la lecture de « Low, HEY WHAT (Sub Pop) »