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Attention le tapis s’envole

Attention le tapis prend feu aux Magasins Généraux à Pantin / Photo : TS
Attention le tapis prend feu aux Magasins Généraux à Pantin / Photo : TS

Hier soir, on a eu subitement l’impression d’être plongés dans une version retro-futuriste d’Alice au Pays des Merveilles, et c’est suffisamment rare pour qu’on ait eu l’envie de se laisser prendre au jeu. Martin Mahieu et Carla Descazals étaient magnifiques dans leurs costumes de conte de fées entourés des sculptures d’animaux XXL en papier mâché de Valentine Gardiennet, exposées au Magasins Généraux à Pantin. Leur pop éthérée embrasse tout ce qu’ils aiment, autant les guitares shoegaze et noisy que les rythmes électroniques, allant parfois presque jusqu’à une version manga de la techno. Les paroles sont comme un journal intime ado, désabusé et poétique. Et sous ce vernis emo-teen, une vraie profondeur d’âme. Aujourd’hui sort Violette (rework), et comme on n’a jamais vraiment parlé d’eux (à tort), voici ce titre conçu comme une extension de leur troisième album boom boom duplicata sorti en décembre dernier sur Illogique Musique et Entre-soi. « Une histoire d’amour au féminin sur guitare éthérée et sea-recordings », comme ils disent. Promis, on n’oubliera plus de se plonger dans leur univers complètement déconnectant aux sentiments si précieux. Continuer la lecture de « Attention le tapis s’envole »

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Richard Thompson, Wall Of Death (1982) par François Gorin

Richard et Linda Thompson
Richard et Linda Thompson / Photo : DR

A l’occasion du passage de Richard Thompson en France pour deux concerts rares – au Printemps de Bourges le samedi 19 et à Paris au Café de la Danse le dimanche 20 – quelques amoureux de son œuvre ont choisi d’évoquer l’un de leur titres favoris d’un répertoire qui s’étale sur plus d’un demi-siècle.

Sur la pochette de l’album Shoot Out The Lights, un Richard Thompson hilare est assis à même le sol au coin d’une pièce qu’on devine vide, à l’abandon. Aux murs, le papier peint jauni se décolle, est lacéré par endroits, maculé de traces d’humidité, de fumée. Une ampoule nue vacille au plafond. Seule autre présence, si l’on peut dire, un portrait de sa femme Linda, photo encadrée de celle qui pour la dernière fois ici chante avec lui. Continuer la lecture de « Richard Thompson, Wall Of Death (1982) par François Gorin »

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Brian D’Addario, Till The Morning (Headstack)

Brian D'Addario, Till The Morning (Headstack)Alors que la fabrique à tubes de The Lemon Twigs semblait déjà tourner à plein régime – deux albums en autant d’années, le dernier étant sorti à la fin du printemps dernier – voici donc que les frangins surdoués se lancent, chacun de leur côté, dans une discographie solo destinée à alimenter le catalogue de leur propre label tout neuf. C’est beaucoup ? Sans doute, mais certainement pas trop. Dans un monde où les causes de déréliction ne cessent de s’accumuler sur bon nombre de fronts, le fait de partager le même espace-temps que les frères D’Addario demeure en effet l’un des motifs les plus notablement régulier de réjouissance. C’est à Brian, l’aîné, que revient l’honneur d’ouvrir le bal avec cette collection de onze titres inédits.  Comme à certains moments de leurs concerts communs, le cadet Michael s’est simplement esquivé à l’arrière-plan, sans pour autant disparaître complètement – il a coproduit l’album et on l’entend encore sur la plupart des chœurs. Continuer la lecture de « Brian D’Addario, Till The Morning (Headstack) »

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The For Carnation, s/t (Touch And Go / Domino, 2000)

The For Carnation

Comment s’y remet-on ? Comment reprendre la main quand on nous a bien fait comprendre qu’on avait fait mieux que les autres ? Qu’on avait potentiellement et absolument tout dit.

Ça n’a pas du être simple d’être Brian McMahan après 1991, après la dissolution de son groupe, Slint, et la sortie (posthume donc) de Spiderland, disque immense sur lequel j’ai à peu près tout dit ici. La légende voudrait qu’avant même la fin de l’enregistrement McMahan soit parti, on l’a dit pudiquement, « en maison de repos ». Puis ait repris soit ses études, soit une vie « normale ». C’est impossible. Alpagué par son vieux compère Will Oldham, il commencera par s’y remettre dans la première formation des Palace, faux frères mais vrais amis. Pas forcement le pied à l’étrier mais un peu poussé au derche par le succès persistant de son grand œuvre et la suggestion, suite à l’édition d’un faux nouvel Ep de Slint (les deux morceaux datent en fait d’avant l’enregistrement de Tweez, premier album lui aussi récemment réédité de la formation de Louisville, Kentucky) par Touch And Go, de donner suite, il reprend contact avec les autres. Mais ça ne pourra jamais s’appeler Slint, ce sera donc The For Carnation (parfois sans The, parfois sans eux), qui sort finalement un premier Ep, Fight Songs, en 1995 chez Matador. Continuer la lecture de « The For Carnation, s/t (Touch And Go / Domino, 2000) »

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Choses Sauvages, III (Audiogram)

Régulièrement le Québec s’invite dans nos pages : Corridor, Yocto, Bleu Nuit, Vanille ou encore Jesuslesfilles, pour ne citer qu’eux. Les années passent mais la pertinence de la Belle Province ne faiblit guère, et francophonie et indie rock s’y conjuguent harmonieusement. Ce petit îlot de locuteurs de la langue de Molière, perdu dans un océan d’anglophones résiste et déjoue les pronostiques.  Accueillons dans cette merveilleuse confrérie, aujourd’hui, les Montréalais de Choses Sauvages. Un groupe qui prend son temps : la formation a publié son troisième album (III), le 28 mars dernier, près de quatre ans après le second. Continuer la lecture de « Choses Sauvages, III (Audiogram) »

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White Magic For Lovers, The Book Of Lies (Chord Orchard)

The Book of Lies White Magic for LoversPour la plupart d’entre nous, il a surtout fait partie de ces quelques étoiles filantes dont l’éclat avait brièvement scintillé dans le firmament de l’indie-pop au tout début du siècle avant de s’estomper progressivement à nos horizons, sans doute trop limités. Le groupe s’appelait The Electric Soft Parade et, le temps d’un premier album magistral – Holes In The Wall (2001) – il était apparu comme l’un des candidats les plus sérieux à la succession de The Boo-Radleys sur le trône vaquant du psychédélisme britannique. Le coup d’essai a injustement éclipsé presque tout le reste. Mais si le début de carrière stellaire du groupe s’est prématurément achevé face à trop d’indifférence, il n’a jamais complètement filé. Continuer la lecture de « White Magic For Lovers, The Book Of Lies (Chord Orchard) »

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Section 16 S2E3 : Leo, 17 ans

Qu’écoutent réellement nos kids ?

Illustration : Leo
Illustration : Leo (détail)
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Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la troisième mixtape de cette deuxième saison, concoctée par Léo, 17 ans.

AVIS A LA POP.ULATION : Vos enfants aiment la musique (TOUS types de pop moderne) ? Envoyez-nous un mail à section26.popmoderne@gmail.com !
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Butler, Blake & Grant, S/T (355 Recordings)

Butler, Blake & Grant 355 RecordingsLe clin d’œil est évident, appuyé. Il semble s’être niché jusque dans l’infraction délibérée à l’ordre alphabétique – Stephen Stills n’aurait jamais supporté, dixit les mauvaises langues, de se trouver mentionné après ses deux camarades – et même dans cette pochette où, comme sur le fameux canapé photographié par Henry Diltz en 1969, les silhouettes sont placées à l’inverse du sens commun de la lecture – Crosby à droite, Nash à gauche. Comme chez CSN donc, chacun des membres du trio apporte ici sa contribution personnelle à l’édifice – trois chansons chacun et un instrumental collaboratif pour arrondir à la dizaine – et l’harmonie vient par surcroît. Une différence de taille cependant dans cette version britannique et contemporaine du super-groupe réuni autour du feu de camp : Bernard Butler, Norman Blake (Teenage Fanclub) et James Grant (Friends Again, Love & Money) ont accumulé, séparément, trop de décennies d’expérience musicale pour songer à trimballer leurs egos et leurs frustrations passées dans la corbeille de ce mariage tardif. Continuer la lecture de « Butler, Blake & Grant, S/T (355 Recordings) »