On dit du souvenir qu’il embellit – c’est alors, je crois, qu’il se métamorphose en nostalgie. Sincèrement, je n’en sais rien… Mais ce n’est peut-être pas faux. Combien de fois, sur la seule foi d’une photo, d’une mélodie qui trottait dans la tête, d’une odeur, d’une sensation, est-on parti sur les traces d’un passé plus ou moins récent pour – parfois, souvent ? – constater que ce n’était plus tout à fait comme avant – comprendre que c’était un peu décevant ?
C’était il y a onze ans. Pour le compte d’une revue dont on taira une nouvelle fois le nom, je croisais la route de l’auteur et dessinateur Hervé Bourhis à l’occasion de la sortie de son Petit Livre Rock, ouvrage à la couverture rouge et au format de 45 tours qui retraçait, par le parti-pris(me) de son auteur, l’histoire de cette musique qui ne cesse de mourir – ou de ressusciter, comme vous préférez – depuis sa naissance. Grandi à Tours, Parisien quelque temps avant de prendre la tangente pour poser ses crayons à Bordeaux, le jeune homme réunissait alors pour la première fois ses deux passions. Batteur et / ou chanteur au sein de groupes que l’histoire a vite oublié, mais dessinateur et / ou scénariste talentueux – que ce soit pour raconter des fictions ou croquer ce qui fut / est la réalité –, Hervé Bourhis avoue écrire dans le silence mais dessiner en musique. Celui qui, entre Lennon ou McCartney, choisit Brian Wilson a fait de son idée de Petit Livre une série, qui lui a permis de détailler la Ve République ou la bande dessinée, mais surtout de renforcer son image de mélomane aux goûts éclectiques (la musique noire, les Beatles). Aujourd’hui, il sort, avec l’aide de Hervé Tanquerelle, un Petit Livre de la French Pop (Dargaud), qui conte l’histoire musicale hexagonale de 1956 à nos jours. L’occasion était trop belle pour ne pas demander à Hervé Bourhis les dix chansons tricolores qui lui filent des frissons.
En jetant un coup d’œil aux photographies de Louis Teyssedou – même si elles valent surtout le coup qu’on s’y attarde –, me revient en mémoire cette jolie phrase de son homologue Philippe Lévy : “Il n’existe pas de bonnes idées, juste un beau moment, une expression, un regard …” À Amiens – où je me souviens avoir vu Moose un beau soir de 1993 ou 1994, mais c’est une autre histoire –, ce professeur trentenaire est tombé pour l’indie pop en découvrant Oasis et son single parfait (ou pas loin), Supersonic. Qu’en reste-t-il vingt-cinq ans plus tard ? Certes, plus aucune Cigarettes et plutôt du vin rouge quand il est question d’Alcohol , mais une passion intacte (ou exacerbée, au choix), alimentée par les fils d’une pelote qui ont conduit Louis plus que de raison vers la prude Albion ainsi que vers le webzine Soul Kitchen, dont il noircit les « pages » depuis dix ans exactement. Entre deux corrections, il est aussi un photographe hors-pair, qui, après avoir privilégié le Polaroid, ne travaille qu’en argentique. Auteur de ces propres tirages, déjà convié deux fois pour des expositions d’urbex, véritable « passeur » désireux de partager sa passion et de la voir passer de père en fils (comme en témoigne la très douce photo d’ouverture), Louis Teyssedou inaugure, avec dix portraits sélectionnés par ses soins, notre série dédiée aux photographes de la chose musicale. Mais, au final, surtout humaine. Continuer la lecture de « Pictures On My Wall #1 : Louis Teyssedou »
Les gens rouspètent, soufflent, s’impatient. Vivement le printemps… Ah bon ? Le printemps ne serait pas grand chose sans l’hiver. Sans ces jours qui semblent passer en accéléré tant le soleil disparait aussi vite qu’il était venu. Mais quand la nuit s’installe, c’est autre chose. Le temps attend – quoi, on ne sait pas ou l’on ne veut pas savoir. L’hiver, ce n’est pas une saison en enfer. C’est une saison où certaines chansons prennent une autre dimension. Une saison où les rêves attendent d’être vécus… Une saison où il faut (savoir) prendre le temps. Et en musique, c’est toujours mieux. Toujours.
C’est l’histoire d’un coup de foudre. Ou plutôt de coups de foudre. Parce qu’il y en a déjà eu. Plusieurs. Depuis maintenant quatre décennies – environ, ne chipotons pas. Des émois démesurés, qui sans doute n’arrivent pas qu’à moi… Poser un disque vinyle sur la platine, glisser un CD dans le lecteur, lancer un fichier MP3 (qu’importe le flacon, vraiment…), et en l’espace de quelques secondes, savoir que la chanson ne pourra pas nous décevoir. Savoir qu’on va la réécouter en boucle – pour certaines, d’une manière presque (pourquoi presque ?) obsessionnelle… Savoir que parfois, on lui sera infidèle – quelques heures, quelques jours, quelques mois, quelques années. Et que les retrouvailles seront aussi intenses que la première fois – frissons et chair de poule comme effets visibles par d’éventuels témoins. Il y en a plusieurs des comme ça… Je pourrais dresser une liste – ou mieux, en faire une playlist (note pour plus tard, donc) –, mais elle serait (trop) longue. Continuer la lecture de « Ultracrush : Nouvelle vague »
Au détour des réseaux sociaux, j’ai appris hier que Psychocandy, le premier album de The Jesus And Mary Chain (ex-aequo, je crois, avec I Love You But I’ve Chosen Darkness dans la course au titre du meilleur nom de l’histoire) fêtait ses trente-trois ans. Avec un passé où se croisent une éducation judéo-chrétienne et quelques années de Fac d’histoire, la référence m’a paru suffisamment savoureuse pour que je rallume mon vieil ordinateur professionnel afin de retrouver quelques lignes que j’avais dû écrire au sujet de ce disque que j’avais reçu en 1985 (l’année de mon bac et d’autres petites choses un peu plus importantes) comme un uppercut en plein ventre – même si deux singles et le concert parisien des Bains-Douches (oui, j’avoue, j’en étais) avaient annoncé la douleur. Visiblement, je n’étais pas resté suffisamment sur mes gardes… Trente-trois ans plus tard, ces chansons, ces larsens, ces rythmiques spectoriennes, ces mélodies inusables, ces photos n’ont pas pris une ride. La claque reste la même. Et j’en redemande.
Alors qu’un premier single est sur le point de paraitre – un peu comme si, au hasard, Lush épousait John Barry – et que les premières dates de concerts viennent d’être annoncées, retour en chansons sur le passé musical des quatre membres de Piroshka. Car derrière ce nom exotique, se cachent Miki Berenyi (Lush), Justin Welch (Elastica), Mick Conroy (Modern English) et, last but not least, Kevin J McKillop (Moose), acteurs aux fortunes diverses dans les années 1980 et 1990 qui, un premier album sous le bras, prouveront en 2019 que le talent, l’inspiration et l'(im)pertinence n’ont que faire du nombre des années…