L’histoire de KCIDY et celle de Section26 se croisent décidément souvent. En décembre 2019, nous organisions un concert à feu l’Espace B au lendemain de l’annonce de sa signature sur le label Vietnam (H-Burns, O, Chevalrex). Passée par Tôle Froide, membre de Satellite Jockey, la musicienne lyonnaise Pauline Le Caignec construit patiemment une solide discographie en solo. Après un premier album chez AB Records en 2017, elle publie, deux ans plus tard, Kcidy a dit, un passionnant projet collectif accompagné de la salle de spectacle du Confort Moderne. Les Gens Heureux, nouvel album de l’intéressée, prouve qu’il est encore possible de découvrir de la musique selon le rite immémorial d’un passage chez le disquaire. Continuer la lecture de « KCIDY, Les Gens Heureux (Vietnam) »
Étiquette : Lieu : France
Catégories interview
Queen Of The Meadow – Couple princier

Il est parfois compliqué de poser des mots adéquats sur l’évidence. La beauté radieuse du troisième album de Queen Of The Meadow se révèle plus facilement qu’elle ne se décrit. Les compositions d’Helen Ferguson nourrissent, au fil des écoutes, trop d’impressions contrastées pour que l’on parvienne à en fixer la substance dans une synthèse fixe et bien formulée, un peu à l’image de cette pochette où les postures différentes se superposent. Survival Of The Unfittest apparaît donc comme un album en mouvement, insaisissable. Bien loin, en tous cas, de cette étiquette pop-folk réductrice qui tend pourtant à coller aux basques du duo depuis ses débuts en 2016. Des chansons à la fois limpides et complexes, très intimes et parfaitement pudiques, au diapason de ces arrangements, riches et discrets à la fois, confectionnés par Julien Pras, et qui rehaussent les chansons d’Helen sans les envahir. L’enthousiasme mêlé de perplexité appelait donc un échange avec les principaux intéressés, seuls en mesure d’apporter leurs éclaircissements. Continuer la lecture de « Queen Of The Meadow – Couple princier »
Catégories cover
The Purcells reprend « O Solitude » de Henry Purcell et fait chanter Laetitia Sadier

Touche à tout aux identités multiples, Mickaël Mottet n’a pas froid aux oreilles. Après Mark E. Smith, le voici rendant hommage à Henry Purcell, compositeur baroque britannique du XVIIème siècle. Ses pièces courtes sont pour lui construites comme de parfaites petites pop songs, qui pourraient facilement sonner comme du « Pavement teinté de krautrock« . Si on ne peut oublier la fabuleuse Cold Song de Klaus Nomi, il fait signe à son comparse Flavien Girard, accompagné du multi instrumentiste Jean–Christophe Lacroix pour un 4 titres, accompagné sur l’un d’entre eux par une surprise de taille au chant : leur amie Laetitia Sadier sur cet O Solitude minimal, métronomique et poétique.
Catégories selectorama
Selectorama : Gilb’r

Il a eu mille vies, à contribué à une belle poignée d’avant-gardes. Si Gilb’r habite désormais aux Pays-Bas (à Amsterdam, depuis 6 ans), il ne s’est point éloigné du nerf de sa guerre : la musique via son label Versatile. Lequel fête d’ailleurs ses 25 ans ce printemps, avec une première sortie qui avait littéralement catapulté le label au firmament de la french touch d’alors avec le légendaire Disco Cubizm d’I:Cube remixé par Daft Punk. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et le boss de la maison-mère de la Folie-Régnault n’a cessé de se diversifier. De très belles signatures (Zombie Zombie, Acid Arab, I:Cube – partner in crime de toujours – ou l’album de Parrenin / Weinrich récemment) en productions perso (Château Flight, Aladdin avec Nicolas Ker, Quixote inviant Lisa Li-Lund…), il a été l’indispensable sélecteur de Radio Nova dès 1991, et pendant des années. Pour revenir à son actualité, On Danse Comme Des Fous, son tout premier album solo vient juste de sortir, et il contient sans doute le meilleur de son univers, aussi vaste soit-il. Sur un départ aux accents de messe kraut, des bulles d’extase ambient, de la syncope en clin d’oeil à ses années Jungle Vibes (j’ai toujours le CD, je l’adore, ndlr), et un disque qui finalement, contrairement à ce que son titre On Danse Comme Des Fous suppose, ne contient pas de banger housey mais une bonne dose de génie bien supérieure. On est très fiers d’avoir le patron aux commandes d’un Selectorama pas piqué des hannetons, qui prouve son écléctisme total et sa curiosité furieuse toujours aussi vive. Continuer la lecture de « Selectorama : Gilb’r »
Catégories affichage libre
L’immensité – Rebecca Elson, Rose Melberg & Tony Molina, Jacques Rivette
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Attendre la pluie pour finalement recevoir le soleil. Changer le chagrin en un talisman lumineux, jamais fané de gaieté. Il y a toujours dans l’immensité du ciel de Bretagne, ce basculement et ce vertige. Sur le chemin bordé d’ajoncs, il y a du mauve et du jaune crus à la André Derain ; ailleurs, c’est le gris et le brun salé de Vilhelm Hammershøi. Je me languis de voir tes jambes nues et tes cheveux bouclés se fondre dans le coloris d’un sable tendre. Pas loin, les roches roses de Primel livreront leur couleur à des embruns noircis de pluie retenue. Viennent les premiers bains sous les grappes d’étoiles. Ce désir de voir un détail caresser l’idée d’un infini, c’est peut-être l’impulsion première de la poésie. Continuer la lecture de « L’immensité – Rebecca Elson, Rose Melberg & Tony Molina, Jacques Rivette »
Catégories selectorama
Selectorama : Nine Antico

De petits boulots en coups de cœur souvent illusoires, Sophie (Sara Forestier), la presque trentaine, erre dans un Paris en noir et blanc filmé par Nine Antico, qu’on connaissait avant tout par son coup de crayon générationnel bien senti (Girls Don’t Cry, Le Goût du paradis, Coney Island Baby, entre autres). Comme dans ses BD à l’humour bittersweet, elle émaille ça et là son film de références musicales comme de petites pierres blanches qui nous ont immédiatement parlé. Jugez plutôt : Daniel Johnston, Electrelane, Yo La Tengo et trois morceaux de Lispector, dont on vous a souvent parlé ça et là sont dans la BO, Bertrand Belin, Lescop et Berroyer dans le casting. Frais et piquant, Playlist s’éloigne vite d’une colorimétrie de posture pour un cadre graphique parfaitement saisi, et de la promesse de romcom vendue sur l’affiche vers un portrait de fille dans la tourmente d’une vie pas toujours facile, mais terriblement touchant et drôle. On a évidemment eu très envie de lui demander de nous détailler un peu ses choix musicaux entre trois coups de fil et deux e-mails en cette période effrénée de sortie de son film en salles. Continuer la lecture de « Selectorama : Nine Antico »
Catégories borne d'écoute
Exclu Clip : Pop Crimes, Up To The Moon + There Were Smiles (Howlin Banana / Safe In The Rain)

Il y a quelques mois, le quatuor francilien Pop Crimes nous offrait une petite session filmée en studio qui témoignait de l’énergie tendue et de la justesse de ses compositions. Et comme nous aimons suivre ceux qu’on aime surtout en ces temps compliqués, les revoici avec une ballade absolument désarmante du genre à réchauffer les cœurs et à nous envoyer dans l’espace, Up To The Moon, mise en clip par Gaspard Rolland, à retrouver des vendredi 4 juin sur un 45 tours co-publié par les labels Howlin Banana et Safe In The Rain. Enregistré par leurs bons soins cet hiver dans le studio où Romain travaille – au micro cette fois, quand ce n’est pas Nicolas -, il a été masterisé par Etienne Colin, qui a entre autres déjà travaillé sur les disques de Volage ou Buvette. Sur l’autre face tout aussi temporairement assagie, There were smiles qu’il faudra par contre attendre jusqu’à vendredi pour écouter, mais n’en doutez pas, le jeu en vaut clairement la chandelle.
Up To The Moon + There Were Smiles par Pop Crimes sera disponible sur le bandcamp de Howlin Banana et celui de Safe In The Rain le 04/06.
Catégories chronique nouveauté
Friture, Carnet de synthé (ARVO Disques / Eternal Soundcheck)
« Papa, comment on fait pour pas être mort ? »
J’avais croisé Yohan, en spectateur, dans le groupe Yves Bernard qu’il partageait entre autres avec Josselin de Taulard. Le punk pop mélodique, concerné, personnel, y faisait mouche grâce à la belle énergie de ce quatuor, délivrée notamment en concert, mais aussi sur son inusable cassette, la bien nommée Demo (et notamment de mon concert crush 2018, Objectifs et compétences). Friture paraît sur la structure Arvo Disques, une sorte de joint venture entre les labels Buddy Records et Future Folklore, surtout tournée vers l’Australie (« L’Australie, c’est super (loin) » est le slogan marrant de la superbe pochette illustrée par Ratcharge). Dans ce groupe solo, Yohan se retrouve face à lui-même et alterne les constats amers vis-à-vis du monde globalisé qui nous entoure. Continuer la lecture de « Friture, Carnet de synthé (ARVO Disques / Eternal Soundcheck) »