Deeper, ça a d’abord été pour moi une révélation sur scène, en novembre dernier à la Boule Noire. « C’est trop bien, non ? », « Il chante un peu comme Robert Smith, tu trouves pas ? » ; je cherchais confirmation autour de moi. J’avais assez apprécié ce que j’avais écouté pour avoir la curiosité d’aller au concert, mais je n’avais pas imaginé être aussi impressionnée. Parce que Deeper, c’est un peu générique comme nom, des nouveaux groupes de post-punk il y en a plein, et puis on ne sait pas trop à quoi ils ressemblent, ces gars-là. C’est qu’ils jouent de cette musique pressée, à guitares aiguisées et motifs répétés à laquelle il est si tentant de mettre une étiquette. C’est peut-être cette voix qui fait la différence en trahissant – pour le meilleur – la sensibilité mélodique du groupe ; il y a en tout cas, aux premières résonances de chaque titre, cette efficacité immédiate et cette pensée : « Ah non, c’est elle ma préférée ». Au micro, c’est Nic Gohl, chanteur et guitariste, leader par défaut d’un quatuor dans lequel aucun ne prend plus de place que l’autre ou ne cherche à paraître différent de ce qu’il est. Continuer la lecture de « Deeper : « Aujourd’hui, c’est presque une insulte d’être qualifié de post-punk » »
Étiquette : Label : Sub Pop
Catégories chronique réédition
Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop)
Il faut savoir raison garder : les bonnes intentions ne font pas toujours les meilleurs disques ni les meilleures rééditions. Sub Pop annonce la réédition de Copacetic, le premier album des Velocity Girl qui, comme leur nom l’indique, étaient plus fans de Primal Scream que de groupes américains.
Publié en 1993, le premier album de ce groupe originaire de Washington DC est passé sous les radars de la presse européenne. Et… c’est tout à fait normal. Sorti la même année que Rid Of Me d’une certaine Pj Harvey ou que Debut de Bjork, Copacetic n’avait aucune chance de prendre l’ascendant sur la concurrence. Continuer la lecture de « Velocity Girl, UltraCopacetic – Copacetic Remixed and Expanded (Sub Pop) »
Catégories selectorama
Selectorama : Corridor
Le temps passe si vite, semble nous dire Jonathan Robert et les musiciens du groupe montréalais Corridor Dominic Berthiaume, Julian Perreault, Julien Bakvis, et leur complice de concerts Samuel Gougoux. Mourir Demain, premier single de ce quatrième album n’est pourtant pas une complainte pessimiste mais un morceau lumineux, une ode à un passage serein. Le temps passe, certes, « on vieillit, on fonde une famille, on ralentit les choses… » nous disent-ils. Mimi est un disque au spectre musical plus ouvert, qui s’émancipe de leurs débuts post punk pour explorer des terres plus mélodiques, comme si on ouvrait les fenêtres sur la nature après un temps enfermé chez soi. Avec une poésie psyché plus contemplative et assagie, Corridor s’inscrit une fois encore parmi ceux que l’on aime voir grandir. Pour célébrer la sortie de cet album à tête de chat, second du groupe signé sur l’étasunien Sub Pop (après un LP paru par chez nous), voici dix morceaux choisis avec cœur par Dominic Berthiaume. Continuer la lecture de « Selectorama : Corridor »
Catégories borne d'écoute
Les blagues qui tuent d’Amen Dunes
L’outsider et voyageur américain Damon McMahon revient avec son septième album Death Jokes à paraître chez Sub Pop Records en mai prochain. Avec l’envie de se dépasser et de sortir de sa zone de confort, celle où il à toujours su bricoler de magnifiques chansons avec la volonté de peu de moyens. Purple Land est une chanson en trois temps, qui débute comme un simple morceau pop et migre en essai où il apprivoise le synthétiseur, la boîte à rythmes et les superpositions de sons. En retrait, une guitare et une basse en clôture pour mieux nous laisser envoûter par sa voix qui illustre les fragilités de la vie dans ses paroles. Continuer la lecture de « Les blagues qui tuent d’Amen Dunes »
Catégories interview
Lael Neale : « Je ne veux pas que l’on puisse dater mes chansons »
Après une période de remise en question artistique de presque six années, Lael Neale semble avoir trouvé la formule lui accordant une liberté musicale croissante avec pour éléments de base son Omnichord et un enregistreur cassette. Avec Star Eaters Delight, elle confirme son statut d’ovni musical. Moins dépouillé que le précédent, l’album dévoile une palette plus riche et plus agressive. Entre le passé et le présent, Lael Neal crée une atmosphère unique qui, bien qu’efficace sur disque, prend toute son ampleur sur scène grâce à une présence magnétique et des interprétations dont la puissance et la conviction bénéficient d’un son moins lo-fi. C’est d’ailleurs lors de son passage à La Boule Noire à Paris que Lael nous a accueilli dans sa loge. Loin d’être la personne timide que l’on pourrait imaginer, c’est une femme sûre d’elle, heureuse d’avoir enfin trouvé sa voie qui nous raconte en détail le chemin parcouru pour arriver à la reconnaissance critique et publique de son travail, mais aussi de ses envies pour le futur. Continuer la lecture de « Lael Neale : « Je ne veux pas que l’on puisse dater mes chansons » »
Catégories sunday archive
The Vaselines, Enter the Vaselines (Sub Pop/PIAS)
Alors que que les activistes de la boutique de disques de Glasgow, Monorail, menés par le toujours pertinent Stephen Pastel, lancent une collection baptisée The Glasgow School (les plus érudits d’entre nous se souviennent alors du disque compilant les brillants balbutiements d’Orange Juice publié par Domino) avec une nouvelle compilation de The Vaselines chez Sub Pop, voyons ce qu’Étienne Greib pouvait bien dire du tandem écossais en 2009 dans notre bien-aimée maison mère, la RPM. Continuer la lecture de « The Vaselines, Enter the Vaselines (Sub Pop/PIAS) »
Catégories interview
Sweeping Promises : « Il y a toute une histoire alternative du post-punk dans laquelle nous aimerions nous inscrire »
Il est des groupes qui vous explosent au visage comme une précieuse révélation, vous rappelant pourquoi et comment tout a commencé dans votre cœur. Mi-2020, les Américains de Sweeping Promises sortent en pleine pandémie Hunger For A Way Out, une délicieuse claque dans le marasme ambiant, explosion cathartique de post-punk chauffé à blanc, enregistré avec un seul micro, mais mille idées plein la tête. Trois ans plus tard et malgré une signature chez Sub Pop, le groupe laisse tous ses curseurs dans le rouge avec Good Living Is Coming For You, un deuxième album plus fort, plus sombre, plus éclectique, mais qui garde tout de leur fantastique idiosyncrasie : une production monolithique qui sonne comme la plus glorieuse cassette audio jamais entendue, un songwriting punk acéré qui vient se diffracter sur des plans new wave pleins de groove, et la voix de Lira Mondal, pur tremblement de terre pop. Le tout en s’inspirant du seul post-punk qui compte, si rare aujourd’hui, celui des débuts, qui crisse et réinvente le monde avec une audace ingénue et inspirante, et dont Sweeping Promises sont de glorieux descendants. En échangeant avec Lira Mondal (basse et chant) et Caufield Schnug (guitare et batterie), c’est le portrait d’un duo inséparable qui se dessine, deux artistes s’inspirant mutuellement et ayant une vision commune et singulière de la musique qu’ils veulent créer, dans une indépendance indéboulonnable et inspirante. Continuer la lecture de « Sweeping Promises : « Il y a toute une histoire alternative du post-punk dans laquelle nous aimerions nous inscrire » »
Catégories mardi oldie
Pernice Brothers, Overcome By Happiness (Sub Pop / New West Records, 1998)
C’est d’abord l’histoire de deux frères qui grandissent à Holbrook, dans le Massachusetts. Le plus grand, Bob et son cadet de six ans, Joe, qui tente d’abord de se glisser dans les traces de ses enthousiasmes musicaux partagés, puis, à l’adolescence, d’épater son aîné, celui qui a touché sa première guitare à l’âge de cinq ans et qui a déjà posé un pied dans le monde des adultes, en élaborant ses premières chansons – quelques pastiches d’abord, inspirés des tubes du moment entendus à la radio. D’autres suivent, au début des années 1990. Le cadet est doué, incontestablement, et cela commence à s’entendre avec ses groupes. The Scuds qui deviennent ensuite Scud Mountain Boys. Comme quelques autres à la même époque, ils redécouvrent les vertus simples d’une écriture country traditionnelle qu’ils tentent, parfois de façon un peu pataude, de transformer en tremplin vers la modernité. Continuer la lecture de « Pernice Brothers, Overcome By Happiness (Sub Pop / New West Records, 1998) »