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Kim & Cléa, Quelque chose qui me chiffone / Antinomique (autoproduction)

« Chercher à mettre un rond dans un carré / Célébrer l’animal et le manger / Hidalgo dans les limbes à Paris / Y’a du sang dans les fresques d’Annie »

Il n’est jamais trop tard : je découvre en ce moment l’objet idéal de ma vocation tardive de rock-critique (et de Monsieur Du Snob, un peu) : le tout petit tirage. Si possible amical et confidentiel, il détient ce quelque chose d’humanité et de proximité qui renverse la table de l’habitude. Pressé, dupliqué, gravé, scotché, crayonné, passé de la main à la main, ou mieux, envoyé par la Poste, il exhale à une micro échelle ce petit goût de l’attente, ce parfum de découverte, cette jouissance de l’instant, tout en trouvant la quantité adéquate à son rayonnement intime. Continuer la lecture de « Kim & Cléa, Quelque chose qui me chiffone / Antinomique (autoproduction) »

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Le club du samedi soir#35 invite le fanzine Parklife

Photo : Matthieu Marmillot

Quand j’ai découvert Parklife 060, quasiment dix ans après sa sortie – c’est vous dire si je suis câblé comme disait Mitterrand -, je ne me doutais pas qu’un second numéro était au programme. C’est en interviewant Mathieu Marmillot, chef d’entrepriseS (Manson’s Child, Parklife, le label et le fanzine, entre autres) de Colmar, cette ville à mi-chemin entre Mulhouse la rebelle exhaltée et Strasbourg la belle endormie, pour la collection Papivole, qu’il m’a donné ce scoop. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir#35 invite le fanzine Parklife »

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Porta’s, L’Argenté du Népal (Poor Records / Stomoxine)

« Ouais… C’est super ! C’est génial ! « 

Marrant d’évoquer des oeuvres si minuscules (après Les Sapins de la nuit de Renz, ça va devenir une habitude), celle-ci tirée en vinyle 45t à 10 exemplaires par le label suisse bien nommé Poor. Son support, sans doute épuisé en quelques minutes, qu’en reste-t-il après le jour (l’heure) de sa sortie (jeudi dernier)? Il en reste déjà une empreinte numérique augmentée de trois inédits qui permettra à ceux à qui l’objet des Porta’s aurait échappé de se rattraper. Et surtout, une étrange vibration, celle de sa chanson titre Insupérable, néologisme (je comprends : « qui ne peut être qualifié de super »?) qui met sur la piste de la nature même de sa petite musique : impure, mutante, amateure, spontanée, elle émerge en petit comité d’un terreau familial et amical qu’on devine patient, passionné, artisanal.
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My Jazzy Child, Innéisme (Akuphone)

Revenu du diable vauvert, Damien Mingus était un très proche du label Clapping Music, galaxie noire implosée il y a quelques années qui irrigue encore les musiques d’ici. Sous son masque de My Jazzy Child, il explore une musique de marges en se tenant toujours sur un fil sans jamais vouloir tomber définitivement dans une cuve étiquetée : ni pop, ni prog, ni bruitiste, ni folk, ni savant, il est trop curieux pour s’encombrer de certitudes, et aime les surprises. Continuer la lecture de « My Jazzy Child, Innéisme (Akuphone) »

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10. Une rose est une rose (feat. Thousand)

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, “Providence” (Vietnam)

Pépite de deux minutes et vingt secondes lovée dans le dernier quart de l’album de Chevalrex, cette petite chose qui galope, manches de guitares au vent, vaut bien sûr par l’apparition surprise de Thousand – il faudrait redire « cette voix ! » à chacune de ses sorties – éloigné de son univers crypté et cabossé (Le tunnel végétal en 2019, et Au paradis, l’année dernière). La confrontation amicale qui en résulte installe Stéphane Milochevitch dans une sorte d’ouate accueillante dans laquelle il va fredonner et échanger avec la voix tendre du propriétaire des lieux, Rémi Poncet, une sorte de buddy movie de poche. Continuer la lecture de « 10. Une rose est une rose (feat. Thousand) »

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Antoine Loyer & Mégalodons malades / Bégayer, Sauce chien et la guitare au poireau (Gluck, Le Saule)

« Vous êtes plus penchés que nous, vous êtes trop lourds parce que vous êtes penchés, et vous êtes penchés donc vous tombez dans la boue »

Quand Antoine m’a proposé d’écouter ce disque longtemps avant sa sortie (repoussée plusieurs fois, dans l’espoir de le voir s’accomplir sur scène j’imagine), j’y ai d’abord décelé, au doigt mouillé et à vue de nez, une approche assez simple, folk(lorique) et expé. Puis j’y ai décelé des pistes pour l’avenir des musiques vivantes, peu ou prou. Car ce disque bicéphale, une face Bégayer, une face Antoine Loyer & Mégalodons malades, fait écho à une tribune récente de Vincent Moon qui m’avait passionné. Après avoir fait le tour du monde des musiques, disons de transes pour aller vite, celui-ci détaillait son nouveau projet sur le territoire ; le bien nommé Territoires, justement. Continuer la lecture de « Antoine Loyer & Mégalodons malades / Bégayer, Sauce chien et la guitare au poireau (Gluck, Le Saule) »

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Devs, bande originale de la série (Invada)

devs ost

Mon année 2020 a été marquée par une expérience télévisuelle intense : la série américaine Devs raconte l’histoire d’un laboratoire très secret de recherche et développement, mis en place par une entreprise de haute technologie qu’on devine hégémonique (à la GAFAM). Installée dans une forêt à quelques kilomètres de San Francisco, Amaya, c’est son nom, est dirigée par une sorte prophète de l’informatique, Forest, qui ressemble au Brian Wilson barbu de 1977, et qui a mis au point, avec son équipe, un ordinateur ultra puissant, objet de nombreuses convoitises. Ce thriller ne s’arrête heureusement pas à ce postulat, entre espionnage et hard science, mais déroule un monde passionnant qui s’étend sur huit épisodes sans aucune faiblesse, se permettant même d’aboutir à une fin satisfaisante – chose de plus en plus rare – qui boucle une intrigue serrée, sans en affaiblir la portée follement stimulante. Continuer la lecture de « Devs, bande originale de la série (Invada) »

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Delphine Dora, L’inattingible (Three:Four)

« Comment décrire
ce qui ne nous est jamais apparu ? »

Il est des disques – L’inattingible est sorti l’hiver dernier, une éternité – qui mettent du temps à se révéler, auxquels on s’accroche sans trop savoir pourquoi, puis qui tombent comme une évidence quand on pense à nos satanés bilans de l’année. Il est des disques qui ne se présentent pas avec le mode d’emploi, qui ne sont pas là pour vous prendre par la main. Ou plutôt si, pour vous amener en pleine forêt et vous y abandonner, comme un Petit Poucet, privé de cailloux et d’encyclopédie du rock. L’inattingible est de ceux-là, et si comme moi, votre vocabulaire est légèrement allergique aux termes à la mode, genre sorcière, il va falloir creuser un peu pour décrire ce qui vous met en joie en cette fin d’année magnifique par la densité en propositions musicales d’ici hors du commun. Continuer la lecture de « Delphine Dora, L’inattingible (Three:Four) »