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Panda Bear, Sinister Grift (Domino)

Animal Collective a très brièvement été considéré comme un sommet musical inégalable (entre 2006 et 2009) avant de devenir complètement has been, emporté par le naufrage de l’indie rock, des voix haut perchées et des pseudonymes se référant à la faune. Bien à tort. Ce qu’a fait Panda Bear / Noah Lennox est d’intérêt et, parfois, sublime. Bien avant 2006, sa discographie avec Avey Tare / David Porter est un recueil de psychédélisme foisonnant et lyrique. Lyrique : ce mot est important. Ils n’ont pas (ou rarement) fait de la musique pour de la musique, pour s’émerveiller de leur propre inventivité (ils auraient pu). Ils ont cherché l’émotion. Continuer la lecture de « Panda Bear, Sinister Grift (Domino) »

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Lifeguard, Ripped and Torn (Matador)

Cinq après leurs débuts, deux ans après leur signature chez Matador (Interpol, Guided By Voices, Pavement, Yo La Tengo, Car Seat Headrest…), le trio de Chicago Lifeguard sort Ripped and Torn, son premier album. Affilié à un prestigieux label indépendant étatsunien, Lifeguard affiche pourtant à peine vingt ans de moyenne d’âge en moyenne. Composé d’Asher Case, Isaac Lowenstein et Kai Slater, ces jeunes musiciens sont solidement implantés dans la scène underground locale. Les deux premiers ont ainsi joué dans le backing band de Horsegirl (avec la sœur d’Isaac, Penelope Lowenstein) à ses débuts, tandis que le dernier a son propre projet, l’excellent groupe powerpop The Sharp Pins. Accompagné par Randy Randall (No Age) à la production, Lifeguard n’a pas renâclé à la tâche. Ripped and Torn est un coup de poing dans le plexus, un disque intense et sans concession. Bruyant, agressif, Lifeguard ne cherche pas à plaire à tout le monde. Continuer la lecture de « Lifeguard, Ripped and Torn (Matador) »

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Pavements d’Alex Ross Perry

Pavements d'Alex Ross Perry (Mubi)
Pavements d’Alex Ross Perry (Mubi)

On en parlait depuis des mois, des années. Maintenant, il était question d’un biopic et ça provoquait un peu l’hilarité chez ceux qui connaissaient le groupe, le doudou américain des années grunge, surtout de ceux qui avaient envie de chemins bizarres pour traverser ces années où le punk rock avait broké. Un biopic de Pavement, pourquoi pas un pour les Pastels (avec Jesse Eisenberg en Stephen) même si on l’avait eu par la bande avec le film de Stuart Murdoch (God Help The Girl, curiosité de 2014 et ode à Glasgow), mais très romancé alors. Mais je m’égare, revenons à la bande à Stephen Malkmus. Continuer la lecture de « Pavements d’Alex Ross Perry »

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Jeffrey Foskett et Nelson Bragg, garçons de plage

Deux rétrospectives de musiciens dans la lignée des Beach Boys sortent en cette période de deuil de Brian Wilson.

C’est étrange mais le travail du deuil a ceci de commun avec celui de la découverte qu’il s’opère souvent par à-coups successifs. Depuis le 11 juin, les souvenirs resurgissent ainsi, de temps à autre, par grappes agglomérées, au gré des ramifications de la mémoire, semblables en cela à la manière dont s’entrebaillaient, il y a longtemps, les portes des premiers émerveillements. En effet, si les Beach Boys ont été si importants dans notre éducation musicale, c’est notamment parce qu’ils ont été le premier groupe, dont la grandeur s’est révélée comme on perce progressivement une succession de mystères et de secrets concentriques. Celui pour lequel – plus que pour tous ses concurrents contemporains – la passion musicale grandissante s’est apparentée à une expédition spéléologique au cœur d’un réseau galeries dont il s’agissait d’identifier, étape par étape, les connections enfouies. Derrière la face émergée et saillante – ces tubes charmants mais un peu désuets qui baignaient déjà l’enfance – on commençait ainsi par apercevoir Pet Sounds (1966) puis, au moment de la publication de ce fameux coffret rétrospectif de 1992 (Good Vibrations –Thirty Years Of The Beach Boys, le premier objet discographique de cette importance acquis avec le tout premier salaire d’adulte), les bribes du naufrage admirable et tragique de Smile (1967). De là, il devenait possible de cheminer plus loin, vers les lueurs de Sunflower (1970) ou de Surf’s Up (1971) et d’y deviner, au-delà des obscurités intermittentes du génie à éclipse de Brian Wilson, l’éclat parfois tout aussi éblouissant du talent de ses frères.

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Selectorama : Sextile

Sextile / Photo : DR
Sextile / Photo : DR

Motivés pour se plier au jeu du Selectorama, les deux membres de Sextile ont préféré échanger sur leurs morceaux préférés sous forme d’interview plutôt que par écrit. C’est donc à Saint-Brieuc, où le hasard a fait que nous nous trouvions tous les trois, que j’ai rencontré le duo le plus hybride de la scène actuelle. Leur style fait aussi bien penser à l’EBM qu’au punk, au hip-hop ou au baggy. Ce qui, sur papier, pourrait passer pour un fourre-tout indigeste est en fait extrêmement jouissif et novateur. Leur reformation en 2023 leur a permis de toucher un nouveau public, et c’est à guichet fermé qu’ils assurent la tournée de promotion de leur épatant nouvel album, yes, please. Vraiment enthousiastes à l’idée de se prêter au jeu, Melissa Scutado et Brady Keehn ont choisi des morceaux qui ont posé les bases de leur culture musicale aussi bien que celles de leurs deux derniers albums. Vous y croiserez Crass, The Normal, M.I.A. ou bien Brian Eno. Continuer la lecture de « Selectorama : Sextile »

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Sly and The Family Stone, There’s a Riot Goin’ On (Epic, 1971)

Sly and The Family Stone, There's a Riot Goin' On (Epic, 1971)Le 9 juin 2025, Sly Stone rejoignait les étoiles, quelque part dans l’espace. Avant cela, le chanteur / producteur / disc-jockey avait fait de sa Family Stone, un des monuments de la soul et du funk des années 60-70. Paradoxalement, l’apogée du groupe fut d’assez courte durée, quelques années, même pas une décennie. Resserré certes, mais quel parcours ! Entre 1967 et 1971, Sly and the Family Stone enchaîne les classiques, de ceux à vous donner encore des frissons, un peu plus de cinquante ans plus tard. Le parcours ne fut cependant pas sans embûches. Sylvester Stewart se fait d’abord un nom à San Francisco, pour lui même. Originaire de Denton dans le Texas, il grandit à Vallejo en Californie du Nord. Continuer la lecture de « Sly and The Family Stone, There’s a Riot Goin’ On (Epic, 1971) »

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Brian Wilson (1942-2025), le jour le plus triste de l’histoire de notre musique

Brian Wilson / Photo : DR
Brian Wilson / Photo : DR

De quelle façon aborder un tel monument ? C’est une question qu’on s’est posée ici. C’était perdu d’avance, presque tout a été écrit, et parfois même en avance, mais on s’est dit qu’on allait faire comme ça : s’appuyer sur les petites histoires qui nous ont touchés sur les réseaux, libérées dans la foulée de la disparition de Brian Wilson la semaine dernière, avec des interludes, réminiscences de nos obsessions, regroupés sous le titre trouvé dans une folle inspiration par notre confrère Etienne Greib. Des grains de sable qui jonchent la plage de légende que foule dorénavant quelque part le musicien californien, pour l’éternité. (RS)

Titre : Etienne Greib

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Le mystère Chronophage

Chronophage / Photo : DR
Chronophage / Photo : DR

Quatuor sous estimé mais assidu de Austin, désormais New Yorkais, Chronophage a sorti pas moins de trois albums en six ans. C’est sous la houlette de Donna Allen (excellent projet solo), qu’ils ont tous ensemble repris le chemin des studios, et ont enregistré cet EP de quatre morceaux. Au vu du titre Musical Attack : Communist + Anarchist Friendship, tout laisse à penser que le groupe à des choses à dire sur ce qu’il se passe dans le monde et chez eux chez l’Oncle Sam, mais on n’en sait pas vraiment plus. En guise de biographie, un questionnaire dont on ne sait rien, ni de la personne qui questionne, ni de celle qui répond. Quand aux réponses, elles sont toutes dans la négative, et épaississent encore plus le mystère. Cependant, on retrouve ce sens de la mélodie dont ils nous avaient habitués sur le dernier album. Guitares jangly, batterie qui groove, et voix qui flotte au-dessus. Quatre titres donc, qui sortiront chez l’excellent Post Present Medium le 11 Juillet prochain.