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Pete Droge, le jeune premier

Pete Droge
Pete Droge / Photo : DR

Pete Droge vient de sortir un single, Lonely Mama, qui a tout le potentiel pour séduire les amis de Neil Young et les amoureux des premiers disques de Damien Jurado. Le single possède évidemment une édition vinyle et on peut, en se promenant sur le net, découvrir une version live qui a été filmée il y a quelques mois. Elle révèle un fringant garçon avec une silhouette très Neil Young chanter ses chansons en toute simplicité. Cette version a été travaillée avec Martin Feveyear, qui travaillait aux côtés de Mark Lanegan lors de sa carrière solo. Feveyear a notamment enregistré, mixé et joué sur les albums I’ll take care of you et Field Songs. Ces deux disques étant les meilleurs de l’ex-Screaming Trees, on est de plus en plus intrigué par ce Pete Droge, d’autant plus qu’il a signé avec le label de Mike McCready, photographe et surtout guitariste de Pearl Jam. Voilà qui commence à faire beaucoup pour un seul homme… Continuer la lecture de « Pete Droge, le jeune premier »

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Shellac, To All Trains (Touch And Go)

Shellac, To All Trains (Touch And Go)On pourrait faire comme si rien ne s’était passé et écouter ce nouvel album de Shellac avec les oreilles éperdues du fan en souffrance depuis la parution de Dude Incredible en 2014. Mais la souffrance, l’autre, celle du deuil compliqué est bien là. Steve Albini nous a quittés très brusquement il y a quelques jours. Alors l’expérience sera forcément perturbante. Et c’est là que la puissance du surnaturel prend décidément un tour exceptionnel. NON, Steve Albini n’est PAS mort, il joue de la guitare à côté de vous avec Todd Trainer et Bob Weston. Et To All Trains déchire comme à l’entraînement, celui de ce fight club, nihiliste mais joyeux dont on a rarement rechigné à payer la carte d’adhésion. Continuer la lecture de « Shellac, To All Trains (Touch And Go) »

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Cindy Lee, Diamond Jubilee (Realistik Studios)

Il est des engouements inattendus qui donnent le sourire. De fait, la musique du canadien Patrick Flegel, connu auparavant comme chanteur et guitariste du groupe Women et qui, depuis plus d’une dizaine d’années, traîne son spleen bricolo/bruitiste théâtral sous le pseudo queer Cindy Lee, ne respirait jusqu’à présent pas l’accessibilité et l’enthousiasme de masse. Trop étranges, trop bruitistes, trop intimes, les chansons à fleur de peau du canadien étaient continuellement traversées d’impulsions sonores lo-fi couplées à des mélodies façon girls group 60’s parfois sublimes mais masquées derrière des rideaux de larsens et autres éclats noisy. What’s Tonight To Eternity, formidable album de 2020 avait déjà laissé apercevoir un avenir plus pacifié, sur la forme toutefois. Continuer la lecture de « Cindy Lee, Diamond Jubilee (Realistik Studios) »

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Savoir-Faire is everywhere

Rencontre avec Steve Albini après l’enregistrement de « Terraform » avec son groupe Shellac en 1997.

Steve Albini / Photo : Paskal Larsen (Angers, France, 1994)
Steve Albini / Photo : Paskal Larsen (Angers, France, 1994)

Alors qu’il enregistrait le nouvel album d’Héliogabale (1997), Steve Albini a quand même pris le temps de nous accorder une interview. Disponible, attentif, sûr de lui, loin de sa grande gueule légendaire, il nous parle du nouvel album de son groupe Shellac, insiste sur Métal Urbain avant de défendre son nouveau rôle de businessman. Par contre, si vous pensez qu’on lui posera des questions sur Kurt Cobain, vous vous trompez de magazine. Continuer la lecture de « Savoir-Faire is everywhere »

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Mort Garson, Mother Earth’s Plantasia (Homewood Records, 1976)

Parfois les algorithmes font bien les choses. Dans les années 2000, Mother Earth’s Plantasia (1976) du musicien canadien Mort Garson s’infiltre dans les flux YouTube de nombreux utilisateurs du site. L’album hérite enfin du statut de disque culte après des décennies d’anonymat. Il n’est pas le seul à bénéficier de ce coup de pouce inattendu. L’artiste japonaise Midori Takada a par exemple connu un destin quelque peu similaire avec un album paru initialement en 1983, de même que le Français Dominique Guiot et son Univers de la Mer (1978). Ces succès semblent presque enchantés, un peu à l’image de la théorie qui poussa Mort Garson à enregistrer Plantasia quelques décennies plus tôt. Continuer la lecture de « Mort Garson, Mother Earth’s Plantasia (Homewood Records, 1976) »

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Jessica Pratt : « Je vis rarement dans le moment présent. »

Jessica Pratt / Photo : Samuel Hess
Jessica Pratt / Photo : Samuel Hess

Certaines personnes semblent atterries d’un autre espace-temps. Jessica Pratt, avec sa silhouette sombre et son visage baigné de lumière, comme échappée d’un tableau en clair-obscur, est de celles-ci. Ce n’est pas que dans son apparence, mais aussi dans la sérénité qu’elle dégage, dans la lenteur de ses mouvements. Alors quand elle évoque son coup de cœur pour Anatomie d’une chute, on est un peu décontenancés : on vit bien sur la même planète, on va au cinéma voir les mêmes films et on n’en peut plus de cette pluie qui ne s’arrête pas. C’est quand elle nous parle de sa tendance à la discrétion, à percevoir des fantômes et à vivre soit dans le passé, soit dans le futur, que l’on replonge dans l’image que l’on se fait d’elle depuis douze ans maintenant : une artiste mystérieuse si ce n’est mystique, abreuvée de folk et de rock sixties, révélée au sein de la scène freak-folk de San Francisco grâce notamment à Tim Presley et son label Birth Records, le premier à l’avoir accueillie. Jessica Pratt dévoilait hier un sublime quatrième album, Here in the Pitch, sur lequel rôdent les spectres de Burt Bacharach et Scott Walker ; rien de baroque toutefois, juste l’essentiel : des mélodies et de la mélancolie.

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Nico, The Marble Index (Elektra, 1968)

Nico, The Marble IndexC’est un calvaire, un Golgotha, un disque qu’il vaut mieux avoir sur la table qu’à l’esprit. Ce qu’un John Cale coupable en sourdine mais à peine, avait pris comme justificatif d’une déroute marchande annoncée.

« The Marble Index is an artefact, not a commodity.
You Can’t Sell Suicide. »

Cette image quand même, grand résumé parfait et moqueur de cette adolescence, la nôtre en adoration devant la figure d’un suicidé et la lente, patiente, archéologie de fait qui telle une enquête fantastique de Lovecraft nous ferait tracer les lignes de la connaissance rétrospective entre les Doors, l’incalculable Velvet Underground, et les inestimables Kraftwerk,  puis Can, trois groupes qui ont eu beaucoup de mal à descendre de l’ignoble piédestal où nous les avons placés pour l’éternité au nom de notre idolâtrie puérile mais toujours vivace pour Joy Division.

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Pernice Brothers, Who Will You Believe (Ashmont/New West)

Growing old seemed like death
to me when I was young.
Now I want to grow old.
And I want to belong.
Joe Pernice, How Will We Sleep

Dans Haute Fidélité de Nick Hornby (1995), le héros et ses adjuvants en érudition musicale éprouvaient toutes les peines du monde à concevoir la playlist idéale pour un enterrement – celui du beau-père de Rob. Cinq bonnes chansons évoquant la mort ? En dépit de leur connaissance encyclopédique des recoins les plus confidentiels de la pop, les trois disquaires ramaient lamentablement et finissaient par contourner la difficulté avec une pirouette et quelques rires. Trente ans plus tard, la tâche semble moins insurmontable. Nos figures de référence ont vieilli, et nous avec elles. Ou l’inverse. Continuer la lecture de « Pernice Brothers, Who Will You Believe (Ashmont/New West) »