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GFOTY – GFOTV (autoproduit)

GFOTY - GFOTVAlors que la clôture imminente de la décennie appelle au regard appuyé dans le rétroviseur pour essayer de dresser une sorte de palmarès de ce qui est sans doute la plus large unité de mesure temporelle que nous pouvons réellement appréhender de notre vivant (enfin, RDV en 2025 pour un top du quart de siècle si vous voulez, hein), mon cœur me ramène inlassablement vers GFOTY quand il s’agit d’évoquer ce qui fût, à mes yeux, l’essence de ces années 10. Sa plus jubilatoire incarnation en tout cas, celle qui, de toutes les chimères qui ont pu éclairer ces années passées, a su le mieux offrir du neuf et de l’inouï. Continuer la lecture de « GFOTY – GFOTV (autoproduit) »

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Matt Maltese, Krystal (7476 Records)

Matt MaltesePremière référence d’un label encore non-identifié (7476 Records), Krystal, paru le 8 novembre dernier, est passé sous tous les radars. Pourtant, le londonien Matt Maltese, du haut de ses 23 ans, a commencé à souffler ses promesses il y a quelques années déjà. Au printemps 2016, il dévoile un premier EP puis, un an plus tard, un single engageant. As The World Caves In, piano-voix langoureux, attire l’attention d’une figure de l’indie pop au flair infaillible : Jonathan Rado. Le leader de Foxygen, devenu l’un des producteurs les plus courus de la décennie – il se cache aux manettes des premiers albums de The Lemon Twigs ou Whitney, et des derniers de Weyes Blood ou Adam Green, déjà louangés dans ces pages – prend le jeune homme sous son aile et l’embarque à Los Angeles pour enregistrer Bad Contetestant, un premier LP emprunt de l’extravagance baroque, Todd Rundgren-esque, emblématique du californien. Continuer la lecture de « Matt Maltese, Krystal (7476 Records) »

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Adam Green, Engine of Paradise (30th Century Records)

Adam GreenLe monde de l’art est injuste. Quand tant de musiciens besogneux peinent à accoucher d’une seule chanson valable dans toute leur carrière, d’autres, insolemment doués, publient régulièrement des disques entiers de classiques instantanés, sans même avoir l’air de se forcer. C’est le cas d’Adam Green. Avec Engine of Paradise, son dernier album tout de grâce et de légèreté, le New-Yorkais confirme une fois de plus son appartenance au club très fermé des authentiques songwriters.

Si les cultissimes Moldy Peaches, son premier groupe, ont été les porte-étendards de l’antifolk, genre emblématique d’une certaine époque, Adam Green est plus difficilement classable dans une catégorie définie. Il suit sa propre voie, en dehors des modes et des tendances. Il fait partie de ces artistes « inactuels » dont la personnalité et l’univers s’avèrent assez singuliers pour ne pas avoir besoin de se fondre dans un moule préexistant. Continuer la lecture de « Adam Green, Engine of Paradise (30th Century Records) »

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Jeremy Jay, Dangerous Boys (Switchblade / Domino Publishing)

Jeremy Jay, Dangerous BoysJe me rappelle la première fois où j’ai rencontré la musique de Jeremy Jay. J’avais pris l’habitude de guetter la programmation des concerts de The Smell à Los Angeles qui constituait le meilleur vivier de cette époque et où se croisaient la plupart des musiciens que j’aimais. C’était en 2006 ou 2007, et un nouveau nom était au menu. Aussitôt, je me suis rendu sur la page MySpace de Jeremy Jay, où le curieux était accueilli par Secret Sounds dans sa version primitive (la plus belle), celle avec sa guitare désaccordée et son énergie juvénile. Surprise de découvrir une chanson aussi immédiate et élégante à la fois : le coup de foudre. Puis vinrent  l’écoute du fameux single Airwalker, avec en face B la reprise d’Angels On The Balcony et les deux excellents premiers albums parus sous le protectorat de Calvin Johnson (A Place Where We Could Go en 2008 et Slow Dance, l’année suivante). Continuer la lecture de « Jeremy Jay, Dangerous Boys (Switchblade / Domino Publishing) »

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Jérôme Minière, Une clairière (Objet Disque)

Jérôme Minière, Une clairièreUn objet, le disque, un label qui porte ce nom et dont chaque piste de chaque sortie comporte une chanson : gageure impensable, affrontée, relevée. Écrivons-le, Rémy Poncet est indispensable comme musicien avec Chevalrex, il est crucial comme patron de label avec Objet Disque. Chaque sortie, chaque réédition (Perio !) : les yeux fermés. Ça prendra peut-être – toujours – du temps, on aimera ou non, on ne sera jamais indifférent, mais chacun des disques qu’il donne à écouter est important.

Cela dit, notre objet Jérôme Minière cavale, depuis des débuts sur un autre de ces labels historiques – c’était Lithium, il y a vingt ans, c’était presque une scène, c’était presque ce qui est presque en train d’advenir de nouveau –, un peu loin de nous mais près de nombreux autres, outre-Atlantique, outre-théâtre, outre-livre. Continuer la lecture de « Jérôme Minière, Une clairière (Objet Disque) »

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Sinaïve, Tabula Rasa EP (autoproduit)

Sinaïve, Tabula RasaDifficile de garder son calme et de ne pas s’enflammer pour un groupe si jeune : deux petits EP au compteur, Poptones  en 2018 et Tabula Rasa en novembre, auto-publiés via Bandcamp, qui rassemblent en huit plages plusieurs de nos obsessions. Les chansons du trio strasbourgeois se situent dans une certaine orthodoxie psychédélique (plutôt le flash blanc que les fleurs multicolores, d’ailleurs) de Bo Diddley au Spacemen 3 en passant par le Velvet Underground, en y intégrant une belle part du blues des jeunes urbains des années 90, de MBV (Sciences de la rêverie  et ses nappes de guitares grasses et apaisées ou Vilain, Vilain propulsée par une rythmique souterraine mais absolument efficace) à Slowdive ou le Ride des débuts, et toutes les nouvelles générations nées à l’écoute des films de Gregg Araki dans les années 2000. Elles s’inscrivent aussi, et c’est dans cet aboutissement précoce que mon enthousiasme devient débordant, dans une lignée de groupes français notamment des années 80 (Les Calamités, Gamine, Dominic Sonic…) qui alliaient la préciosité d’un savoir encyclopédique (sur les Byrds, les Stooges) avec une volonté empirique d’y frotter des mots d’ici, qui racontent le présent, en version originale, de cette jeunesse-là. Continuer la lecture de « Sinaïve, Tabula Rasa EP (autoproduit) »

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David Byrne, Qu’est-ce que la musique ? (Philharmonie de Paris)

David Byrne, Qu'est-ce que la musique ?La figure du musicien-théoricien a toujours été singulière dans le domaine des musiques populaires : de Brian Eno à David Grubbs ou David Toop, elle a le plus souvent concerné ce lieu plutôt marginal qui a assumé un certain dialogue avec les musiques expérimentales et autres gestes avant-gardistes. Tout se passant comme si l’impératif de réflexivité ne pouvait concerner que cette figure du créateur fréquentant le bord le plus « savant » des pratiques musicales contemporaines : Eno, dans la préface qu’il consacre au classique Experimental Music de Michael Nyman, parle en effet d’une « musique hautement intellectuelle », d’une « expérience spirituelle qui, dans les faits, était un terrain où nous pouvions exercer, mettre des propositions philosophiques en pratique ou nous approprier des procédés fascinants et ludiques. » (p. 10.) L’élaboration de concepts, la mise en œuvre d’hypothèses théoriques, allant ici de pair avec cet archétype de l’artiste chercheur et inventeur de formes. Et à ce titre, la figure de David Byrne ne nous semble pas déroger à la règle. Continuer la lecture de « David Byrne, Qu’est-ce que la musique ? (Philharmonie de Paris) »

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David Pajo, 1968 (Drag City, 2006)

David Pajo, 1968Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Peut-être pour les quelques souvenirs qu’il m’avait laissés ou bien parce que ce soir, je n’(en) attendais pas grand-chose si ce n’est des moments de beauté qui viendraient se glisser entre les silences. Pourquoi l’avoir acheté à l’époque d’ailleurs ? Sûrement la pochette et les quelques histoires que j’avais lu sur lui. Ou peut-être ces mots lus récemment – « ….simplicité qui donne de la profondeur. » – ces mots qui m’ont fait penser à Bark PsychosisHex (1994)- , SlintSpiderland (1991)-, puis qui m’ont donné envie de. Tout ça, ce ne sont que des questions qui ne méritent pas de réponses. Continuer la lecture de « David Pajo, 1968 (Drag City, 2006) »