Dans une perspective un peu déceptive de l’ordre du mouvement d’humeur, j’ai nourri le projet de diversifier un peu cette rubrique passant du Mardi Oldie au Merdique Oldie. Soit répertorier (et pourquoi non ?) les pires daubes que la bêtise de l’adolescence, et plus si affinités, voire une bonne vieille chronique de Best, pour ceusses qui plus proches de l’Ephad que des résultats du BEPC, nous auraient fait, dans un grand moment d’inconscience acheter en prix vert. Ceux qui se souviennent du terrifiant sentiment de soulagement au moment de reposer par exemple Outland de Spear Of Destiny (1987) sur le rayonnage de la fédération nationale d’achat des cadres* au profit d’un meilleur disque sauront de quoi je parle. Et puis, au détour d’un post nostalgique d’un vieux sage (Bonjour chez vous, Maître Billing) sur une plateforme sociale, ne voilà pas que je retombe sur le second album de Love And Rockets. Continuer la lecture de « Love And Rockets, Express (Beggars Banquet, 1986) »
Catégories billet d’humeur
Vers la violence
Le texte de Blandine Rinkel mis en scène avec La Féline et le danseur Clément Gyselinck
On oublie souvent que le langage est aussi un son, qu’avant la parole, il y a le chant. Une lecture est toujours le moment de la mise en volume de ce qui s’agite dans la tête, de ce qui se jette sur le papier. Blandine Rinkel a choisi la formation d’Agnès Gayraud, La Féline, pour l’accompagner sur scène en compagnie du danseur Clément Gyselinck afin de redonner du corps à son texte, Vers la violence, paru en septembre 2022 aux éditions Fayard. Continuer la lecture de « Vers la violence »
Catégories hommage
POP (IN) ! goes my heart
Section26 ouvre ses pages aux nombreux témoignages d’amour pour le petit bar indie qui a changé nos vies
Le lieu le plus important dans le cœur des indie kids de la capitale (et bien plus loin) a définitivement fermé ses portes samedi soir, le 25 mars, quelques mois après la disparition de l’un de ses cofondateurs, notre ami Denis Quélard. Marc Elias et Florence Piana ont servi leurs dernières pintes, devant un rassemblement d’amis de toujours, hurlant les paroles des pop songs de leur vie jusqu’au dernier souffle. Chez section26, nous sommes évidemment liés à ce lieu qui a tant compté pour nous, et nous avons eu envie d’ouvrir nos pages à celles et ceux qui ont eu envie de partager leurs souvenirs. Photos, vidéos, textes, dessins… Nous rajouterons les contributions au fil de leur arrivée, et certainement dans les prochains jours aussi. Parce qu’on n’oublie pas qu’en dehors d’être un lieu désormais mythique, maintenant, le POP IN, c’est nous tous.
Thomas Schwoerer Continuer la lecture de « POP (IN) ! goes my heart »
Catégories interview
HiFi Sean & David McAlmont : « Notre album aurait pu s’intituler What The Fuck’s Going On »
On les connaissait tous les deux. Depuis longtemps – trois décennies pour le second, et même un peu plus pour le premier. D’un côté, Sean Dickson qui, avec The Soup Dragons, a contribué à conférer quelques-unes de ses plus belles lettres de noblesse à l’indie-pop écossaise dans la seconde moitié des années 1980 avant d’achever, sous le pseudonyme de HiFi Sean, sa métamorphose, musicale et personnelle, au tournant du siècle dans l’univers des musiques électroniques. De l’autre, David McAlmont, dont les immenses qualités d’interprète ont pu s’exprimer au fil d’une discographie, solo ou collaborative, devenue malheureusement de plus en plus clairsemée alors qu’il s’orientait vers le monde académique. Au centre, Happy Ending, très grand album de soul contemporaine, réaliste et flamboyante, où les vocalises acrobatiques de McAlmont s’enchâssent harmonieusement dans les pulsations électroniques et les arrangements de cordes confectionnés par Dickson. Quelques messages et un Zoom plus loin, les voici réunis pour en partager quelques-uns des secrets de fabrication. Continuer la lecture de « HiFi Sean & David McAlmont : « Notre album aurait pu s’intituler What The Fuck’s Going On » »
Catégories chronique nouveauté
The Lost Days, In The Store (Speakeasy Studios)
Les trois minutes réglementaires du format canonique de la chanson pop ont toujours constitué un carcan formel à partir duquel les grands auteurs s’efforcent de proposer leurs déclinaisons personnelles. Une référence contraignante et féconde à la fois. Trois minutes donc, ou un peu plus : il y a ceux pour lesquels ce n’est pas assez ; d’autres – plus rares – pour lesquels c’est déjà trop. Depuis quelques années déjà, on sait que Tony Molina est l’un des plus brillants représentants de la seconde option : celle de l’implosion des cadres plutôt que du dépassement progressif. Un as de la distillation, un maître de la condensation. Ici associé à Sarah Rose Janko (Dawn Riding), il prolonge le travail de sape déjà brillamment initié avec son premier groupe, Ovens, ou en solo. Continuer la lecture de « The Lost Days, In The Store (Speakeasy Studios) »
Catégories interview
Lee Ranaldo : « Ma première guitare était une raquette de tennis »
Lee Ranaldo et le Wild Classical Music Ensemble sur scène au Festival Sonic Protest.
Après avoir réalisé plus d’une centaine d’interviews, il est facile de classer les musiciens rencontrés dans différentes catégories. Certains artistes sont en pilotage automatique et accordent les mêmes réponses à tout le monde, peu importent les questions. Pour des raisons diverses et variées, d’autres répondent par deux syllabes à peine compréhensibles à chaque tentative de conversation. Et il y a les vieux briscards, qui préfèrent casser la routine en racontant leur vie à base d’anecdotes. Lee Ranaldo fait partie de cette dernière catégorie, à mille lieues de l’image parfois prétentieuse et arty que l’on pouvait accorder à son ancien groupe, Sonic Youth. Une fois l’interview terminée et le magnéto éteint, il continue de parler comme si nous venions de faire connaissance dans un café, alternant questions personnelles et récits épiques sur sa longue carrière au sein de Sonic Youth ou en solo. Ranaldo étant dégagé de toute obligation promotionnelle, l’occasion était idéale pour prendre son temps et revenir sur quelques événements marquants, de sa petite enfance et sa découverte des Beatles, à son récent investissement sur l’ambitieux projet For The Birds. Ranaldo se montrant aussi généreux en interview que sur scène, ne ratez pas son prochain concert au festival Sonic Protest le 22 mars. Continuer la lecture de « Lee Ranaldo : « Ma première guitare était une raquette de tennis » »
Catégories mardi oldie
Bobby Caldwell, Bobby Caldwell (1978, Clouds)
Bobby Caldwell nous a quitté mardi dernier, le 14 mars 2023. Si sa disparition est passée quelque peu inaperçu en France, le chanteur américain était une référence incontournable au Japon ou dans le hip-hop américain. Bobby Caldwell est né à Manhattan mais a grandi à Miami. Le jeune musicien baigne dans un environnement musical riche et varié. Sinatra, Bob Marley, la musique cubaine passent ainsi dans les oreilles du chanteur. Il débute sa carrière musicale au début des années soixante dix au sein du combo Katmandu. Repéré par Little Richard, il accompagne ce dernier sur scène avant de tenter sa chance à Los Angeles. Il est finalement repéré par TK, un label de Floride. En pleine vague disco (1978), Bobby Caldwell publie son premier album solo sur Clouds, une structure hébergée au sein du label d’Henry Stone. Continuer la lecture de « Bobby Caldwell, Bobby Caldwell (1978, Clouds) »
Catégories sunday archive
Jarvis Cocker & Richard Hawley, Sheffield stars (2001)
Nous n’avons pas vécu dans les années 1960, cette décennie à laquelle est liée une citation passée dans les annales. Et pourtant. De temps à autres, mes amis et moi nous nous disons la même chose : “Si tu te souviens de ce qui s’est passé, c’est que tu n’étais pas là…” Ça tombe bien. Nous savons tous que cet instant a existé. Et je sais que je pourrai convoquer un nombre assez impressionnant de témoins qui sourient benoitement à l’évocation de ce seul endroit – l’Espace Couleurs –, mais je suis à peu près certain que personne ne pourrait évoquer un moment précis de cette soirée-là. Bien évidemment, je ne sais plus du tout comment Robert a découvert l’endroit, comment il a réussi à négocier que certains samedis, lorsque nous étions DJ au Pop In voisin, nous investissions le sous-sol de ce bar-restaurant africain dès la fermeture de notre QG préféré, une pièce au sol de dalles blanches à laquelle on accédait par un escalier étroit et où il faisait toujours très chaud. Mais vraiment très chaud – il me semble même que parfois, des gouttes coulaient sur les murs. Continuer la lecture de « Jarvis Cocker & Richard Hawley, Sheffield stars (2001) »