Ceux qui comme moi s’étaient rendus à l’Hôtel des Vils (Clermont-Ferrand) en juin 2024 pour voir Nathan Roche en concert, avaient par la même occasion eu le bonheur de découvrir les Allemands d’Onyon sur scène. « Il faut vraiment que tu restes pour écouter mes potes de Leipzig, ce qu’ils font est super bien », m’avait averti l’Australien exilé en France. Et il avait mille fois raison ! Ce groupe mixte, mené de front par la guitariste /chanteuse Ilka Kellner et la claviériste /chanteuse Marie Untheim, accompagnées par le bassiste Florian Schmidt et le batteur Mario Pongratz, avait délivré un set intense et tendu qui avait marqué les esprits. A l’époque, le quatuor mixte venu de Saxe avait déjà publié chez Trouble In Mind deux albums plus que réjouissants – Onyon et Last Days on Earth, qui mêlaient des guitares aux effets dissonants typiquement egg punk, à des claviers minimalistes se posant impeccablement sur une basse / batterie dépouillée mais terriblement efficace. A ceci s’ajoutait un chant froid, sans chichi, mais captivant, qui donnait une grande partie de son charme à ce groupe. De ces deux premiers albums publiés en 2022 et 2024, on avait retenu les très enthousiasmants Kanal, Klick, Alien,Alien, Dogman ou encore O.U.T, avec une petite préférence pour les titres chantés en allemand. Continuer la lecture de « Onyon, Pale Horses (Mangel Records / Swish Swash) »
Catégories sunday archive
Edwyn Collins, l’adieu aux armes

Le 8 octobre dernier – vingt ans après les deux AVC qui l’ont rendu handicapé mais jamais à court d’idées –, il est monté pour la dernière fois sur scène dans sa Grande-Bretagne natale. En tout cas, aucun signal ne semble passer au vert pour une éventuelle venue sur le Vieux Continent, mais si tel était le cas, je crois qu’on serait quelques-unes et uns (au hasard, Pascal Blua et Ibon Errazkin en tête) bien décidés à parcourir plusieurs kilomètres pour le (re)voir. Edwyn Collins est pour certaines et certains d’entre nous l’un des acteurs essentiels de cette période où la musique s’est mise à prendre une part bien trop (?) importante dans nos vies – Michel Valente me prête une déclaration fracassante à ce sujet, dans laquelle il serait aussi sujet de foot et de filles, mais je crois qu’il affabule –, une période où il arrivait souvent que nous découvrions un groupe par ses photos, ses interviews ou les mots qu’écrivaient des journalistes britanniques à leur sujet – c’était souvent la course chez New Rose le samedi après-midi pour acheter le dernier exemplaire du Sounds, du NME ou du Melody Maker qui restait de l’arrivage du jeudi précédent (je crois que c’était le jeudi). Continuer la lecture de « Edwyn Collins, l’adieu aux armes »
Catégories borne d'écoute
Exek décolle chez DFA

Il y a certains groupes que l’on suit sur la durée et dont on est rarement déçu, Exek est l’un d’entre eux. J’ai découvert leur musique il y a quasiment dix ans en Australie, sur les conseils avisés du disquaire Polyester Records fermé depuis. Quelle claque, une anomalie, moite et motorique. Libres dans leur façon d’imaginer la musique et dans le mélanges des influences. Écoutez donc Baby Giant Squid (2021) le long de ses 17 minutes, et ce sentiment de lévitation vous emportera. Continuer la lecture de « Exek décolle chez DFA »
Catégories chronique nouveauté
Sharp Pins, Balloon, Balloon, Balloon (K Records / Perennial)
A peine moins d’un an après la sortie de Radio DDR – le second album étincelant de Sharp Pins qui nous a mis une claque étourdissante -, nous étions dans l’attente fébrile du nouveau disque de Kai Slater. Mais nous pouvions avoir quelques appréhensions quant à la capacité du jeune prodige de Chicago à tenir la distance à un tel niveau. Après tout, des débuts tonitruants ne garantissent pas inévitablement le maintien de l’inspiration et du feu sacré. Combien de groupes en lesquels nous avions placés de trop grands espoirs ont épuisé toutes leurs réserves au bout de deux disques et sont par la suite devenus l’ombre d’eux-mêmes ou ont soudainement disparu des écrans-radars… Continuer la lecture de « Sharp Pins, Balloon, Balloon, Balloon (K Records / Perennial) »
Catégories chronique nouveauté
Rosalía, LUX (Columbia)
Je ne me serai pas précipité sur ce disque si elle ne m’avait pas envoyé un message m’invitant, de suite, à écouter le dernier album de Rosalía, LUX. Il faut dire que j’avais été effrayé par tout ce que j’avais lu ici et là : chef-d’œuvre, offrande fervente de pop classique avant-gardiste, œuvre néo-classique en quatre mouvements et chantée en treize langues, oratorio exquis pour cœurs chaotiques -, sans parler de son casting de (trop) bons élèves : le London Symphony Orchestra, les collaborateurs de MOTOMAMI Noah Goldstein et Dylan Wiggins, Pharrell Williams, Björk, entre autres -. Pourquoi alors m’infliger ces 18 titres alors même que j’étais complètement passé à côté des trois albums précédents, Los Ángeles, El Mal Querer et MOTOMAMI ? Continuer la lecture de « Rosalía, LUX (Columbia) »
Catégories interview
Un tour de Modestine, avec Sing Sing et Victor Rassov

« Le gligli fait des histoires, le gligli excite »
À la première écoute de Modestine, j’ai senti une excitation monter, pas besoin de s’enterrer pendant un mois avec de l’eau, du pain et un magnétophone pour trouver un sens à tout ça. Non l’envie de partager ma joie s’écrivait facilement : bien sûr, quand j’ai abordé leur cassette Grand dommage, j’en avais quelques clés, parce que j’écoute Arlt, parce que j’échange en MP avec Sing Sing et que sa façon d’aborder le métier de chansonnier nous intéresse toujours. Il a par exemple bien souligné que Modestine est une œuvre musicale à deux, que l’autre face de la pièce, c’est Victor Rassov, poète et musicien aux commandes partagées, plus d’autres invités qui passaient par là, comme Gilles Poizat (qu’on adore ici-bas), Marius Atherton (pareil), Léo Gobin (enchanté !) et la vedette Bertrand Belin. Continuer la lecture de « Un tour de Modestine, avec Sing Sing et Victor Rassov »
Catégories chronique nouveauté
Gelli Haha, Switcheroo (Innovative Leisure)
Gelli Haha est le nom du projet de la musicienne Angel Abaya, une musicienne originaire de Boise, dans l’Idaho, où elle a fait un peu de rock ou de folk-rock. Son album Switcheroo a été enregistré un an et demi peu après son déménagement à Los Angeles, avec Sean Guerin (De Lux) et sorti sur Innovative Leisure, le label d’Hanni El Khatib. Disons le tout de suite, c’est un petit trésor. Un album de synth pop, d’indie pop chatoyant, beau et original. C’est un concentré de mélodies servi par une délicieuse instrumentation inspirée, pour l’essentiel, des années 1980 : effusion de sons de synthés virevoltants et voluptueux qui rappellent Moroder, la synth pop, l’italo disco même, exagérée, extatique. Continuer la lecture de « Gelli Haha, Switcheroo (Innovative Leisure) »
Catégories mardi oldie
Los Íberos, id. (Columbia, 1969)
Bien que sous le joug d’une dictature conservatrice, l’Espagne ne manqua pas son rendez vous avec les années soixante. La musique pop ne répondait peut être pas aux envies du régime mais elle passionnait une jeunesse en quête de modernité et d’un peu de liberté. Cette frénésie se concrétisa avec le succès, en 1964, de Flamenco des Brincos. La chanson , inspirée du rock des Beatles, fut le catalyseur d’une scène beat explosive, d’une richesse insoupçonnable de l’autre coté des Pyrénées. À partir de là, les groupes espagnols s’autorisèrent à s’imprégner du R&B le plus sauvage (Los Salvajes), de la musique psychédélique (Máquina!) ou la soul (Los Canarios). Dans cette euphorie des années 60, la sunshine pop fut évidemment de la fête. En Espagne, un groupe de Torremolinos (Málaga) en fit sa marque de fabrique : Los Íberos. Continuer la lecture de « Los Íberos, id. (Columbia, 1969) »