Essaie de comprendre 6/8

Échantillons d’une histoire du label Lithium, prélevés dans l’édition spéciale du fanzine Langue Pendue #11, Les Années Lithium

1996 : au cœur du réacteur, Stéphane Teynié tient le rôle de l’ingénieur, tête froide, idées claires, avec pour but de  mener l’expérience jusqu’au bout. Face à lui, un groupe remanié, en fusion, qui travaille, (se) cherche, sur le point d’enregistrer un album sorti de nulle part : c’est le #3 de Diabologum, bien sûr, chef-d’œuvre reconnu depuis de la discographie du label Lithium, et réédité il y a quelque temps par le label Ici d’ailleurs. Il raconte sa version de l’histoire.

À partir de quand les gens de Diabologum te contactent-ils pour que tu t’occupes de leur fameux troisième album ?

Stéphane Teynié :  Ce fut un long processus. Je travaillais déjà au son live de Lucievacarme, puis de Diabologum, depuis leur tout premier concert. J’avais aussi rencontré Vincent du label Lithium, lors des concerts de Dominique A et de Lucievacarme. De fil en aiguille, sachant que je faisais du son et que j’enregistrais des petits groupes avec de tous petits moyens, il m’a demandé d’enregistrer, pendant mes vacances, le premier album de Perio, Icy Morning in Paris. Ce fut une grande expérience, je crois que je ne pourrai plus jamais refaire ça dans de telles conditions. Enregistrer un album n’a rien à voir avec enregistrer quatre titres pour un single. Ça se passait dans mon appartement de 70 m2 où l’on vivait 24h/24h et on enregistrait tout, on mangeait, on dormait et on travaillait sans quasiment sortir. Quatre personnes enfermées, ça crée une alchimie incroyable qui n’aurait pas fonctionné à trois ou à deux. Il y avait Eric et Sarah bien sûr, Christian (Quermalet) des Married Monk et moi. À la fin, je me souviens qu’on a un peu pété les plombs, on est partis acheter un peu d’herbe, des bières et on a passé une soirée au bord de la mer à parler de tout sauf de musique. Bref, après ça, Vincent et Diabologum avaient, je pense, plus confiance pour un passage en studio…

Tu fais déjà le son des concerts de Diabologum ?

Stéphane Teynié : Oui déjà depuis l’album Le goût du jour.

Tu assistes à des discussions préalables à l’enregistrement ?

Diabologum
Diabologum (Arnaud, Loïc, Michel, Den’s) / Photographie : Bruno Elisabeth

Stéphane Teynié : Ah, le mythe de l’album ! Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas en studio que se passe la réflexion, c’est bien avant. Tout commence par la tournée liée à l’album Le goût du jour, qui s’est terminé par le départ un peu forcé d’Anne et Pierre. Aucune animosité entre eux, simplement, certains font le choix de vivre de la musique ou du moins essayer, d’autres de vivre d’un « vrai » métier, comme on dit. À partir de janvier 1995, c’est la genèse de #3 qui fut enregistré entre février et juillet 1996. On avait pris l’habitude, après une série de dates (car le groupe jouait assez souvent), de s’arrêter chez moi pour enregistrer de nouveaux titres, faire des maquettes. Il existe, par exemple, plusieurs versions de 365 jours ouvrables ou Il faut. À cette époque, le groupe est en pleine mutation, après le départ de Pierre et Anne, le groupe tourne à trois : Michel, Arnaud et Den’s puis à quatre, avec Loïc (Jouan) au clavier/sampler, et enfin vers le milieu de l’année 1995, si je ne me trompe pas, exit Loïc, et arrivée déterminante de Richard (Roman) à la basse. A partir de là, les choses vont assez vite, le groupe se stabilise et trouve son « son », les maquettes continuent et le travail est ultra intensif. Beaucoup de morceaux sont jetés à la poubelle. Je crois que je n’avais jamais vu un groupe travailler autant, entre quatre et six heures par jour, six jours sur sept, le travail concerne le montage des samples, les répétitions et le travaille perso. Par exemple, Den’s répète la batterie avec le sampler pour le calage et il y a aussi beaucoup de discussions. Vers la fin de l’année 95, Vincent demande des maquettes très précises de l’album. En décembre, nous avons enregistré en 8-pistes l’intégrale des morceaux à une ou deux exceptions. Je pense que si on les écoute aujourd’hui, certains sont très proches de ce qu’il y a sur le disque. (La suite dans Les Années Lithium !)


HIT HIT HIT 6/8 : 5 chansons étrangement prémonitoires

(Proposez-nous vos sélections thématiques les plus surprenantes, les plus pointues, et gagnez un volume des Années Lithium !)

01. Diabologum, De la neige en été
02. Programme, Des singes déboulent de partout et tabassent tout ce qui passe
03. Holden, La machine
04. Jérôme Minière, Un commencement de rage
05. Mendelson, Où est passé le week-end ?

JE ME SOUVIENS DE LITHIUM

L’anecdote de Philippe Dumez

Je me souviens qu’en prélude à la sortie de l’album, Peter Parker Experience publie un 45 tours sur Cornflakes Zoo, le label de Stéphane Teynié qui enregistrera plus tard #3 de Diabologum (mais nous n’en sommes pas encore là).


Les Années Lithium, Langue Pendue n°11.
Sortie : mai 2021

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