Après trente ans de carrière, le leader de Wilco est arrivé à un point de son parcours où la vie de son foyer et celle de la scène s’enchevêtrent pour le meilleur. Depuis onze mois que le monde se trouve confiné, fragmenté dans des millions de bulles domestiques (pour ceux ayant la chance de vivre sous un toit s’entend), Jeff Tweedy, sa femme Susie et leur deux fils Sammy et Spencer se sont comme d’autres lancés dans leur propre rituel quotidien pour conjurer les angoisses et les solitudes de ce jour sans fin. Continuer la lecture de « Wilco, A Ghost Is Born (Nonesuch, 2004) »
Son C.V. parle pour lui. Peut-être un peu trop souvent à sa place. Diffuseur, à ses heures perdues, de friandises chocolatées estampillées à son nom – Farmer Dave’s Roasted Hot Nuts – spécialiste éminent de l’herboristerie chamanique – il a gagné son surnom lors de ses stages plus ou moins qualifiants dans un domaine agricole du côté d’Ojai, Californie – Dave Scher s’est surtout taillé une solide réputation de virtuose de la pedal steel en prêtant ses services d’instrumentiste à tout ce que le gotha du folk-rock et de l’indie-rock américain compte de figures marquantes. Continuer la lecture de « Farmer Dave & The Wizards Of The West – S/T (Big Potato) »
Découvert par ici chez Born Bad via les conseils avisés de Maxime, Borrowed Floors, le premier album de Lithics paru chez Water Wing Records en 2016 a été repressé à quatre reprises jusqu’à maintenant tellement il est excellent. Depuis, ce quatuor de Portland, ville riche en groupes, nous régale tous les deux ans d’un nouveau LP. Mating Surfaces chez Kill Your Rockstar en 2018 a été agrémenté d’une première tournée européenne, dont une date mémorable dans la cave ruisselante de la Pointe Lafayette en septembre de la même année. En 2020, en pleine pandémie, Trouble in Mind a eu la bonne idée de sortir Tower Of Age, leur dernier LP en date.
Il y a eu ce moment, que je perçois aujourd’hui comme un songe. Pearl Charles, se produisant sur la scène de l’Hotel Vegas, dans la moiteur d’une nuit texane, en août 2019. La californienne avait déjà attiré mon attention, non pour sa musique que je ne connaissais pas encore, mais pour son image : toujours joliment mise en scène sur les réseaux sociaux, cette cowgirl des temps modernes nourrissait mon rêve américain. Continuer la lecture de « Pearl Charles, Magic Mirror (Kanine Records) »
Photo : 5 Pointz , Queens – New York, la « Mecque » du graffiti, détruite en 2014
Le 1er Janvier 2020, en buvant le premier café de l’année, j’apprends la mort de Daniel Dumile Thompson AKA MF Doom, célèbre producteur de hip hop Anglais né en Angleterre et qui a grandi à New York. Sa discographie si riche m’a donné envie de fouiner dans mes cds et disques durs à la recherche de ce que j’ai pu écouter par période, le hip hop. De fil en aiguille, j’ajoutais des morceaux sur lesquels il a collaboré, comme le projet Madvillain, mais aussi des artistes qui ont compté dans sa carrière comme Jaylib (J Dilla et Madlib) ou Madlib en solo, la liste est non exhaustive.
Sorti en fin d’année dernière, Magic Touch, le troisième album de Jack Name a surpris par sa simplicité et sa beauté. En produisant jusqu’alors des œuvres plus denses et complexes, Jack Name laissait moins transparaître sa personnalité. Avec cet album intimiste enregistré dans son appartement, il laisse entrer un peu de lumière, notamment grâce à un jeu de guitare plus subtil. Si Jack Name flirte parfois avec un rock plus classique, certaines influences se démarquent particulièrement. Celle de Serge Gainsbourg est sans doute la plus évidente, jusque dans son titre, sur I Came To Tell You (In Plain English) That I’m Leaving You. Composé sur plusieurs années, on jurerait pourtant que Magic Touch a été composé pendant le confinement tant l’album semble imprégné de solitude. La solitude ne rimant pas systématiquement avec la déprime, Magic Touch est à l’image de ce Selectorama, il alterne l’ombre et la lumière avec une classe incroyable. Continuer la lecture de « Selectorama : Jack Name »
On profite de la sortie de son intégrale en solo, plusieurs déclinaisons de ce coffret mastodonte sont à découvrir içi, pour vous ressortir de nos archives un blind test soumis à l’infatigable Bob Mould datant de 2014. À l’époque, cette véritable institution du rock américain, vient de sortir son deuxième album en deux ans. Après l’éclat irisé de Silver Age (2012), Beauty And Ruin confirmait la verdeur éternelle de ce pionnier du bruit. Verdeur qui ne s’est pas démentie par la suite puisque de Patch The Sky(2016) au tonitruant Blue Hearts paru l’an dernier en prélude aux élections américaines, aucune baisse de régime n’est à constater. À l’épreuve du blind test qu’il craignait un peu, confessant pince sans rire : « I know nothing about music », nous lui avions soumis cinq de ses influences avouées, puis cinq groupes sur lesquels son influence était patente. Affable, charmante et ouverte malgré la légère appréhension du début, la conversation lui a permis de revenir sur plus de trente ans de carrière et plus particulièrement sur ses débuts au sein du mythe fondateur Hüsker Dü. Humble, généreux et volontiers jovial, Bob Mould était déjà l’un de mes héros, il reste l’un de mes meilleurs souvenirs d’interview ever. Il ne faudrait jamais rencontrer ses idoles dit-on. On dit souvent n’importe quoi. Continuer la lecture de « Blindtest : Bob Mould »