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Simon Reynolds, Le choc du glam (Editions Audimat)

Depuis maintenant six ans, la revue Audimat permet à un discours critique et théorique ambitieux sur les musiques populaires de se développer. Un espace singulier dans le monde francophone, remarquable par son exigence et son ouverture, au sein duquel peuvent se côtoyer des articles aux thématiques aussi variées que le grime, l’auto-tune, Anne Sylvestre ou encore le Field Recording. Une aventure qui se poursuit logiquement aujourd’hui avec la création d’une maison d’édition, et la traduction de l’ouvrage désormais définitif de Simon Reynolds sur le glam rock. Un choix qui n’a rien d’étonnant dans la mesure où Reynolds incarne une figure tutélaire pour toute une tradition d’écriture sur l’objet pop. On pense bien évidemment ici à son monumental Rip It Up and Start Again sur le post-punk, ou encore à Retromania, formidable réflexion sur la crise d’un certain modernisme et la nostalgie post-historique qui l’accompagne – pour ne pas évoquer d’autres ouvrages non encore traduits comme Energy Flash sur l’explosion rave britannique ou The Sex Revolts sur la politique musicale des sexualités. Avec Le choc du glam, nous retrouvons une approche caractéristique d’une démarche qui entend saisir un phénomène culturel comme un fait social total, et qui lui permet de creuser ce qui semble être l’une de ses grandes obsessions : l’interrogation sur l’histoire et la modernité, comme si la pop, en tant que forme imbriquée dès son origine aux techniques de production des industries culturelles, offrait un lieu privilégié pour appréhender les mutations du contemporain. Continuer la lecture de « Simon Reynolds, Le choc du glam (Editions Audimat) »

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Abécédaire Blur (2003)

Week-end Damon Albarn : retour en 2003 au moment de la sortie de « Think Tank »

Blur
Blur à Paris, en 2003 / Photo : Philippe Lévy

Bien plus qu’un simple septième album, le premier depuis quatre ans, Think Tank était le disque de tous les dangers. Placé en hibernation pour cause de projets parallèles chez Damon Albarn – surpris dans un grand écart périlleux mais victorieux entre la Jamaïque version Gorillaz et l’Afrique de Mali Music –, Blur pouvait ici tout perdre. Un enregistrement a priori chaotique allait même prendre des proportions plus dramatiques à l’annonce du départ de Graham Coxon, son guitariste, considéré par certains comme la véritable âme de la formation de Colchester. Pourtant, à l’écoute de cette merveille apaisée et tamisée, le néo-trio a tout gagné : un nouvel équilibre, de nouvelles voies à explorer. Entre dub polaire et ballades lunaires, pop crépusculaire et punk sanguinaire, Think Tank s’avère aussi surprenant que convaincant. Et se pose en nouveau chapitre de l’histoire d’un groupe en perpétuelle (r)évolution.

Interview : Estelle Chardac & Nicolas Plommée Continuer la lecture de « Abécédaire Blur (2003) »

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Le club du samedi soir #26 : Damon Albarn

Week-end Damon Albarn, partie musicale.

Damon Albarn
Damon Albarn at the beginning

Il faudrait évidemment bien plus qu’un seul week-end consacré à Damon Albarn pour illustrer la carrière de l’extrêmement prolifique et toujours jeune homme de Whitechapel. Interviewé dans nos colonnes ce matin, Nicolas Sauvage, auteur de Damon Albarn : L’échappée Belle aux éditions du Camion Blanc nous emmène en voyage dans les différentes décennies habitées par la musique du leader de Blur, Gorillaz, The Good, The Bad & The Queen à travers une playlist sélectionnée par ses soins. Toutes périodes mélangées, tous alias confondus, histoire de souligner une fois encore le génie total de l’anglais.

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Nicolas Sauvage : « Damon Albarn a posé les fondations de la britpop »

Week-end consacré à Damon Albarn, avec un décryptage de son parcours par l’auteur d’une biographie sur l’anglais.

Damon Albarn
Damon Albarn / Photo : Linda Brownlee

Après un premier ouvrage sur Paul Weller, Nicolas Sauvage publie Damon Albarn : L’échappée Belle aux éditions du Camion Blanc. Contrairement à ce que clame haut et fort Peter Hook, il n’a pas été le seul à avoir marqué au fer rouge l’histoire de la musique avec deux groupes différents. C’est ce que nous raconte avec passion et érudition Nicolas Sauvage en retraçant le parcours atypique d’Albarn. Peu ont réussi au long de leur carrière à se frotter à des styles aussi différents que le baggy, la pop, la musique africaine ou le hip hop sans se ridiculiser. En plaçant systématiquement l’œuvre d’Albarn dans le contexte de l’époque, Nicolas Sauvage réussit la prouesse d’accrocher le lecteur comme dans un roman. À aucun moment, il n’impose sa connaissance pourtant encyclopédique du sujet. Il préfère aller à l’essentiel, suggérer, partager modestement. Les fans hardcore y apprendront quelques informations et les néophytes rentreront aisément dans l’univers d’Albarn. Au-delà de la référence à la carrière du musicien, titrer son livre L’Echappée Belle est également un excellent résumé du plaisir que l’on prend à le lire.


A écouter ce soir sur section26 : Le Club du Samedi Soir #26 consacré à Damon Albarn.
Bonus à la fin de l’article : quelques bonnes feuilles de l’ouvrage de Nicolas Sauvage.
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Bernardino Femminielli reprend “Moi, mes histoires” de Régine (inédit)

Bernardino Femminielli
Bernardino Femminielli avec son chien Poulet / Photo : Hans Neumann


Moi, mes histoires / Certains soirs /
Je les raconte / Au miroir /
Alors bien sûr / Tu peux voir / La fêlure

C’est dans la robe de velours au goût de tragique de Régine, signée à l’origine par le couple Dabadie/Polnareff en 1978, que Bernardino Femminielli nous fait l’honneur de se glisser aujourd’hui. « J’écoute ce morceau depuis une dizaine d’années. Il représente pour moi les nombreuses vies imaginées qui sont projetées devant un public ou des gens qui nous sont proches. Moi, Mes Histoires pourrait être une chanson qui parle des erreurs de parcours et d’humilité face à la désillusion du showbiz. Les histoires inventées sur scène ont fini par y croire et à se les approprier mais lorsqu’on réussit à s’en départir on réalise les beaux moments qu’elles ont pu nous offrir. Pour moi c’est une chanson qui parle de courage sans tomber dans l’héroïsme. » Continuer la lecture de « Bernardino Femminielli reprend “Moi, mes histoires” de Régine (inédit) »

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Pop Filter, Donkey Gully Road (Bobo Integral/Spunk Records)

POP FILTERA l’origine, il y avait donc The Ocean Party. Ce groupe australien d’indie-pop approximative qui s’est inscrit, pendant sept années – de 2011 à 2018 – dans le sillon commun qu’il a contribué à tracer en compagnie de The Twerps, The Goon Sax ou Dick Diver pour ne citer que les moins inconnus. Plus prolifique que la plupart de ses camarades – huit albums et même davantage, si l’on inclut les productions marginales et dispersées de cassettes et autres singles – le groupe possédait la particularité d’abriter pas moins de six songwriters répartis géographiquement entre Melbourne et Wagga Wagga. En 2018, le plus jeune d’entre eux est brutalement décédé d’un kyste au cerveau et la première partie de l’histoire s’est achevée. C’est dans ce contexte dramatique que Pop Filter a fini par resurgir, toujours aussi prolixe. Continuer la lecture de « Pop Filter, Donkey Gully Road (Bobo Integral/Spunk Records) »

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Deerhoof, Love-Lore (autoproduit)

Love-Lore DeerhoofC’est une constante rassurante de l’existence : quoiqu’il arrive, il y a toujours un disque de Deerhoof qui vient de sortir. Et privé de ses habituelles tournées mondiales, le groupe a été fort occupé cette année : un live, une compilation de raretés, et, au printemps dernier, leur album Future Teenage Cave Artists, sympathique retour aux affaires du quatuor après une légère traversée du désert – et encore, à peine un désert, plutôt un terrain vague. Mais avec leur second LP de 2020, Love-Lore, sorti en totale indépendance fin septembre, c’est sans aucun doute l’une de ses plus incroyables démonstrations de force que balance comme si de rien n’était Deerhoof, sa plus belle réussite depuis des lustres (Breakup Song en 2012, plus loin que ça si vous faites la fine bouche). Et c’est un… album de… reprises ?!? Continuer la lecture de « Deerhoof, Love-Lore (autoproduit) »

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Two-Tone : danse avec des larmes dans les yeux

Two Tone
Collage : David Storey pour 2 Tone Records

Par où commencer ? Par la rumeur qui voudrait que le créateur de Peaky Blinders, Steven Knight, aurait retroussé les manches de sa Ben Sherman pour se lancer dans la production d’une série consacrée à l’explosion du ska Two-Tone à Coventry et Birmingham à la toute fin des années 1970. Avec un pitch qui fera frémir l’échine nostalgique de toute ma génération : « C’était la bande originale qui traduisait merveilleusement l’atmosphère de l’époque, dans les rues, dans les clubs, dans les tribunes ». Suggs, le chanteur de Madness, ne nous avait finalement pas dit mieux entre deux digressions autour de son amour pour Chelsea : « Cela dit, il n’y avait pas grand-chose d’autre pour s’occuper à ce moment précis en Angleterre, c’était une période assez triste. Il n’y avait que le punk et le hooliganisme pour tuer l’ennui.

NDLR : Ecoutez la playlist Two-Tone par Nicolas Ksiss-Martov en bas de page.

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