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Twain, Noon (Keeled Scales)

On one short stretch of burn the ear may distinguish a dozen different notes at once.

Nan Shepherd

Parfois on se rend compte qu’on a vécu des années en compagnie d’un livre sagement rangé dans les rayonnages d’une bibliothèque sagement rangée, plus ou moins, et que l’on n’a jamais pensé à mettre ledit livre dans les mains de la personne qui devait le lire – qui peut être soi ou une autre, ça n’a pas forcément d’importance –, puis on y pense comme par hasard, sans réel hasard, puis on le met dans les mains de ladite personne, et elle le lit, et ça tremble – ou pas. Continuer la lecture de « Twain, Noon (Keeled Scales) »

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Ruth Radelet, The Other Side EP (autoproduit)

Il m’a dit, tu devrais écrire sur The Other Side et j’ai dit oui, sans vraiment hésiter, et puis j’ai écrit. J’ai commencé d’écrire sans même avoir écouté les chansons. Je les avais entendues, comme on le fait toutes et tous, mais je ne les avais pas écoutées. Ces quelques lignes que j’avais écrites, elles disaient que Chromatics, c’était une certaine idée des 80’s mais en mieux et puis qu’il y avait cette voix qui nous faisait penser que Ruth Radelet, la chanteuse, n’existait pas réellement, que c’était un ange tombé du ciel. Je trouvais que c’était cliché mais parfois il n’y a que les clichés qui peuvent décrire parfaitement ce que l’on ressent. J’avais écrit d’autres choses, une théorie fumeuse cette fois, que les disques de Chromatics s’étaient succédés et que cette voix avait pris de plus en plus de place – moins de plages instrumentales, moins de vocoder – ce qui a fait dire à certains que l’avant-dernier album de Chromatics, Closer To Grey, était en fait le premier album solo de Ruth Radelet. Continuer la lecture de « Ruth Radelet, The Other Side EP (autoproduit) »

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Marlon Williams, My Boy (Dead Oceans)

Au rayon Marlon Williams, on ne connaissait, jusqu’à il y a peu, que le grand Marley Marl, strict homonyme de l’homme qui nous intéresse ici. Mais on ne va pas jouer au malin et prétendre avoir été alerté il y a déjà dix ans par une poignée de disques réalisés en duo avec son compatriote Delaney Davidson, il n’en est rien ! Comme ce dernier, Marlon Williams est Néo-Zélandais et les deux musiciens ont œuvré communément, à l’abri de la hype, dans un domaine assez peu exposé sur nos terres : la country. Et pour intituler une série de disques Sad But True-The Secret History Of Country Music Songwriting, mieux vaut en avoir sous le pied. Continuer la lecture de « Marlon Williams, My Boy (Dead Oceans) »

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Nu Genea, Bar Mediterraneo (NG Records)

Sensation de 2018 avec Nuova Napoli, le duo italien Nu Guinea est revenu cet été avec un nouveau nom et un nouvel album, Bar MediterraneoLucio Aquilina et Massimo Di Lena s’appellent désormais Nu Genea, mais le propos n’a pas changé. Ils pratiquent toujours une musique organique, festive, élégante, mouvante comme les vagues de la mer Méditerranée. Celle-ci est d’ailleurs le fil conducteur de Bar Mediterraneo. Les Italiens rendent en effet hommage à de nombreuses cultures (Europe du Sud, Maghreb…) partageant cet océan. Une place particulière est accordée à Napoli, véritable carrefour de ces civilisations. Instruments, langues, ce troisième album est une célébration des différences, un véritable plaidoyer pour la communion autour de la musique et la danse. Continuer la lecture de « Nu Genea, Bar Mediterraneo (NG Records) »

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Nev Cottee, Madrid (Wonderfulsound)

Il faut toujours parler d’Oasis. De toute façon, tous les chemins mènent à Noel Gallagher. Quel est le rapport entre Madrid, le nouvel album de Nev Cottee et Manchester, la ville de Nev Cottee ? Noel Gallagher ? Bingo. Un peu d’histoire. Au début des années 2000, Noel Gallagher fait du hors-piste et décide de fonder un label, Sour Mash. Avant de signer Shack pour son ultime disque, il recrute les Proud Mary dont fait partie Nev Cottee. On pense évidemment aux Rolling Stones en écoutant les morceaux de ce groupe (toujours plus ou moins actif si on en croit Internet) mais à l’époque tout le monde en pense forcément du mal car Oasis est alors en pleine traversée du désert. Et avoir un disque signé sur le label de Noel Gallagher, produit par Gem Archer… Avec une promotion assurée par les frères Gallagher, c’était l’échec assuré. Et ce le fut. Nev Cottee quitta l’aventure pour on ne sait quelle raison et disparut des radars. Continuer la lecture de « Nev Cottee, Madrid (Wonderfulsound) »

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Meaning Of Tales, When There’s Life, There’s A Dream (Violette Records)

D’abord, il y a le titre du disque. Ce titre qui, dès qu’on l’a lu pour la première fois, il y a quelques semaines de cela, a évoqué un autre titre. Celui du troisième album de Moose, Live A Little Love A Lot. Parce que ces deux titres sont de ces titres qui en disent long sans pour autant tout dévoiler, des titres qui restent des suggestions, des titres qui laissent deviner que, comme dans un film de Frank Capra (au hasard, vraiment), la vie reste belle. Ou qu’après tout, c’est d’abord à nous de la rendre belle. Et ça tombe bien : les chansons de Meaning Of Tales sont de celles qui facilitent la tâche. Des chansons de l’intime, des chansons de temps qui se suspend, de petits instants qui changent, si ce n’est le cours d’une vie, au moins celui d’une journée. Des chansons qui dessinent des sourires ; des chansons de crépuscule, de ciel qui rosit, de rayon vert, de vagues qui roulent sur le sable. Continuer la lecture de « Meaning Of Tales, When There’s Life, There’s A Dream (Violette Records) »

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Marxist Love Disco Ensemble, MLDE (Mr Bongo)

Si Mr Bongo est une des valeurs sûres du monde de la réédition avec un catalogue remarquable (Marcos Valle, EPMD, Azymuth, Doris) et une politique de prix décente, ne négligeons pas son activité sur le terrain de la nouveauté. Nous les connaissions pour les sorties de Sven Wunder, Matty, Joe Culpepper ou Kit Sebastian, il faudra désormais aussi compter sur le Marxist Love Disco Ensemble. Toutefois, nous ne pouvons émettre que des hypothèses sur cette obscure formation, puisque les noms des musiciens impliqués ne sont pas connus. Nous pourrions alors imaginer une bande audio, retrouvée dans une grenier du côté de Zagreb ou Bratislava. Au delà du folklore communiste, sorte de réponse au I Love America de Patrick Juvet, la musique est, elle, difficile à dater. Continuer la lecture de « Marxist Love Disco Ensemble, MLDE (Mr Bongo) »

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Valentina Magaletti & Yves Chaudouët, Batterie Fragile (Un Je-Ne-Sais-Quoi)

1. La semaine dernière, je suis allé voir Institutrice en concert. Eric Bentz et Jean-Baptiste Geoffroy, tous les deux pensionnaires de la bruyante Colonie de Vacances, développent un jeu exigeant de percussions sur toutes sortes de bols, casseroles et accessoires en métal étendus devant eux sur un tapis de mousse. A la fois ludique et sportif, leur duel consiste à déclencher leurs motifs dans des décharges extatiques, à l’unisson imparfait (j’imagine) qui malgré leur virtuosité crée ces micro décalages où se loge ce qu’on aime bien : accidents, imperfections, anfractuosités dans lesquels se loge notre imaginaire (bien aidé aussi par leur dispositif de retraitement électronique en direct, mais je laisse ça de côté aujourd’hui). Le bon gros cliché du voyage nous attend en embuscade, certes, mais tant pis : de l’Afrique à l’Indonésie, on est bien obligés de se laisser attraper par ce qui est irréductible à la musique, le rythme qui nous possède le reptilien en deux coups de cuiller à pot (au sens littéral ici). Continuer la lecture de « Valentina Magaletti & Yves Chaudouët, Batterie Fragile (Un Je-Ne-Sais-Quoi) »