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Focus sur Preoccupations

Préoccupations
Préoccupations / Photo : DR

Nés sur les cendres de feu Women, Viet Cong renommés Preoccupations sont devenus au fil des ans les fers de lance d’une scène Canadienne à l’assaut de l’Europe. Trois excellents albums entre 2015 et 2018 encensés par la presse spécialisée et applaudis aux quatre coins du monde. De manière plus confidentielle mais attendue, ils reviennent avec Focus, seul morceau en écoute de leur prochain album III at Ease à paraître le 9 mai prochain chez l’américain Born Losers Records. Un clip original ou se compilent des images d’archives de groupes new age, sectes et courants illuminés qui collent parfaitement à ce morceau entêtant. Basse prononcée, guitares en retrait, explorations synthétiques sensuelles et chœurs enivrants par la présence de Marlaena Moore. Une chanson qui laisse présager un retour en grâce, qui ravira les fans du groupe et donnera envie aux néophytes de plonger dans la riche discographie du quatuor. Continuer la lecture de « Focus sur Preoccupations »

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The Delines, Mr. Luck & Ms. Doom (El Cortez / Decor)

the delinesIl est rare de demeurer, dix ans après la première rencontre, sous le coup d’une surprise dont l’intensité semble presque croître à chaque occurrence. Plus forte, même, à chaque rendez-vous. A l’étonnement initial – celui de tomber amoureux des Delines alors même que j’étais resté globalement imperméable aux charmes rustiques mais un peu balourds de Richmond Fontaine, le premier groupe de Willy Vlautin dont les magazines musicaux britanniques pour adultes s’étaient entichés au milieu des années 2000 – se sont ajoutés les chocs successifs éprouvés à la découverte de trois albums publiés entre 2014 et 2022 puis celui d’un concert parisien, il y a un peu plus de deux ans, passé à essorer tant bien que mal les pleurs surgissant aux moindres inflexions tragiques de la voix d’Amy Boone. Je ne parle pas de ces traces d’humidité sporadiques qui s’égrènent discrètement au coin de la paupière et que l’on associe la plupart du temps à l’expression galvaudée selon laquelle on peut être « ému jusqu’aux larmes ». J’ai vraiment chialé ma race comme jamais pendant une bonne quarantaine de minutes en écoutant The Delines jouer sur scène – sanglots, morve qui coule et kleenex inclus. Bouleversé par la beauté et la tristesse immenses des séquences de vie mises en mots et en musique par Willy Vlautin – et Cory Gray pour les arrangements – puis confiées aux soins bienveillants et attentifs de l’interprétation d’Amy Boone. Continuer la lecture de « The Delines, Mr. Luck & Ms. Doom (El Cortez / Decor) »

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Martin Circus, Evolution Française 1969-1985 (Born Bad Records)

Martin Circus, à bien des égards, a été frappé de la malédiction du rock français. Si son parcours, des années 60 jusqu’au début des années 80, est singulier, la formation s’est heurtée aux aléas de la perception de la musique électrique en France. Le malentendu ne date pas d’hier, puisque dès les années 50, Henri Salvador, Boris Vian et Michel Legrand (sous les noms d’Henry Cording, Vernon Sinclair et Mig Bike) se moquent de ce nouveau son, n’y voyant qu’une mode passagère. Quinze ans plus tard, Martin Circus aura bien à faire pour s’imposer comme une formation pop sérieuse. C’est finalement un hit mi-ironique mi-pataphysique qui les propulse dans les hautes sphères (Je m’éclate au Sénégal, 1971). Ajoutez y des participations à la mythique série des Bidasses (avec les Charlots, ex-Problèmes et Triangle !) et vous avez les parfaits ingrédients d’un groupe incompris. Après Pierre Vassiliu ou Henri Salvador, Born Bad tente aujourd’hui de réparer une nouvelle injustice, en proposant la compilation Evolution Française, couvrant 16 ans de production du mythique groupe. Guido Minisky (moitié d’Acid Arab) a ainsi sélectionné dix morceaux dans le riche catalogue de Martin Circus. Continuer la lecture de « Martin Circus, Evolution Française 1969-1985 (Born Bad Records) »

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Selectorama : Bruno Juffin

Photo : FB Le Boulon
Photo : FB Le Boulon

Les Clermontois connaissent bien Bruno Juffin, fine plume des Inrockuptibles dont ils ont maintes fois pu apercevoir la silhouette filiforme de dandy à la mèche toujours impeccable dès qu’un concert intéressant avait lieu en ville. Certains musiciens de ma connaissance l’ont même eu comme prof d’anglais au lycée : « Il me prêtait des disques de Moe Tucker et il nous a fait découvrir des films comme La Nuit du Chasseur ou Freaks… ». Il y a pire comme formation. Un autre me disait qu’il avait été sidéré il y a trente ans, lorsqu’il passait le bac, de voir ce doppelgänger de John Cale surveiller l’épreuve d’anglais tout en lisant un numéro des Inrocks (grand format) avec David Bowie en couverture. Quand je repense à mes profs d’anglais à moi, si compétents et sympathiques qu’il furent, j’ai du mal à les imaginer en train de poser sur des photos avec Lux Interior et Poison Ivy des Cramps ou aux côtés de David Johansen des New York Dolls ! Continuer la lecture de « Selectorama : Bruno Juffin »

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Jouir pour lutter

La Philharmonie de Paris consacre une exposition au Disco, mouvement au cœur des revendications d’alors jusqu’à aujourd’hui.

Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein
Paradise Garage, 1979 (détail) / Photo : Bill Bernstein

Le disco recèle un étrange paradoxe. Ce style, assis chronologiquement entre l’épanouissement grand public de la soul afro-américaine et l’explosion de la House, s’avère toujours autant apprécié, surtout les soirs de nouvel an, que totalement méconnu. C’est d’ailleurs sur cette étrange réalité que les maitres d’œuvres de l’exposition (les commissaires Jean-Yves Leloup, Patrick Thévenin et Marion Challier, accompagnés de Dimitri from Paris pour le décorum vinylesque et l’expertise discographique) ont insisté lors de la présentation auprès de la presse. Sa signification politique et sociale, son hédonisme militant, notamment chez les minorités afro-américaines et LGBTQIA+, se confond avec un certain doute, voire dédain, envers sa signification et sa profondeur artistique. Continuer la lecture de « Jouir pour lutter »

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Sous Surveillance : Clarence

Clarence
Clarence / Photo : DR

Qui ?

Clarence, c’est :
Cla : chant et guitare
Hugo : guitare
Clélia : basse
Oihan : batterie et chant
Tous ont joués dans d’autres groupes oscillant entre post hardcore, ambient ou dance punk.

Où?

Bordeaux, ville de la pluie et siège social du Flippin’ Freaks, leur label.

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Chiens de Faïence reprend Brigitte Fontaine

On vous en a déjà parlé à plusieurs reprises, on adore la pop fragile diy, probablement conçue entre la table basse et le canapé et les prestations scéniques désarmantes de Chiens de Faïence. Cette fois, pour célébrer le retour de notre rubrique Jeudi Cover, on les a pris au dépourvu du partage d’une reprise de Brigitte Fontaine. Trois minutes après le postage du titre lundi sur les réseaux, j’ai envoyé un message à Harmonie Aupetit en lui demandant si on pouvait la proposer dans notre rubrique. Réponse immédiate : « Oui grave ! Merci 🥰🥰 ». Voici Il s’en Passe, très jolie balade originalement écrite et chantée par la grande Brigitte et mise en musique par l’indispensable Areski en 2009. Le résultat est plus épuré mais pas moins magnifique, et les voix d’Harmonie, Boris Cuisinier et Malo Vannet s’y mélangent avec grâce et douceur, en contrepoint au piquant des paroles. Tout à fait le genre de choses dont on a fortement besoin ces temps-ci, car oui, Il s’en Passe, chéri.
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Tim Keegan & The Personals, Vide Grenier (Meek Giant)

Vide Grenier Tim KeeganDes fragments de plusieurs passés épars. Des souvenirs déjà usés – plus ou moins – mais ouverts à la réappropriation active. Un bric-à-brac hétéroclite dont la seule cohérence réside dans le fait d’avoir appartenu, à un moment ou à un autre, à une même vie. On ne peut qu’être sensible à tout ce qui fait ainsi le charme ineffable des vide-greniers. Tim Keegan aussi qui expose ici au grand jour onze bribes, trop longtemps enfouies, de ses décennies consacrées au noble artisanat du songwriting. Onze chansons, donc, ébauchées entre 1988 et 2024, parfois évoquées au détour d’un concert mais jamais encore enregistrées. Deux guitares, une basse et une batterie suffisent à en constituer l’unité en les inscrivant résolument dans cette tradition toute britannique qui s’ancre formellement dans les références aux modèles transatlantiques – Reed, Dylan, Cohen pour ce qui est de la Sainte Trinité. Continuer la lecture de « Tim Keegan & The Personals, Vide Grenier (Meek Giant) »