Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , , , ,

Brooke Combe, Dancing At The Edge Of The World (Modern Sky)

On ne l’a pas tout de suite su, mais c’était là dès le début. Dès l’achat de The Gift de The Jam (au printemps 1982, après le concert à Amsterdam diffusé dans l’émission Mégahertz d’Alain Maneval) et l’une des photos de la pochette intérieure – une photo bleutée où un type réalisait une sorte de figure acrobatique ; dès le premier album de Dexys Midnight Runners aussi, les hommages à Geno et bien sûr, la reprise – dont on a mis du temps à apprendre que c’était une reprise. Et ensuite, c’est revenu comme un ressac au fil des ans, des clins d’œil, des hommages, un titre, un nom, un état d’esprit. Paul Weller – que reprend d’ailleurs Brooke Combe avec brio – comme chef de file, à la tête du Style Council puis en solo. The Verve et son deuxième album qui portait un titre sans ambiguité. Le single incroyable de Contempo, U B Naughty, les samples de Spearmint, les clins d’œil de Pulp ; Doves et le nom du label où tout  a commencé – Casino –, la réinvention de Texas – et la culture du bassiste Johnny McElhone, n’en déplaise à beaucoup –,  les plaisirs simples de Tindersticks… Mais tout le reste aussi : Tainted Love de Soft Cell, le set DJ de Bob Stanley – je crois que c’était en 2002 – au Pop In (notre Casino à nous, justement), les coups de cœur de Birdie, l’une de mes toutes premières playlists pour Les Vinzelles – intitulée Hit The North(ern soul) – que j’avais d’ailleurs imaginée pour tenter d’impressionner l’une des deux patronnes… Continuer la lecture de « Brooke Combe, Dancing At The Edge Of The World (Modern Sky) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , ,

Slow Leaves, In Solitude, For Company (Birthday Cake Records)

Je n’écris pas de chansons tristes, j’écris des chansons sur la solitude. Je crois que c’est à partir de ce moment là, quand j’ai lu ces mots, ces mots qui m’ont parlé, que j’ai définitivement chaviré et que j’ai plongé tout entier dans les 14 titres de In Solitude, For Company de Slow Leaves, le projet de Grant Davidson, un musicien canadien qui vit à Winnipeg. Après trois albums réalisés avec un budget très limité sous son propre nom, a fait ses débuts sous le nom de Slow Leaves en 2014 avec Beauty Is So Common, suivi de Enough About Me (2017), Shelf Life (2020), Holiday (2021), Meantime (2023) et enfin, In Solitude, For Company (2025). La vie est semée de ces miracles que peuvent toujours espérer les personnes qui aiment et pour qui aime la musique, pour qui aime les voix douces, pour qui aime ces guitares d’un autre temps, pour qui aime, tout simplement, ce disque est un miracle. Il y a quelque chose qui bouleverse et qui bouleversera ceux qui accepteront de se laisser emporter par ces chansons dépouillées – une voix, une guitare – mais tellement riches – de mélodies discrètes, de mots justes -. Continuer la lecture de « Slow Leaves, In Solitude, For Company (Birthday Cake Records) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , , ,

Bandit Voyage & Milla Pluton, Millacore (Cheptel Records)

Quand on écrit sur un disque, on commence généralement par parler du label, de l’historique, tout ça — c’est l’usage, ça marche, c’est bien. En l’occurrence, ce serait cependant mentir un peu : je ne connaissais ni Milla Pluton, ni Bandit Voyage, ni même Cheptel Records. Et puisque nous sommes à l’heure des confidences, j’avais à peine entendu parler de la Suisse, où vit tout ce monde. Ah si ! Je sais qu’un certain nombre de Françaises et Français traversent cette frontière chaque jour, quitte à se foutre dans des bouchons interminables – infirmières, contrôleuse de gestion, vendeur en prêt à porter, universitaire… j’en passe, et des meilleurs. C’est donc plutôt par hasard que je suis tombé sur cet album, en fouillant les goûts de je-ne-sais-qui sur last.fm — vous savez, ce site aujourd’hui très démodé qui enregistre, compte toutes vos écoutes. J’ai tout de suite trouvé ça superbe et, une vingtaine d’écoutes plus tard, je suis encore du même avis. Continuer la lecture de « Bandit Voyage & Milla Pluton, Millacore (Cheptel Records) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , ,

Young Gun Silver Fox, Pleasure (Légère Recordings)

Young Gun Silver Fox PleasureAvec une régularité presque métronomique, à raison d’un album tous les deux ou trois ans, Young Gun Silver Fox fête dix ans de carrière discographique avec Pleasure, sorti le 2 mai dernier, toujours chez Légère Recordings. Derrière ce curieux patronyme, nous trouvons un duo : Andy Platts, le jeune loup britannique et Shawn Lee, le renard argenté étatsunien. Le premier chante (également dans les Mamas Gun) et le second, multi-instrumentiste, arrange. Depuis une décennie, Young Gun Silver Fox explore le son des années 70 et plus particulièrement ce que l’on nomme désormais yacht rock, mais aussi (plus historiquement) AOR, soft rock ou westcoast. Continuer la lecture de « Young Gun Silver Fox, Pleasure (Légère Recordings) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , ,

Panda Bear, Sinister Grift (Domino)

Animal Collective a très brièvement été considéré comme un sommet musical inégalable (entre 2006 et 2009) avant de devenir complètement has been, emporté par le naufrage de l’indie rock, des voix haut perchées et des pseudonymes se référant à la faune. Bien à tort. Ce qu’a fait Panda Bear / Noah Lennox est d’intérêt et, parfois, sublime. Bien avant 2006, sa discographie avec Avey Tare / David Porter est un recueil de psychédélisme foisonnant et lyrique. Lyrique : ce mot est important. Ils n’ont pas (ou rarement) fait de la musique pour de la musique, pour s’émerveiller de leur propre inventivité (ils auraient pu). Ils ont cherché l’émotion. Continuer la lecture de « Panda Bear, Sinister Grift (Domino) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , ,

Daga Voladora, Los Manantiales (Lovemonk)

Ça tient parfois à peu de choses, les rencontres. Un retard de quelques minutes ; la recherche d’une rue, d’une adresse dans une ville inconnue ; un post sur un réseau social signé d’un “ami” qu’on suit depuis longtemps mais avec assez peu d’assiduité et qui lui-même poste avec encore moins d’assiduité sur un blog – oui, un blog ! – des articles sensibles dans la langue de Cervantes. Il y a quelques semaines, il a ainsi écrit au sujet du concert de Dean Wareham à San Sebastian, dans une salle nommée Dabadaba dont on a découvert l’existence grâce aux épatantes Melenas ; ce même Dean Wareham dont on a un temps caressé l’idée de sa présence aux Vinzelles et puis, non – et oui, j’imaginais déjà les premiers accords de la reprise de Ceremony… Mais le temps n’est pas aux regrets. Continuer la lecture de « Daga Voladora, Los Manantiales (Lovemonk) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , ,

White Magic For Lovers, The Book Of Lies (Chord Orchard)

The Book of Lies White Magic for LoversPour la plupart d’entre nous, il a surtout fait partie de ces quelques étoiles filantes dont l’éclat avait brièvement scintillé dans le firmament de l’indie-pop au tout début du siècle avant de s’estomper progressivement à nos horizons, sans doute trop limités. Le groupe s’appelait The Electric Soft Parade et, le temps d’un premier album magistral – Holes In The Wall (2001) – il était apparu comme l’un des candidats les plus sérieux à la succession de The Boo-Radleys sur le trône vaquant du psychédélisme britannique. Le coup d’essai a injustement éclipsé presque tout le reste. Mais si le début de carrière stellaire du groupe s’est prématurément achevé face à trop d’indifférence, il n’a jamais complètement filé. Continuer la lecture de « White Magic For Lovers, The Book Of Lies (Chord Orchard) »

Catégories Chronique en léger différéÉtiquettes , , , ,

Magon, World Peace (autoproduit)

MagonCe qu’il y a de délicieux avec la musique, avec l’art en général, c’est que tout se passe comme si, grâce à eux, on pouvait à nouveau tomber amoureux un nombre indéfini de fois sans pour autant que ces attachements soient incompatibles entre eux, comme si on pouvait en quelque sorte vivre à l’infini l’impossible expérience d’un polyamour heureux. Parfois, alors qu’on se complaisait allègrement dans nos habitudes esthétiques, qu’on se contentait avec paresse d’écouter et de réécouter nos disques fétiches, on tombe par hasard sur un un artiste inconnu aux charmes duquel on se laisse prendre sans s’y attendre. On écoute une chanson – il s’agissait pour moi, avec Magon, de l’hypnotique Right Here (Did you Hear the Kids ?), 2023 – et commence alors le premier moment de la fameuse cristallisation décrite par Stendhal.

Continuer la lecture de « Magon, World Peace (autoproduit) »