On trouve encore, parfois, un bonheur ineffable à découvrir les étapes successives de la discographie d’un auteur que l’on aime et que l’on suit depuis l’adolescence. Particulièrement quand elles semblent désormais se succéder comme les phases régulières d’une respiration. Et donc d’une preuve de vitalité artistique – de vie, tout simplement. On se prend ainsi à guetter les moments alternés du souffle. Après la tension contractée et dramatique qui émanait de The Candle And The Flame (2023) – profondément marqué par l’angoisse née de la maladie de sa femme, Karin Baümler –, arrive heureusement le moment de l’expiration relâchée et du soulagement. La chanson qui donne son titre au neuvième album solo de Robert Forster constitue, à cet égard, le seul point de continuité explicite avec les tonalités intimes de l’épisode précédent. Continuer la lecture de « Robert Forster, Strawberries (Tapete Records) »
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Cuneiform Tabs, Age (W.25th/Superior Viaduct)

Au moins on ne pourra pas leur retirer ça.
La biographie qui accompagne le deuxième album de Cuneiform Tabs est hallucinante de prétention, elle est aussi foutrement alléchante. Car quiconque se revendique des Swell Maps, Syd Barrett, Television Personalities ou, plus proche de nous et d’eux, Cindy Lee* a de quoi nous faire dresser au moins un osselet. Pour ce qui est d’Animal Collective, et je sais d’expérience que pas mal d’entre vous y ont cru jusqu’à l’exégèse (j’ai moi-même tenu une bonne demi-journée**) ça me paraît un peu problématique, mais bon. Du coup excusez du peu mais je ne vais pas me gêner pour citer itou un maximum de références.
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Vaillant, Excalibur (Herzfeld)

« Nouveau Salem, nouveau Salò »
Je vous avais récemment relaté un concert de Vaillant dans l’arrière-magasin. Dans une approche simple, de l’électronique et un micro, il avait concassé une sorte de new-wave passée à la moulinette dans un parlé-chanté sur la corde raide, entre hip hop décharné et poésie du cloud dont les jeunes sont friands de nos jours. On n’oublie pas une longue plage en introduction, moitié indus, moitié IDM, rappelant les nombreux efforts instrumentaux (Magie Noire, Mirage Orange…) que Vaillant a produit via Herzfeld depuis quelques années maintenant. On se souvient aussi de Prince de Perse, tube perdu de l’été 2021 où le musicien avait trouvé sa voix. Continuer la lecture de « Vaillant, Excalibur (Herzfeld) »
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Le Pain, Dirge Technique (Slouch Records)
Comme son nom ne l’indique absolument pas, Le Pain est un quatuor basé à Los Angeles, comprenant d’anciens membres de Yucky Duster et Public Practice, pour la petite histoire. Sur ce premier album digne et globalement assez réussi, la plaisante légèreté printanière vient mettre un peu de baume à nos cœurs exténués. À l’écoute de Troisième Groupe, titre d’ouverture de Dirge Technique, chanté dans un français quelque peu cryptique mais charmant, on pense bien sûr à Stereolab qui décidément, de Melenas à Julien Gasc, en aura traumatisé plus d’un.
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Solaris Great Confusion & Original Folks, Vol. 1 (Mediapop / Broken Obstacles)
Je ne sais pas pourquoi – ou peut-être que je sais très bien pourquoi mais que les raisons sont bien trop nombreuses (et heureuses ?) pour les décliner ici – mais ce matin je me suis réveillé avec en tête cette chanson de Prefab Sprout, Life Of Surprises, sans doute pas la plus connue signée par le génial Paddy McAloon même si elle a fini par donner (enfin à peu près) son titre à la compilation du groupe parue en 1992.
Une vie (faite) de surprises, c’est ainsi beaucoup de petits plaisirs – qui pour d’aucuns peuvent paraitre complètement anodins –, comme celui de recevoir un beau matin un lien vers un nouveau disque, un disque bicéphale avec deux groupes à l’honneur dont un qu’on pensait définitivement disparu, après avoir bercé par deux fois les jours et les nuits de la rédaction de la revue pop moderne – canal historique, bien sûr. Continuer la lecture de « Solaris Great Confusion & Original Folks, Vol. 1 (Mediapop / Broken Obstacles) »
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Artificial Go, Musical Chairs (Feel It Records)
Avec son tout nouvel album Musical Chairs, le trio à géométrie variable de Cincinnati/Ohio vient de donner une suite convaincante à son LP inaugural Hopscoth Fever. En 2024, ce premier disque – très court mais qui contenait déjà d’excellentes choses – nous avait mis en appétit et donné envie d’entendre la suite au plus vite. On avait aimé le mélange de guitares en son clair, tantôt jangly, tantôt dissonantes, avec certains éléments stylistiques de l’univers egg-punk – allusion aux rythmiques souvent rapides et saccadées -, mais avec un côté moins rock et presque pop, comme si les regrettés Lithics avaient décidé de calmer le jeu et de sortir de l’orthodoxie du genre. Continuer la lecture de « Artificial Go, Musical Chairs (Feel It Records) »
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Puce Moment, Sans Soleil (Parenthèses Records)
Des musicien-nes et artistes comme John Hassel, David Toop ou Pauline Oliveiros ont théorisé, au tournant des années 1970-1980, un certain type de modernisme alternatif, via les catégories de Fourth World ou de Deep Listening. Une logique de réinvestissement et de réappropriation qui aura guidé tout un pan des musiques de recherche, plus ou moins inscrites au sein d’une démarche d’avant-garde – décentrer le grand récit des musiques expérimentales de son axe traditionnel en instaurant un dialogue avec certaines musiques et pratiques envisagées comme de véritables territoires utopiques. Continuer la lecture de « Puce Moment, Sans Soleil (Parenthèses Records) »
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Roberta Lips, En Plein Cœur (Le Cèpe Records)
Depuis quelques années, une authentique scène power pop a vu le jour dans l’Hexagone. A Rennes avec Food Fight, à Marseille avec Kael et les Remords ou Pogy et les Kéfars, ou encore à Toulouse avec Asphalt, ce genre de pop à tendance punk né à la fin des seventies a su s’implanter durablement. Mais une vague de groupes de power pop entièrement féminins a aussi émergé, comme les belgo-marseillaises Cœur à l’Index et bien sûr les indispensables parisiennes d’Alvilda, qui ont signé chez les anglais Static Shock Records – le label d’Uranium Club from Minnesota, excusez du peu. Continuer la lecture de « Roberta Lips, En Plein Cœur (Le Cèpe Records) »