C’était il y a 30 ans, quelques mois avant mon 20e anniversaire. Amoureux des Jam et du Style Council depuis quelques années, j’avais fini par me faire une raison : la carrière de Paul Weller, héros de mes jeunes années, appartenait aux archives de la grande histoire du rock britannique. Et puis, l’homme est revenu de loin, sans crier gare, par la seule volonté d’une passion inébranlable. En ce sens, son premier album sans titre représente l’un des come-backs les plus passionnants de la pop moderne. Et ce n’était qu’un début. Porté par une ferveur contagieuse, Weller a enchaîné avec ce bouillonnant Wild Wood. Outre le morceau-titre, on y trouve quelques grandes chansons qui l’accompagnent régulièrement depuis. On y trouve en réalité, l’essence d’un style en forme de synthèse, celui même qui permettra de retrouver la première place des charts quelques mois plus tard. Mais ce sera alors une autre histoire… Continuer la lecture de « Paul Weller, Wild Wood (GO ! Discs, 1993) »
Étiquette : Année : 2023
Catégories chronique nouveauté
The Coral, Sea Of Mirrors (Modern Sky UK / Run On Records)
Qu’il est loin le temps où les Coral sortaient un disque tous les ans et s’amusaient à écrire des chansons que Noel Gallagher aurait aimé enregistrer.
De 2002 à 2007, ce groupe originaire de Hoylake, une petite station balnéaire située à quelques kilomètres de Liverpool, a tenté l’impossible : sortir comme les Pale Fountains ou Oasis, un chef-d’œuvre. Ils s’en sont approchés (Roots & Echoes, 2007) et ont réussi l’impossible en se faisant voler leur public par les Arctic Monkeys. Pour ne rien arranger, Bill Ryder-Jones, l’un de leurs guitaristes, a claqué la porte au début des années 2010. L’affaire était donc réglée… On s’attendait à ne plus entendre parler de ce groupe qui avait réussi l’impossible en mariant les refrains des Gorky’s Zygotic Mynci aux couplets des Beatles. Continuer la lecture de « The Coral, Sea Of Mirrors (Modern Sky UK / Run On Records) »
Catégories post live
Damon & Naomi, à portée de voix
Les voisins allaient porter plainte, le bruit des groupes précédents avait sans doute nui à leur tranquillité devant le match de rugby et Damon & Naomi se sont retrouvés à jouer sans rien d’autre que des amplis, à faible volume, pour porter une guitare acoustique, un clavier et parfois une basse. Leurs voix résonnaient sans micro, juste à portée d’oreille. Continuer la lecture de « Damon & Naomi, à portée de voix »
Catégories post live
Codeine, absences et lenteurs
« D for effort / D for love / D because you pay the rent » – les premiers mots du premier morceau que joue Codeine à La Maroquinerie, à Paris, résonnent à la façon d’un mantra dont on ignore la date de naissance, tant tout cela est du moment, de l’instant présent – de la déréliction immédiate de la vie et comment elle avance, tente de se tenir debout, se maintenir. Tout au long de l’heure et demie durant laquelle Codeine joue, un sentiment prend au cœur et aux sens, qui fait entendre la musique déployée là comme un long spectre résonnant : ces trois garçons jouent mieux encore qu’il y a trente ans, lorsqu’ils étaient de jeunes hommes pauvres et chétifs, tenus par la maigreur raide de leurs corps et la charpente fragile de leurs instruments. Continuer la lecture de « Codeine, absences et lenteurs »
Catégories chronique nouveauté
Joni Île, Sémaphore (Bruit Blanc)
« Est-ce que tu crois que c’est moi qui délire ? »
L’été 2022, Joni Île jouait dans une grande salle, près de la maison. Elle avait décroché la première partie de Courtney Barnett, une de ses chanteuses préférées, je crois. Devant un parterre nombreux de fans de la rockeuse australienne, impatients, Marion a arrêté un peu le temps, et en 2/2 avec sa guitare, sa voix et pas grand chose d’autre, elle a captivé le public avec ses miniatures exécutées avec retenue, toujours, et avec cette décontraction à la fois timide et assurée qui fascine. Continuer la lecture de « Joni Île, Sémaphore (Bruit Blanc) »
Catégories chronique réédition, mardi oldie
Los Vidrios Quebrados, Fictions (UES Producciones, 1967)
Du Chili de la fin des années 60, nous connaissons surtout le contexte politique. Le pays est alors en proie à une certaine instabilité, en partie à cause des États-Unis qui gardent un œil attentif sur la région, craignant un basculement socialiste. Comme ses voisins péruviens (Los Shain’s, Los Saicos) et argentins (Los Gatos), la jeunesse chilienne s’éprend des rythmes du garage-rock nord-américain et de la musique beat britannique. Plus que le rock & roll d’Elvis Presley, la musique pop des Beatles fait du rock une langue universelle. Continuer la lecture de « Los Vidrios Quebrados, Fictions (UES Producciones, 1967) »
Catégories chronique nouveauté, interview
Faucheuse, démo (Oscuridad En Mi Vida)
« Et la nuit tombe, sans un bruit »
L’autre jour, je feuilletais un bouquin imprimé dans les années 1970 et je scotchais sur de très belles photos noir et blanc de jeunes gens de ces années-là, un peu des images d’illustration, je ne sais pas comment on appelle ça, mais avec une belle âme. On y voit des ados, les cheveux mi longs, Clarks aux pieds, avec des treillis mal foutus et des jeans à peu près pattes d’eph. Ils sont assis sur des mobylettes et se marrent. Ça m’a vachement touché, pas de façon nostalgique, parce que je ne suis pas de cette génération, mais il y avait une sorte d’immédiateté, disons pour aller vite que je n’ai pas l’impression qu’ils avaient conscience d’être photographiés, il n’y avait pas de poses. Ils étaient juste là. En ajoutant un petit poignet à clous à l’affaire, c’est ce truc très électrique et direct que j’ai entendu dans la cassette de Faucheuse, un groupe bordelais qui envoie et qui concasse le punk, le métal et des trucs extrêmes dont je ne connais pas le nom, avec cette meuf (une certaine E.B.) qui chante à fond les ballons. Continuer la lecture de « Faucheuse, démo (Oscuridad En Mi Vida) »
Catégories borne d'écoute
Simple comme du Rebelski
Martin Rebelski est un musicien qui a un CV qui en impose. Il a passé des heures et des heures en studio avec les Doves avant de les accompagner sur scène. Quand les jumeaux Jez et Andy Williams et Jimi Goodwin étaient au repos, il a assuré les claviers pour Echo & The Bunnymen et s’est arrêté chez Badly Drawn Boy lors de l’enregistrement de The Hour Of Bewilderbeast (2000). On l’aura tous compris, Martin Rebelski a de sérieuses références. Ce garçon a quand même eu le temps de penser à lui et a enregistré deux albums au début de ce siècle dont l’excellent Thanks For Your Thoughts en 2003 pour Heavenly Recordings. Continuer la lecture de « Simple comme du Rebelski »