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Visual Sequence, Brume (ERR REC)

La récente vague ambient, ce qu’elle implique comme injonction au confort domestique n’est pas sans ambiguïtés. Comme on peut par exemple le lire dans un passionnant recueil paru ce printemps aux éditions Audimat, il en irait d’une complaisance avec un certain esprit du capitalisme – la musique réduite à sa seule fonction de marchandise environnementale. Aussi, les projets convoquant une réelle radicalité et volonté de recherche sont suffisamment rares pour retenir notre attention. C’est le cas ici avec Brume de Visual Sequence, fascinant travail sur les atmosphères paru sous forme de K7 sur l’excellent label ERR REC. Première sortie officielle de l’artiste visuel et sonore Rhiannon B, elle dénote en effet une impressionnante maîtrise de la synthèse analogique. Continuer la lecture de « Visual Sequence, Brume (ERR REC) »

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Happy birthday, Paul McCartney.

Paul McCartney
Paul McCartney

Paul McCartney a donc 80 ans, dont au moins les trois-quarts passés à écrire, composer, jouer, enregistrer une œuvre qui restera probablement comme le catalogue de chansons le plus impressionnant du xxe siècle, avec celui de Bob Dylan. En d’autres termes, cela signifie tout simplement qu’on a tous “dans le cœur” une ou plusieurs chansons de Paul McCartney ou une multitude de souvenirs associés, d’une façon ou d’une autre, à des chansons de Paul McCartney. Bien sûr, ces titres inoubliables sont principalement ceux des Beatles, mais peu importe. L’œuvre solo de McCartney, avec ou sans Linda et les Wings, n’est pas loin d’être aussi importante (je force un peu le trait, bien entendu). En tout cas, il est clair qu’aucun autre compositeur contemporain n’aura à ce point diffusé ses chansons dans tous les recoins du monde et dans les discographies de milliers d’autres artistes.
Raconter un demi-siècle de création musicale de cette importance est une entreprise forcément singulière. Pour célébrer ces 80 ans d’une façon originale, j’ai pensé que le mieux était sans doute de mélanger les standards atemporels dans leurs versions originales et certaines reprises majeures ou inattendues qui, à leur façon, témoignent du chemin parcouru à travers le monde, mais aussi à travers le temps, par l’immense répertoire de chansons de Paul McCartney. Je trouve que cette playlist fait travailler l’imaginaire et remonter des souvenirs. C’est une proposition parmi des milliers d’autres possibles.

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The Great Escape Festival à Brighton : compte-rendu et coups de cœur

Du 12 au 14 mai dernier se tenait à Brighton The Great Escape, the festival for new music qui réunit chaque année près de 500 groupes et musiciens émergents, mais aussi tout un réseau de professionnels venus dénicher leurs prochains protégés. Comment aligner tant de concerts en trois jours ? En mobilisant la trentaine de salles et pubs de la ville, une partie des galets de la plage, et en limitant les sets à une demi-heure. Illusoire en revanche d’imaginer en voir ne serait-ce qu’un dixième : plusieurs performances se produisent en même temps, et les trajets à pied d’une venue à l’autre, souvent assortis de files d’attente plus ou moins prévisibles obligent à faire des choix. 

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Studio Harcourt

Ed Harcourt
Ed Harcourt

Il y a vingt-deux ans, Ed Harcourt, un anglais natif de Wimbleldon, réalisait le grand chelem avec Here Be Monsters. Son premier album l’imposait à sa juste valeur en faisant chavirer (toute) la presse et une partie du public. Il faut dire que c’était un juste retour des choses pour Harcourt et surtout Heavenly, son label, qui avait beaucoup misé sur ce disque, véritable acte de naissance et profession de foi pop aux milles idées. L’étude scrupuleuse des notes du livret donne le vertige. À peine vingt-cinq ans et juste un EP en guise de CV, Ed Harcourt réunissait dans un studio Gil Norton, Dave Fridmann et Martin Kelly pour faire des chœurs et fut accessoirement aidé par Tim Holmes des Death In Vegas pour assurer la production. C’était Byzance chez Heavenly après le succès du premier Doves. À la fois coup d’essai et coup de maître, Here Be Monsters lança la carrière d’Harcourt mais ne lui permit de s’imposer face à des Wilco alors en pleine capacité de leurs moyens. Continuer la lecture de « Studio Harcourt »

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The Cure, toute première fois

Robert Smith, The Cure
Robert Smith, The Cure – 15/05/84 à Paris / Photo via Une vie de concerts

Le mardi 15 mai 1984, alors que la Curemania n’est pas encore-là, The Cure retrouvait le public parisien. Parmi les présents entassés dans un Zénith surbondé, certains allaient vivre leur première fois…

“You’re the noisiest audience we’ve ever had”“Vous êtes le public le plus bruyant qu’on n’ait jamais eu”, le temps d’une traduction approximative… Malgré les clameurs, malgré les larsens d’un ultime morceau pas tout à fait dissipés, ces mots prononcés par l’homme au centre de la scène, chemise blanche immaculée et chapelet autour du cou, semblent résonner avec une parfaite netteté et suscitent une pointe de fierté – celle un peu nigaude de se dire « J’ai donc participé à ça » –, même si, dans le dernier RER C attrapé de justesse, on se demande si on ne les a pas tout bonnement fantasmés, ces mots-là, si cette déclaration en guise de ponctuation finale ne disait finalement pas tout à fait ça… Mais quelques mois plus tard, Concert, le premier album live du groupe dans sa version cassette venait confirmer que non, nous n’avions pas rêvé : la face B constituée de versions scéniques enregistrées au fil des années s’achevait sur le Forever du Zénith et ces mots désormais passés à la postérité – au moins la nôtre… Continuer la lecture de « The Cure, toute première fois »

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Morrissey, l’insoumis

Quelques notes sur le dernier ouvrage de Nicolas Sauvage consacré au dandy controversé.

Morrissey
Morrissey

Il est adulé ou méprisé, incompris ou vénéré depuis les Smiths, en Grande-Bretagne, en France ou ailleurs dans le monde. Et ça s’est complexifié dans sa carrière en solitaire – une longue, dense et tortueuse carrière. On l’a qualifié de bien des choses, ce Morrissey, entre sa grande gueule de poète rageur acclamé, embrassé, embrasé – qui chante la colère comme la poésie : « Keats and Yeats are on your side, while Wilde is on mine » –, ce végétaliste intransigeant, cet extraverti secret, cet outsider devenu icône rock britannique, sensible et irrévérencieux, contrasté et fulgurant, passionnant et déconcertant. Continuer la lecture de « Morrissey, l’insoumis »

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Suede : Beautiful ones

Interview mots-clés de 1996, juste avant leur date parisienne ce 17 mai.

Suede
Suede / Brett Anderson, Bernard Butler, Mat Osman et Simon Gilbert


À l’heure où Suede est en passe de donner un unique concert français – le 17 mai 2022 à Paris, Salle Pleyel, un an et un mois après la date prévue pour cause de pandémie qui n’en finissait plus (il s’agissait de fêter le 25e anniversaire de la sortie de Coming Up, l’album du quitte ou double), la tentation était trop forte pour ne pas se replonger dans les méandres musicaux du siècle dernier.

Premier ambassadeur d’une britpop créée de toutes pièces par une presse anglaise au sommet de son art médiatique, le groupe mené par Brett Anderson et Bernard Butler a défrayé la chronique au début des années 1990. À la fois gardien et héritier d’une tradition pop britannique – comprendre arty mais populaire –, il va diviser l’opinion tout en goûtant aux plaisirs d’un succès démesuré dans ses contrées, avant de se retrouver au bord du précipice, suite à la rupture théâtrale entre ses deux têtes pensantes. Porté à bout de bras par un chanteur exalté, le groupe va trouver les ressources – morales, créatrices – pour rebondir et signer ce troisième album décisif et jouissif, qui lui avait valu les honneurs d’une couverture de la RPM en septembre 1996. Et c’est précisément la formation qui a signé ce Coming Up électrisant qui revient sur le devant de la scène de la salle Pleyel… Flashbacks. Continuer la lecture de « Suede : Beautiful ones »

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The Songwriting Preservation Society : Tim Keegan et Stéphane Auzenet

Deux dates ensemble fin mai pour ces orfèvres de la composition pop.

Tim Keegan et Stéphane Auzenet
Tim Keegan et Stéphane Auzenet (The Reed Conservation Society) / Photo : Philippe Dufour

Comme toutes les idées brillantes, celle-ci s’impose comme une évidence une fois qu’elle a été énoncée. En l’occurrence, réunir au cours d’un week-end printanier pour deux soirées consécutives – les 21 et 22 mai – deux des tenants les plus remarquables d’une conception classique de l’écriture, d’un artisanat du songwriting, traditionnel mais pas désuet. De ceux qui persistent à prêter aux mélodies et aux textes une attention précieuse et modeste à la fois. D’un côté de la Manche, Tim Keegan qui, après trop d’années d’éclipse, a récemment ressuscité Departure Lounge ; De l’autre Stéphane Auzenet qui est déjà parvenu, en un brillant triptyque de trois Ep’s avec The Reed Conservation Society, à s’affirmer comme l’une des plus fines plumes musicales de nos environs hexagonaux. Autant dire qu’on pressentait que ces deux-là pouvaient bien avoir deux ou trois choses en commun à échanger. D’où cette discussion du dimanche midi, à l’heure du digestif dont nous avons eu la chance d’être le témoin. Continuer la lecture de « The Songwriting Preservation Society : Tim Keegan et Stéphane Auzenet »