Living Torch, son précédent disque paru en 2022 , nous avait définitivement convaincu de l’importance de l’œuvre de Kali Malone. Sa prestation au festival Akousma x Présences électronique en 2021 aussi, impressionnante par sa manière de s’approprier le double héritage des musiques électro-acoustiques et du minimalisme drone. Une inscription revendiquée au sein d’une filiation précisément déterminée : on pense à La Monte Young évidemment, mais aussi à Eliane Radigue et Phill Niblock, comme trois figures matricielles d’un travail autour du son et de son étirement temporel. Et c’est ce qui frappe lorsque l’on aborde les pièces de la compositrice et musiciennes américaine, aujourd’hui établie entre la Suède et la France, à savoir la radicalité d’une approche visant une certaine sensibilité méditative. Continuer la lecture de « Kali Malone, Stephen O’Malley et Lucy Railton, Does Spring Hide Its Joy (Ideologic Organ) »
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Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records)
Mine de rien, cela faisait six longues années qu’Émile Sornin ne nous avait pas donné de nouvelles sous la forme d’un long format. Après Rhapsode en 2014, un début tonitruant, Forever Pavot revenait trois ans plus tard avec l’excellent et plutôt intrigant La Pantoufle. L’Idiophone, publié ces jours-ci (le 3 février 2023 pour être précis), chez Born Bad (Bryan’s Magic Tears, Star Feminine Band, Pleasure Principle …), semble formé le troisième jalon d’une trilogie. Depuis Le Passeur d’Armes, les obsessions de Forever Pavot pour les bandes originales françaises des années 60/70 se sont précisées. Il y a du François de Roubaix, du Michel Legrand, peut être même du Vladimir Cosma là-dessous. Continuer la lecture de « Forever Pavot, L’Idiophone (Born Bad Records) »
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The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind)
Attendions-nous quelque chose de Dead Meat, le premier album de The Tubs ? La réponse est non. Il y a encore quelques semaines, nous ne connaissions pas ce groupe londonien formé sur les cendres de feu Joanna Gruesome et signé depuis peu chez les chicagoans Trouble In Mind Records. (Lithics, Dummy, Melenas, En Attendant Ana). Est-ce que ce premier album donne toute satisfaction ? La réponse est oui, un grand oui même. Et c’est une grande surprise car la rencontre avec les chansons de ces quatre mousquetaires n’était pas évidente. Il faut en effet d’abord franchir la (mauvaise) surprise que constitue la pochette de ce disque. Cette dernière a le chic de refroidir toutes les personnes qui avaient des a priori sympathiques à propos du groupe. Une fois franchi ce cap, c’est la terre promise. En effet, les Tubs sont de vrais carnassiers, des hyènes musicales qui braconnent sur toutes les terres. Un peu de Commotions par ici, un peu de l’épatante compilation Strum & Thrum par là… Et surtout des guitares partout. Pour un résultat plus que maitrisé. Continuer la lecture de « The Tubs, Dead Meat (Trouble In Mind) »
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Mozart Estate, Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping (West Midlands/Cherry Red)
Faire part de ses impressions après une seule écoute, je vous le concède, ça n’est pas très sérieux. Mais voilà, ces réflexions sont sorties, à chaud, il y a déjà tant de choses à dire. On verra si c’est un grower, ce qui est possible, dans ce cas, on y reviendra, et d’autres auront d’autres choses à dire, en mieux sans doute. Alors, pour moi, le très grand disque de Lawrence (disons hors Felt/Denim pour segmenter un peu) c’est bien Tearing Up The Album Charts qui est un enchaînement de superbes et puissants tubes d’un autre temps, et dans lequel on sent une urgence liée à une science de la chose musicale hors du commun. Continuer la lecture de « Mozart Estate, Pop-Up! Ker-Ching! and the Possibilities of Modern Shopping (West Midlands/Cherry Red) »
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Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop)
En voilà un qui a pointé le bout de son nez à la dérobée : on cuisinait, ce qui occupe la plupart du temps, et un algorithme d’après-disque a glissé la chanson Working, et malgré un timbre de voix, un calme, une atmosphère, un composé de discrétion, on s’est regardé frappé d’évidence, on a lancé la première plage d’un disque – écouté deux fois à sa sortie d’une oreille très certainement très distraite –, on a plongé sans délai, et depuis Naima Bock et son premier album Giant Palm enchantent le début d’année.
Et le meilleur : ce disque aurait trente ou quarante ans au lieu d’un, on le trouverait aussi formidable. Continuer la lecture de « Naima Bock, Giant Palm (Sub Pop) »
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Belle And Sebastian, Late Developers (Matador/Beggars)
Dans une dimension parallèle où la pureté esthétique règnerait sans partage, Stuart Murdoch et sa bande auraient cessé toute activité musicale il y a bien longtemps pour n’abandonner à la postérité qu’un legs rendu incontestable par sa densité et sa brièveté. Belle And Sebastian y ferait sans doute l’objet d’un culte plus fervent et, dans les rangs clairsemés des adeptes, on ne débattrait plus alors que de la juste position du curseur historique, variable selon la hauteur fluctuante des exigences. « Rien d’essentiel après If You’re Feeling Sinister, 1996 » péroreraient les plus intègres ; « Il y avait tout de même de belles choses jusqu’à Dear Catastrophe Waitress, 2003 » répondraient les réformistes indulgents. « Tout cela ne vaut ni les Beatles ni les Smiths ! » finiraient par conclure, inévitablement, la frange maussade et radicalisée. Continuer la lecture de « Belle And Sebastian, Late Developers (Matador/Beggars) »
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Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records)
Tomber en émoi pour un disque n’arrive pas souvent. Passer son temps à écouter la multitude de parutions, trouver que dans cette multitude, nombreuses sont les productions agréables. Apprécier une première écoute, la réécouter parfois avec beaucoup de plaisir, voire de l’émotion, souvent fugaces. Mais tomber amoureux d’un disque, c’est rare. Ça vous prend par surprise, vous êtes presque méfiant de ce disque beaucoup trop joli pour être authentique. Très vite, vous ne pouvez plus passer une journée sans écouter ce disque au moins trois fois par jour. Si vous n’avez pas le temps alors survient le manque et vous pensez à lui inlassablement. Vous voudriez qu’il soit toujours à vos côtés. Même lorsque vous l’écoutez, vous êtes déjà en train de projeter la fin et le manque surgit alors qu’il est encore là. L’instant présent n’existe plus ? Continuer la lecture de « Nick Wheeldon’s Demon Hosts, Gift (Le Pop Club Records) »
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Drugdealer, Hiding In Plain Sight (Mexican Summer)
Depuis 2016, Drugdealer publie patiemment un nouvel album tous les trois ans. Hiding In Plain Sight rejoint Raw Honey (Mexican Summer, 2019) et The End of Comedy (Weird World, 2016). Derrière ce pseudonyme intoxiqué, Michael Collins. Le musicien est actif depuis le début des années 2010 en solo (Run DMT, Salvia Plath) ou en groupe (Silk Rhodes). Toutefois, son rôle est est ici celui d’un chef d’orchestre et principal compositeur : Michael Collins invite en effet nombre de ses amis à participer à ses disques. Par le passé, Weyes Blood avait par exemple chanté sur Suddenly ou Honey. Peut être très prise par sa propre carrière, elle est absente de Hiding In Plain Sight, mais le casting reste impressionnant. Continuer la lecture de « Drugdealer, Hiding In Plain Sight (Mexican Summer) »