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The Apartments – Sans Domicile Fixe (1995)

The Apartments
Interview The Apartments, extrait du numéro 1 de la RPM, daté de mars-avril 1995.

On ne doit pas rencontrer ses héros ? Sans doute. Mais il y a toujours des exceptions. Lorsque j’ai rencontré Peter Milton Walsh pour la première fois, c’était dans les locaux de son label français – New Rose, peut-être – un matin de novembre, au lendemain d’une prestation électrique au festival des Inrockuptibles. Je crois qu’il avait une légère gueule de bois – et il n’a donc pas dû s’apercevoir que je tremblais légèrement et que j’avais la bouche désespérément sèche. Au moment de lancer le magnéto pour enregistrer ses propos, je ne me doutais pas qu’on parlerait de Kylie et de Dusty, je ne me doutais pas qu’il me laisserait un exemplaire de son premier 45 tours. Et je me doutais encore moins qu’un quart de siècle plus tard, j’écrirais encore à son son sujet – avec la même peur de ne pas être à la hauteur. 

À l’orée des années 90, on avait depuis longtemps rédigé l’épitaphe de Peter Walsh et de The Apartments. « Compositeur australien surdoué, contemporain de Robert Forster et de Grant McLennan, responsable d’un album essentiel – The Evening Visits… Ans Stays For Years – et d’une poignée de singles. A disparu aux environs de 1987, sans laisser d’adresse ». Et puis, l’an passé, l’homme donnait de ses nouvelles, comme si de rien n’était. Drift, disque bleuté et séduisant, confirmait un talent intact. Aujourd’hui, Peter Walsh annonce même la sortie prochaine d’un nouvel album. Une occasion rêvée pour une visite guidée inespérée. État des lieux.

Interview : Les Frères Poussière. Photos : Michelle Pavlou

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Le club du samedi soir #16 : The Apartments

Peter Milton Walsh, The Apartments
Peter Milton Walsh, The Apartments

Et alors, on écrit quoi ? On écrit quoi sur un groupe au sujet duquel on a déjà tant écrit ? On écrit quoi sur un groupe qu’on chérit – et peut-être le dernier groupe pour lequel on serait encore prêt à en venir aux mains ? On écrit quoi sur un groupe dont on pense à chaque disque qu’il a réalisé son meilleur album alors que bien évidemment, le suivant nous fout à nouveau par terre, nous laisse le souffle coupé, nous donne envie de nous servir un dernier verre ?  Alors, on écrit quoi ? Des faits, peut-être. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #16 : The Apartments »

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Holy Shit reprend « Tomorrow » de The Durutti Column (inédit)

Matt Fishbeck (Holy Shit)

Il y a quelques semaines (autant dire dans une autre vie – c’était au mois de mai je crois), j’ai déjà écrit toute ma fascination pour l’Américain Matt Fishbeck, un esthète comme on n’en croise plus aucun dans l’univers de la musique pop, taillé dans l’étoffe d’un héros d’un film de Pasolini – si tant est qu’il y ait des héros dans les films de Pasolini, mais c’est une autre histoire. Une fascination qu’est venue nourrir ce matin, presque au réveil (Matt Fishbeck est de ceux qui font attention au décalage horaire, une qualité assez rare pour être soulignée), la réception d’une reprise via un lien YouTube. Mais reprise n’est sans doute pas le mot le plus juste. Il s’agit plutôt d’une relecture.

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Nancy Sinatra : « Il me reste quelque chose à accomplir, mais je ne sais pas ce que c’est… »

Nancy Sinatra

L’icône du cool a fêté ses 80 printemps il y a tout juste quelques semaines, début juin. Celle qui n’a pas sa langue dans sa poche sur les réseaux sociaux – c’est une fervente engagée anti Trump – revenait sur ses dernières rencontres artistiques (Morrissey, avant qu’il ne sombre dans les considérations politiques douteuses, et Jarvis Cocker) à l’occasion de la sortie de son dernier album studio à l’automne 2004 auquel ont également collaboré Thurston Moore, Joey Burns de Calexico, Steven Van Zandt ou Bono. Nicolas Gabrielle l’avait interviewée. Le genre de rencontres dont on ne se remet pas tout à fait.
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Jarvis Cocker : « Il est important d’avoir dans son existence une saine dose d’ennui car elle peut procurer un élan intéressant. »

Jarvis Cocker sur la pochette de son album solo de 2006.

Quelques jours à peine avant la sortie de Beyond The Pale, le nouvel album de son projet JARV IS…, nous avons décidé de revenir sur un moment important de sa carrière, le début de ses aventures en solo. Estelle Chardac et Christophe Basterra l’avaient rencontré en 2006. Et comme souvent avec lui, ses propos sont particulièrement savoureux.

L’homme avait pourtant juré de prendre sa retraite. De se contenter d’offrir ses bons et loyaux services à des artistes en manque d’inspiration. On pensait d’ailleurs qu’il avait bel et bien joint l’acte à la parole, sa signature se retrouvant çà et là (Nancy Sinatra, The Lovers…), mais sa longiligne et légendaire carcasse demeurant invisible depuis quatre ans. Après Pulp, le groupe qui l’avait consacré en icône pop improbable au mitan des années 1990, et un bref projet récréatif – Relaxed Muscle –, Jarvis Cocker avait décidé de goûter aux plaisirs simples du mariage, de la paternité et de la vie parisienne. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Continuer la lecture de « Jarvis Cocker : « Il est important d’avoir dans son existence une saine dose d’ennui car elle peut procurer un élan intéressant. » »

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Twisted Wires, One Night At The Raw Deal (Italians Do It Better, 2009)

On se souvient forcément de la première fois. Surtout de la première fois où on a écouté une production Italians Do It Better. 20 rue du Sentier, dernier étage, un bureau en face de l’entrée, un bureau qui donne sur un balcon. Une personne de confiance qui tend un CD et affirme : “Je crois que ça peut te plaire”. Une boucle, une guitare, une voix et le fantasme qui devient réalité – The Cure aurait enfin découvert le XXIe siècle et embrigadé une femme… À partir de ce moment-là, on a surveillé de près toutes les productions du label américain  – et ça continue aujourd’hui. En 2009, on avait pu se procurer ce maxi. On ne savait rien ou pas grand chose. On a écrit ça, vite, parce qu’on n’a pas envie de réfléchir quand c’est un coup de foudre. On fonce, on verra après quoi. Dans le texte qui suit, il y a des erreurs. Des erreurs factuelles – le type s’appelle Richard Durham, Johnny Jewel n’est en fait pas loin (et pour la petite histoire, Twisted Wires a ensuite réalisé un deuxième maxi sept ans plus tard et les deux disques sont compilés sur le CD Half Lives, paru en 2017). Mais pour l’émotionnel, je ne changerais pas une seule virgule. Continuer la lecture de « Twisted Wires, One Night At The Raw Deal (Italians Do It Better, 2009) »

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Le club du samedi soir # 3 : The Style Council

The Style Council
The Style Council

C’est le premier – ex-aequo avec Robert Smith (ça doit se jouer à quelques semaines). C’est l’année 1982, le premier magazine acheté, un numéro de Best – j’en suis à peu près sûr. Il est question de The Who, il est question de The Jam, il est question des mods. Je ne comprends pas tout – et même peut-être rien. Mais le jeune homme filiforme, cheveux très courts, pantalon cigarette, veste en cuir noir et sourire aux lèvres impressionne. Il s’appelle Paul Weller. Il a à peine 22 ans et ne va pas tarder à saborder The Jam, dont la carrière discographique météorique (1977 – 1982) marque d’une empreinte indélébile l’inconscient collectif britannique – je me souviens encore d’un mariage outre-Manche, en juin 2004, où le témoin du marié avait émaillé son discours d’avant-repas de citations extraites de paroles de The Jam. Alors, j’ai vécu en direct la fin du groupe – l’annonce dans la presse anglaise, la sortie de la compilation live Dig The New Breed (un achat New Rose) – et j’ai suivi les spéculations qui s’ensuivirent sur l’avenir de Weller, “le porte-parole d’une génération” – le premier retour sur scène après le split lors d’un concert d’Everything But The Girl, puis l’union avec Mick Talbot (ex- Merton Parkas, ex- Dexys, ex- The Bureau et déjà croisé aux côtés de Weller lors de la reprise du classique Heatwave sur l’album Setting Sons, en 1979) sous la bannière The Style Council.
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Fishbeck Division (inédit)

Matt Fishbeck
Matt Fishbeck

Je crois que c’est aussi pour ça que je me suis passionné pour la musique. Pour la musique pop – dans le sens le plus large possible. Parce qu’au-delà des chansons, il y avait celles et ceux qui les composaient, il y avait leurs interviews, leurs postures, leurs fringues, leurs attitudes. Il y avait ce monde auquel nous n’avions pas accès, si ce n’est par procuration. Il y avait dans les journaux, dans les magazines, sur les pochettes – extérieures ou intérieures, recto ou verso – ces photos qui prouvaient qu’ils étaient différents. D’ailleurs, je me souviens très bien à quel point j’avais trouvé terrifiant un article paru dans le NME ou le Melody Maker au moment de la sortie du premier album de The House Of Love où le journaliste résumait la situation par une sorte de « c’est cool, ils sont comme tout le monde ». Bah non. Justement. Ce n’était pas cool du tout. Et je crois que cette image a fait que j’ai décidé de me désintéresser du groupe de Guy Chadwick – je sauve tout de même la première version de Shine On, sans doute parce qu’à l’époque de sa première écoute, je ne savais pas encore pour la normalité…

Aujourd’hui, pour les quelques raisons évoquées plus haut (les chansons ET LE RESTE), s’il y a bien une pop star, c’est Matt Fishbeck. Depuis la Côte Ouest des États-Unis, il cultive le mystère, sort des disques au compte-gouttes, porte des fringues comme personne ne sait les porter, prend des photos qui ressemblent à des tableaux et peint des tableaux qui ressemblent à des photos, écrit des chansons que lui seul peut chanter et enregistre des mixtapes d’une beauté bouleversante. Dans quelques semaines, le label Mexican Summer va rééditer (pour la première fois en vinyle) le premier album de Holy Shit – son groupe dans lequel sont passés Ariel Pink et Christopher Owens –, Stranded At Two Harbors (2006). Pour cette occasion, Matt Fishbeck m’a demandé d’écrire quelques mots – des notes de pochettes comme on dit dans le jargon. J’ai bien sûr accepté, en essayant de ne pas trop laisser paraitre à quel point j’étais fier et impressionné – oui, fier ET impressionné, et d’autant plus qu’elles ont été traduites de français en anglais par Winston Tong, l’éternel interprète de In A Manner Of Speaking. Je me suis exécuté et je crois que le résultat a plu. Le disque sortira cet été. Ou peut-être à la rentrée. Mais avant cela, Matt Fishbeck a souhaité me remercier – et rien ne l’y obligeait, je vais être payé pour ce travail (oui, il parait que c’est un travail). Alors, hier, il m’a envoyé cette chanson. C’est une reprise. Une reprise magnifique. Solennelle. Personnelle. Mais comme les plus beaux cadeaux sont ceux qu’on finit toujours par partager, la voici…