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#41 : My Bloody Valentine, You Made Me Realise (Creation, 1988)

My Bloody Valentine, aussi belle qu’une lame.
My Bloody Valentine, aussi belle qu’une lame.

La première fois où je me suis fait gauler par les vigiles de la Fnac, c’est avec un CD de My Bloody Valentine sous la chemise. Un disque que je possédais déjà en vinyle. C’était pas rien, mais ça c’est bien terminé. Les types m’ont fait la leçon, puis laissé repartir en agitant des menaces en cas de récidive. S’ils avaient su le nombre de bouquins que j’avais réussi à escamoter à l’Agitateur depuis 1954. L’erreur fut donc de passer au digital. On m’y reprendra plus. Le plus drôle dans l’histoire est que je vivais justement avec une fille prénommée Valentine et que ce n’était pas funny tous les jours. 1987-92, sûr que durant ce quinquennat, les disques dans lesquels je me réfugiais ont pu m’aider à maintenir le cap. Qui sait pourtant si je n’aurai pas rempilé pour un nouveau mandat ? Sauf qu’on m’a définitivement bloqué l’accès aux urnes. Continuer la lecture de « #41 : My Bloody Valentine, You Made Me Realise (Creation, 1988) »

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Red Skylark, Collection 1 (Kool Kat Musik)

Les vertus auditives et indirectes du confinement continuent, à juste titre, d’être suffisamment soulignées pour que l’on s’attarde un instant sur le revers de la médaille. Alors que le temps s’étiole et se fige, l’investigation archéologico-réflexive des vestiges de nos propres passions musicales ne cesse d’apparaître comme un dérivatif captivant à la circularité de l’ennui. Comme autant de Xavier de Maistre de fortune, contraints de tirer le moins mauvais parti possible de l’autarcie provisoire, nous voyageons autour de nos discothèques pour y redécouvrir des mondes oubliés. Les souvenirs réconfortent ; les oublis se réparent : tout cela est bel et bon mais laisse peu de place, paradoxalement, à l’irruption de la nouveauté. Alors que les sources d’approvisionnement en musique fraîche tendent à se tarir et que les sorties attendues sont souvent différées aux calendes automnales déconfinées, la pénurie et la profusion œuvrent ainsi de pair. Pourquoi risquer de perdre son temps, même dilué, à explorer le superflu et l’incertain quand l’essentiel est en permanence à portée de mains et d’oreilles ? Continuer la lecture de « Red Skylark, Collection 1 (Kool Kat Musik) »

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I Like 2 Stay Home #39 : It’s Up To You, Vol. 2 / Independent & English Speaking Bands From France (1990 – 1999)

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Coincées entre l’avènement du CD et l’émergence d’internet, les années 90 en France voient la naissance de mille groupes d’une scène liée par sa façon de communiquer (les cassettes, les vinyles, les fanzines et quelques labels) et par un esprit indépendant, traduction approximative et romantique du concept anglo-saxon. Le point commun de ces jeunes groupes est aussi un usage – parfois approximatif – de la langue anglaise, comme symbole de liberté et d’alternative à la Chanson Française, canonisée et protégée par le Ministère de la Culture. Avant de devenir définitivement la langue globale avec internet, l’anglais permet alors aux adolescents et jeunes adultes anglophiles (ou américanophiles) de s’évader, et, moins que de rêver d’une carrière internationale, de s’identifier (im)parfaitement à ses idoles si proches et si lointaines à la fois en ajoutant les paroles à la musique. Le titre It’s Up To You fait référence à une méthode d’anglais que nombre de collégiens et lycéens ont éprouvée dans les années 1970 et 80. Voici les enfants inventifs, maladroits, touchants, parfois géniaux, de cette méthode, réunis dans ce second mix. Cette touche française nécessite (et mérite) dès maintenant d’autres nombreuses compilations de ces fabuleuses pépites (nuggets), incongrus cailloux (pebbles), ou inconnues décombres (rubbles). PS : Petit clin d’œil avec Gamine, qui faisait le lien générationnel avec les années 80. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #39 : It’s Up To You, Vol. 2 / Independent & English Speaking Bands From France (1990 – 1999) »

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#40 : Heavens To Betsy / Bratmobile, My Secret / Cool Schmool (K, 1992)

Heavens to Betsy + Bratmobile, belly stars.
Heavens to Betsy + Bratmobile, belly stars.

Telle La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, invisible puisqu’en évidence sur le fatras du bureau, elles trônaient là, surplombant toute la pièce depuis des mois, des années. Postées sur un des rayonnages les plus élevés de la bibliothèque, elles me toisaient, me faisaient de l’œil, parfois me sifflaient sans que je ne les voie ni les entende. Hey, petit mec, tu crois quoi ? Qu’on n’est pas assez bien pour toi et tes platitudes nombrilistes ?
So cute. Un amour de 45 tours. Une merveille de pochette, parangon de DIY estival, mais en noir et blanc quand même, l’air de dire méfiance, on n’est pas là pour (trop) rigoler. Un split single qui donne la banane, encore aujourd’hui. Publié sur K Records, label d’Olympia, État du Washington, drivé par Calvin Johnson. Papier plié, protection plastique, avec, faisant la nique à FAC 23 ou SARAH 18, la ref. parfaite, ultime, l’Everest du cool : PUNK 1. Continuer la lecture de « #40 : Heavens To Betsy / Bratmobile, My Secret / Cool Schmool (K, 1992) »

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Kim, Les sessions du Carreau capturées par Cléa Vincent (auto production)

J’ai rencontré Kim à Colmar dans une autre vie, fin des années 90 sans doute, il venait tel un baladin jouer au Grillen, et rencontrer ses pairs de la grande international pop underground. Depuis nos échanges ont toujours été espacés mais constants : le lien était ténu, tenant pendant longtemps (avant internet) dans de petites cassettes démo, témoins des innombrables enregistrements dans lesquels le très fin musicien bordelais se perdaient parfois. Ce caractère hyper actif était déjà présent, chez lui, ce choix indiscutable de grandir en toute transparence, avec le risque de se planter, d’y laisser des plumes de crédibilité, de se perdre, et paradoxalement de disparaître. Mais Kim s’en moque, car il ne s’adresse pas à un public, mais à plusieurs, à des individus même (il réalise des concerts par Skype et ce depuis longtemps, sans attendre de circonstances exceptionnelles), un par un. Pour cela, il a besoin de se réinventer constamment, d’ajouter un instrument à son arc, d’explorer de nouveaux styles, de nouvelles géographies, de multiplier les collaborations (musiciens, labels) et comme s’il n’y en avait assez, de s’inventer de nouvelles identités pour inonder présentement les plateformes de faux tubes, de détournements comico-situationnistes. Il faudrait consacrer une vie à cette œuvre labyrinthique, et écrire une encyclopédie pour recoller les bouts de carrières qu’il ajoute tous les mois quasiment à son art total. Continuer la lecture de « Kim, Les sessions du Carreau capturées par Cléa Vincent (auto production) »

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SECTION26 NEWS#4 : 04.2020

Ce printemps, les nouveautés se font dans nos oreilles un peu plus rares. Les sorties d’albums sont souvent repoussées et le chamboulement de nos quotidiens rend parfois moins évident un suivi attentif de l’actualité. Nos rédacteurs se sont tout de même unis pour lister une vingtaine de coups de cœur. Autre changement, et pas des moindres : le site qui hébergeait nos playlists arrête ses services. Nous vous proposons de les écouter, comme d’habitude, sous une forme classique et commentée par nos journalistes ci-dessous, mais aussi désormais avec des liens d’écoute pour chaque plateforme. Let’s play.

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#38 : R.E.M., It’s The End Of The World As We Know It (And I Feel Fine) (I.R.S. Records, 1987)

R.E.M., la fin des haricots ?

Celle-là, je l’aurai longtemps tenue en laisse, laisse sur laquelle elle n’a cessé de tirer. D’entrée j’ai pensé la renvoyer ad patres, au mieux au chenil. Il fallait m’en débarrasser, l’oublier au plus vite, elle puait trop l’évidence. Sur n’importe quel blog, dès les premières heures de la pandémie, des types – ou des filles, des femmes, je ne m’y retrouve plus, désolé Caroline, et tou.te.s mes respects inclusif.ve.s – se seraient empressés de la mettre en avant, pour mieux l’exécuter en quelques lignes. On a dû la croiser partout, engluée dans la toile, dans chaque impasse Tweeter, ou pire, sur des sites d’actu en continu – racontez-moi, je n’y étais pas. Et puis les semaines et les posts se sont succédés, beaucoup de disques nous ont épuisés, les munitions sont venues à manquer. Alors, quand redoublant d’insistance elle s’est à nouveau présentée, j’ai fait preuve de mansuétude, même si elle est loin d’être ma chanson de R.E.M. préférée, ou la plus représentative du génie (ooops, un gros mot !) des quatre d’Athens, Stipe, Buck, Mills, Berry, carré magique, même sans ballon.

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