France, terre d’asile. J’ai lu, je ne sais plus où (ou alors mon cerveau malade l’a inventé) un truc marrant : les dauphins que les hommes peuvent approcher sont parait-il, les parias de leur société. Ils ont été rejetés par leur communauté de dauphins, et c’est pour ça qu’ils recherchent de la compagnie auprès des hommes. Sinon, un vrai dauphin dauphin, intégré, impossible de l’approcher, tintin, walou. Je ne sais plus où je voulais en venir, si, bon, appliqué aux humains, c’est un peu bizarre mais ça marche. Une copine née au Japon est venue habiter en France, parce qu’elle ne supportait plus la façon dont les hommes là-bas la traitaient. Elle se sent vachement plus française, en fait. Elle est batteuse de jazz et s’épanouit loin des bureaux funestes aux mains baladeuses de son pays. France terre d’asile donc. Nathan Roche, on peut le voir comme ça, il perpétue cette tradition de réfugié rock’n’roll, de gars plus (re)connu chez nous que chez lui. On peut remonter aux jazzmen qui venaient passer ici un temps de liberté, alors que leur pays, les States, avaient plutôt une façon raciste de les persécuter. Ou moins loin dans le temps, une maison de disques comme New Rose qui accueillait les œuvres de parias bien aimés ici, Arthur Lee, Alex Chilton, Bruce Joyner, la liste est longue, en phase terminale de leur carrière. Bon, c’est moins tragique pour Nathan, mais il y a quelque chose de cela. Continuer la lecture de « Nathan Roche, 35 rue du Théâtre (Celluloid) »
Étiquette : Lieu : Australie
Catégories selectorama
Selectorama : Program

Nous avions l’an dernier chez Section26 coiffé d’une couronne de lauriers l’excellent rocker australien Ishka Edmeades a.k.a. Tee Vee Repairman et évoqué à l’occasion le nombre pléthorique de groupes aussie qui nous avaient ravi les esgourdes depuis une bonne quinzaine d’années, notamment des innombrables formations de Al Montfort (Terry, UV Race, Total Control…) en passant par Parsnip, The Goon Sax, The Shifters, The Chats, Gee Tee, Rat Columns, R.M.F.C. et autres Eddy Current Suppression Ring. Nous avions bien sûr également évoqué les magnifiques Stroppies, aujourd’hui en mode pause, mais nous avions omis de mentionner l’existence du quatuor diablement cool de Melbourne nommé Program, qui avait pourtant livré en 2019 Show Me, un excellent premier album, et transformé brillamment l’essai avec un second, It’s A Sign en 2024, toujours sur le génial label Anti Fade Records. Continuer la lecture de « Selectorama : Program »
Catégories chronique nouveauté
Robert Forster, Strawberries (Tapete Records)
On trouve encore, parfois, un bonheur ineffable à découvrir les étapes successives de la discographie d’un auteur que l’on aime et que l’on suit depuis l’adolescence. Particulièrement quand elles semblent désormais se succéder comme les phases régulières d’une respiration. Et donc d’une preuve de vitalité artistique – de vie, tout simplement. On se prend ainsi à guetter les moments alternés du souffle. Après la tension contractée et dramatique qui émanait de The Candle And The Flame (2023) – profondément marqué par l’angoisse née de la maladie de sa femme, Karin Baümler –, arrive heureusement le moment de l’expiration relâchée et du soulagement. La chanson qui donne son titre au neuvième album solo de Robert Forster constitue, à cet égard, le seul point de continuité explicite avec les tonalités intimes de l’épisode précédent. Continuer la lecture de « Robert Forster, Strawberries (Tapete Records) »
Catégories portrait
Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie

Depuis une quinzaine d’années, l’Australie semble être devenue la nouvelle Terre Promise du rock and roll. Les gamins y forment incessamment de nouveaux groupes et courent voir des concerts, chose surprenante quand ont voit qu’en France par exemple, le rock est devenu une affaire de quadras, voire de quinquas, au vu de tous les chauves et des têtes chenues qu’on observe majoritairement dans les salles de concerts et même sur scène. En Australie, quelques formations et artistes des antipodes comme Tame Impala, Courtney Barnett et plus récemment Amyl and the Sniffers ont réussi à connaître un véritable succès mondial, parvenant à s’extraire de l’étroit microcosme indie. Les jeunes painques boutonneux à mulets de The Chats sont même parvenus à réaliser l’invraisemblable en atteignant plus de 20 millions de vues sur Youtube avec leur hilarant hit Smoko. Continuer la lecture de « Ishka Edmeades (Tee Vee Repairmann) : heureux comme un punk en Australie »
Catégories mardi oldie
Eddy Current Suppression Ring, Primary Colours (Aarght! / Goner, 2008)
Mastered by Mikey Young, qui n’a pas un disque avec cette mention dans sa collection ? Depuis une quinzaine d’années, l’Australien travaille avec tout le monde, par exemple : Vintage Crop, Klaus Johann Grobe, Lewsberg, Exek, Charlene Darling, The Frowning Clouds, EggS, Ultimate Painting ou The Shifters… Au départ de ce bouillonnement artistique, il y avait un groupe, Eddy Current Suppression Ring. Dans les années 2000, la formation de Melbourne propose une musique punk viscérale et singulière. En l’espace de quatre ans, Mikey Young accompagné de son frère Danny ainsi que de Brad Barry et Brendan Huntley, publient trois albums magistraux. D’Eddy Current Suppression Ring (2006) à Rush To Relax (2010), le groupe australien pose ainsi les bases d’un son qui en a touché plus d’un à travers la planète. Continuer la lecture de « Eddy Current Suppression Ring, Primary Colours (Aarght! / Goner, 2008) »
Catégories selectorama
Selectorama : Exek

En six albums et désormais dix ans de carrière, le groupe originaire de Melbourne aura marqué son époque. Post-punk anxiogène et cold wave narcotique avant tout le monde (ou longtemps après), Albert Wolski aime injecter de-ci de-là quelques doses de dub, de free-jazz ou de rythmes motorik, histoire de ne pas filer droit et de forger une véritable identité sonore à un groupe reconnaissable entre mille et qui n’a pas d’égal. L’an dernier, The Map And The Territory (coucou Michel) a encore franchi un palier avec un album où Wyatt et Eno semblent convoler en de justes noces cotonneuses. Pour célébrer leur tournée européenne, on a décidé de s’adresser à lui pour savoir ce qu’il écoute ces temps-ci, jusqu’au fond de son van.
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Catégories mardi oldie
Guy Blackman, Adult Baby (Unstable Ape, 2007)
En 1977, peu après la publication de The Beach Boys Love You, Brian Wilson s’était attelé tant bien que mal à la réalisation d’une suite potentielle intitulée Adult/Child. Une référence aux théories – pas si vaseuses, pour une fois – du bon docteur Landy selon lequel ces deux termes seraient moins à considérer comme les deux phases linéairement successives de notre existence que comme les deux pôles alternatifs d’une même personnalité. L’adulte qui assume les responsabilités et le contrôle et l’enfant qui sommeille et réclame, de temps à autre, son lot d’attentions et de soins ; l’adulte qui croit maîtriser les règles et l’enfant qui les apprend et les teste : de cette cohabitation duale et schizophrénique naitraient les plus belles créations. Continuer la lecture de « Guy Blackman, Adult Baby (Unstable Ape, 2007) »
Catégories chronique nouveauté
Wesley Fuller, All Fuller No Filler (Cheersquad Records & Tapes)
Tout avait plutôt bien commencé pour Wesley Fuller. Quelques armes musicales collectivement fourbies, dans la première moitié des années 2010, sur la scène de Perth au sein de Hurricane Fighter Plane, le temps d’un single ou deux – incidemment, on envie tous ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de jeter une oreille ravie sur I Can’t Win (2012), premier coup de génie power-pop, et sur son solo final à la Byrds. De quoi, en tous cas, attirer l’attention de James Endeacott – le directeur artistique de The Libertines et The Strokes – qui, sur la foi de ces fulgurances confidentielles, lui propose un contrat sur son label, 1965 Records pour y publier, coup sur coup, un premier Ep – Melvista (2016) – et un album – Inner City Dream (2017) suivis d’une longue tournée de près de deux ans. Jusqu’ici tout va bien, comme dirait l’autre : un jeune musicien hyperdoué enchaîne les étapes habituelles du parcours vers un succès mérité. Et puis ? Continuer la lecture de « Wesley Fuller, All Fuller No Filler (Cheersquad Records & Tapes) »