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Selectorama : Tanz Mein Herz

Tanz Mein Herz
Tanz Mein Herz / Photo : Pierre Bujeau, 2016.

On ne sait pas trop s’il s’agit d’un collectif ou d’un supergroupe, mais peu importe, seul le résultat compte. Musique expérimentale ? Traditionnelle ? Le curseur s’affole sans se poser. Après plusieurs essais improvisés, Jérémie, Mathieu et Yann décident de segmenter leurs différents projets et de les nommer : naissent alors France, Zeitspielraum ou encore Meutr. Au gré de rencontres et sans opter pour un line-up statique, ils décident un soir, au Crous de Valence, d’appeler leurs efforts communs Tanz Mein Herz, en référence aux maigres notions d’allemand de Mathieu. En guise d’introduction aux musiques traditionnelles, la bande fréquente assidûment les concerts de Toad, le projet de Yann Gourdon & Guilhem Lacroux vite rejoints par Pierre-Vincent Fortunier. « C’était complètement barjo, ça jouait très fort, très sale avec une nonchalance très rock qui ne pouvait que nous plaire ». L’amitié entre tous les membres de Tanz Mein Herz est le lien qui fédère l’ensemble, leur musique est non calculée, navigue au gré des sensibilités et des envies. Ils prennent leur temps, fonctionnent par thèmes, pour les enregistrements comme pour les lives. Tout part souvent d’une rythmique, d’une ligne de basse et d’un placement spécifique des membres en cercle, car comme le dit si bien le groupe d’une seule voix, il veut être également auditeur de son propre son.

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Jacques, LIMPORTANCEDUVIDE (Recherche & Développement)

 

« Quand on m’demande ce que je fais
dans la vie, j’me le demande aussi »

Cher Jacques,

                    Évacuons d’emblée cette histoire autour de ta coupe de cheveux qui peut en incommoder plus d’un : j’ai toujours pensé qu’elle faisait de l’ombre à ta musique, même si elle m’a fait réfléchir à ce que sont les normes physiques et à ce qu’on attendait d’un homme et d’un musicien, la transgression, le rapport au ridicule, tout ça. Je me doute qu’elle te sert aussi à créer une image que tout le monde peut facilement mémoriser et instantanément identifier. Les casques de Daft Punk, les lunettes d’Elton John (je repense toujours à cette fabuleuse fin d’un numéro du Muppet Show dans lequel il était invité, entouré par les marionnettes qui portaient toutes des lunettes multicolores en plumes), les globes oculaires géants des Residents ou, bien sûr, les tonsures des Monks. Mais peut-être que je fais fausse route, peut-être que tout le monde s’en fiche de cette coupe de cheveux, je me dis juste que tu devrais profiter que tu en as, parole de cinquantenaire décati. Continuer la lecture de « Jacques, LIMPORTANCEDUVIDE (Recherche & Développement) »

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Appel entrant : KG

Le nouveau clip du duc de Sausheim en avant-première.

Non mais t’as vu ce qui se passe ? Confiné depuis la sortie de l’impeccable Jesus Weint Blut (2019) chez Herzfeld, Rémy Bux aka le duc de Sausheim n’avait pas donné de nouvelles ou presque. Les rares inconscients qui le suivent pour des raisons sociales sur les réseaux sociaux avaient pourtant senti le vent tourner, retour à l’électronique sur le mat bien érigé de diverses performances qui prouvent que des reflets intenses qui s’estompent en six shampoings ne font pas tout face au génie. Âmes sensibles et français de l’intérieur au cœur pur, passez votre chemin, El Buxo revient aujourd’hui dans une débauche lascive dont même mon vieux cœur de fan ne saurait se remettre. Ruf Mich An. En spray ou en gel aqueux, une ouverture délicate mais toujours impressionnante vers un nouvel album cryptique et infernal, Eine Mann Ohne Feind, à paraitre chez October Tone/Mediapop vers la mi-avril, si nous sommes encore là pour le voir de nos yeux. Et si t’as quelque chose besoin, appelles.
Vous voilà putain de prévenus.

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Eddy Mitchell, Sept Colts Pour Schmoll (1968, Barclay)

La carrière d’Eddy Mitchell a connu des hauts et des bas ; elle force cependant le respect de par sa longévité. Pionnier du rock français avec Les Chaussettes Noires aux cotés de groupes et artistes twist comme les Chats Sauvages, les Pingouins, Danyel Gérard ou Johnny Hallyday, Claude Moine a traversé les époques avec grâce, même si le succès commercial ne fut pas toujours de la partie. Au niveau des ventes, il connaît en effet un passage à vide à la fin des sixties et au début de la décennie suivante. Fidèle à une certaine idée de la musique, surtout américaine et roots, Eddy Mitchell ne prend pas de virage hippy opportuniste, contrairement à d’autres collègues (coucou Jean-Phi’). Continuer la lecture de « Eddy Mitchell, Sept Colts Pour Schmoll (1968, Barclay) »

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Le premier EP de Cœur-Joie en avant-première

Cœur-Joie

Ils nous disent « Post-Twee Pop, tant pour la gravité douce des textes que pour la douceur des mélodies », et c’est plutôt bien vu à l’écoute de ce premier EP disponible vendredi prochain (18 février, donc) en cassette chez Hidden Bay records, mais aussi en CD chez Melotron Recordings. Chanté tout en français, le groupe mené par Martin Meilhan-Bordes (guitare et chant), Milia Colombani (batterie) et Adrien Berthe (synthé) qui avaient déjà collaboré ensemble dans les groupes Bootchy Temple et Sex Sux, rejoints par l’expert ès-mastering Paul Rannaud (basse), donne un sentiment de grande fraicheur et de douce poésie. Des guitares jangly, des compositions crève-coeur (écoutez l’adorable Dimi l’étoile) donnent du corps à ce Coeur-Joie qui marque d’une pierre blanche leur arrivée dans la constellation des petites étoiles montantes de la scène indie française.

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Johan Asherton – Machines Médiévales : la face cachée d’un songwriter majeur

C’est une vieille histoire – occultée, presque paradoxale. Celle d’une passion, longtemps demeurée en arrière-plan de la trame principale de ce récit bien connu. Salué – jamais assez, certes, mais là n’est pas la question du jour – pour ses talents de songwriter folk, Johan Asherton entretient depuis toujours une appétence pour les musiques électroniques et instrumentales qui n’avait jamais transparu de façon évidente dans ses albums solo. Dans ce panthéon très intime, Bryan Ferry avait toujours semblé l’emporter sur Brian Eno. Comme en témoignent pourtant les sept morceaux inédits publiés ce mois-ci, la cohérence inattendue de ces goûts apparemment antithétiques s’était pourtant concrétisée dans un très bel acte créatif il y a de cela un peu plus de quarante ans. Sept méditations sans paroles, enfin exhumées par EDK Records et enregistrées avec les moyens encore précaires de l’époque : un synthétiseur bricolé à domicile et complété par l’Elka Rhapsody prêté par Claude Arto – futur Mathématiques Modernes. Comme en témoigne le second clip réalisé par Sébastien Tricard – Ramps – tout cela semble être demeuré largement hors du temps et de son emprise. Tant mieux.

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Avant-1ère : « Oh Id », le nouveau clip de Fontanarosa

Paul Verwaerde a certainement du avoir quelques riffs dans les oreilles dès son plus jeune âge, puisqu’il est né à Reading, Royaune-Uni, et a pas mal voyagé, parents obligent. On avait salué son premier essai en solo lors d’un Sous Surveillance il y a deux ans, revoici le lyonnais d’adoption en compagnie d’un groupe (Florian Adrien, Grégoire Cagnat, Kevin Lafort) pour l’accompagner sur scène. Et c’est plutôt une bonne nouvelle puisque les chanceux qui ont déjà pu le voir en concert nous en ont dit de très bonnes choses, et ce nouvel album Are You There? à venir le 18 mars chez Howlin’ Banana Records en est – parait-il – une autre. Fontanarosa s’émancipe et s’épanouit dans la composition de chansons qui sont autant de clins d’œils au rock de son adolescence qu’au garage. Pour preuve, ce clip réalisé par un américain connu sous le nom de Documavision, que Paul a découvert sur Instagram en regardant le clip de Dummy. Pour Oh Id, il est parti sur le travail du vidéaste sud-coréen Nam June Paik, point de référence pour la vidéo. « We are foreigners », chante Paul dans le morceau, pas vraiment étonnant pour un ex-ado globe-trotteur comme lui.


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Ashinoa : deux titres annonçant un album du feu de Dieu.

Ashinoa
Ashinoa

Une ambiance motorique et mentale, c’est ce qui se dégage immédiatement de la musique d’Ashinoa. Cette fois, le groupe va encore plus loin que leurs précédentes sorties (autoproduites et chez Macadam Mambo) : deux titres en forme d’invitation au voyage, dans une atmosphère cosmique et profonde. Disguised in Orbit est une ascension puissante qui mêle sonorités électroniques, percussions métronomiques et rythmique dub. Feu de Joie, lui, part sur un tempo plus lent, avec des vapes d’effets et de la mélodie, comme un savant mélange de Mellotron, d’Arp Odyssey et de Korg Delta (pour les passionné.es) puis soudainement s’alourdit avec une guitare pesante à la rythmique impeccable. Ashinoa se nourrit et s’inspire de divers courants : « Pour les influences dub, cela proviendrait surement d’un artiste pop aux larges références dub : Skinshape. On en écoutait beaucoup au moment où l’album à été composé mais aussi beaucoup de El Michels Affair, pour l’influence plus hip-hop instrumental. »  Une belle réussite, dont on attend la confirmation sur un album à venir chez Fuzz Club (qui avaient sorti Veik l’an dernier), le 25 Mars prochain.

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