Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section 26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la huitième mixtape de cette série, concoctée par Gabrielle, neuf ans.
La première fois, ça a duré à peine trente secondes. Le temps d’un extrait sur la story Instagram d’une amie, avec laquelle je partage pas mal de groupes mais surtout memoryhouse et Memory Tapes et donc, forcément, malgré les conditions peu enviables (un téléphone portable, des voisins qui parlent fort), l’envie de tendre l’oreille. Suivie très vite par l’envie d’en savoir plus, la faute à une mélodie qui flirte avec l’onirisme, un nom qui intrigue (et comme on l’apprendra plus tard, un vrai faux ami), le graphisme un rien naïf d’une pochette qui séduit… Alors, c’est la curiosité récompensée, la découverte du monde un peu fragile de Molto Morbidi (placé en Sous Surveillance dès ce jeudi), projet de la seule Swan, croisée il y a quelque temps au micro du trio lillois Shadow Motel et aujourd’hui jeune femme orchestre qui a publié au tout début de l’été sur l’organisation Flying Saucers sa deuxième cassette EP, Expiration Date. Une cassette si joliment ponctuée par I’m Calling You At Night, petit miracle de gravité mélodique accompagné d’un très beau clip réalisé par Jo Anatole (l’auteur de ladite pochette, pour celles et ceux qui suivent) qui fait – mais entre nous, comment pouvait-il en être autrement ? – la part belle à la mélancolie bleutée. Touché.
De niveau trilingue, cette nouvelle entité, Sahara, est aussi à bloc en musicologie : elle propose deux pistes longues, une en français (Gris climatique), l’autre en franco-allemand (Europa), et une reprise de King Crimson (Elephant Talk), fermez le ban. A travers Sahara, duo garçon/fille de Bordeaux entouré de musiciens, il est étonnant de constater à nouveau comment les collectifs de musiciens ont évolué en France : du quatuor basique (chant, guitare, basse, batterie), le temps est au collectif informel qui émarge dans tous les styles, on peut penser à La Femme, Aquaserge ou à Catastrophe, où l’on sent que le projet, le nom, est plus important que ses membres, que ces ensembles sont plus que l’addition de leurs membres. Continuer la lecture de « Sahara, Triptyque I – It’s Only Talk (Pazapas / Le Gospel) »
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Lee Hazlewood
C’est une intensité rare qui sort de cette moustache noire de jais frémissante. Lee Hazlewood convoque, mieux qu’un autre, le sentiment d’automne. Grande et hautaine saison pour la pop musique. Peut-être, Fred Neil arrive, le temps d’un This Water Is Wide a retranscrire cette même grâce. Mais pour quelques happy few, cette chanson – My Autumn’s Done Come – relève de la liturgie. Ritournelle qui rend l’empreinte parfaite d’une saison et qui se reformule, comme un sublime aveu, chez les autres – Alpha, Tindersticks, Jarvis Cocker ou encore Richard Hawley. L’automne, c’est le temps de ce qui est réversible, de ce qui se répète mais de manière insaisissable. Continuer la lecture de « Le festival de l’automne »
Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section 26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la sixième mixtape de cette série, concoctée par Noam, 10 ans.
Nous avions fait connaissance avec Tapeworms au printemps 2018, à l’occasion de la sortie de leur second EP, Everything Will Be Fine. Les lillois y affirmaient leur identité – un shoegaze tapageur et terriblement efficace – et nous annonçaient leur projet d’album (ndlr, rencontre à retrouver ici). Repoussé par la pandémie, le tant attendu Funtastic a finalement vu le jour ce vendredi, porté par plusieurs labels dont les français Howlin’ Banana et Cranes Records.
Si l’on y retrouve tous les codes de ses prédécesseurs, Funtastic, par la liberté créative qu’il inspire, propulse Margot, Théo et Eliott dans la cour des grands. Il ne s’agit plus pour eux de fantasmer la décennie de Loveless mais de reconquérir leurs propres souvenirs de ces années-là. Après tout, ces trois-là aussi ont connu les années 1990. C’est dans la MJC du village d’enfance de Margot qu’ils ont choisi de s’installer pendant un mois. Dans ce décor de gymnase, ils se sont amusés, en ne se posant aucune limite. Continuer la lecture de « Tapeworms, Funtastic (Howlin’ Banana, Cranes, Testcard et Coypu Records) »