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La pop DIY à distance de The Spatulas et Nowhere Flower

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Il n’est pas nécessaire de convoquer une large gamme de sentiments pour en restituer les contrastes et l’ambivalence. Deux peuvent suffire, au minimum. La tristesse et la colère, par exemple, qui continuent de tisser les liens intimes entre les premiers désespoirs amoureux et les deuils de la maturité. A partir de cette combinatoire rudimentaire – triste d’être en colère, furieux d’être triste – Bob Mould est parvenu à façonner sa palette originale et à concevoir toute une œuvre majeure. Il y a quelque chose de profondément réconfortant à entendre aujourd’hui cet homme, sans qui une partie considérable de nos sources, passées et présentes, d’enthousiasme musical n’auraient jamais existé, exorciser ses tourments de vieil adulte avec cette même dextérité furibarde dont il faisait déjà preuve à l’époque où ses hurlements déchirants sur New Day Rising s’imposaient comme un élément central dans la bande-son de notre adolescence. Continuer la lecture de « Bob Mould, Here We Go Crazy (BMG) »
À la fin des années 70, pendant que la jeunesse s’éprend de pogos punk et pas de danse disco, d’autres, un peu plus âgés, préfèrent la plénitude du soft rock. The Doobie Brothers, Fleetwood Mac, Supertramp ou Steely Dan se partagent les ondes de la radio AM et accumulent les succès au Billboard. S’ils sont les plus connus du lot, ils ne sont pas les seuls à peupler les discothèques des jeunes cadres dynamiques et autres trentenaires. Parmi eux, Andrew Gold mérite certainement notre attention. Le blondinet californien démarre sa carrière, très tôt, à la fin des années 60. Continuer la lecture de « Andrew Gold, All This and Heaven Too (1978, Asylum Records) »
Après avoir fait le récent éloge du dernier single des Sharp Pins dans une borne d’écoute Section 26 pas plus tard que la semaine dernière, on tire à nouveau notre chapeau à Calvin Johnson, grand gourou de K Records, pour avoir eu le flair d’héberger le groupe Now sur son label-caverne d’Ali-Baba. En l’attente de l’album Now Does the Trip à venir en mai prochain, nous pouvons nous délecter à l’avance du premier single In Pathécolor, à travers lequel le trio semble avoir conjugué la joyeuse naïveté des premiers Pastels avec l’esprit du psychédélisme des rives de la baie de San Francisco qui les a vu naître. Continuer la lecture de « Ici et maintenant »
À propos d’Hypnogram de Thurston Moore, extrait de Flow Critical Lucidity (Daydream Library)
J’avance le départ d’une journée, je quitte à la hâte la maison du Radar à côté du sémaphore dans les hauteurs de l’île de Porquerolles. Depuis le Cap d’Arme, je prends le temps de saluer, comme chaque matin, l’étendue bleue qui s’allonge et scintille —sans doute jusqu’aux côtes africaines. Malgré la lourdeur du sac, je descends en courant les premiers lacets, coupe à travers les champs d’oliviers. Continuer la lecture de « je ferme les yeux »
Françoise Hardy a rendu son dernier souffle le 11 juin dernier. Plus de 60 ans nous séparent désormais de 1962, année bénie où la belle Françoise a composé la musique et les paroles de Tous les Garçons et les Filles, son premier succès, immortel emblème d’une époque. Peu d’artistes françaises, peut-être même aucune autre, auront subjugué autant de musiciens étrangers, de Bob Dylan à David Bowie, en passant par Iggy Pop, Graham Coxon, Damon Albarn, Jarvis Cocker, Stuart Murdoch et même Chuck D. de Public Enemy. A sa disparition, je me suis souvenu de ma première écoute de la superbe Et Surtout des Californiens de Cindy, chantée en Français. Continuer la lecture de « Cindy reprend Françoise Hardy »
Qu’écrire de l’amour qui va et qui dure ? Il n’est pas toujours aisé d’apporter une réponse satisfaisante – et, surtout, artistiquement convaincante – à cette interrogation aporétique lorsque l’on a choisi de creuser le sillon de son œuvre dans un registre musical qui, depuis ses origines, semble le plus adéquat pour évoquer les élans des premières passions adolescentes, l’intensité inégalable du coup de foudre ou les phases terminales et tempétueuses des déchirements. Bien moins pour célébrer, à tout juste soixante-dix ans, la sérénité apaisée de l’attachement réciproque au long cours. Pour une chanson, le couple tranquille n’est pas nécessairement un bon sujet : pas assez de vagues, de reliefs douloureux pour que l’on trouve un compte quelconque à écouter celui qui raconte calmement ses histoires de trains quotidiens qui ne cessent d’arriver à l’heure. Et pourtant, pour paraphraser ce brave Alfred, les chants d’amour les plus murs sont parfois les plus beaux. Et ceux de Gary Louris provoquent de purs sanglots. Continuer la lecture de « Gary Louris, Dark Country (Thirty Tigers) »
La flamme de la pop ne s’éteindra donc jamais ? Le nouveau single de Sharp Pins vient le confirmer. En 2023, avec Turtle Rock, Kai Slater – gamin de Chicago d’à peine 20 ans et par ailleurs membre de Lifeguard -, avait délivré un premier album protéiforme, étonnant, et un peu foutraque, se plaisant aussi bien à marcher sur les plates-bandes de White Fence que de Sebadoh et Boyracer, avec une couleur vocale qui n’était pas sans rappeler parfois Marc Bolan, tout cela dans une atmosphère résolument lo-fi. Au menu, des tubes comme Bye Bye Basil ou I’m Breaking Down qui avaient laissé espérer un avenir prometteur. Radio DDR, l’album suivant, n’a non seulement pas déçu, mais étonné encore plus, par son ambition et son éclat. On avait compris que nous avions affaire à un surdoué au talent hors-norme. Continuer la lecture de « Kai Slater (Sharp Pins) ne peut plus s’arrêter »