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East Village : Les accroche-cœur

East Village Martin Kelly
East Village / Photo : Collection personnelle Martin Kelly

C’est un samedi après-midi, à Londres – le Londres d’avant l’Eurostar, où pour s’y rendre il faut un bus ou un train, un ferry, puis un train ou un bus qui nous dépose à Victoria Station au tout petit matin. C’est un samedi après-midi à Londres, et les éclaircies succèdent aux averses. Je ne sais plus si c’est l’automne ou le printemps mais je me souviens du pub. Un pub avec une terrasse dont nous ne profiterons pas. Un pub empli à craquer, à Notting Hill – je suis à peu près sûr que nous étions d’abord passés à Rough Trade, à l’adresse historique sur Talbot Road. Ils sont installés dans un coin, ils sont avec des amis – dont Will Pepper, qui est alors connu pour être l’ancien bassiste d’un groupe nommé Thee Hypnotics (et sincèrement, je ne sais pas pourquoi je me souviens si précisément de cette présence).
Ils, ce sont trois des quatre membres d’East Village (c’est John qui est absent), un groupe qui n’existe alors déjà plus et qui est pourtant sur le point de sortir son premier album, Drop Out, sur un label qui colle si précisément à nos envies du moment que c’en est étourdissant. Continuer la lecture de « East Village : Les accroche-cœur »

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Jay Reatard : La fièvre dans le sang

Retour sur l’une des grandes figures cultes du garage-punk américain des années 2000

Jay Reatard
Jay Reatard

Le 4 août 2009, Jay Reatard sortit son tout dernier album ; le disque s’intitulait Watch Me Fall (1). Le chanteur avait alors expliqué (2) que ce titre était une sorte de message adressé à certaines personnalités “toxiques” de son entourage : “Un jour, je me suis rendu compte qu’un bon nombre des personnes que je côtoyais n’avaient plus rien à faire dans ma vie. Cela concernait autant des amis de longue date que des personnes avec lesquelles j’avais l’habitude de traîner ou de travailler. Les gens deviennent souvent amers et aigris lorsqu’ils ont le sentiment d’être délaissés. Or je n’ai plus de temps à perdre avec ce genre de problèmes. Ce titre, Watch Me Fall, est un peu ma réponse à ces anciens amis qui rêvaient de me voir échouer.

Jay Reatard, "Watch Me Fall"
Jay Reatard, pochette de « Watch Me Fall »

Jusqu’à cet été 2009, la carrière musicale de l’impétueux Jimmy Lee Lindsey (3) s’était déroulée à une vitesse fulgurante, puisqu’il avait trouvé le moyen d’enregistrer pas moins de dix-huit albums (4) ainsi qu’une pléiade de 45 tours et d’EPs en moins de douze ans. Pour lui, le point de bascule fut la réalisation du foudroyant Blood Visions, son premier disque solo, en octobre 2006. Enregistré en complète autonomie au cours de l’été 2005 entre sa maison de Memphis et l’appartement d’Alix Brown, sa petite amie d’alors, à Atlanta, ce disque avait été une sorte de coup de maître, une œuvre visionnaire construite sur une quinzaine de giclées punks, frénétiques, étourdissantes et terriblement accrocheuses. À l’époque, pris dans le flux continu des sorties, le disque ne connut qu’un succès mitigé, mais sa réputation grandit peu à peu au point de finalement lui permettre d’être considéré comme l’un des grands albums cultes de la décennie. En 2009, Jay Reatard avait déjà rattrapé une importante partie de son retard en termes de notoriété. Watch Me Fall, son deuxième album solo, sortait chez Matador, ce qui lui ouvrait de fait un horizon commercial bien plus vaste que celui dont il avait pu bénéficier pour ses sorties chez Goner ou Empty (5) notamment. Après des années de production stakhanoviste au sein des circuits secondaires du rock américain, cet héritier turbulent des Oblivians et de tous les héros plus ou moins maudits de la scène garage-punk américaine se retrouvait enfin en pleine lumière, prêt à se révéler au plus grand nombre. Malheureusement, le 13 janvier 2010, soit quelques semaines seulement après la sortie de son second album solo, Jay Reatard décédait dans son sommeil des suites d’une mauvaise combinaison d’alcool et de cocaïne. Il avait 29 ans. Continuer la lecture de « Jay Reatard : La fièvre dans le sang »

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Holiday Ghosts

Holiday Ghosts
Holiday Ghosts

Du côté de Falmouth, petite ville des Cornouailles située en bord de mer au sud-ouest de l’Angleterre, Katja Rackin (chant et batterie) et Samuel Stacpoole (chant et guitare) ont su apporter un joli bol d’air frais dans le monde de la pop à guitares avec leur formation Holiday Ghosts. In my Head, premier single en 2017, très inspiré par The Clean, a instantanément figuré dans ma playlist du moment. Continuer la lecture de « Holiday Ghosts »

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Comateens : Manhattan Transfert

Comateens
Comateens

C’est l’histoire de la France, terre d’asile. C’est l’histoire d’artistes dont l’Hexagone s’entiche, dans la foulée de journalistes et de chanteurs frenchy but chic. C’est une histoire qui commence à New York, à la toute fin des années 1970. C’est le New York de tous les possibles, le New York des quartiers où on ne fout pas les pieds, le New York des Guerriers de la Nuit, le New York où l’on croise des (plus ou moins) jeunes gens inspirés par Rimbaud, Warhol, Genet, Verlaine, Godard, Kerouac, le Velvet, Ginsberg, Roxy, Truffaut, Bowie… C’est le New York de Patti, Debbie, Basquiat, de la no-wave, de la disco qui fait battre les corps, des jeunes femmes qui se rêvent stars, d’artistes qui s’exposent dans les rues… C’est 1978. L’automne. Nicholas, né Dembling, se surnomme North et s’acoquine avec Ramona Jan pour explorer un rock ascétique, une pop minimaliste. Ils enregistrent quelques originaux, une reprise d’un morceau de Bowie, font appel à un batteur mais lui préfèrent les services d’une boite à rythmes – oui, comme Suicide. C’est alors que Lyn Byrd (née Billman) entre en jeu, une jeune femme qui cultive le mystère derrière ses Wayfarer : elle gère ladite boite sur scène puis se glisse derrière un synthétiseur. Il y a un single autoproduit, une apparition sur une compilation qui eut son quart d’heure de gloire, Marty Thau Presents 2 x 5 (cinq groupes chantent deux chansons chacun, simple à comprendre) et dont le sous-titre était sans équivoque : New York – New Wave. Et puis, Ramona décide de partir alors que le couple – à la scène mais aussi à la ville – accueille en avril 1980 le petit frère de Nic à la guitare, le prénommé Oliver. Continuer la lecture de « Comateens : Manhattan Transfert »

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Punk Rock ist nicht tot

Quelques faits vérifiés sur Billy Childish

Billy Childish
Billy Childish

Musicien, poète, écrivain ou encore peintre, Billy Childish est l’un des trésors les mieux cachés de Chatham dans le Kent et de l’Empire britannique ou ce qu’il en reste. Le type qui a initié pleins de modes sans jamais l’être, à la mode. Un outsider qui a toujours revendiqué — et souvent avec malice — son indépendance. Et pourtant, l’œuvre de cet apôtre du do it yourself est monumentale : en quarante-deux ans de carrière, il a enregistré et produit plus d’une centaine de disques, publié cinq romans, une quarantaine de recueils de poésie et peint plus de 2500 tableaux. Très rare sur scène, il jouera ce soir au Festival BBMIX 2019 à Boulogne Billancourt. Juste avant, quelques éléments d’une vie agitée et extrêmement prolifique. Ladies and gentlemen, the great Billy Childish ! Continuer la lecture de « Punk Rock ist nicht tot »

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Orville Peck, tête à masques

Orville Peck
Orville Peck

Orville Peck, chanteur canadien notoirement masqué et discret sur sa biographie, a sorti en début d’année son premier album sur Sub Pop. Auparavant, ce personnage masqué n’avait jamais existé, pas même un EP. Comme une idole opportune, la légende raconte qu’il est arrivé chez son label avec un album fin prêt sous le coude. Ce Ponyqui lui permet d’être aujourd’hui en tournée européenne et de passage au Pitchfork Music Festival, est un assemblage de chansons d’inspiration country qui s’encanaillent beaucoup sur du post-punk, comme pour y trouver une fraîcheur et une crédibilité nouvelle. Continuer la lecture de « Orville Peck, tête à masques »

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Migala, des hommes singuliers

Réédition de leur bouleversant album « Asi Duele Un Verano » en vinyle chez Acuarela.

Migala
Migala

Avant cet été, je n’étais pas allé à Madrid depuis le printemps 2002. Je devais alors passer des disques à la soirée de présentation dans la capitale espagnole du quatrième album de Migala, Restos De Un Incendio. Je ne sais plus du tout comment on avait décidé de cela. Comment on avait organisé l’histoire. Mais on s’en moque un peu. Le printemps 2002, donc. Je suis un rédacteur en chef – le « en chef » est important je crois, mais pas tant que ça pour moi. Trois ans plus tôt, un label français, et pas des moindres, a décidé de sortir le deuxième album de ce groupe espagnol. Le label en question, c’est celui qui a fini par signer Daft Punk en 1994 ou sortir dans l’Hexagone les disques de Palace, Lambchop, The Notwist et oui, vous avez raison, quelques autres. C’est embêtant, parce que je suis passé complètement à côté du premier album du groupe espagnol en question. Et pourtant, il est paru sur l’un de mes labels préférés – parce que tous les putains de premiers albums de Sr. Chinarro – et vit dans l’une de mes villes favorites au monde – et non, pas seulement grâce au Real Madrid. Continuer la lecture de « Migala, des hommes singuliers »

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Drugdealer : Echo In The Canyon

Drugdealer
Drugdealer / Photo : Raymond Molinar

La fin de l’année approche et avec elle le temps des inventaires. À la manière de Nick Hornby, je commence à dresser des listes : meilleurs albums, meilleurs singles, meilleurs concerts. Au sommet de cette dernière catégorie s’était déjà hissée une certaine soirée de printemps lors d’un préalable état des lieux semestriel. À l’orée du mois d’octobre, sa position reste inchangée : le 16 mai dernier au Point Éphémère à Paris se produisait Drugdealer, et je n’ai pas vécu de meilleur concert depuis. Continuer la lecture de « Drugdealer : Echo In The Canyon »