Aujourd’hui, la conscience professionnelle me guide à donner tort à mon ministre (et à ses conseillers à la noix) et à travailler un peu plus que de coutume – ça me dérange pas, j’ai un emploi du temps fait pour ça. Hier, cette même conscience professionnelle pouvait être synonyme de frustration : pour cause de bouclage, elle me faisait rater des rencontres avec des gens qui avaient bercé une partie de mon adolescence – ce qui était d’ailleurs un peu con vu que, de toute façon, on bouclait toujours en retard). Pour cette raison, je n’ai donc pas rencontré Jacno en cette après-midi de 1998 pour discuter de la sortie de son nouvel album d’alors, La Part Des Anges. Mais avec Nicolas Plommée, missionné pour mener à bien cette histoire, on avait préparé un blind test sur mesure pour que l’homme revienne sur cette vie plutôt ahurissante. Parce qu’au-delà des disques, des chansons, Jacno reste pour moi l’un des musiciens les plus fascinants de la musique moderne et sans doute pour cela, l’acteur de l’une de mes interviews favorites, parue dans le mensuel Best au début des années 1980 – oui, à l’heure des listes à tout va (les dix meilleurs disques, les dix meilleurs livres, les dix meilleurs, films, les dix baisers parfaits, les dix plus drôles décisions de Blanquer), je pourrai dresser la liste de mes dix interviews / articles préférés, responsables, peut-être autant que les chansons, de mon désir d’écrire un jour sur la musique –, dans laquelle il détaillait ses passions (The Who, les grands crus de Bordeaux, le végétarisme, les scooters…). Ce blind-test a paru à l’origine dans le numéro 28 de la RPM, puis republié dix ans plus tard, agrémenté de la longue intro qui suit, au moment de la disparition de Jacno. En 2020, ses réponses restent toujours aussi drôles. Et passionnantes. Continuer la lecture de « Blind Test : Jacno »