Badly Drawn Boy : « J’ai traversé des épreuves, mais j’ai fait la paix avec tout ça. »

Crédit Photo David Oldham
Badly Drawn Boy / Photo : David Oldham

Même s’il donnait occasionnellement des concerts, nous avions fini par nous faire à l’idée que Badly Drawn Boy ne sortirait plus de disques. Les rumeurs d’alcoolisme, de maladie grave et de dérapages ne laissaient rien présager de bon. Pourtant, dix ans après It’s What I’m Thinking, Damon Gough est de retour avec Banana Skin Shoes, album déroutant et fascinant. Il faudra plusieurs écoutes pour passer au-delà du vernis parfois un peu trop calibré FM de certains titres. Mais il faut surtout retenir que le mancunien n’a rien perdu de son talent de songwriter et d’arrangeur. En quatorze chansons ouvertement pop, il dresse un bilan personnel, politique et émotionnel de la décennie passée. Les textes ne sont pas forcément joyeux, les rumeurs n’étaient pas entièrement fausses, mais les mélodies souvent enjouées vous donnent parfois envie de danser. C’est un Damon en paix avec lui-même qui nous a accordé un long entretien, dans lequel il se livre sans retenue sur les années les plus difficiles de sa vie, mais aussi sur Banana Skin Shoes, album de transition qu’il a longtemps porté en lui et qui a réveillé ses ambitions.

Si l’on ne tient pas compte de la bande originale de Being Flynn, tu n’avais pas publié d’album solo depuis It’s What I’m Thinking en 2010. Quel a été ton rapport à la musique pendant cette période ?

En tant qu’artiste et musicien, il n’y a pas un seul jour sans que je ne pense à la musique. J’ai des centaines de chansons que je n’ai pas eu l’occasion de terminer. Ces huit dernières années ont été les plus frustrantes de ma vie, car je n’ai rien publié. Chaque fois que j’essayais de me consacrer à mes chansons, quelque chose tournait mal dans ma vie. Je me suis séparé de mon ex-femme Clare en 2012. Je comprends qu’elle m’ait mis à la porte le jour de Noël. Je buvais de trop. Au même moment, la bande-son de Being Flynn est passée inaperçue. Ça a été une grosse déception.

Avais-tu du mal à gérer la pression liée à ta vie de musicien ?

De 2000 à 2012, j’ai enregistré huit albums et effectué le tour du monde plusieurs fois. J’avais également deux jeunes enfants à gérer. Pour réussir à tenir le coup je consommais de l’alcool régulièrement. Boire tous les jours a ruiné mon couple. J’étais devenu impossible à vivre. Les artistes ont un problème majeur : ils sont mariés à leur travail. Il faut constamment trouver le juste équilibre avec la vie réelle. Depuis le début de ma carrière, j’ai fait de mon mieux pour essayer d’y parvenir. Le titre You Were Right sur Have You Fed The Fish parle de ça. Depuis que j’ai arrêté de boire, un autre monde s’est ouvert à moi. Avant je me sentais juste joyeux quand j’étais bourré et horriblement mal quand j’avais la gueule de bois. C’était comme ça tous les jours.

Ces événements ont t-il été le point de départ de l’élaboration du nouvel album ?

Chaque fois que je me mettais au travail, quelque chose m’empêchait d’avancer. Les trois années qui ont suivi la séparation ont été difficiles à vivre. Je ne suis pas resté célibataire longtemps. Leanne, qui est depuis devenu ma femme, m’a aidé à me reconstruire. C’est un miracle de l’avoir rencontré. Grâce à elle, je suis sobre depuis 2015. Je ne réalisais pas que j’avais un problème avec l’alcool. Je savais juste que je n’appréciais plus d’en boire. C’est à ce moment que j’ai découvert que j’étais dépressif depuis l’adolescence. C’était cyclique. Etre obsédé par ma musique m’a aidé à ne jamais tomber au fond du trou, même si pendant les derniers mois avant la désintoxication je n’en étais pas loin. Je ne me suis jamais senti aussi bien que pendant ma première année de sobriété. Et puis on m’a diagnostiqué la maladie de Crohn. J’ai aussi commencé à avoir du diabète. Je me suis fait remplacer une hanche. Pourtant à aucun moment je ne me suis apitoyé sur mon sort. J’avais la musique. Je veux créer de la musique qui compte, qui change la vie des gens. Même à une petite échelle.

Ton pays a traversé en parallèle une période critique avec le référendum autour du Brexit. Comment as-tu réagi à tout cela ?

En 2016, j’étais à deux doigts de me mettre sérieusement au travail sur l’album quand les résultats du référendum sur le Brexit ont été annoncés. J’ai eu l’impression de perdre mon identité. Le futur a commencé à m’effrayer. Le Brexit nous a volé trois années de vie. Et tout n’est pas encore résolu. Plus personne n’en parle depuis l’arrivée du Coronavirus. On se retrouve finalement avec les mêmes problèmes que tout le monde.

Badly Drawn Boy / Photo : David Oldham

Penses-tu pouvoir un jour retrouver ton identité ?

Il y a plus de gens sympathiques que de gens horribles dans le monde. J’ai pourtant l’impression qu’il y a une montée en force des idiots. Il suffit de regarder qui est au pouvoir en Angleterre et aux Etats-Unis. On a pourtant vu tout ça arriver. Le Brexit nous a divisés. Nous serions tellement plus forts tous ensemble. J’ai eu la chance de beaucoup voyager grâce aux tournées. Partout, j’ai rencontré des gens formidables. Une partie des pro-Brexit est si fermée d’esprit qu’ils prennent les gens d’autres pays pour des ennemis ou des gens différents alors qu’ils n’ont jamais mis un pied à l’étranger. C’est comme ça que la peur, la xénophobie et le racisme se développent. Avant le Brexit, j’étais convaincu que ce type de discours était derrière nous, que les gens avaient évolué. Les électeurs de Trump n’ont pas le droit de se plaindre. Ils ont élu un dictateur fasciste. Ce n’est même pas quelqu’un d’intelligent. Boris Johnson a été élu pour nous finaliser le Brexit. C’est le prétexte le plus grotesque sur lequel un premier ministre a remporté une élection au Royaume-Uni. Les gens en ont tellement marre du Brexit qu’ils ont oublié de quoi il s’agissait. En gros ils se sont dits : ok, on va élire ce type pour en finir avec le Brexit. C’est d’un frustrant… C’est au moment des résultats du référendum de 2016 que j’ai composé Is This A Dream?. Je ne comprenais pas qu’autant de gens puissent prendre une décision aussi terrible. Non seulement dans notre pays, mais dans beaucoup d’autres. Existe-t-il une maladie non identifiée qui fait prendre aux gens de mauvaises décisions ? Est-ce un mauvais rêve ? Pour contrebalancer un sujet aussi pesant, j’ai tenu à ajouter une musique plus enjouée pour prouver qu’il y a aussi des aspects plus joyeux dans la vie. Tout n’est pas sinistre et morose. Ça a donné la tonalité pour la suite. A tel point que c’est l’album le plus pop que j’ai enregistré.

Ton disque est une sorte d’agenda de ces dernières années. Tu y parles ouvertement de tout ce qui t’es arrivé.

L’album a réellement commencé à voir le jour en 2017. Il m’a fallu plus de temps que d’habitude car je ne voulais y inclure que des chansons qui traitent de mes problèmes. Banana Skin Shoes, le titre d’ouverture du nouvel album présume un peu toute cette période de ma vie. J’ai traversé des épreuves, certaines par ma faute, mais maintenant je suis plus fort. Alors, pourquoi ne pas en rigoler ? J’ai fait la paix avec tout ça.

D’où la ligne “Supersize Your Soul” dans la chanson titre ?

C’est une référence directe à la thérapie que je suis. Elle m’aide à encaisser tout ce qui se passe autour de moi au lieu de me sentir en permanence tiré par le bas. Ce qui se passe dans le monde m’inquiète toujours mais ça ne me rend plus malade. J’ai trop à faire. J’utilise même la pensée positive pour lutter contre la douleur. Ton esprit est capable de tout. J’aurais dû me faire réopérer de la hanche il y a 18 mois, mais j’ai refusé. J’arrive à gérer mentalement. Je suis convaincu que j’arriverai à guérir ma hanche seul.

Sur l’ouverture de Banana Skin Shoes, tu chantes “press play not stop or pause and not fast forward or rewind”. Faut-il y voir un parallèle avec ta nouvelle vision de la vie ?

C’est exactement ça. Je me suis servi de l’image d’un lecteur de cassettes pour dire qu’il fallait vivre dans le présent. Il y a tellement de distractions qu’il est difficile de rester concentré sur ce qui est important. Si les choses tournent mal, ce n’est pas grave. Il faut avancer et passer à autre chose. Chaque titre de l’album est un message que je m’envoie. J’espère qu’ils seront utiles aux autres. C’est bien joli de vouloir changer le monde, mais il faut commencer par se changer soi-même. Par exemple, quand j’ai été diagnostiqué avec la maladie de Crohn, j’étais presque content. Ma sœur en souffre depuis sa naissance. Elle se bat au quotidien. C’était vraiment dur pour elle à l’école. Elle a raté deux années de cours et a failli en mourir. On n’en savait pas autant sur cette maladie à l’époque. C’est une personne spirituelle. Elle a fait des choses exceptionnelles dans sa vie. Etre atteint de la même maladie m’a donné l’impression de me rapprocher d’elle, d’être solidaire. J’ai aussi eu des épisodes difficiles, mais rien de dramatique.

L’album met parfois une tonalité soul en avant. Pourrais-tu nous dire pourquoi ?

Les morceaux parlent de problèmes de santé mentale, de gens qui ont besoin d’aide et de spiritualité. Ce disque est un tremplin. Il devait sortir de moi avant que je passe à autre chose. J’ai grandi en écoutant Marvin Gaye ou Al Green. J’écoute toujours beaucoup de soul de cette époque. Je me sens connecté à leurs chansons car elles ont beau évoquer des luttes, elles n’en restent pas moins joyeuses. Pareil pour le blues qui a pris ses racines dans la lutte et l’oppression. Pourtant, les paroles démontrent qu’il ne faut jamais baisser les bras. Peu importe leurs problèmes, ces musiciens reviennent toujours en dansant et en chantant de la musique formidable. J’ai l’impression de me diriger naturellement vers un tournant soul spirituel qui a toujours fait partie de qui je suis, mais que je révèle seulement au grand jour. Il a fallu que j’affronte des problèmes pour que ça ressorte. Je veux exprimer de la bonté si l’on m’en donne l’opportunité. Cet album est un moyen de me rappeler au bon souvenir des gens. Je leur montre que je peux toujours écrire des chansons pop et faire passer des messages.

Badly Drawn Boy / Photo : David Oldham

Le titre Tony Wilson Said est-il un clin d’œil à la chanson de Van Morrison, Jackie Wilson Said  ?

J’étais assis au piano à chercher des idées. Une série d’accords que je trouvais plaisants m’est venue de nulle part. J’ai allumé mon magnéto pour l’enregistrer et j’ai commencé à inventer des paroles. Quand j’ai réécouté la bande je me suis demandé pourquoi j’avais chanté Tony Wilson Said. Ce n’était pas planifié. Ça m’a fait rire car j’adore le titre Jackie Wilson Said de Van Morrison. J’ai décidé de garder l’idée car c’était un bon point de départ. Le reste de la chanson est venu tout seul. J’adore ces moments où rien n’est réfléchi ni planifié. Il m’a fallu un peu de courage pour la publier. J’avais peur qu’on se demande pourquoi j’écrivais sur cette légende de Manchester. Tony Wilson faisait partie de ma vie. C’était un type formidable. J’ai eu la chance de le connaître avant qu’il ne meure. Avec cet album, je voulais aussi rendre hommage à des gens qui ont de l’importance dans ma vie. I Wish You Happiness parle de mon ex, I’ll Do My Best de ma femme et Tony Wilson Said de Tony qui a aidé beaucoup de musiciens de Manchester en créant une scène locale. Je tenais à écrire des textes élogieux sur ces trois personnes. Il faut donner du crédit aux gens qui comptent. Montrer qu’on s’intéresse à eux, les remercier, est essentiel. On a tendance à oublier que ça devrait être naturel.

Es-tu un collectionneur des références de chez Factory ou d’autres labels ?

Plus maintenant. Avoir le vinyle du nouvel album entre les mains a réactivé ma passion du format. Du coup j’ai profité du confinement pour me replonger dans ma collection de disques. Quand j’avais vingt ans, j’achetais des disques en permanence. J’allais chez Piccadilly Records à Manchester tous les samedis. L’intégralité de mon argent partait dans les disques. Je n’achetais plus de vêtements, je réduisais les dépenses essentielles au maximum pour acheter des vinyles. J’adorais rentrer à la maison avec six ou sept disques à écouter. Je ne le fais presque plus et ça me manque. Il faut que je reprenne ce rituel, même si je ne deviendrai jamais un vrai collectionneur. Andy Votel avec qui j’ai créé le label Twisted Nerve est un collectionneur obsessionnel. Je n’ai jamais été comme lui.

Certaines idées sur l’album datent d’il y a plus de 25 ans. Est-ce un processus habituel pour toi de revenir vers de vieilles maquettes quand tu travailles sur un nouvel album ?

Particulièrement sur ce disque. Mes autres albums sont principalement constitués de chansons écrites spécialement pour l’occasion. Je n’avais pas le temps d’aller fouiller dans de vieilles maquettes. Cette fois-ci, c’était différent. Le morceau titre était une maquette instrumentale datant de 1995. Juste une ligne de basse et de la batterie. Un morceau fait pour rapper dessus. J’enregistrais dans morceaux inspirés par Beck et Money Mark dans ma chambre à l’époque. J’étais également à fond dans la lo-fi américaine. J’ai trouvé l’idée intéressante de travailler un morceau enregistré dans ma chambre et de lui apporter une touche plus “hi-fi”. Beaucoup me disent que c’est un titre étrange qui ne ressemble à rien d’autre sur l’album. C’est pour cette raison précise que je l’aime beaucoup. C’est mon Born In The USA. Si tu écoutes l’album de Springsteen du même nom, le morceau titre ne sonne pas comme le reste. C’est un monstre qui vit en totale indépendance. J’aimais cette idée. Par contre j’ai gardé l’idée du beat, je voulais que ce soit quelque chose de présent sur tout l’album. Que l’on puisse taper du pied, danser.

En parlant de dance music, en es-tu un fan ?

Je suis un songwriter frustré car j’adore la dance music mais je ne sais pas comment en composer. Par contre j’ai vraiment envie d’enregistrer un album dans l’esprit du premier de Billy Bragg, avec juste une guitare acoustique et ma voix. Ça demande un sacré courage. Je veux que les chansons soient si bonnes que je n’ai pas à ajouter des overdubs pour en être totalement satisfait. Je pense me lancer ce défi dans quelques années. Ce sera un disque à écouter en préparant le petit déjeuner le dimanche matin. J’ai tellement d’idées en tête. Mais je ne voulais pas brûler les étapes. Il fallait que je revienne avec un album qui me rende fier. J’ai prouvé que je pouvais encore écrire des chansons. Maintenant je dois être plus prolifique. Je suis tellement content d’être de retour. Il est hors de question que je ne puisse plus sortir de musique pendant une aussi longue période. Je suis tellement content de parler à nouveau avec des gens qui apprécient ma musique.

Tu as mal vécu le succès de la bande originale du film About A Boy qui t’a apporté un public auquel tu n’étais pas habitué. Si tu pouvais revenir en arrière ferais-tu les choses différemment ?

About A Boy ne ressemble en rien au deuxième album que j’aurai sorti. Have You Fed The Fish? aurait également sonné différemment car il a été composé en réaction à About A Boy. Je passais beaucoup de temps à travailler à Los Angeles à l’époque. Mes deux enfants me manquaient et ça se ressent également à l’écoute de ces deux disques. Ma carrière n’aurait certainement pas été la même. Je ne sais pas si j’aurais eu autant de succès. C’est quelque chose qui ne se contrôle pas. C’est comme lorsque j’ai rencontré ma femme dans un club. Si j’y étais allé la veille ou le lendemain, ma vie serait différente aujourd’hui. Réfléchir à ce qui aurait pu se passer si j’avais fait des choix différents dans la vie me rend fou, j’évite de le faire. Je n’en ai encore jamais parlé à personne, mais j’avais peur de faire un mauvais choix en travaillant sur la musique de cette grosse production américaine qu’était About A Boy. J’en ai parlé à Tony Wilson. Je lui ai expliqué que j’avais l’impression de trahir mes convictions, et mes racines mancuniennes. Il m’a dit que j’avais cette super opportunité et que je devais en être fier. En me soutenant comme personne d’autre, il a réussi à apaiser mes angoisses.

Ton premier album, The Hour Of Bewilderbeast, est sorti il y a vingt ans le 26 juin 2000. Quel regard portes-tu sur ce disque et cette époque ?

Le parallèle est intéressant car je viens de sortir un disque qui me met dans la même position qu’il y a vingt ans. Les retours des médias et des fans sont excellents mais les ventes ne sont pas énormes. Il a fallu du temps pour que The Hour Of Bewilderbeast soit reconnu à sa juste valeur. J’ai dû tourner sans relâche pendant un an pour l’imposer. Même après avoir gagné le Mercury Prize. Pourtant, c’est le disque préféré des fans. J’ai l’impression que la même chose va se passer avec Banana Skin Shoes. Il ne faut jamais renier son passé. Je pense que The Hour Of Bewilderbeast reste dans l’esprit des gens car il a capturé un moment précis de son époque. Je ne pourrai te dire s’il est meilleur que les autres, car j’estime que tous mes albums sont d’un niveau équivalent malgré leurs styles différents. Je suis content que mes fans aiment ce disque. Ça veut dire qu’ils ne l’ont pas oublié. A cause de ce qui m’est arrivé ces cinq dernières années, j’ai l’impression de ne plus être la même personne. Pourtant, au fond de moi, c’est une flamme identique qui m’anime. Ce n’est pas évident de m’identifier à la personne que j’étais à l’époque.

L’album mixe tes influences folk de toujours avec des sonorités plus modernes, parfois très groove. Certains disques t’ont servi d’influence ?

Pas vraiment. J’allume juste la radio dans la voiture pour écouter 6 Music. Je laisse la musique venir à moi. Quand je travaille sur un disque je me force à ne rien écouter d’autre. Si j’entends quelque chose que je trouve bien, ça me donne l’impression de ne pas être à la hauteur. Ça m’est arrivé en entendant un titre des Talking Heads. C’est frustrant, car il y a tellement d’albums d’artistes que j’aime que je n’ai encore jamais écoutés. Les rares exceptions sont lorsque je souhaite qu’un morceau sonne en partie comme celui d’un autre artiste. J’ai écouté Moon Safari de Air ou du Beck pour m’en imprégner pendant l’enregistrement de Banana Skin Shoes.

It’s What I’m Thinking était censé être le début d’une trilogie d’albums. Ce projet a-t-il été abandonné ?

Je ne vois pas de raison de lui donner une suite aujourd’hui. A l’époque, j’avais une idée précise en tête et des maquettes de chansons qui pouvaient constituer une triologie. Le but initial était de me forcer à être plus prolifique. Et puis, je me suis tiré une balle dans le pied et c’est tout l’inverse qui s’est produit. Sans ma séparation, le projet aurait continué. Je ne me voyais pas revenir sur le devant de la scène avec un volume 2. J’avais envie d’autre chose. Tu sais d’où venait le titre de la trilogie ? Je compose uniquement à partir de mes pensées. Je n’invente pas d’histoires dans mes textes.

Tu te définis comme quelqu’un d’inquiet. Comment as-tu vécu la période de confinement pendant laquelle ton nouvel album est sorti ?

J’ai eu de la chance de rester occupé avec la promotion du disque. On m’a proposé de repousser la sortie de l’album. Je suis content d’avoir refusé. J’avais attendu trop longtemps que ce moment arrive. Je savais que l’écoute de certaines chansons aiderait peut-être des gens à se sentir mieux. Apporter de la perspective sur des standards spirituels et moraux était leur but initial. Je suis aussi content que mon disque mobilise tant de monde pendant cette période. Tout en restant à la maison, j’ai fait de la promo télé, radio et presse dans des pays différents. Ça occupe ma maison de disque et les journalistes. Et puis mon dernier né vient de fêter ses trois ans. Je passe beaucoup de temps avec lui, car il réclame mon attention du matin au soir. Grâce à lui, je manque de temps pour m’inquiéter de ce qui se passe à l’extérieur. Être moins anxieux que par le passé a beaucoup aidé. Le monde est dans un sale état. Je m’efforce de penser qu’un futur meilleur nous attend.

Le nouvel album de Badly Drawn Boy est disponible sur son bandcamp.

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