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The Lilac Time, Dance Till All The Stars Come Down (Poetica)

Note de la rédaction : Nos chroniqueurs ont oublié de se coordonner pendant leur sieste du 15 août, nous avons donc aujourd’hui deux avis sur le même disque.

Dans une sorte de pèlerinage distant, on est retourné cet été au Rough Trade East, un peu méfiant. Dans ce magasin très grand qu’on avait connu (en fait non, on allait toujours à celui de Portobello) un peu plus sauvage, les bacs étaient emplis de vinyles. Sur le mur du Staff Pick, on repérait la pochette intemporelle de Dance Till All The Stars Come Down, mi-surpris, mi-interrogateur. Un nouveau Lilac Time, chouette, mais oui. En 2023. Des nouvelles de Stephen Duffy, on ne dit jamais non. On ne dit jamais non à nos héros de nos jeunes années créationnistes, le label pas la religion : c’est comme ça, ils sont en nous pour toujours, Peter Astor, Lawrence Hayward, Nick Currie… qui continuent de défier le temps. Continuer la lecture de « The Lilac Time, Dance Till All The Stars Come Down (Poetica) »

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Sensibles, une histoire du R&B français, de Rhoda Tchokokam (Audimat)

C’est peu à peu que se construit un corpus autour de l’histoire des musiques francophones. Nation de critiques plus ou moins prestigieuses, les communautés journalistiques  se sont souvent concentrées à passer aux cribles les musiques du monde, et plus particulièrement anglo-saxonnes. On pourrait dire que s’est amorcé un petit retour de manivelle vers les histoires intérieures – même si on verra qu’elles réinterrogent constamment quelque part les notions de frontières, et on en est pour le moins heureux, il n’est pas question ici de cocoricoter, que ce soit dit une bonne fois pour toutes – qui racontent notre quotidien musical, notre environnement sonore – depuis disons les années 60 et l’avènement du rock’n’roll. Continuer la lecture de « Sensibles, une histoire du R&B français, de Rhoda Tchokokam (Audimat) »

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Objets du délit #2 : Prends le temps d’écouter, Chiens de Faïence, Patrick Lombe & Félon

Des objets musicaux comme s’il en pleuvait dans ma boîte aux lettres…

Comme vous ne suivez pas tout ce que j’écris pour Section 26 – si, si, je vous vois dans le fond de l’internet, près du serveur qui chauffe – la semaine dernière, j’avais employé les mots de « littérature grise fluo » à propos des livrets qui accompagnent les CD. Ça m’est resté en tête, je trouve l’expression super, modesto mio. De la littérature grise fluo, j’en ai reçu, cette semaine, par la Poste – il faudra que je parle un jour de mon rapport à cet ex-service public incroyable, les « PTT« , j’en profiterais pour parler des impôts aussi, comme quoi, depuis que je suis petit, je n’ai jamais entendu un homme politique parler des impôts en bien. Et c’est désastreux, selon moi. Continuer la lecture de « Objets du délit #2 : Prends le temps d’écouter, Chiens de Faïence, Patrick Lombe & Félon »

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Never Be A Punching-Bag For Nobody, de Naomi Yang (2023)

Quand j’ai connu musicalement Naomi Yang, elle jouait dans le groupe Galaxie 500. J’avais commencé par la fin, puisque j’avais acheté à la Fnac de la Maison Rouge à Strasbourg, l’album This Is Our Music, leur dernier, avant que Dean Wareham ne prenne la poudre d’escampette pour fonder Luna, et laisse en plan le couple Damon Krukowski et Naomi Yang, donc. Pas grave, ils vont masteriser ce moment en fondant d’abord Pierre Etoile pour un unique et toujours magnifique EP 3-titres (sur Rough Trade), puis plus sérieusement Damon & Naomi. Continuer la lecture de « Never Be A Punching-Bag For Nobody, de Naomi Yang (2023) »

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Objets du délit #1 TrrrNctrn, Exodus Sexus vs Blason, Tina Thorner

Des objets musicaux comme s’il en pleuvait dans ma boîte aux lettres…

Photos : Renaud Sachet / Montage : Thomas Schwoerer
Photos : Renaud Sachet / Montage : Thomas Schwoerer

A l’heure de la démat’ généralisée et des intérieurs feng-shui bois cramé, béton lisse, du plastique-ça-n’est-plus-trop-fantastique, c’est un peu la grosse shame de continuer d’entasser des trucs qui serviront, en gros, à prendre la poussière sur les étagères de nos souvenirs. Collectionner est même devenu un gros mot, on s’en défendrait. Et pourtant, dans l’échange à micro-échelle de ces petits fétiches, se joue quelque chose de la constitution de notre mémoire vive qui peut échapper encore un temps à l’archivage méthodique d’une intelligence plus artificielle. Se joue aussi le rapport à l’autre, la preuve de l’intérêt, l’envie d’échanger, la musique, son support, puis la parole, l’écrit qui va avec, le commerce. Et l’autre, derrière tout ça. Continuer la lecture de « Objets du délit #1 TrrrNctrn, Exodus Sexus vs Blason, Tina Thorner »

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Chiens de faïence, Faux mouvement (Safe In The Rain / Hellzapoppin)

« Tous ces bonbons cachent pas le goût du Spasfon »

Voilà, j’ai replongé, j’ai plein de nouvelles activités, label et tout. La difficulté, c’est de continuer à écrire sur la musique des autres, parce que quand on s’occupe de la sortie de disques qu’on adore, joués par des gens qu’on aime, on a tendance à avoir un effet tunnel (les gens qui ont un gros stress connaissent ça), c’est à dire qu’on se focalise sur un truc, dont on a une image un peu déformée d’ailleurs et le reste du paysage disparaît, et surtout des choses importantes peuvent nous passer sous le nez sans qu’on bronche. On peut aussi facilement croire qu’il n’y a que ce qu’on sort qui est intéressant. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps, parce qu’on peut perdre la joie d’écouter des nouvelles choses, de se laisser aller, et il est aisé de sombrer dans la compét’ surtout, de regarder le voisin en chien de faïence, tiens. Heureusement, il sort plein de disques qui arrivent à te tirer de cet horizon morbide et autocentré. Continuer la lecture de « Chiens de faïence, Faux mouvement (Safe In The Rain / Hellzapoppin) »

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Cochon Double, En attendant de mourir (Hummus Records)

Comme souvent, ça commence par une invitation par mail de la salle semi-clandestine du coin, la meilleure, brillante et précieuse, par un lien vers un soundcloud ou un bandcamp, et puis l’illumination vient (ou pas) – d’ailleurs à ce propos, NB : c’est marrant comme le son d’un groupe peut convaincre quasiment dans la seconde, qu’il n’y ait pas besoin d’une écoute torturée pendant des heures, mais que l’envie d’aller plus loin se pose comme une évidence : traîner ses guêtres de vieux fonctionnaire (« en grève jusqu’à la retraite » est écrit sur un mur près de chez moi) parmi les étudiants des arts déco et les jeunes gens punks au RSA pour vérifier si le groupe tient la route en concert, tient les promesses de son enregistrement, et pas que. En général, j’avoue, comme je suis plutôt bon public, je suis vite émerveillé. Continuer la lecture de « Cochon Double, En attendant de mourir (Hummus Records) »

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Avant-première : Flash Romance de Saintes clippée

Saintes / Photo : Claire Jugulaire
Saintes / Photo : Claire Jugulaire

« Resservez-moi de la romance lyophilisée »

Avec sa ligne obsédante de synthé qui revient en boucle, Flash Romance s’amuse à nous faire basculer dans une faille temporelle. Ou plus subtilement, donne cette impression de manquer une marche, une secousse hypnique, voilà, merci Wikipedia : alors qu’on s’endormirait volontiers dans la nostalgie (d’une époque qu’on a vécu pour le coup, OK Génération X), Anne-Sophie Le Creurer dit Saintes nous fait sursauter avec ses mots trop longs (« lyophilisée », « Terminator », « Kaléidoscope ») et ce chant bancal un peu en retrait qui empêchent la fluidité de la mélodie et rend l’exercice à son étrangeté anachronique, émulée par un des spécialistes du genre, Alexis Lumière, en renfort à la production). On avait eu la même sensation avec les compositions décharnées de ses collègues de bureau d’À trois sur la plage (Liza Liza du duo est aussi la co-fondatrice du label Cartelle qui sort ce disque de Saintes), cette synthpop désarmée de ses atours sexy comiques et renforcée par une précision minimale et glaciale, porteuse de nouveaux messages (féministes). Continuer la lecture de « Avant-première : Flash Romance de Saintes clippée »