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Le grand saut – The Replacements, Lisa Fittko, Lewis Trondheim & Alfred

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Longtemps, j’ai fait mes choix de livres ou de disques par une sorte de saut, comme un risque à prendre. Je me souviens, sans rien en connaître, acheter avec empressement Premier Amour de Samuel Beckett. Inutile de préciser que je fus surpris par ce texte aride et prodigieux à la fois, bien loin de mes attentes, suscitées par le titre du livre. Jolie confusion qui nous surprend et nous guide ailleurs. C’est comme regarder, non stop et toute une journée, plusieurs films de Claude Sautet – bruits de bistrots, ambiances lourdes de tabac et corps collés contre le zinc – puis sortir le soir dans les rues de Paris, tiens au hasard la rue de Ménilmontant et ne voir que haute solitude. Incroyable ravissement que ces situations que l’on vit tous, où l’on chemine un peu au hasard droit devant – ainsi le réel semble nous voler un peu de nos mémoires. On en oublierait presque notre dernier amour merdique. Continuer la lecture de « Le grand saut – The Replacements, Lisa Fittko, Lewis Trondheim & Alfred »

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Manson’s Child reprend « I Know Where Syd Barrett Lives » des Television Personalities (inédit)

J’ai découvert les Television Personalities dans l’appartement étroit d’un couple d’amis, Elsa et Hervé, début 1990, place de Zurich. Un peu perdu à Strasbourg, j’aimais passer du temps dans ce minuscule endroit, sous prétexte de garder le chat pendant que ses maîtres vivaient des moments que j’imaginais fous et intenses (ils l’étaient) dans des endroits interlopes. En première année d’histoire (enfin, en première année d’histoire des Inrockuptibles), je préférais ma vie de rat de discothèque, écoutant pour la première fois les Modern Lovers, les Vaselines, et donc les 45t et les premiers albums des TVPs. Continuer la lecture de « Manson’s Child reprend « I Know Where Syd Barrett Lives » des Television Personalities (inédit) »

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Sous surveillance : Molto Morbidi

Molto Morbidi
Molto Morbidi / Photo : Bénédicte Dacquin

Qui ?

Une jeune femme prénommée Swan, qui rêvait enfant de devenir compositrice de musiques de film et déjà croisée il y a quelque temps au sein de Shadow Motel, un trio mixte défendant à mains nues un rock abrasif et sous tension – l’album Ausfahrt Nach, paru en 2013 chez Cranes Records, en témoigne. Désormais, elle jongle (presque) seule entre ses synthés – dont un clavier midi pour les rythmiques – et sa basse. Mais quand même, elle précise : “Le projet est solo mais pas complètement solitaire, parce que je suis bien entourée par des amis qui, même s’ils ne prennent pas part à la composition, s’impliquent de plein de manières différentes – en me trouvant des dates, en créant des visuels, en écoutant mes mix et mes expérimentations”. Continuer la lecture de « Sous surveillance : Molto Morbidi »

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Section Sixteen #8 : Gabrielle M., 9 ans

Qu’écoutent réellement nos kids ?

section16 Gabrielle M.

Section16
Logo : Gabrielle B.

Elles / ils sont des filles de, fils de – ou peut-être des cousines ou des cousins, des nièces, des neveux. Toute la journée, toute la semaine, ils subissent la musique forcément cool qu’écoutent leurs parents ou les membres de leur famille avant que ces derniers n’écrivent quelques lignes ou des tartines pour Section 26 – voire d’autres sites du même acabit. Alors, ces ados et pré-ados sont-ils déjà condamnés à écouter ce qu’on leur impose au presque quotidien ? Pas forcément, la preuve par 16, comme en témoigne la huitième mixtape de cette série, concoctée par Gabrielle, neuf ans.

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Clip : Molto Morbidi, I’m Calling You At Night (Flying Saucers)

Molto Morbidi
Molto Morbidi / Photo : Bénédicte Dacquin

La première fois, ça a duré à peine trente secondes. Le temps d’un extrait sur la story Instagram d’une amie, avec laquelle je partage pas mal de groupes mais surtout memoryhouse et Memory Tapes et donc, forcément, malgré les conditions peu enviables (un téléphone portable, des voisins qui parlent fort), l’envie de tendre l’oreille. Suivie très vite par l’envie d’en savoir plus, la faute à une mélodie qui flirte avec l’onirisme, un nom qui intrigue (et comme on l’apprendra plus tard, un vrai faux ami), le graphisme un rien naïf d’une pochette qui séduit… Alors, c’est la curiosité récompensée, la découverte du monde un peu fragile de Molto Morbidi (placé en Sous Surveillance dès ce jeudi), projet de la seule Swan, croisée il y a quelque temps au micro du trio lillois Shadow Motel et aujourd’hui jeune femme orchestre qui a publié au tout début de l’été sur l’organisation Flying Saucers sa deuxième cassette EP, Expiration Date. Une cassette si joliment ponctuée par I’m Calling You At Night, petit miracle de gravité mélodique accompagné d’un très beau clip réalisé par Jo Anatole (l’auteur de ladite pochette, pour celles et ceux qui suivent) qui fait  – mais entre nous, comment pouvait-il en être autrement ? – la part belle à la mélancolie bleutée. Touché.

Molto Morbidi jouera vendredi 23/10 aux côtés de En Attendant Ana au festival Le Grand Saut à Angers.

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En Attendant Ana en live chez vous, maintenant.

Depuis le lancement de Section26 (ainsi que dans Mushroom, son prélude version fanzine qui fête ses 3 ans bientôt), nous n’avons cessé de vous parler de ce groupe francilien qu’on avait adoré voir à leurs débuts en concert dans un certain nombre de salles locales, du Zorba à Belleville au Chinois à Montreuil, au moment de la sortie de leur premier album, via Buddy Records et Montagne Sacrée. Cette année, on avait été magnétisés par leur prestation à La Boule Noire, pour célébrer leur second album Juillet, désormais relocalisé chez les chicagoans Trouble In Mind. Continuer la lecture de « En Attendant Ana en live chez vous, maintenant. »

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Sahara, Triptyque I – It’s Only Talk (Pazapas / Le Gospel)

De niveau trilingue, cette nouvelle entité, Sahara, est aussi à bloc en musicologie :  elle propose deux pistes longues, une en français (Gris climatique), l’autre en franco-allemand (Europa), et une reprise de King Crimson (Elephant Talk), fermez le ban. A travers Sahara, duo garçon/fille de Bordeaux entouré de musiciens, il est étonnant de constater à nouveau comment les collectifs de musiciens ont évolué en France : du quatuor basique (chant, guitare, basse, batterie), le temps est au collectif informel qui émarge dans tous les styles, on peut penser à La Femme, Aquaserge ou à Catastrophe, où l’on sent que le projet, le nom, est plus important que ses membres, que ces ensembles sont plus que l’addition de leurs membres. Continuer la lecture de « Sahara, Triptyque I – It’s Only Talk (Pazapas / Le Gospel) »

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Le festival de l’automne

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Lee Hazlewood
Lee Hazlewood

C’est une intensité rare qui sort de cette moustache noire de jais frémissante. Lee Hazlewood convoque, mieux qu’un autre, le sentiment d’automne. Grande et hautaine saison pour la pop musique. Peut-être, Fred Neil arrive, le temps d’un This Water Is Wide a retranscrire cette même grâce. Mais pour quelques happy few, cette chanson – My Autumn’s Done Come – relève de la liturgie. Ritournelle qui rend l’empreinte parfaite d’une saison et qui se reformule, comme un sublime aveu, chez les autres – Alpha, Tindersticks, Jarvis Cocker ou encore Richard Hawley. L’automne, c’est le temps de ce qui est réversible, de ce qui se répète mais de manière insaisissable. Continuer la lecture de « Le festival de l’automne »