Le rêve américain au mitan des années 1980 a flingué l’inspiration – et le look, le look coco ! – de quelques-uns des fleurons les plus intéressants ayant émergé de la scène punk et new-wave britannique… Au hasard et sans aucun souci d’exhaustivité, il y a bien sûr The Psychedelic Furs dont le parfait Pretty In Pink de 1981 a connu une seconde vie (et une seconde version empâtée) grâce au film du même titre et à sa BO très fréquentable – et les frères Butler et leurs amis de s’attifer de cuir noir en prenant des poses rockandrollesques ridicules ; il y a eu Simple Minds, porté lui aussi par un film – The Breakfast Club – et une rengaine que les Écossais n’ont même pas composée, (Don’t You) Forget About Me, mais qui efface en quatre minutes leurs fantasmes de pop européenne bientôt remplacée par des envies pressantes de rock héroïque dopé aux hormones U2… Continuer la lecture de « LAVLAB Vs Miqui Puig reprend « Eyes Without A Face » de Billy Idol »
Catégories chronique nouveauté
Vanille, La clairière (Bonbonbon)
Certaines personnes ont pour mission de remettre de la tendresse et une pincée de féerie dans nos cœurs, d’y apporter un rayon de lumière pour sortir des bois sombres et touffus. La clairière, deuxième album de l’autrice-compositrice-interprète canadienne Rachel Leblanc, connue sous son nom de scène Vanille, embarque des balades pop-folk aux airs faussement simplistes et désinvoltes. Ce deuxième album, signé avec le label indépendant Montréalais Bonbonbon, ne se prive pas de mélancolie et aborde discrètement des sujets teintés d’amertume tels que ceux de l’oubli et de la rupture amoureuse. Connue pour des chansons rock indé adulescentes, Vanille offre ici un disque mature où se côtoient folk sixties façon Shirley Collins, Vashti Bunyan ou Bridget St John et certains accords pop-rock qui ne sont pas sans rappeler les débuts de Lush, période Sweetness and light ou Etheriel. Continuer la lecture de « Vanille, La clairière (Bonbonbon) »
Catégories chronique nouveauté
Robert Forster, The Candle And The Flame (Tapete)
La pop n’a jamais été particulièrement bien équipée pour restituer le gigantesque entre-deux du sentiment amoureux. Et pour cause. Musique adolescente conçue pour accompagner les découvertes juvéniles, elle s’est essentiellement concentrée sur l’évocation des brasiers initiaux de la passion et des tourments hyperboliques de la séparation. Le coup de foudre à un bout, la rupture à l’autre. Entre temps, pas grand-chose à chanter du couple et de son quotidien quand ils ne sont plus imprégnés de l’élan extatique originel – et avec toute l’admiration due à Graham et Joni, Our House, ça va cinq minutes : on ne passe pas une vie à s’ébaubir quand l’autre a simplement le bon sens de donner à boire aux fleurs qu’on vient d’acheter au marché – et qu’ils n’ont pas pour autant amorcé un quelconque déclin. Que trouver à dire d’intéressant quand rien ne change ? Peut-être simplement que derrière les apparences du calme plat se dissimulent ces petites touches incrémentales d’approfondissement qui naissent, imperceptiblement, du partage des routines et de l’accumulation des souvenirs communs. Et des épreuves aussi, qui confirment parfois ce que l’on savait depuis longtemps mais qui peuvent révéler aussi une partie encore cachée de cette même vérité implacable – à quel point il semblerait impossible de les affronter avec quelqu’un d’autre que l’être aimé. Heureusement, quelques-unes de nos idoles adolescentes ont eu le bon goût de vieillir avant nous et d’éclairer cette partie tout aussi essentielle du chemin. De plus en plus loin des débuts, de plus en plus proche des échéances dramatiques. Continuer la lecture de « Robert Forster, The Candle And The Flame (Tapete) »
Catégories mardi oldie
The Sound, Jeopardy (1980, Korova)
Depuis quelques années, le post-punk connaît un nouvel âge d’or (Black Country New Road, Wet Leg, Dry Cleaning, Squid, Yard Act entre autres). Les racines du genre furent plantées, entre l’Angleterre (Wire, PIL, Gang of Four, The Fall, Joy Division, Magazine) et les États-Unis (Devo, Pere Ubu, Television), dans la seconde moitié des années 70. Rarement cités parmi les pionniers, The Sound mérite cependant toute notre attention. Si Jeopardy, premier album du groupe, ne sort qu’en 1980, il est le produit d’une recherche sonore, entamée quelques années plus tôt, par Adrian Borland. Ce dernier enregistre, en effet, deux albums avec les Outsiders en 1977 (Calling On Youth) et 1979 (Close Up). Leur son s’éloigne cependant déjà du punk anglais d’alors. Continuer la lecture de « The Sound, Jeopardy (1980, Korova) »
Catégories livres
Compositrices, Guillaume Kosmicki (Le mot et le reste)
Le patriarcat doit disparaître comme un lointain souvenir de l’histoire.
Guillaume Kosmicki
Si vous n’avez pas fui, râlé, crié au loup, trollé ou ricané en lisant cette épigraphe extraite de la conclusion du dernier ouvrage de Guillaume Kosmicki, Compositrices, d’abord merci, et : la lecture de ce livre vous enthousiasmera, stimulera, interrogera pour peu que vous ayez du goût pour les perspectives, l’histoire et l’historiographie, et (un peu, un tout petit peu, ou alors beaucoup) la musique et la musicologie. Dans le cas contraire, on se permet de douter que vous preniez le temps de lire le livre avant d’émettre un avis dans votre cerveau, à voix haute, sur un réseau, en commentaire du présent article, etc. Pour information : ça ne vous fera pas exister plus, ni moins. Et donc merci de, hein, voilà. Continuer la lecture de « Compositrices, Guillaume Kosmicki (Le mot et le reste) »
Catégories borne d'écoute
H. Hawkline walk the line
Annoncé pour le 10 mars 2023, Milk For Flowers, le nouveau disque de H. Hawkline, s’annonce fameux. Et nous ne sommes pas très étonnés : H. Hawkline est ce genre de musicien qui coche toutes les (bonnes) cases. Il fait partie, depuis 2015, sur le label Heavenly Recordings (Doves, Ed Harcourt, Saint Etienne…). Jeff Barrett, à qui on ne la fait pas, a sûrement compris le potentiel d’Hawkline en écoutant The Strange Uses of Ox Gall, son deuxième disque publié en 2011 chez Shape Records. Quatre ans plus tard, In The Pink Of Condition propulsait ce Gallois sur le devant de la scène anglo-saxonne. Continuer la lecture de « H. Hawkline walk the line »
Catégories chronique nouveauté
Yo La Tengo, This Stupid World (Matador)
Trente-cinq ans… Un bail, presque une vie d’adulte… Je me souviens parfaitement de ce disque (New Wave Hot Dogs, 1987), de cette pochette et de ce groupe au nom étrange, dont un ami, un peu plus âgé, mieux informé, me faisait chaudement la retape. À l’époque, estampillés « from Hoboken », Ira Kaplan et Georgia Hubley marchaient sur les brisées des Feelies, mais leur musique, quoique attendrissante dans ce qu’elle avait de primesautier, pour ne pas dire d’immature, restait contrainte dans sa gangue d’influences. Puis, les années ont passé, les albums se sont empilés, et peu à peu, sans vraiment faire de vagues, sans jamais générer beaucoup d’émoi, avec ce sens de la persévérance qui n’appartient qu’aux gens humbles, mais doués, Yo La Tengo a pris de l’épaisseur, de la moelle. Continuer la lecture de « Yo La Tengo, This Stupid World (Matador) »
Catégories chronique nouveauté
PICOT, Alimentation Générale (Howlin’ Banana)
En 2018, Brace! Brace! avait obtenu un beau succès d’estime grâce à un très réussi deuxième album. Nous sommes ravi de retrouver Thibault Picot, le guitariste de cette jolie formation française, pour une escapade en solitaire. Toujours signé chez l’infatigable Howlin’ Banana (Pop Crimes, EggS, TH da Freak, Special Friend, Cosmopaark, Tapeworms…), il sort Alimentation Générale, son premier EP sous le blase PICOT. Les quatre titres ne semblent malheureusement disponibles qu’en numérique, un regret tant ils forment un ensemble prometteur. Nous sommes en tout cas ravis d’y retrouver les mélodies sinueuses qui faisaient le charme de Brace! Brace! (2018). Continuer la lecture de « PICOT, Alimentation Générale (Howlin’ Banana) »