Axolotes Mexicanos, :3 (Elefant Records)

Axolotes MexicanosFou comme on croit parfois se targuer d’écouter régulièrement de la pop, jusqu’au jour où l’on se retrouve réellement le nez dedans. Avec du sucre plein la figure, terrassé par un torrent de mélodies si franches et si bubblegum qu’elles filent du rose aux joues et des constellations dans la pupille. Avec Axolotes Mexicanos, ça se passe comme ça. Trente secondes chrono avec eux et voilà le cœur qui flagelle, foudroyé par la timidité. On se trouve tout embrassé face au sourire franc et radieux d’un album si coloré et si puissamment jovial, qu’aucune once de morosité ou d’ironie ne pourrait abimer. Un album si indubitablement pop qu’on lui laisserait bien l’exclusivité de l’étiquette. Cela fait déjà depuis 2015 que le quintet espagnol nous fait ce coup-là (avec les introductifs Holi <3 puis Salu2), mais un cap a été franchi avec leur brillant troisième album (intitulé :3, façon cat face), adorable collection de tubes fluo redoutables, faisant l’effet d’un soleil artificiel irradiant tout, même sous un ciel façon couvercle le plus bas et lourd possible.

Il y a un peu de tout au menu. Une attitude de globe-trotters à la Kero Kero Bonito dans la façon de s’abreuver de vibes j-pop sur des mélodies qui tiennent presque de la comptine (cet Opening en fanfare à la Kyary Pamyu Pamyu qui terrassera les diabétiques de la pop avant même que le refrain commence). Plus loin, quelques sons 16-bits enchâssés dans une attitude pop-punk pétillante en feraient des cousins européens d’Anamanaguchi (l’explosif Que Te Pires). Et puis une allégeance pour le panthéon de la twee sensible et de l’indie intime (espagnol évidemment, ils ne sont pas signés chez Elefant Records pour rien, mais pas seulement) qu’on aurait dynamité avec une énergie power pop toute moderne sur des pépites comme Cuando_estoy_contigo.mp3.

Axolotes Mexicanos
Axolotes Mexicanos / Photo : Sergio Albert

Mais loin d’être un banal amalgame d’influences en vrac qui gaverait avant même de sustenter, :3 déborde surtout de personnalité et de charme, donnant envie de s’attacher sur chaque chanson, en savourant toutes les mélodies comme des petits cadeaux faits à soi-même, jusqu’en s’en trouver une fétiche, dont la seule évocation donnerait envie de réécouter tout l’album instantanément. Pour l’auteur de ces lignes, c’est peut-être la façon dont la chanteuse Olaya Pedrayes atteint la note aiguë sur le refrain de Cara Da Idiota : quand, après nous avoir chanté de sa voix si claire qu’elle avait « une gueule d’idiote quand tu me touches » (fait-on plus twee ?), elle lâche « eeeeeeeees lo que sooooy » tandis qu’une guitare électrique tricote de l’arpège scintillant, moment de pur miel. Mais il y en a tant d’autres, ça déborde de partout. Le synthé MIDI glorieux qui couine sur l’épique No Sé Si Llamarte, la bascule punk entre couplet et refrain de l’hilarant Te Quiero (…) qui passe du romantisme à la strangulation, ou encore la façon dont les accords qui retombent sur l’excellent Quiero Que Vengas sont appuyés par des petits xylophones mignons au possible. Une pétillante profusion de petits riens passionnément pop qui confirme le talent d’une formation qui n’en finit pas de grandir sans jamais trahir son indispensable énergie juvénile.


:3 de Axolotes Mexicanos est disponible chez Elefant Records.

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