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Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars)

Big ThiefEn découvrant U.F.O.F. pour la première – mais aussi pour la deuxième et la troisième fois – on est d’abord saisi de l’envie irrépressible d’en interrompre le déroulement pour trouver refuge dans l’écoute d’une une copieuse compilation d’Emmylou HarrisAnthology : The Warner/Reprise Years (2001), pour être précis. Cette impulsion ne relève évidemment pas de ces associations formelles par lesquelles les échos des œuvres passées en viennent à résonner ostensiblement dans les prolongements actuels de leur descendance assumée. Au contraire. C’est plutôt que la fréquentation prolongée des vocalises éthérées d’Adrianne Lenker suscite, par contraste, le besoin impérieux de se confronter à une version infiniment plus incarnée de l’humanité. Continuer la lecture de « Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars) »

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The Proper Ornaments, Six Lenins (Tapete records)

Presque dix ans de carrière discographique pour The Proper Ornaments et toujours le même sentiment diffus : le groupe semble être si fragile et pourtant il résiste fort bien. Peut-être que sa modestie n’y est pas étrangère, la formation évoluant régulièrement dans l’ombre des autres projets de James Hoare. Qui aurait misé un penny sur le duo formé par Max Oscarnold (ex-Let’s Wrestle et actuel membre de TOY) et le guitare de Veronica Falls à l’époque de la sortie du premier single sur le label Make a Mess ? Continuer la lecture de « The Proper Ornaments, Six Lenins (Tapete records) »

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Sunn O))), Life Metal (Southern Lord)

Les intéressés vous le diront tous, un concert de Sunn O))) est une expérience vraiment unique. Le groupe joue si fort que les fréquences basses ne font pas uniquement vibrer les tympans mais les corps tout entiers. Ces performances sont aussi jubilatoires qu’éprouvantes, à en juger par les sourires extasiés des uns et les flaques de vomi laissées par les autres (il se peut que ce soit les mêmes spectateurs). Et sur disque ? Que reste-t-il de cette musique lorsqu’elle est diffusée sur nos modestes sound-systems domestiques ? Est-il possible d’écouter Sunn O))) avec ses seules oreilles ? Continuer la lecture de « Sunn O))), Life Metal (Southern Lord) »

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Aldous Harding, Designer (4AD)

Aldous HardingQuand Aldous Harding mentionne le besoin d’un tatouage dans Pilot, l’avant-dernière chanson de son nouvel album Designer, c’est afin de se cacher, de se procurer un abri. L’envie est forte de lui faire parvenir une carte postale rassurante au dos de laquelle serait écrit : « Vous n’avez besoin d’aucun tatouage pour vous dissimuler, votre disque suffit. Bien amicalement. »
On avait fréquenté la Néo-Zélandaise il y a deux ans grâce à Party, disque suffisamment émietté et habité – contrastes, bruits, respirations –, suffisamment bizarre et fragile pour le laisser s’insinuer durablement. Continuer la lecture de « Aldous Harding, Designer (4AD) »

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Igor Wakhevitch, Kshatrya (The Eye of the Bird) (Transversales)

Igor Wakhevitch KshatryaDès Lovesong to Ekalavya, « prologue  » qui ouvre Kshatrya, enregistrement d’Igor Wakhevitch datant de 1999 et revisité pour le label Transversales (Jonathan Fitoussi et Sebastien Rosat), c’est l’omniprésence du matériau modulaire et analogique qui s’impose tout particulièrement. Rien de très étonnant pour ce pionnier français de l’usage des synthétiseurs ARP2600, Moog et AKS, proche du Groupe de Recherches Musicales (GRM), de Pink Floyd, Soft Machine ou de Jean-Michel Jarre : il s’agit bien ici, avec l’exaltation caractéristique des grands défricheurs, d’aborder ces zones du psychédélisme électronique qui s’ouvraient alors à l’exploration. Aux côtés de Tangerine Dream, du Morton Subotnick de Silver Apple Of The Moon ou encore du Terry Riley période Les yeux fermés, le travail de Wakhevitch évoque ce moment si singulier de la musique de la deuxième moitié du XXe siècle au cours duquel esthétique planante et recherche avant-gardiste ont convergé. Continuer la lecture de « Igor Wakhevitch, Kshatrya (The Eye of the Bird) (Transversales) »

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Chris Cohen, Chris Cohen (Captured Tracks)

Dans la famille Cohen, il faut donc, cette fois-ci, commencer par demander le père. Bonne pioche ? Peut-être pas tant que ça. Kip Cohen, ancien collaborateur de  Bill Graham au Fillmore East, directeur artistique dans les années 1970 chez Columbia et A&M où il encadra les débuts de carrière de Billy Joel, Styx ou Pablo Cruise, a récemment décidé de mettre un terme à 53 années de mariage, révélant publiquement au passage son homosexualité et ses diverses addictions, jusque là consciemment ignorées de ses proches. De quoi sérieusement secouer, on s’en doute, son musicien de fils qui s’est inspiré de ce contexte particulièrement déstabilisant pour composer le dernier volet d’une trilogie entamée en 2012 avec Overgrown Path. Continuer la lecture de « Chris Cohen, Chris Cohen (Captured Tracks) »

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L’Éclair, Sauropoda (Beyond Beyond is Beyond records/Bongo Joe records)

Déjà présentés dans la désormais mythique rubrique Sous Surveillance alors qu’ils s’apprêtaient à nous dévoiler leur album Polymood, il n’aura pas fallu attendre six mois pour que L’Éclair dégaine son successeur et troisième album, Sauropoda. Petit rappel : L’Éclair, c’est ce combo genevois complètement dopé au jazz-fusion et à l’afrobeat que l’on retrouve signé chez les labels psycho-exotiques Beyond Beyond is Beyond et Bongo Joe records. Continuer la lecture de « L’Éclair, Sauropoda (Beyond Beyond is Beyond records/Bongo Joe records) »

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The Leisure Society, Arrivals And Departures (Ego Drain/Modulor)

The Leisure SocietyDepuis quand n’avait-on pas écouté – réécouté même – un double album dans son intégralité dès sa découverte, sans éprouver la moindre trace de lassitude, sans tricher en en fractionnant les longueurs indigestes ou fastidieuses ? On a beau chercher, farfouiller dans les tréfonds de vieux souvenirs d’adolescence : la réponse ne s’impose pas. Contrairement à ce cinquième album de The Leisure Society qui s’est immédiatement incrusté avec une force inattendue dans les recoins d’un quotidien dont il a pris possession depuis quelques semaines. Fascinant jusque dans ses moindres méandres, impossible à déloger de cette place centrale et privilégiée qu’il occupe d’ores et déjà tout près du cœur, le diptyque composé par Nick Hemming et Christian Hardy semble doté d’une force et d’une évidence que ne possédaient pas tout à fait les quatre premiers volets d’une œuvre pourtant très appréciable et conséquente. Continuer la lecture de « The Leisure Society, Arrivals And Departures (Ego Drain/Modulor) »