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Selectorama : Hervé Bourhis

C’était il y a onze ans. Pour le compte d’une revue dont on taira une nouvelle fois le nom, je croisais la route de l’auteur et dessinateur Hervé Bourhis à l’occasion de la sortie de son Petit Livre Rock, ouvrage à la couverture rouge et au format de 45 tours qui retraçait, par le parti-pris(me) de son auteur, l’histoire de cette musique qui ne cesse de mourir – ou de ressusciter, comme vous préférez – depuis sa naissance. Grandi à Tours, Parisien quelque temps avant de prendre la tangente pour poser ses crayons à Bordeaux, le jeune homme réunissait alors pour la première fois ses deux passions. Batteur et / ou chanteur au sein de groupes que l’histoire a vite oublié, mais dessinateur et / ou scénariste talentueux – que ce soit pour raconter des fictions ou croquer ce qui fut / est la réalité –, Hervé Bourhis avoue écrire dans le silence mais dessiner en musique. Celui qui, entre Lennon ou McCartney, choisit Brian Wilson a fait de son idée de Petit Livre une série, qui lui a permis de détailler la Ve République ou la bande dessinée, mais surtout de renforcer son image de mélomane aux goûts éclectiques (la musique noire, les Beatles). Aujourd’hui, il sort, avec l’aide de Hervé Tanquerelle, un Petit Livre de la French Pop (Dargaud), qui conte l’histoire musicale hexagonale de 1956 à nos jours. L’occasion était trop belle pour ne pas demander à Hervé Bourhis les dix chansons tricolores qui lui filent des frissons.

hervé bourhis
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Les (bons) coups de Ash

Ash
Ash, 1994.

Grandir sans renoncer tout à fait à être soi. Pas facile, tout particulièrement lorsque l’on a connu la reconnaissance publique avant même d’atteindre sa majorité et que l’on a publié ses meilleurs albums – Meltdown, 2004 et Twilight Of The Innocents, 2007 – alors  que fans et critiques les accueillaient avec une indifférence croissante. Il a fallu presque huit ans pour que Tim Wheeler et Ash parviennent enfin à inventer la meilleure manière de vieillir sans se laisser flotter sur l’air du temps. Huit ans de tâtonnements plus ou moins approximatifs – une flopée de singles numérique inégaux enregistrés en 2010 puis, en 2014, pour le chanteur, un album solo à la Tchao Pantin, ambitieux mais inabouti consacré au décès de son père – avant de renaître, presque à l’identique. Brutalement interrompue en 2007, pour ce qui concerne les albums, la discographie du trio irlandais a donc fini par retrouver une nouvelle jeunesse, sonique et fougueuse, avec le détonnant, Kablammo !  (2015) suivi cette année par l’excellent Islands. Désormais exilé aux USA, Ash semble avoir accepté son identité en enregistrant encore une fois un LP qui ressemble à s’y méprendre au rêve le plus fou de ses admirateurs : un condensé de power pop ultra-efficace, regorgeant de mélodies imparables et de refrains bébêtes à souhait, et où les guitares métalliques – Flying V en tête – rivalisent d’intensité. Mais c’est encore sur scène que le groupe sait le mieux nous faire partager sa joie insouciante du jeu collectif. Et réapparaître, pour notre grand bonheur, sous les traits inaltérables de l’éternel adolescent qu’il n’aurait jamais du cesser d’être. Continuer la lecture de « Les (bons) coups de Ash »

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Distance, Light & Sky, Gold Coast (Glitterhouse)

En matière de musique comme en toute chose, l’évidence ne s’impose pas toujours avec la brutalité instantanée du coup de foudre. Elle finit parfois par surgir au terme d’un cheminement tortueux, parsemé d’erreurs et de doutes. En l’occurrence, tout a commencé par une première rencontre manquée lorsque, sollicité pour chroniquer à sa sortie Casting Nets (2014), le premier album de Distance, Light & Sky, j’avais choisi de décliner. Continuer la lecture de « Distance, Light & Sky, Gold Coast (Glitterhouse) »

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Marbled Eye, Leisure (Erste Theke Tonträger)

Nous avions découvert les Américains de Marbled Eye par l’intermédiaire d’une cassette sur le label parisien Gone With The Weed (Police Control, Marauder, Sun Sick, etc.) en 2016. Le 45 tours publié l’année dernière sur Digital Regress (The Shifters) et Erste Theke Tonträger (The Coneheads) confirmait les appétences de la formation d’Oakland pour un post-punk galvanisant, sans nostalgie mal placée. Leisure (2018), premier album de Marbled Eye, toujours chez les Digital Regress (pochette rouge) et Erste Theke Tonträger (pochette bleue) vient à point nommé pour convertir les derniers récalcitrants à la nouvelle vague froide nord-américaine. Continuer la lecture de « Marbled Eye, Leisure (Erste Theke Tonträger) »

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Pictures On My Wall #1 : Louis Teyssedou

Louis Teyssedou
Photo : Louis Teyssedou

En jetant un coup d’œil aux photographies de Louis Teyssedou – même si elles valent surtout le coup qu’on s’y attarde –, me revient en mémoire cette jolie phrase de son homologue Philippe Lévy : “Il n’existe pas de bonnes idées, juste un beau moment, une expression, un regard …” À Amiens – où je me souviens avoir vu Moose un beau soir de 1993 ou 1994, mais c’est une autre histoire –, ce professeur trentenaire est tombé pour l’indie pop en découvrant Oasis et son single parfait (ou pas loin), Supersonic. Qu’en reste-t-il vingt-cinq ans plus tard ? Certes, plus aucune Cigarettes et plutôt du vin rouge quand il est question d’Alcohol , mais une passion intacte (ou exacerbée, au choix), alimentée par les fils d’une pelote qui ont conduit Louis plus que de raison vers la prude Albion ainsi que vers le webzine Soul Kitchen, dont il noircit les « pages » depuis dix ans exactement. Entre deux corrections, il est aussi un photographe hors-pair, qui, après avoir privilégié le Polaroid, ne travaille qu’en argentique. Auteur de ces propres tirages, déjà convié deux fois pour des expositions d’urbex, véritable « passeur » désireux de partager sa passion et de la voir passer de père en fils (comme en témoigne la très douce photo d’ouverture), Louis Teyssedou inaugure, avec dix portraits sélectionnés par ses soins, notre série dédiée aux photographes de la chose musicale. Mais, au final, surtout humaine.
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Machines #4 : Mellotron, Nights in White Satin

Mellotron M400 (Mark IV)

Après le microKORG, avatar le plus moderne de notre série Machines, faisons un grand bond dans le passé. Remontons le temps, bien avant le Minimoog. Nous sommes en 1963, les Beatles publient leur premier album, et un curieux instrument sort des ateliers de la société Bradmatic Ltd : le Mellotron MK1. Cette première version est une réinterprétation d’un instrument américain, le Chamberlin, dont les origines remontent aux années cinquante. Nous allons découvrir comment une firme de Birmingham, de mécanismes et têtes de lectures, a influencé toute la pop psychédélique et le rock progressif de la fin des années soixante en piquant, sans le vouloir, l’idée d’un Géo Trouvetou californien.

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Red – Décrocher la Lune

Red
Les mille et une pochettes de « Felk Moon » (Bisou Records)

À l’heure où Felk Moon – son huitième et meilleur album à ce jour – paraît sur Bisou Records, force est de constater que Red ne fait décidément rien comme tout le monde… Réenregistrer son disque une seconde fois pour cause de découverte d’une nouvelle pédale d’effet, illustrer cinq-cents pochettes l’une après l’autre, proposer le principe d’une interview par messageries interposées où, pour une fois, l’Artiste posera les questions tandis que le plumitif tentera comme il peut d’y répondre. Pour finir par constater qu’assurément, cet hiver sera rouge ou ne sera pas.

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Klaus Johann Grobe, Du Bist So Symmetrisch (Trouble In Mind)

Honnêtement, j’étais tenté de placer un cliché ultime sur les Suisses en introduction de cet article tant la régularité métronomique du duo Klaus Johann Grobe a de quoi laisser pantois : un disque tous les deux ans depuis 2014. Sevi Landolt et Daniel Bachmann reviennent donc avec ce troisième album, Du Bist So Symmetrisch, toujours chez l’excellent label américain Trouble In Mind (The Shifters, Jacco Gardner, Olden Yolk, Omni, En Attendant Ana, etc). Continuer la lecture de « Klaus Johann Grobe, Du Bist So Symmetrisch (Trouble In Mind) »