S’il avait fallu attendre 13 ans entre le deuxième et le troisième album de My Raining Stars, seulement trois années ont suffi à Thierry Haliniak pour sortir Momentum. Ces treize années d’absence avaient forcément marqué un gap en termes d’ambiance sonore et de composition. Une écoute discrète pourrait faire penser que Momentum est le successeur logique de 89 Memories et pourtant, il n’en est rien. Cela semble dû à deux facteurs. Le premier étant les compositions d’Haliniak. Momentum donne l’impression d’écouter un best of imaginaire de la musique qui obsède son auteur. De l’indie pop old school (Better Life et sa basse qui fait penser aux premiers titres de Ride), au shoegaze (Stop The Time), en passant par quelques emprunts à Oasis (For Good, bien fait pour ta pomme Noel Gallagher !), chaque titre vous happe par son immédiateté et sa sincérité. Continuer la lecture de « My Raining Stars, Momentum (Too Good To Be True / Shelflife) »
Étiquette : Lieu : France
Catégories selectorama
Selectorama : Pascal Bertin
Les liens complexes entre David Berman et son père dans une Amérique en perdition dans ce livre paru chez Le Gospel

À l’occasion de la sortie de Au nom du pire : David Berman et Silver Jews face aux démons de l’Amérique (Le Gospel) nous avons demandé à notre Pascal Bertin National de se livrer à l’exercice du Selectorama, mais plutôt qu’une énième playlist commentée, nous lui avons laissé carte blanche pour parler des grands livres de l’Amérique, les siens, les nôtres, et ceux qui peuvent faire le lien avec celui que j’appelais, à l’occasion de la sortie de son dernier album de son vivant, notre Lou Reed personnel. Et au-delà de son unique recueil de poésie (Actual Air, Open City, 1999 réédité par Drag City en 2019) s’il est bien au moins un lien entre Berman et Lou c’est bien cet amour supérieur de la chose littéraire. D’ailleurs, s’il se lit souvent comme une enquête, Au nom du pire n’élude jamais cet attachement. On y retrace brillamment le parcours accidenté d’un artiste unique et supérieur. Le biais choisi, mettre en opposition deux carrières, celle du père et celle du fils, antagonistes en tout, et surtout sur leur vision du continent ; l’un ordure capitaliste, l’autre, lesté du plomb de cet héritage tachant tout de même d’y mettre de la beauté. Continuer la lecture de « Selectorama : Pascal Bertin »
Catégories avant-première
Nothing, c’est pas rien
Petite démo d’un groupe qui devient grand, Special Friend. En amorce d’un nouvel album, à écouter sur la compil estivale gratuite Howlin Banana.

On se souvient encore du tout premier concert organisé par Section26, il y a un certain temps déjà. C’était en octobre 2019 à feu l’Espace B, en première partie de notre chère Lispector. J’avais eu envie de suivre l’opinion enthousiaste de Coralie Gardet, et mon propre instinct après les avoir aperçus en live. Ce premier EP à l’époque, déjà soutenu par Howlin Banana Records, constituait les prémices d’un univers cotonneux, emprunt d’un shoegaze doux comme un rêve d’ado. On n’imaginait pas alors qu’Erica Ashleson et Guillaume Siracusa aka Special Friend iraient si loin, jusqu’à un troisième album que le duo part enregistrer ces tous prochains jours au Studio Claudio, chez Alexis Fugain. Nothing est un titre dont on ne sait pas encore s’il finira sur cet album, mais qui nous donne de belles nouvelles d’un groupe qu’on aime toujours voir et revoir sur scène. Continuer la lecture de « Nothing, c’est pas rien »
Catégories borne d'écoute
Alex Van Pelt en phase

Il n’y a pas si longtemps, nous accueillions Alex Van Pelt dans les colonnes de Section26, pour un Selectorama des plus savoureux. Ce musicien lunaire qui a grandi non loin des rives du lac d’Annecy et a autrefois fait partie du groupe Coming Soon – gloire anti-folk hexagonale fort appréciée d’Adam Green, Jeffrey Lewis, Herman Düne ou encore d’Etienne Daho -, a su créer son propre univers parallèle et faire discrètement son chemin. Les premières aventures en solo de celui qui fût autrefois connu sous le pseudonyme d’Alex Banjo (Tum Tum en 2019, Global Crush en 2021 et Off the Clock en 2024), nous avaient déjà fait prendre la mesure de son talent. Ceux qui l’auront vu sur scène, seul avec sa guitare, notamment lorsqu’il assurait les premières parties de Ryder The Eagle, auront su apprécier son réel don mélodique et découvrir un compositeur-interprète subtil et délicat. Continuer la lecture de « Alex Van Pelt en phase »
Catégories borne d'écoute
Un petit vent glacé? Oui, merci.

La bande de Lois Trompesance derrière Si Moiré Disques, feu Athletico dont nous avions parlés en 2020 et Ex-Futur revient avec une nouvelle formation. Avec leur premier titre Supply & Demand, Yes Please! compose une sorte de déclaration d’amour pour Felt, parue sur la première compile du label, Tiny Creatures, en mars dernier. A l’opposé, – 600 est une aventure froide aux guitares cinglantes mais avec toujours avec une approche groove qui passe par des lignes de basse, mené par une voix urgente et envoûtante. Ce mélange savamment équilibré entre leurs propres envies et leurs influences montre à certains que le groupe compte dans ses rangs de bons clients des scènes obscures, car Yes Please! relie pop cristalline et sonorités plus austères à la perfection.
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Catégories mardi oldie
Nino Ferrer, Best Of (Barclay, 2017)
Nino Ferrer est, à bien des égards, une figure incomprise de la variété française. Lui même s’est toujours perçu comme étant à la marge, non sans raisons. Né à Gênes, en Italie, en 1934, bassiste, il enregistre ses deux premiers 45 tours dans le groupe de Richard Bennett, les Dixie Cats, dans une veine jazz Nouvelle Orléans (Jelly Roll Morton, Sidney Bechet), à la fin des années 50. Au début de la décennie suivante, il s’éprend de R&B nord-américain (Stax, Atlantic) et rejoint (toujours par l’intermédiaire de Richard Bennett) le groupe de Nancy Holloway. Pendant ses concerts, la chanteuse américaine lui laisse l’occasion d’interpréter une ou deux chansons. Continuer la lecture de « Nino Ferrer, Best Of (Barclay, 2017) »
Catégories borne d'écoute
Des roulades dans les coquelicots avec Dona Casque

On ne peut décidément pas résister à ces petits groupes qui rappellent aux plus anciens les facéties DIY de Beat Happening, ou encore certaines productions K Recs où la musique surgit des recoins les moins officiels. Le duo Dona Casque fait résolument partie de ceux-là, dans une direction art punk assez géniale. Vus sur scène avec le même plaisir à quelques reprises, on vous avait déjà signalé leurs efforts dans un Sous Surveillance il y a quelques mois. Voici Les Oranges, un titre composé par le tandem Maë Favory / Danny Kendrick avec la couleur orange en tête, sur les textures, sons et mélodies. Un texte que Danny a écrit à propos du sud de la Californie, de son adolescence à Orange County, des opiacés, et des souvenirs qui s’y rattachent. Un premier album arrive demain sur le label U-Bac, basé à Leipzig, et le groupe nous a proposé de partager ce clip totalement estival réalisé par Raphaëlle Giaretto, qui a demandé à ses amis de lui envoyer des images et vidéos de coquelicots. On aime particulièrement le petit bonus à la fin du clip, et tout en se souvenant d’ailleurs que la fleur rouge fait partie de la catégorie des opiacés. Continuer la lecture de « Des roulades dans les coquelicots avec Dona Casque »
Catégories chronique nouveauté
Areski & Fontaine, Baraka 80 (Kuroneko)
« Les temps s’annoncent difficiles pour les saints et les imbéciles »
Parfois un disque est mal né, au mauvais endroit, au mauvais moment. Détesté par ses auteurs, il reste sur le flanc pendant des lustres, au ban de l’humanité. A écouter Les églantines sont peut-être formidables, on peut comprendre pourquoi, même si le document revêt une dimension historique indéniable, avec sur certains morceaux cette production variété-jazz-rock, un beau produit « requin », ça joue, sur laquelle les deux chansonniers ont du mal à s’y retrouver. On préfère de loin sa relecture contemporaine, Baraka 80 (peut-être que là, c’est le titre qui est pas fameux, genre cibiste 2000, mais passons, la photographie de la pochette est superbe), nouveau disque finalement qui défonce tout sur son chemin. Continuer la lecture de « Areski & Fontaine, Baraka 80 (Kuroneko) »