Si vous avez bien suivi, c’est un peu la suite du Mardi Oldie de la semaine dernière, parce que chez Pop Supérette, on a de la suite dans les idées. On vous avait quitté avec les fabuleux Boots et la réédition de leur super (là c’est pas un superlatif, c’est juste le nom du format d’époque) 45t, Vingt ans. Sur ce disque, il y a une chanson qui m’a bien plu (je l’ai même fait rentrer dans le hit parade de l’arrière-magasin), c’est Les gens sont méchants, imparable : eh bien, il est écrit par Eric Charden. Et Eric Charden, à la même époque, il écrivait des chansons et il rencontrait Stone, de son vrai nom Annie Gautrat. Ils ont un coup de foudre et ils se marient et vont voguer sur les vagues du succès. Continuer la lecture de « Stone face à Charden, Fuzz-ci, fuzz-ça ! (1966, réédition Pop Supérette) »
Étiquette : Lieu : France
Catégories Chronique en léger différé
Xavier Boyer, Soda Coda (Human Sounds)
La carrière solo de Xavier Boyer s’écrit, doucement mais sûrement, en parallèle de celle de Tahiti 80, groupe dont il est le chanteur. La formation normande construit, depuis plus de 25 ans, une discographie pop érudite aux atours séduisants. Tahiti 80 publie ainsi régulièrement – entre deux et quatre ans pour une nouvelle livraison – des albums qui ravissent leur fan base toujours présente et enthousiaste. Les échappées de Xavier se nichent alors dans les interstices. Continuer la lecture de « Xavier Boyer, Soda Coda (Human Sounds) »
Catégories interview
Tonn3rr3/Bikaye, partie n°2 : Bony Bikaye
Se retrouver à deux poignées de main (et d’un uppercut, sans doute) de Mohamed Ali, j’avoue que ça m’a troublé. Mohamed Ali, donc, qui s’entrainait en rythme avec Big Black, le percussionniste – pas le joueur de poker – qui lui-même rejoignait faire le bœuf avec le groupe dans lequel Bony Bikaye jouait à l’Intercontinental de Kinshasa en cette fiévreuse année 1974. Que de légendes. Une légende, ce « Monsieur Bony », parce qu’il avait marqué le début des années 80 avec une pierre angulaire des musiques de l’ailleurs, Noir et blanc (Crammed, 1983), disque où, en compagnie d’Hector Zazou et du binôme mystérieux CY1, il redéfinissait le périmètre des musiques africaines, ou plus précisément il amenait sa voix, porteuse de sa culture congolaise et de son admiration pour Cluster, à se brûler au froid des synthés et des ordis balbutiants. Quarante ans plus tard, une éternité, on le retrouve, en compagnie de Guillaume Gilles avec lequel on s’entretenait la semaine dernière, à la proue du navire Tonn3rr3 pour un disque étonnant de fraîcheur et de profondeur, It’s a Bomb paru chez Born Bad Records. Continuer la lecture de « Tonn3rr3/Bikaye, partie n°2 : Bony Bikaye »
Catégories selectorama
Selectorama : Arnaud Le Gouëfflec
Heureux ceux qui comme moi ont eu la joie de trouver le livre Underground, Grandes prêtresses du son et rockers maudits au pied de leur sapin le 25 décembre dernier ! Voici typiquement le genre d’ouvrage qu’on ouvre pour ne plus le lâcher, porté par le plaisir compulsif d’aller de chapitre en chapitre. De quoi s’agit-il ? D’une remarquable petite histoire illustrée du rock de l’ombre, indispensable à tout obsédé musical, dont on se demande par quel mystère personne n’avait eu l’idée de l’écrire plus tôt. C’est en quelque sorte un excellent complément au Dictionnaire du rock de Michka Assayas – qui a d’ailleurs préfacé Underground -, mais consacré plus spécifiquement aux oustiders du rock, aux marginaux et déglingués en tous genres dont le succès n’aura jamais vraiment atteint le grand public. On peut aussi voir dans cet ouvrage, un lointain cousin du Dictionnaire snob du rock de Steven Daly et David Kemp, mais avec une place plus importante accordée aux dessins, brillamment exécutés par Nicolas Moog, dont le style rappelle celui des maîtres américains du comic book que sont Daniel Clowes et Charles Burns. Continuer la lecture de « Selectorama : Arnaud Le Gouëfflec »
Catégories mardi oldie
Les Boots, Vingt Ans (1966, réédition Pop Supérette)
« On doit me prendre pour Pompidou,
je ne lui ressemble pas du tout »
Il y a quelques années dans les commentaires d’un blog, j’avais croisé le fer avec quelqu’un, lui affirmant que le disque chroniqué sur ce site me semblait difficilement crédible : tout était trop parfait, il s’agissait d’une compilation d’un groupe de Lyon des années 1980, inconnu dont l’esthétique était tellement parfaite et la musique tellement dans son jus que ça m’avait rendu parano au point que j’imaginais une entourloupe : des gens de maintenant avaient tout recréé, avec bon goût, et une connaissance fine et pointue des codes de l’époque (musique synthétique parfaite, polaroids délavés…). Tout sonnait tellement de façon incroyable que j’avais été troublé au point de faire part de mon effarement en public. J’avais été remis en place fermement, comme tout bon troll relou : tout cela existait vraiment, le pays n’avait pas déterré tous ses trésors. Et on n’était pas encore envahi de ce nuage radioactif au pouvoir divin (Satan !) qu’est le fameux IA et son corolaire des fameux fakes, vous imaginez mon état actuel de méfiance. Non, rassurez-vous, je me un peu suis assoup(l)i) : la preuve, à aucun moment, je n’ai douté de l’existence des Boots. Continuer la lecture de « Les Boots, Vingt Ans (1966, réédition Pop Supérette) »
Catégories chronique nouveauté
Les Playboys, Garagisme (Dangerhouse Skylab)
Les Playboys traversent les décennies avec une grâce que beaucoup doivent leur envier. Le groupe de Nice est fidèle au poste depuis plus de quarante ans. Mieux, les Playboys gardent le cap et creusent le même sillon, celui des 45 tours de garage-rock des sixties. Plus que les Nuggets ou les Back from the Grave, nos Français rendent hommage aux mythiques Pebbles ! Garagisme propose ainsi treize interprétations, piochées dans le répertoire nord-américain des années soixante, et un de leurs propres titres originaux. L’exercice de la reprise est souvent casse-gueule : l’équilibre est délicat, et peut facilement osciller entre l’hommage pénible et le contre-pied qui tombe à plat. Beaucoup de groupes garage revival s’y sont d’ailleurs cassé les dents ! Heureusement, la proposition des Playboys évoque plus (qualitativement) le premier album culte des Crawdaddys que beaucoup de tentatives plus hasardeuses. Continuer la lecture de « Les Playboys, Garagisme (Dangerhouse Skylab) »
Catégories interview
Tonn3rr3/Bikaye, partie n°1 : Guillaume Gilles (Tonn3rr3)
Le disque It’s A Bomb paru en fin d’année dernière chez Born Bad Records montre qu’il est toujours possible d’imaginer une musique du présent (pour le futur, on verra) en faisant fi des barrières : celles des générations – il lie le groupe actuel Tonn3rr3 à un des personnages emblématiques de la musique électronique des années 1980, Bony Bikaye (connu pour son alliance avec Hector Zazou, et CY1, on en reparle), celles des styles – un psychédélisme qui naît d’une passerelle tendue entre les musiques africaines qui dansent et les machines qui font la fête. On n’est ni dans la sono mondiale, slogan 1980 qui a sans doute fait son temps, ni dans la World, étiquette plus ou moins publicitaire des années 1990 – notez que ces deux tentatives d’étiquetage maladroit, parfois moqué, parfois décrié, avaient la vertu de l’ouverture au monde (et pas qu’à sa composante anglo-saxonne) – on est dans quelque chose du nouveau siècle de l’information qui tient de la vitesse des échanges et des cultures musicales, quelque chose qui nous lie au-delà des frontières, dans les plans discrets de musiciens punk d’ici qui vont jouer avec les bluesmen du Sahara, de jeunes musiciennes béninoises qui se retrouvent têtes d’affiche sur la BBC, ou d’un poète crooner australien qui échoue en région parisienne sur la banquette de fans du Velvet. Une histoire de rencontres et de voyages (l’agence de voyage Born Bad) qui forment la jeunesse (et tout le monde dans son sillage), tout simplement. Rencontre avec Guillaume Gilles, architecte et penseur du son chez Tonn3rr3/Bikaye. Partie 1. Continuer la lecture de « Tonn3rr3/Bikaye, partie n°1 : Guillaume Gilles (Tonn3rr3) »
Catégories interview
François Huet (Snipers) : Franc Tireur
Ils n’étaient pas nombreux à Dijon à la fin des années 1970. Une poignée résiduelle de croyants, encore fervents, occupés à traverser leur jeunesse un peu à côté de leur époque. Quelques vigies du rock frappées de strabisme divergent : un œil tourné vers un passé malheureusement révolu trop tôt pour eux, l’autre occupé à scruter un avenir localement très incertain. Pas de quoi constituer une scène, tout juste un groupe ou deux. Les Snipers donc. Et puis les Ambulances et, ensuite, de nouveau les Snipers. Une valse-hésitation des patronymes qui n’est que le symptôme des turbulences inévitables et des engagements de jeunesse qui fluctuent : il y a ceux qui partent et ceux qui reviennent, ceux qui renoncent un peu plus vite, avant que tout le monde finisse par rentrer, non sans réticences ou atermoiements, dans la vraie vie.
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